La veillée d'Austerlitz-1er décembre 1805

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La veillée d'Austerlitz-1er décembre 1805

Message par vétéran Mac Fly » Sam Déc 01, 2012 7:28 pm

Veillée d'armes - 1er décembre au soir.

"Cette soirée est la plus belle de ma vie ! "(Napoléon)



Dans l'après-midi du 1er décembre, alors que les deux armées prennent quelque repose autour de leurs bivouacs, Napoléon, avec quelques officiers et 20 chasseurs de la Garde, s'avance entre les deux lignes. Parmi ces officiers, Daumesnil et Ségur, qui s'amusent à provoquer l'ennemi. Des balles sifflent.

On passe par le Santon, puis on revient au bivouac de l'Empereur, derrière le Zuran. Il fait presque nuit, mais on peut distinguer les lignes de l'ennemi, sur le Pratzen elles se prolongent vers le sud, vers les étangs d'Aujezt, indiquant qu'il a l'intention de tourner les français par leur droite.

Ségur : " L'Empereur s'écria : < C'est un mouvement honteux ! Ils donnent dans le piège ! Ils se livrent ! Avant demain au soir, cette armée sera à moi ! >"

Napoléon donne ensuite ses ordres pour la journée du lendemain. Puis, en compagnie d'une partie de ses officiers, il se met à table. Il y a là Murat, Caulaincourt, Junot, Mouton, Rapp, Lemarois, Lebrun (le fils de l'ex-Consul), Thiard, Ywan et Ségur.

Situation presque surréaliste : à la veille de la bataille, les hommes ainsi réunis vont parler de poésie, de théâtre. Napoléon en a pour Corneille. On évoque l'Égypte, et les rêves du général Bonaparte !

Puis, après avoir effectué une nouvelle inspection et constaté que ses instructions ont été suivies, Napoléon s'étend sur son lit de camp, et s'y endort bientôt.

Suite à un petit engagement devant Telnice, on réveille l'Empereur; celui-ci constate aussitôt ainsi la justesse de ses prévisions. Avec quelques officiers de son tétat-major, il saute en selle, descend la colline, s'avance entre les lignes afin d'évaluer l'importance des attaquants ennemis. La petite troupe est prise à partie par un détachement de cosaques, a du mal à se dégager, mais parvient néanmoins à revenir dans les lignes françaises.

Revenant vers son bivouac, il passe, près du village de Jiricovice devant les régiments, qui viennent de prendre connaissance de la proclamation à l'armée.

Thiébault: "Vers le soir, un ordre du jour annonça la bataille à l'armée. Une phrase acheva surtout d'électriser les troupes, c'était celle par laquelle l'Empereur proclamait que, si elles justifiaient ses espérances, il se bornerait à diriger les mouvements, mais que, dans le cas contraire, il s'exposerait aux plus grands dangers (..) Au moment où il se trouva devant le 28e de ligne, un soldat de ce corps lui cria: < Nous te promettons que demain tu n'auras à combattre que des yeux >".

Saint-Chamans : "< Vive l'Empereur ! > cria un soldat du 28e de ligne. < J'espère que les Normands se distingueront aujourd'hui > répliqua Napoléon."

Approchant de son bivouac, l'Empereur se heurte, dans l'obscurité, contre un tronc d'arbre renversé. Un grenadier imagine alors de tordre de la paille, d'en faire un flambeau, d'y mettre le feu et, l'élevant au-dessus de sa tête, d'en éclairer les pas de l'Empereur.

Son passage suscite bientôt l'enthousiasme des troupes, qui l'on reconnu, et qui, les unes après les autres, allument des torches pour éclairer ses pas, et qui crient : " Vive l'Empereur ! ".

