Dans le sang jusqu’aux genoux

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Dans le sang jusqu’aux genoux

Message par vétéran Sobrakov » Mer Déc 04, 2013 11:03 pm

Mon bataillon était positionné dans les premières maisons de Muskau au bord de l’Oder, face à l’Ouest. Nous préparions avec le Capitaine Jaraf une sortie contre les troupes françaises, qui s'approchaient de la rive opposée, pour le lendemain matin.
Je mangeais quelques pommes de terre gelées quand une estafette de Jaraf m’apprit que les français avaient pris la ville. Les éclaireurs que j’envoyais de toutes parts me confirmèrent que les français occupaient le sud de la ville et s’étaient même installés dans l’église après un corps à corps sanglant. Ils étaient donc arrivés à marche forcée du côté où on les attendait le moins.
La situation était critique, Muskau était au centre des intérêts tant russes que français et notre régiment l’avait reprise d’assaut quand il faisait encore beau. Mais la poussée vers le NE avait vidé la région de nos troupes. Sentant la menace bonapartiste se rapprocher à nouveau, le colonel Vilpinov avait fait ré-occuper la bourgade mais il ne s’y trouvait que quelques maigres troupes. Les bleus massaient de plus en plus de troupes aguerries en face de nous. L’assaut était imminent et Jaraf et moi-même voulions prendre les devants plutôt que de subir. Mais notre plan venait d’être emporté par le vent de l’histoire.
Sans pouvoir entrer en contact avec Jaraf mais sûr qu’il réagirait de même, je lançais une attaque contre l’église occupée par le Génie Impérial. Quatre corps à corps successifs ne me permirent point de chasser les franzskis mais les pertes qu’on leur avait infligées faciliteraient la tâche de nos camarades. Effectivement, ils reprenaient l’église une heure après. Vilpinov arrivait avec ses cuirassiers en pleine nuit.
Au matin, réveillé par les canons de Miaskowski, je découvris que des chasseurs français s’étaient positionnés à côté de moi et que d’autres troupes se préparaient à traverser l’Oder.
Les français continuaient de pousser vers l’église, Jaraf les harcelait. Vers midi, profitant d’une bourrasque de neige, je me lançais contre la compagnie surnommée Ours blanc qui occupait le presbytère. Les français étaient occupés à manger au chaud et ne nous virent ni ne nous entendirent arriver. Nous en fîmes un carnage mais il nous fallut 5 assauts pour en venir à bout. Le sang versé par tous ces braves soldats des deux camps avait tragiquement coloré la neige fraîche en rouge et celle-ci avait taché nos guêtres et pantalons jusqu’aux genoux, faisant de nous les dignes héritiers des héros de Varna.
Il faut louer la bravoure des français qui perdirent dans l'affaire 154 de leurs 165 hommes. Dans la foulée, je fis exécuter une salve sur les français les plus proches, 16 hommes de moins pour nous attaquer !
Cette action d’éclat me valut d’être admis dans l’Ordre de Saint-Georges. Il ne me manquait plus que de mourir pour le Tsar, ce qui devait arriver normalement le lendemain.
Mais le soir-même, j’étais pris à partie par la cavalerie et l’infanterie franzskies.
Vive le Tsar ! Vive la Sainte Russie !
Vladimir Georgevitch Sobrakov, Général Feld-Maréchal des Armées Impériales Russes
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Message par vétéran Sobrakov » Lun Déc 23, 2013 11:58 am

Suite du récit précédent
Après une courte pause, l’infanterie française remontait à l’assaut et achevait la compagnie Raskolnikov.
Puis dans la matinée, cavalerie et infanterie assaillaient nos hommes harassés de fatigue. Le fantassin russe prouvait alors son extraordinaire opiniâtreté et notre position tenait bon.
En début d’après-midi, c’était l’assaut final et une quarantaine de braves se résolvaient à quitter le terrain, leurs baïonnettes émoussées ne pouvant plus percer les uniformes bleus dès leur deuxième tentative.
Le soir-même Jaraf perdait ses positions lui-aussi malgré des combats acharnés.
Les Franzskis occupaient presque toute la ville. On ne les avaient pas vus venir et pourtant on savait qu’on était supérieur en nombre sur tous les fronts actifs. Il fallait bien qu’ils soient quelque part. Dans le ventre mou de notre dispositif. J’avais alerté quelques jours auparavant Vilpinov sur le fait qu’il n’y avait pas un soldat russe de Herzberg à Dresde. Mais c’était trop tard.
