par vétéran fourchette » Mer Mai 18, 2011 10:47 pm
Ainsi ça faisait 2 jours que je buvais à cette table.... J'avais trouvé drôle d'avoir à aller chercher par 2 fois une nouvelle bouteille de vodka. Je m'étais même dit que mes économies ne survivraient pas à ce moment de détente que je m'octroyais. Tout s'expliquait...
Le Généralissime semblait "bizarre", la victoire qui se dessinait pour les russes, sur ce Front tout du moins, aurait dû le rendre joyeux et pourtant la perte de quelques hommes de son bataillon le rendait mélancolique. J'avais une sale impression, j'étais très mal à l'aise.
"Généralissime, c'est un plaisir que d'accepter votre verre. C'est toujours agréable de boire à la santé d'hommes courageux, même s'ils ne sont pas de notre camp. Permettez aussi que je lève mon verre aux "attaquants". Eux non plus n'ont pas démérité."
Sans avoir l'air d'être intéressé par la carte posée sur la table où ronflait bruyamment Nicolaïkov je tentais malgré tout d'y jeter un oeil mais elle ne m'apprit rien que je ne savais déjà.
Je vidais le verre offert par Vilpinov cul sec et conformément à la tradition russe je le jetai, vide, par dessus mon épaule. Il allât s'écraser contre le mur, juste au dessus de la cheminée, et le bruit qu'il fit fit sursauter Nicolaïkov qui poussa un rugissement de bête, se retourna et se rendormi aussitôt.
"Généralissime, il va falloir que je quitte les lieux. Merci pour votre accueil. Je laisse la bouteille que j'ai à peine entamé. Je vous serai gré de la remettre au Major Somjanov de ma part. Je l'ai attendu, longtemps visiblement, mais il n'est pas reparu. J'espère qu'il n'a pas, lui aussi, attaqué mon peloton que j'ai laissé en bivouac dans les bois légèrement à l'écart... Je vais m'en assurer de sitôt."
"Lupus, je vous laisse. A mon avis nous serons de moins en moins nombreux, Français, à venir ici dans quelques temps et le cours normal voudra que nous ne soyons plus les bienvenus. Je vous conseille donc de ne pas vous attarder. Au moins jusqu'à la prochaine offensive... Passez mon bonjour à Tommy si vous le croisez, les nouvelles fonctions qu'il occupe ne nous permettent pas de nous voir aussi souvent qu'on le souhaiterait.'
Je quittais alors la taverne en me promettant de venir y planter un bel écriteau écrit en français et rejoignis mon peloton qui soignait les quelques blessés infligés par la charge du peloton du généralissime russe.
"Par le fer quand le feu manque!"