"Le soir, il voulut visiter à pied et incognito tous les bivouacs; mais à peine eut-il fait quelques pas qu'il fut reconnu. Il serait impossible de peindre l'enthousiasme des soldats en le voyant. Des fanaux de paille furent mis en un instant au haut de milliers de perches, et 80,000 hommes se présentèrent au-devant de l'Empereur en le saluant par des acclamations ; les uns pour fêter l'anniversaire de son couronnement; les autres disant que l'armée donnerait le lendemain son bouquet à l'Empereur" (30e Bulletin)

Coignet:"Le soir (1er décembre) l'empereur sortit encore de sa tente, et monta à cheval pour parcourir les avant-postes. Pour éclairer sa route, Brune et quelques grenadiers à cheval de son escorte portaient des torches allumées: ce fut le signal d'une illumination générale. Chacun prit, aux baraques, une poignée de paille dans chaque main et l'alluma. On vit bientôt briller, sur tout le front de notre armée, d'innombrables lumières; puis, quand l'Empereur passait, il était reçu par des acclamations frénétiques, la musique résonnait, les tambours battaient aux champs."

Marbot: "Les chasseurs d'escorte auprès de l'Empereur imaginèrent d'allumer des torches formées de bois de sapin et de paille, ce qui fut d'une très grande utilité. Les troupes, voyant venir à elles un groupe de cavaliers ainsi éclairé, reconnurent aisément l'état-major impérial, et, dans l'instant, comme par enchantement, on vit sur une ligne immense tous nos feux de bivouac illuminés par des milliers de torches portées par les soldats qui, dans leur enthousiasme, saluaient Napoléon de vivat d'autant plus animés que la journée du lendemain était l'anniversaire du couronnement de l'Empereur, coïncidence qui leur paraissait de bonne augure (...)Tout était joie, lumière et mouvement dans nos bivouacs, tandis que du coté des Austro-Russes, tout était sombre et silencieux."

Dumas: "A dix heures, par un mouvement spontané, tous les camps célèbrent l'anniversaire de la veille du couronnement de l'Empereur par des brandons de paille allumée aux cris mille fois répétés de Vive l'Empereur et les musiques des régiments faisoient retentir les airs des marches triomphales et guerrières. Ce spectacle étoit beau et attendrissant."

Ségur: "Le ruisseau franchit, l'Empereur regagna à pied, et de feu en feu, son propre bivouac. Comme il en approchait, il se heurta dans l'obscurité contre un tronc d'arbre renversé, ce qu'un grenadier apercevant, il imagina de tordre sa paille, d'en faire un flambeau, d'y mettre le feu et. l'élevant au-dessus de sa tête, d'en éclairer les pas de son empereur.

Au milieu de cette nuit, veille de l'anniversaire du couronnement, cette flamme, qui illumina et fit soudainement apparaître la figure de Napoléon, parut un signal aux soldats des bivouacs voisins; un cri partit: < C'est l'anniversaire du couronnement, vive l'Empereur ! > Élan d'ardeur, que Napoléon voulut inutilement arrêter: < Silence, dit-il, et à demain: ne songez à présent qu'à aiguiser vos baïonnettes ! >

Mais déjà la même pensée, le même cri, se propageant avec la rapidité de l'éclair, volait de feu en feu; et tous à l'envi, saisissant l'à-propos, ils détruisent leurs abris, ils lient leur paille au bout de toutes les perches qu'ils trouvent sous leur main, ils l'allument, et en un instant, sur une lignes de deux lieues, des milliers de gerbes de flammes s'élèvent, aux cris mille fois répétées de < Vive l'Empereur ! >. Ainsi fut improvisée, aux yeux de l'ennemi, la plus mémorable des illuminations, la plus touchante des fêtes dont jamais l'admiration et le dévouement d'une armée entière aient salué son général"