Maintenant, il fallait prendre la ville à nouveau. Celle-ci avait été russe puis française puis russe puis française…
Je reçus avec un peu de retard mon brevet de lieutenant apporté par mes nouveaux voltigeurs, ça devenait sérieux. J’arrosais ça avec mon bataillon et les infirmières qui soignaient encore de nombreux blessés !
Il n’était pas question de trainer avec ces braves filles et je repris la route sous la neige avec mes trois compagnies. La nouvelle nous parvint par des cuirassiers blessés de Styr que nous avions repris pied dans l’église au milieu de la nuit au prix d’efforts inimaginables : la vieille Garde (brigade de Styr, fusiliers et cuirassiers) avait tracé un chemin sanglant jusqu’au centre du bourg et maintenait ses positions envers et contre tout. Les renforts continuaient d’affluer, Vilpinov voulait reprendre la totalité des bâtiments en 48h. Je n’aurais donc pas la possibilité de participer à l’assaut final !
Mais les Français n’abandonnaient pas et dans l’après-midi contrôlaient de nouveau l’église. Il faut dire que c’était leur seule chance de succès, ils reculaient partout ailleurs de Halle à Tancha.
Si Muskau tombait définitivement, les Cosaques seraient coupés du reste de l’armée, nos communications terriblement rallongées et Leipzig prise à revers. Pour nous, c’était vital. Pour les Français aussi, s’ils ne gardaient pas Muskau, cela voulait dire qu’ils avaient perdu 2 ou 3 régiments mais qu’ils devraient reculer jusqu’aux montagnes et qu’ils seraient enfermés facilement au NO surtout en hiver. Le Chaudron lui-même commençait à chauffer en attendant les renforts de la GI.
Les franzskis de Muskau savaient-ils seulement qu’on avait pris Paunsdorf ?
Le lendemain Koutouzov à la tête de ses troupes anéantissait tous les français qui se trouvaient sur son passage et reprenait l’église. Peu de temps auparavant, les russes envahissaient Herzberg dont la chute devenait imminente. Le triomphe était complet pour cette journée de grâce du 11 décembre 1812. Spandau nous tendait les bras, le NE nous était acquis, le centre napoléonien n’existait plus, seul l’Ouest présentait une menace mais les Français découragés ne se montraient guère entreprenants.
Au bivouac, nous fûmes une douzaine de compagnies à nous réchauffer autour d’un bon feu de bois. Une troïka arriva la nuit tombée. Une estafette en descendit et m’appela : « lieutenant Sobrakov, vous êtes convoqué chez le Colonel Vilpinov ! » il m’informa qu’il me nommait Officier-Adjoint ! je repartis donc pour Muskau heureux de toutes ces nouvelles excellentes mais l’arrivée en ville envahie de cadavres des deux camps doucha mon enthousiasme et j’eus une pensée pleine de compassion pour mes pauvres soldats qui gisaient là sous la neige et le gel.
Vilpinov me reçut fort cordialement et me mit brièvement au courant de ses derniers plans. Il remît enfin une lettre de félicitations au général Styr, à mon ami Proot et à moi-même. Les stocks de vodka subirent une baisse significative…C’était Noël avant l’heure !
Vive le Tsar ! Vive la Sainte Russie !
Vladimir Georgevitch Sobrakov, Général Feld-Maréchal des Armées Impériales Russes
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Message par vétéran Sobrakov » Mar Jan 14, 2014 1:42 pm

suite :
Après avoir traversé l’Oder, je remontais vers Herzberg en compagnie du colonel Vilpinov et de quelques compagnies du régiment Baggovout.
La bataille venait de prendre un tour décisif : les franzskis avaient essuyé échec sur échec dans le Nord-Est et dans l’Ouest. Au centre, ils avaient pris peu d’initiative. Mais leur Garde se trouvait là et ils s’approchaient lentement. Nous prîmes l’initiative de l’offensive. La division Romanov et la 2e division prenaient Herzberg sans coup férir en faisant de nombreux prisonniers. De leur côté, les Cosaques s’emparaient de Spandau dans un hourra d’anthologie, la tentative en cours de débordement des français (Grenadiers Réunis) prenait un coup indirect terrible.
Pour l’instant, c’était le centre qui était le point crucial de la bataille. Si les français perçaient, ils prendraient Leipzig sans opposition et tout serait compromis. Si les russes les repoussaient au contraire, l’issue de la bataille serait scellée. C’est pour cela que nous nous dirigions vers Herzberg et non vers le gros du régiment.
