Après la disparition suspecte de l'Officier d'Etat-Major Rossignol, son collègue, le Général Clément de Dare (alors encore Juge Suprême de la Cour Martiale) décide de lancer une cinquantaine de gendarmes sur les routes dans le futile espoir de mettre la main sur lui.
Malgré les doutes sur la possibilité que l'Officier Rossignol ne s'y trouve, cinq gendarmes prennent la route de la taverne du 'Teuton' afin de s'assurer que ce dernier n'est au courant de rien. Cependant, ils croisèrent avec leur monture une cariole arrêtée au bord du chemin à quelques lieues seulement de la taverne, chose peu courante. Prenant les dispositions nécessaires, ils ne remarquèrent rien de suspect, mise à part des bagages, leur mettant ainsi la puce à l'oreille.
L'un d'eux fit donc demi-tour et prit la direction de la Caserne de la Gendarmerie pour demander des effectifs supplémentaires. Les autres décidèrent de poursuivre leur chemin jusqu'à la taverne après avoir vérifié que personne ne se cachait dans les fourrages alentours. Ils n'avaient pas la garantie d'aboutir à quelque chose en allant jusqu'à la vieille taverne, usée par le temps et les bagarres.
S'arrêtant aux abords du bâtiment, ils descendirent des chevaux et regardèrent par les vitres crasseuses ce qu'il se passait à l'intérieur. Comme ils s'y attendaient, Alexander était encore ouvert et servait. La personne qui se tenait à l'intérieur n'était pas identifiable, compte tenu de sa posture, mais ils prirent le pari que ce n'était autre que l'Officier Rossignol.
Gontran Papa, Gendarme d'élite de la 878° Compagnie de Ligne, de la Gendarmerie Impériale menait le petit groupe. L'espace d'un instant il sembla hésiter. Tout semblait si facile, il craignait fort que tout ceci ne soit qu'une supercherie. Etant à tête d'un groupe chargé de recherché un officier dissident pouvant être un traitre à la patrie, il devait prendre les bons choix et en aucun cas laisser le doute s'immiscer en lui. Il décida donc d'entrer à l'intérieur en espérant de tout son coeur que son intuition serait bonne.
Il doutait qu'un décisionnaire de l'Armée, l'un de ses représentants soit assez saut pour s'exposer ainsi, mais après avoir connu une Révolution et vingt-trois ans de bouleversements, il savait que le monde et les gens étaient étranges.
Ainsi donc ils se précipitèrent sur la porte et bondirent à l'intérieur prêts à sortir les armes. Tous regardaient fixement l'inconnu qui tentait de se cacher du reste des officiers voire même d'Alexander lui-même.
" Officier Rossignol, est-ce bien vous ? " La voie de Gontran était légèrement hésitante, comme s'il ne croyait pas que la personne face à lui pouvait être un décisionnaire de la Grande Armée. Il enchaina donc, toujours avec le même doute dans la voix, fortement reconnaissable.
" Si tel est bien le cas, je vous demande de ne pas faire de gestes brusques. Nous sommes de la Gendarme Impériale et nous sommes mandatés par le l'Officier d'Etat-Major, le Général Clément de Dare pour vous mettre aux arrêts. Si... " il semblait presque honteux d'envisager la possibilité, " si vous ne coopérez pas vous nous, nous avons le droit de faire preuve de violence à votre égard. "
Un bref échange de regard entre les gendarmes suffisait pour comprendre que tous étaient craintifs de ce qui allait suivre.