Plaige: "L'Empereur, à pied, accompagné du prince Berthier et de deux ou trois officiers généraux, visitait la ligne. Des soldats pour éclairer sa marche s'avisèrent d'éclairer (sic) des poignées de paille et de les agiter autour de sa personne en criant "Vive l'Empereur". En un instant ils furent imités de toute l'armée et l'illumination devint générale. Cette scène est aussi difficile à peindre qu'à décrire, il faut en avoir été témoin pour s'en faire une juste idée: cent mille hommes, campés sur une ligne de deux lieues, portant chacun dans leurs mains des torches de paille et les renouvelant aux dépens de leur bivouac lorsqu'elles étaient brûlées"

Barrès:"Peu de temps après, l'Empereur vint à notre bivouac, pour nous voir ou pour lire une lettre qu'on venait de lui remettre. Un chasseur pris une poignée de paille et l'alluma pour faciliter la lecture de cette lettre. De ce bivouac, l'Empereur fut à un autre. On le suivit avec des torches allumées pour éclairer sa marche. Sa visite se prolongeant et s'étendant, le nombre de torches s'augmenta; on le suivit en criant < Vive l'Empereur >. Ces cris d'amour et d'enthousiasme se propagèrent dans toutes les directions, comme un feu électrique; tous les soldats, sous-officiers et officiers se munirent de flambeaux improvisés, en sorte qu'en moins d'un quart d'heure, toute la Garde, les grenadiers réunis, le 5e corps qui était à notre gauche et en avant de nous, le 4e à droite, ainsi que le 3e plus loin et en avant, enfin le 1er qui était à une demie-lieue en arrière, en firent autant. Ce fut un embrasement général, un mouvement d'enthousiasme, si soudain que l'Empereur dut en être ébloui. C'était magnifique, prodigieux."

Bigarré: "Le bivouac de cette compagnie était entouré, comme tous ceux du camp, de bois de démolition destiné à alimenter le feu pendant la nuit. Quand l'Empereur fut pour sortir de ce bivouac, il ne trouva pas d'issue pour franchir ce bois circulairement jeté autour du feu. Ce fut alors que le capitaine Boncault alluma une torche de paille pour éclairer l'Empereur; tout aussitôt les grenadiers en mirent au bout des perches de démolition qui entouraient leur bivouac, et dans moins de deux minutes tous les bivouacs de l'armée furent illuminés de cette manière.

Les régiments et les divisions que l'Empereur n'avait pas visités, s'imaginèrent que c'était pour célébrer l'anniversaire de son couronnement qu'on avait improvisé cette illumination se mirent à crier: Vive l'Empereur ! Vive Napoléon ! cris que toute l'armée française répéta pendant plus d'une heure. Il est probable que cette idée fut celle de beaucoup d'officiers et de soldats qui prirent une si grande part à cette réjouissance, , mais je dois à la vérité de déclarer que l'illumination commença comme je viens d'en donner les détails ci-contre.

Beauval : "L'écho des vivats retentit jusque dans le camp ennemi. Là, tout était morne et silencieux; on écouta sans doute, on chercha à interpréter cette réjouisssance nocturne, ce hourra français précurseur du combat. Il ne révéla que trop la confiance d'une armée dans son chef et dans son lendemain."

Ségur : "Les Russes, dit-on, s'imaginèrent que nous brûlions nos abris, ils crurent que nous allions nous retirer; leur présomption s'en augmenta."

De fait, les officiers alliés qui observent les lignes françaises sont surpris par ces lueurs et ces cris dans la nuit.

Langeron: "La veille de la bataille, en arrivant dans mon camp, je vis tous les bivouacs français éclairés spontanément et j'entendis des cris qui se prolongeaient pendant plus d'une heure. Nous avons su depuis que Napoléon était venu visiter ses lignes et ses avant-postes....et qu'il avait été salué par les acclamations des soldats"

Dolgorouki, les rassure: l'armée française est en train de lever le camp, brûlant les bivouacs. L’État-major, réuni à Krenovice, écoute pendant ce temps Weyrother expliquer les derniers détails du plan d’attaque. Koutousov somnole.

Et le calme le plus étrange des calmes s'étend sur les villages, les bois et les ruisseaux.