Il neigeait sans arrêt mais le froid n’était pas aussi terrible que chez nous. Néanmoins, à Bautzen j’avais acheté à un marchand des peaux de mouton. Retournées, elles faisaient une chaude protection qui permettait de bivouaquer dans la neige. J’en avais équipé mes compagnies.
Kuzmitschov, qui commandait les voltigeurs, descendait d’une riche famille de marchands de thé et ne se voyait pas vivre derrière un comptoir, il avait donc choisi la carrière des armes mais son ordonnance portait un samovar en toutes circonstances ! Sa spécialité, c’était le thé-vodka ! Il avait récupéré un traîneau qui lui permettait de se déplacer rapidement en dehors des routes, les soldats étant débarrassés de leurs impedimenta.
Il avait ainsi rattrapé plusieurs jours de marche sur nous. Il était sur nos talons à proximité de Herzberg.
En approchant de cette ville, le bruit continu de la canonnade ne laissait aucun doute sur la sévérité des combats. Nous croisions de nombreux blessés qui étaient dirigés vers l’hôpital de Leipzig. Leurs officiers se réjouissaient de voir notre régiment, qu’ils jalousaient par ailleurs, se porter à leur soutien. D’après eux, la ville était quasiment vide, les habitants s’étaient réfugiés dans les caves, les fermes des alentours ou à Leipzig tandis que les troupes russes s’étaient portés en totalité sur le front tout proche. De fait, le lendemain nous n’y trouverons que deux compagnies.
Le souvenir de Muskau occupait évidemment mon esprit ainsi que celui des anciens, c’était reparti pour de nouveaux corps-à-corps, le chuintement immonde de la baïonnette ou du sabre qui sort de la chair sanglante, les cris de douleur et la peur de mourir. La vodka joue un rôle primordial pour partir à l’assaut et la ration doit en être doublée quand on subit l’attaque.
Vive le Tsar ! Vive la Sainte Russie !
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Message par vétéran Sobrakov » Mar Jan 14, 2014 1:53 pm

suite :
La présence de Vilpinov rehaussait encore le moral du bataillon malgré la marche forcée qu’il nous imposait. Il m’informa que la deuxième forteresse française était tombée. Il n’y avait plus rien derrière nos lignes. Mais il fallait tenir Herzberg. Nous supposions que les Français avaient massé leurs réserves là et qu’ils allaient reprendre l’offensive après le premier choc. Nous aurions à peine le temps de mettre quelques bâtiments en défense avant leur arrivée éventuelle.
Juste avant d’arriver en ville, une nouvelle incroyable nous parvînt : Tushkov avait pris Reudnitz tout seul ! Reudnitz était la première position française dans le chaudron, ça semblait être un exploit isolé et sans lendemain mais ça pouvait aussi stigmatiser la désorganisation du front franzski.
J’arrivais enfin dans Herzberg au matin du 24 décembre derrière Vilpinov. Les quelques habitants qui étaient restés se préparaient à célébrer Noël avec deux semaines d’avance. Il paraît qu’ils n’ont pas en Europe le même calendrier que nous. En tout cas, pour nous la perspective de passer quelques jours à l’abri nous comblait d’aise. Nous étions très près du front mais l’épaisseur des rangs russes nous promettait du répit. Nos derniers blessés pourraient reprendre les armes, le bataillon serait prêt. Kuzmitschov avait été retardé par de nombreux convois de blessés Romanov mais devait faire son entrée en ville le lendemain. Nous serions donc au complet pour la première fois.
La tempête de neige occultait complètement les mouvements de troupes et la tâche des cartographes était devenue quasi-impossible. Nous soupçonnions les Français de chercher à contourner les montagnes autour de Dissen mais nous ne savions rien de précis. Quelques compagnies étaient partie en reconnaissance, il fallait attendre leur rapport et l’éloignement augmentait singulièrement les délais.
La journée du Noël européen se passa en ce qui nous concerne dans la plus grande tranquillité. Nous échangeâmes de la vodka contre du schnaps, erreur ! c’est un tord-boyau infâme à rendre malade une mule. Mais le troc contre des victuailles, du lard, des harengs séchés et des kartoffeln, nous permît de rompre avec la sempiternelle soupe aux choux et betterave.
