Pauvre Ivanovitch

[Nicolaïkov (Mat. 14144)]

Un officier Romanov mourant, étalé à même le sol d'une taverne d'Ivanovitchgrade raconte à quelques citadins:

Depuis deux lunes, dans les sombres nuits de l'automne, un petit groupe de lignards tsaristes, légèrement épaulés de cavalerie et éclaireur, a réussi à rejoindre la cité perdue de Ivanovitchgrade occupée depuis si longtemps par l'envahisseur. A l'esquive des armées du Nabot progressants vers le Nord Est, les marcheurs Romanov atteignirent la cité peu défendue, et sans sonner le tocsin, s'y installèrent discrètement quelques jours espérant déstabiliser l'échiquier fermier du Corse. Un vent d'alarme et d'estafettes françaises avait par la suite soufflé sur les campagnes d'Ivanovitchgrade vu le péril important que le Tsar infligeait à L'Empereur dans ses retranchements.

Les lignards du Tsar, après de longues tentatives pour tenir la place jusqu'à la grande lune des fermes, venaient de se faire découdre à quelques heures de lacher leur épée de Damoclès sur la bleusaille qui maintenant pullulait autour d'Ivanovitch. Criblés de mitrailles , la vieille Ivanovitchgrade était retournée aux sombres jours de l'envahisseur et sa population à la noirceur des jours de misère. La ville jonchée des cadavres des vaillants Romanov qui avaient fait trembler les fermes de l'Empire et espérer le peuple de la cité.

Le commandement avait ordonné de tenir Ivanovitch mais chacun savait qu'Ivanovitch ne retournerait à sa sainte Russie que si ce satané fortin était rayé de la carte. Lorsque le dernier soldat russe fut tombé en Ivano, chaque Romanov n'eut d'autre pensée que de les venger en enflammant cet édifice de bois qui narguait encore et toujours le Nord Est des plaines du Tsar et que les Pavlovs avaient surnommé le "Hier-Maux" en le tapissant de leurs sangs.

Et Ivanovitchgrade retourna à ces nuits obscures.