Ce passage est tiré de ce site: http://www.histoire-empire.org/austerlitz/
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Message par vétéran Antoine de La Salle » Sam Déc 01, 2012 11:55 pm

Bon, à 5 minutes prêts, je peux dire :
Vive l'Empereur !!!

Son sacre, puis sa plus belle victoire (ou pas loin) le même jour :
Oui, le 2S est vraiment un grand jour pour la Grande Armée.

:drapeau:
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Message par vétéran Mac Fly » Dim Déc 02, 2012 12:03 pm

" Combien de temps vous faut il pour couronner le sommet? Dis l'empereur au maréchal Soult.
- 20 minutes Sire.
- Partez donc mais vous attendez un quart d'heure...Il sera temps."

Le vent balaie les brumes; le soleil eclaire les soldats de Saint Hilaire et de Vandamne marchant vers les crêtes, se heurtant aux colonnes du centre de Koutousoff autour de Pratzen tandis que sur le Golbach , les régiments de Legrand et de Friant arrêtent les colonnes de gauche de Buxhoevden. De terribles combats se déroulent sur les pentes et sur le plateau d'où les russes de Miloradovitch et les autrichiens de Kollowrath sont jetés dans la Littawa et mis en fuite vers Scharaditz. Koutousoff est blessé.
A 11h30 sur le mamelon à 1500 m de Krzenowitz le tzar tente , sans résultat, d'arrêter les fuyards et va engager sa garde.
A une demie lieue de Jirzikowitz, l'Empereur s'est arrêté. Après 180 minutes de combat , il tient la victoire, mais pas exactement celle qu'il espérait.
11heures, Lannes et Murat n'ont pu bousculer Bagration dont l'artillerie est puissante et la cavalerie nombreuse. La nuit vient vite en Moravie le 2 décembre. L'évènement prévu à la fin de la manoeuvre de la journée ne peut plus se produire; l'enveloppement total de l'armée ennemie est manqué, mais l'offensive impétueuse des soldats de Soult a créé entre Bagration et Koutousoff vers Blaziowitz, un vide que ne pourront combler ni la cavalerie de Liechenstein ni celle de la garde russe.
Sur le Goldbach les bataillon de Davout n'ont pas cédé une toise de terrain et sont prêts à attaquer la cohue austro russe entassée dans le ravin.
Les réserves sont intactes.
Sans quitter son bivouac l'Empereur dans une géniale improvisation ordonne une bataille nouvelle.
L'ennemi est coupé en trois tronçons, dont les chefs sont Bagration, Koutousoff, Buxhoevden.
Ordre a Lannes et Murat d'attaquer le premier et de le rejeter vers le nord.
Avec ses réserves l'Empereur se porte sur le plateau au centre du champs de bataille. La garde russe est battue et sabrée par la cavalerie de la garde impériale.
Tandis que le Ier corps remplace le IVeme et que les Grenadiers Réunis renforcent Davout, les soldats de Soult amorcent un changement de direction à droite, balaient les hauteurs et refoulent les occupants dans la Littawa ou sur les baïonnettes de Davout et dans les étangs. La glace cède sous le poids des fuyards, mais personne n'est noyé, sauf deux soldats russes et quelques chevaux et l'artillerie de la garde amenée au galop au bord du plateau change la retraite en déroute.
A cause de la nuit la poursuite ne commencera que le lendemain.
Mais ce soir au chateau d'Austerlitz l'Empereur baptise sa victoire et remercie les soldats de la lui avoir donnée:
"Soldats, je suis content de vous."
30 000 prisonniers, 15 000 tués ou blessés, des drapeaux et des canons de quoi tapisser Notre Dame et couler la Colonne Vendome, des pertes insignifiantes, le Saint Empire effondré, celui de Charlemagne reconstitué tout cela en 78 jours de campagne et 8 heures de combat.


Extrait tiré de Napoléon 20 ans de campagnes de Henry Lachouque.
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