La corvée la plus pénible en campagne, ce sont les gardes de nuit. Le froid, qui gèle le nez et les oreilles et qui finit par pénétrer à travers la capote, la peau, la chair et glace jusqu’aux os. Sans parler des pieds, nos soldats avaient pris l’habitude de porter des sabots en bouleau, fourrés de paille et gardaient leurs bottes réglementaires pour les occasions officielles et les batailles. Les officiers toléraient plus difficilement les jambières d’écorce de bouleau traditionnelles pourtant plus efficaces que les pantalons modernes. Mais le plus inquiétant, c’est le bruit du vent dans les arbres. On ne sait jamais si ce sont les branches qui bougent et craquent naturellement ou si c’est un parti ennemi qui s’approche. Il faut être sûr de ne pas entendre le crissement de la neige pour se rasséréner. Le jour s’évanouissait vers 4h et ne revenait que vers 8h, soit 16h de garde de nuit, 8 tours au total. Les malheureux qui s’endormaient ne se réveillaient jamais, et s’ils étaient surpris par l’officier de permanence ils étaient fusillés le lendemain sans pitié car ils avaient mis en danger tous leurs camarades.
En fait de défense de Herzberg, qui fut dévolue aux Romanov, nous quittâmes la ville pour passer les montagnes au Nord, faire la jonction avec le reste du régiment qui redescendait versant Ouest pour tomber sur les arrières de la garde impériale française.
En attendant, il fallait passer une double chaîne de montagnes enneigées ou se faufiler entre les deux pour déboucher dans une plaine gardée par l’ennemi. Le plus dur était de s’insinuer entre les compagnies amies qui par nécessité de concentraient dans les mêmes passages. De toutes façons, il fallait laisser le temps au gros de la Garde Préobrajensky de descendre jusqu’à nous. Mes peaux de mouton allaient faire merveille ! Finalement, c’est le 1er janvier, jour de mon anniversaire, que mon bataillon réussissait à franchir la montagne avec un vent à tout emporter, Kuzmitschov et Raskolnikov arrivaient dans le défilé mais ma compagnie en était empêchée par l’obscurité. Le bivouac fût venteux et glacial. Mais une fois descendu dans le défilé, je me trouvais coincé derrière un mur de compagnies du Baggovout principalement. Les cuirassiers de Vilpinov qui avaient pu franchir cet obstacle amical, signalaient une demi-douzaine de compagnies françaises. Le bouchon allait sauter violemment…
Vilpinov ordonnait d’attaquer dans la direction du Nord et non de l’Ouest, ce qui m’obligeait à passer en revue tout notre front et de me poster à l’angle saillant de notre dispositif, le plus exposé. Mes voltigeurs n’allaient pas vivre longtemps.
Vive le Tsar ! Vive la Sainte Russie !
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Message par vétéran Sobrakov » Jeu Jan 23, 2014 7:37 pm

suite
Pendant ce temps, les franzskis avaient réussi à percer le front cosaque et menaçaient Cottbus, comme je l’avais prédit, heureusement qu’on avait dépêché deux bataillons à Dissen. Les bleus descendaient plein sud, plus ils s’enfonceraient plus ils iraient à leur perte. La Garde maintenait son action en cours. Les français avaient un peu avancé vers Herzberg comme le souhaitait Vilpinov.
Effectivement, Kuzmitschov était balayé et Raskolnikov parvenait à se maintenir en première ligne. Le gros du régiment arrivait en trombe et pulvérisait les franzskis, un peu trop tard pour mes voltigeurs ! je faisais reculer Raskolnikov pour re-compléter ses effectifs et éviter un deuxième assaut qui aurait été fatal. Une polémique agitait les popotes pour savoir qui avait bouché le défilé, évidemment les derniers arrivés étaient ceux qui hurlaient le plus fort. Je résolus de ne pas me mêler de ces querelles … d’allemands !
Sur le plan général, Vilpinov avait eu raison sur toute la ligne, on allait tomber sur les arrières des bleus qui allaient se trouver dans la nasse. La deuxième division amorçait enfin son mouvement vers le chaudron. Par contre, notre attaque dans l’Ouest avait avorté mais l’effort méritait toutes nos louanges. On se trouvait confronté pour la première fois de la campagne au problème du raccourcissement des communications françaises : ils étaient concentrés (sauf les Grenadiers réunis qui s’infiltraient dans l’Est, une trentaine de compagnies tout de même) sur peu de terrain, à proximité de leurs QG, leurs renforts comblaient rapidement leurs pertes. Pour nous, c’était évidemment l’inverse et c’est pour cela que la prise du chaudron était capitale.
