par Pokotylo » Dim Avr 06, 2008 9:15 pm
Le Cosaque Pokotylo avait observé les mouvements de la sotnia de Fedor, et en voyant que ceux-ci avaient mis le feux à quelques tentes des grenadiers, il envoya Biroulia Madski, son jeune officier de cavalerie, prendre des nouvelle du tacticien cosaque.
Après une heure, celui-ci revint faire rapport à son chef de guerre.
"Alors, fils, que fabrique notre homme au chapeau?"
"Il m'a signalé que les grenadiers ont lancé un défi à notre régiment.
Il se dirige vers la taverne qui tient lieu de rendez-vous."
"Par la couille d'Habramovitch, ces gamins nous lancent un défi? Et je n'étais pas au courant? M'est avis que Vitali, Habramovitch et tous nos autres camarades vont apprécier ces élucubrations à leur juste valeur.
Allons nous aussi nous dérouiller les muscles et le gosier à cette taverne."
Puis, montant sur son cheval en tenant les rennes à l'aide de sa seule main, il se tourna vers Bogdan, son second, et lui demanda:
"A ton avis, pourquoi Fedor a-t'il mis le feu au camp des Pavlov?"
"Ben, y devait avoir un peu froid. Faut dire que l'hiver commence à durer un peu trop à mon goût. Et nos steppes du sud doivent un peu lui manquer.
Ou alors, c'est pour baliser le chemin dans le noir?"
"Ouais" répondit Pokotylo "ça doit être ça."
Il flatta alors l'encolure de son cheval, et cria à ses hommes.
"Camarades, les gallonnés russes nous ont traîtté de nom d'oiseaux. Allons venger l'honneur de nos camarades morts dans les combats de la Passe des Cosaques, le Plateau d'Ulysse, les Hauts Pâturages, près du Palais du Tzar et dans les méandres de la Boni.
Nous avons en affaire à la Garde Impériale, au IIIème régiment, au 12ème cuirassiers, à la Gendarmerie Impériale, aux Autumnois, combatttu avec succès au côté de l'Armée du Tzar, de la Troupe des Partisans, des Partisans du Lys, de la Garde du Tzar.
Et malgré celà, on trouve encore à mettre en doute notre valeur et notre virilité! Allons nous nous faire?
NON! Allons à cette taverne!
En avant!"
Les hommes de Pokotylo, qui fourbissaient leurs armes en vue de leur retour au front, laissairent tomber leurs activités.
Ils prirent chacun ce qu'ils avaient sous la main: qui sa lance, qui son mousquet, qui son sabre... l'un ou l'autre prenait sa gamellet par le manche, d'autres un simple couteau, ou le tabouret sur lequels ils étaient assis... certains, qui avaient encore leurs outils de payasans, prirent faux, bâton, fer de soc et autre haches...
Les blessés, quant à eux, déroulèrent quelques bandages de leurs blessures et les tressèrent en cordes serrées, pour en faire des naga¨ka de fortune, se levèrent et marchèrent derrière leur chef, en laissant des trainées de sang dans la neige...
Le seul ustensile qu'aucun ne laissa derrière lui, c'est la gourde à vodka.
Elles étaient vides, pour la plupart, mais la perspective d'un passage à la taverne était l'occasion de remplir les réserves.
Tous partirent, sur les traces de la Sotnia de Fedor. Ils se laissaient guider par les lueurs du camp en feu.
Tout en avancant, ils commençaient à entendre, dans la nuit noire et froide de russie, le bruit des grenadiers qui criaient leur défi dans la Taverne.
Ils entendaient aussi, malgré l'étouffement de la neige, les voix des autres chefs de guerres et des hommes des autres pulks.
L'appel avait été entendu et il semblait que toutes les sotnias envoyaient des hommes faire le plein de vodka à la Taverne des Pavlov.