Je me trouvais au centre de notre rouleau compresseur avec mes deux compagnies de fusiliers quand l’ennemi concentra son feu (2 salves) et ses charges (2 charges de la Garde Impériale) sur Raskolnikov déjà entamé. Il dut quitter le champ de bataille prématurément.
Le surlendemain, je prenais tous les risques et j’abordais à la baïonnette des cuirassiers de la Brigade Infernale qui durent quitter le champ de bataille au deuxième assaut. Je me repliais aussitôt mais sous le feu de l’ennemi et le harcèlement continu de ses voltigeurs.
Notre plan était contré par la proximité des cantonnements français et l’arrivée ultra-rapide de leurs renforts (2 jours pour la cavalerie, oui 2 jours !). Vilpinov décidait un repli pour nous soulager et reprendre Rosslau puisque Reudnitz tenait bon.
Pendant ce temps-là, Kuzmitschov puis Raskolnikov étaient mobilisés pour contrer les GR qui insistaient vers le sud. L’objectif était simple : tuer tous les bleus sans délai ! Le plus dur serait de les intercepter au milieu de nulle part, avec encore des montagnes à traverser. La situation devenait inquiétante du fait de l’absence complète de couverture dans le Sud, les cantonnements russes se situaient beaucoup plus au nord, sauf celui de la Garde que nous étions peu nombreux à quitter.
Le même jour, Kuzmitschov reprenait le moulin de Wurschen tandis que Raskolnikov se frayait un chemin dans la forêt vers la mine de Purchwitz. En fin de journée, ses éclaireurs parvenaient sur la crête qui surplombe la mine et tombaient nez-à-nez avec des lanciers de la Gendarmerie Impériale. Il est trop tard pour croiser le fer, chacun retourne auprès de sa compagnie pour rendre-compte. La situation nous est favorable : si les lanciers nous attaquent, ils doivent passer la montagne, nous charger puis repasser la montagne. Ils n’auronnt donc pas avancé d’un pouce. S’ils ne repassent pas la montagne, ils tomberont sur nos campements ! Enfin, s’ils décident de tenir la mine, nous les exterminerons sans coup férir. Le mieux qu’ils avaient à faire, c’était de passer leur chemin et de continuer leur cavalcade vers le Sud. Du côté de Kuzmitschov, plus au nord que Raskolnikov, les renforts russes affluaient subitement. De l’autre côté de la rivière, notre cavalerie (Cosaques et Préobrajenskys confondus) rattrapait inexorablement les Grenadiers Réunis désormais dépourvus de cavalerie. Leur avenir était sinistre, ils périraient sous nos sabres ou noyés dans la rivière. Effectivement, le dimanche suivant, Kuzmitschov quittait le moulin et se précipitait vers le Sud Est pour couper la route aux Français, d’autres compagnies de la Garde en faisaient autant. Les Français se séparèrent et tentèrent isolément de s’enfuir. Kuzmitschov effectua un tir meurtrier sur des lignards franzskis qui n’en pouvaient plus de courir et repartirent en arrière en pleine déroute.
Quelques minutes plus tard, Raskolnikov pressé par une compagnie française qui cherchait son salut dans la mine, soutenu par des voltigeurs des Jägers qui venaient d’arriver, attaquait à la baïonnette les lanciers français qui s’étaient réfugiés dans la mine. Le combat, disproportionné contre des cavaliers à pied dans des couloirs de mine fût bref et notre compagnie put installer son bivouac au sec !
En quelques minutes, mes deux compagnies avaient détruit 2 unités françaises avec des pertes minimes : 0 pour Kuzmitschov, 2 morts et 3 blessés pour Raskolnikov.
Le lendemain vit le sinistre effondrement des Grenadiers Réunis. Un massacre de grande ampleur sur les deux rives de la rivière mit fin à leur longue marche pour employer l’expression du CAM Proot.
La dernière compagnie, celle qui faisait face à Raskolnikov devant la mine, c’est Jaraf qui l’anéantit. Il ne restait plus rien de ces pauvres GR qu’on avait fini par prendre en amitié en considération de leur aventure folle et désespérée, tellement russe au fond !
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Re: Dans le sang jusqu’aux genoux

Message par vétéran Sobrakov » Mar Avr 01, 2014 4:07 pm

suite des récits précédents
[*]
Les Français envoyèrent au petit matin une compagnie de jeunes recrues en éclaireurs sur notre rive. Sabrés par Macache, puis harcelés par mes voltigeurs, enfin salvés par mes lignards ils n’en menaient pas large la nuit venue ! Mais les troupes expérimentées passaient à l’offensive, infanterie, cavalerie et artillerie réunies. Les cuirassiers de Macache et Kuzmitschoff étaient massacrés, les cuirassiers de Vilpinov et Raskolnikov tenaient encore leurs positions mais la deuxième vague d’assaut emportait tout. 3 salves et 2 charges venaient à bout de mes valeureux camarades. La route de Cottbus et de Muskau était ouverte, sans le moindre soldat russe pour s’interposer. C’était tragique, on venait de perdre tout le Nord d’un coup. Nos camarades de la Garde et des Cosaques pouvaient courir derrière les français, ils ne les rattraperaient pas, sauf si nous disposions d’une supériorité numérique en cavalerie. D’après les informations de Vilpinov, les français rameutaient tous les escadrons de leur armée…
Mais les Français manoeuvraient mal, ceux qui s’engagèrent dans le défilé, après en avoir défoncé les défenses, se firent exterminer dans la nuit en presque totalité par les Cosaques. Les survivants choisirent de laisser tomber Dissen et de se rabattre vers Muskau. Les Russes qui coupaient droit vers Muskau arrivèrent à peu près en même temps que les Français dans cette bourgade maudite. J’avais en face de moi la maison-même ou j’étais retranché quelques mois auparavant.
La surprise, c’est que la cavalerie française avait lancé un raid sur Neustadt, refermant la boucle de leur avancée vers Brachstedt, exactement comme je l’avais prévu et annoncé devant tous les officiers du régiment. Raskolnikov et Kuzmitschov étaient aux soins pour plusieurs jours et ne pouvaient envisager de prendre part aux combats qui s’annonçaient. La deuxième bataille de Muskau promettait d’être âpre. Nous tenions le centre, les français arrivaient par le Nord-Est, les principaux renforts russes dont j’étais convergeaient à l’Ouest, les forces en présence étaient équilibrées. Mais il n’y avait aucun renfort prévisible côté napoléonien. Pour Neustatd, la situation était pire, nous n’avions pas de forces suffisantes pour chasser la cavalerie française. Or, la ferme Brachstedt dépendait de Neustadt et nos camarades de la 2e DG ne pouvaient bénéficier de ce QG avancé et tous les retards de l’armée russe nous seraient imputés. Au fil des heures, les forces françaises à cheval se renforçaient, éloignant un peu plus l’espoir de reconquête.
A Muskau, nos cavaliers s’étaient fait une place au nord de la ville. Je traverse l’Oder, je contourne la maison qui m’avait abrité en décembre, j’anéantis un escadron de cuirassiers d’un seul élan. Devant moi encore un escadron de cuirassiers puis le gros de l’infanterie française, à ma gauche encore des cuirassiers, à ma droite de l’infanterie. Derrière moi, un escadron de Cosaques, la cavalerie de Sitnikoff un peu plus loin. Que faire ? Rester c’est risquer l’anéantissement, je demande un effort supplémentaire à mes soldats et je recule entre deux marais pour fermer l’accès aux grenouilles qui sont déjà sur la glace. De plus, j’ouvre la route à ceux qui voudraient s’approcher de l’église. Le plan réussit, notre Garde reprend la ville, mais prise entre deux feux, ma compagnie succombe. Les français ont bien compris ma manoeuvre pour interdire le passage. Luttant jusqu'au dernier, mes soldats résistent à tous les assauts, les franzskis ne prennent pas pied sur la berge et seront anéantis un peu plus tard.
Mon bataillon se trouvait réuni à nouveau mais ma 1ere compagnie avait besoin de récupérer ses nombreux blessés et ne pouvait être envoyée au feu dans l’immédiat. Raskolnikov suivait Kuzmitschov à distance, en direction de Neustadt. Kuzmitschov parvînt à dissimuler ses voltigeurs à proximité immédiate des premiers cuirassiers français dans un petit bois et ce poste d’observation qui couvrait tout le champ de bataille allait se révéler un emplacement stratégique. En effet, nous pouvions observer en permanence tous les mouvements ennemis, envoyer des messagers à toutes nos compagnies pour les guider vers des français qu’elles ne voyaient pas et en retour analyser les informations qui revenaient des combattants. Toute la journée du mardi fût occupée par des attaques de notre cavalerie et de notre infanterie mais les cavaliers français résistaient héroïquement et bénéficiaient même de l’arrivée imprévue de nombreux renforts. Cette irruption soudaine réduisait à néant une grande partie de nos efforts du matin et le découragement commença son œuvre néfaste. Heureusement, des troupes fraîches arrivèrent de notre côté entre chien et loup et sauvèrent la journée comme disent les Anglais. Le lendemain, quelques escadrons bleus reprirent la mine avant d’être exterminés. Raskolnikov acheva les derniers cuirassiers, épaulé par Kuzmitschov, sorti de son bois opportunément. Cette fois, les uniformes bleus ne revêtaient plus que des cadavres. De notre côté, nous n’avions perdu aucune compagnie. Je profitais de l’arrêt des combats pour chercher un cheval. Mon grade ne me permettait pas de disposer d’une monture malgré mes fonctions d’adjoint, l’Administration militaire s’y opposait farouchement. Mais ces fonctions impliquaient de nombreux déplacements en dehors des combats et je devais trouver une solution. Celle-ci m’apparut après une vieille bouteille de vodka 1800 : Si l’Armée ne pouvait me fournir un cheval, rien ne m’interdisait de monter un cheval français ! Je récupérais enfin le cheval d’un chasseur français, qui était marqué comme tel et me mettait donc à l’abri de poursuite pour vol de cheval russe. C’est ainsi monté, avec des équipements de selle français, que je rejoignais Raskolnikov et Kuzmitschov pour célébrer notre victoire puis rejoindre ma compagnie après avoir choisi le passage le meilleur pour franchir l’Oder qui était fort marécageux à ce niveau.
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Re: Dans le sang jusqu’aux genoux

Message par vétéran Sobrakov » Jeu Mai 01, 2014 7:00 pm

suite du récit précédent
Herzberg qui était le théâtre de très violents combats, avait été perdu puis repris, il nous incombait de nous y rendre au plus vite. La ville avait été reprise sans coup férir mais je n’avais pu participer à la reconquête. Mon bataillon allait se regrouper à l’Est de la ville, Kuzmitschov avait battu tous les records de vitesse ! il arrivait par le Sud, Raskolnikov était déjà engagé sur le front Est et moi j’arrivais par le Nord-Est. Fusillades et canonnades mêlaient leurs fumées à la neige (qui commençait à faiblir) et il était difficile de se frayer un chemin dans la vaste forêt qui ceinturait le nord de la ville. Les Français étaient sur le reculoir, tout le monde voulait participer à l’hallali, Jägers, Cosaques et la Garde étaient joyeusement liés dans un ordre impressionnant vue la nature du terrain. En face de nous se trouvait principalement la garde impériale qui encaissait les coups sans faiblir. D’immenses flaques rouges indiquaient les lieux des derniers affrontements, des deux côtés on ne faisait pas de prisonniers… Nous avancions d’une verste par jour.
Le Colonel Vilpinov, blessé, abandonnait son commandement à notre grand regret à tous et Proot prenait sa place, brillante promotion pour cet officier valeureux et humain.
Puis le rythme s’accéléra et je fis la jonction avec les compagnies de la Garde Préobrajensky qui revenaient du Nord. La Garde Impériale française reculait de toutes parts et se faisait hacher menu jusqu’au dernier homme. Les troupes du nord prenaient le moulin de Nordost, objet de nos missions les plus impossibles, il n’y avait plus que le fortin à prendre pour considérer que la bataille de Herzberg était finie. Le fortin était défendu par de l’artillerie lourde et des grenadiers de la Garde. Il était couvert par de nombreuses compagnies d’élite. On n’enlèverait pas cet ouvrage d’une charge de cavalerie légère. Il fallait d’abord détruire la cavalerie française ainsi que leurs voltigeurs avant de lancer un assaut massif. Le fortin avait été parfaitement construit par les franzskis au milieu du col qui séparait le Chaudron de la chaîne de montagnes qui allait de Nordost à Liemehna, il était protégé au sud par le lac de Herzberg, et commandait le carrefour de la route de Leipzig et celle qui reliait Herzberg et Gohlis ainsi donc que l’entrée du défilé. Il fermait l’accès au col par les deux rives du lac. Il fallait absolument le prendre.
Proot me fit parvenir un croquis du sud du fortin. Il m’apparaissait clairement que les unités qu’il voyait, je les avaient vus la veille ou l’avant-veille. Les Français nous avaient ainsi dupés sur leur nombre. En même temps, des informations venant du nord du moulin indiquaient l’arrivée de nouvelles troupes. Il fallait y aller vite. Je lançais mon bataillon au complet dès le matin et je fus stupéfait de voir des troupes françaises extrêmement nombreuses et en ordre de bataille qui avaient pris la place de quelques bataillons désordonnés. C’était nous qui étions en danger. Kuzmitschov effectua des relevés qui furent transmis à Proot. Mon attaque permit de détruire un escadron de cuirassiers et une compagnie de voltigeurs mais ma compagnie, durement éprouvée les jours précédents ne put se replier complètement avant d’être assaillie par les bataillons français voisins. Dans la mêlée, je reçus un coup de baïonnette dans la cuisse, je fis un brusque mouvement pour reculer et je fis une mauvaise chute de cheval. Nous sommes parvenus à rejoindre les rangs russes couverts de sang. Je ne pouvais ni marcher ni monter à cheval et mes hommes allèrent chercher le fameux traîneau de Kuzmitschov. C’est ainsi que je fus amené à Herzberg auprès du Dr Polejetsky attaché à la Garde. Il pansa ma plaie avec de l’étoupe imbibée de vodka et donna des instructions à Vassily mon ordonnance pour renouveler les pansements avec ma chemise, qu’il avait mise en charpie et en insistant pour désinfecter souvent la plaie avec de la vodka et de la recouvrir avec de la neige fraîche. Puis il me fit retourner au QG du régiment me refaire une santé. Avant de partir il me donna une bouteille de vin français, du chambertin qui provenait des bagages de la vieille Garde pillés quelques jours plus tôt. C’est le vin préféré de Napoléon avait-il ajouté dans un sourire, c’est ton jour de chance, ta jambe n’est pas cassée. Or, l’hôpital est plus dangereux que Napoléon : il tue plus !! J’abandonnais donc mes soldats à mon corps défendant mais le moindre cahot qui m’arrachait des cris de douleur justifiait cette décision. A Lindau, notre QG, officiait le célèbre chirurgien D. dont la rumeur murmurait qu’il amputait avec des baïonnettes. En tout cas, la pestilence était grande autour de sa tente et des monticules de bras et de jambes la séparaient du reste du camp. J’étais fort aise d’échapper à cet hôpital de campagne.
8 avril, la pluie a remplacé la neige, notre alliée.
Après nombre de péripéties, je prenais part aux combats pour la reprise de Rosslau et je détruisais deux compagnies françaises. Hasard de la guerre, j’y gagnais mes galons de Capitaine-Adjudant-Major contre Ours Blanc, contre qui j’avais gagné ceux de Lieutenant à Muskau ! Je décidai d’engager un escadron de hussards, confié à Zerckine, et je me séparais provisoirement de Kuzmitschov et de ses braves voltigeurs ! Mes blessures me faisaient toujours souffrir, la marche à pieds était toutefois redevenue possible mais avec une forte claudication.
Vive le Tsar ! Vive la Sainte Russie !
Vladimir Georgevitch Sobrakov, Général Feld-Maréchal des Armées Impériales Russes
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Re: Dans le sang jusqu’aux genoux

Message par vétéran Sobrakov » Ven Mai 30, 2014 8:58 pm

suite du récit précédent
Notre attaque-surprise sur Rosslau coupait les lignes de communication des sbires de Napoléon et leurs troupes qui s’étaient engagées dans la montagne se trouvaient prises entre deux feux.
Nos troupes rivalisaient de vitesse pour chasser les franzskis, je faisais néanmoins un crochet par la montagne pour voir exactement les emplacements des français qui s’y étaient réfugiés et l’occasion se présentait de m’emparer d’une aigle tombée au sol (qui appartenait au bataillon Heskil de la Brigade Infernale).
Après d’âpres combats, nous dégagions complètement défilé et montagne, nous descendions alors en plaine versant Paunsdorf pour nous porter vers Herzberg.
Constamment en première ligne, j’éclairais nos troupes grâce à l’escadron de Zerckine mais conduisant les lignes sur la gauche du front, j’anéantissais deux compagnies de voltigeurs cachées dans des bois, en flanc-garde du corps français qui se dirigeait vers Neustadt.
Zerckine, attaqué par des voltigeurs et des cuirassiers succombait à proximité de la ville après une reconnaissance risquée. Le surlendemain, j’attaquais avec mes deux compagnies de ligne un vieil adversaire, Silleg, qui m’avait martyrisé étant Cadet. Ma 1ere compagnie s’élançait, culbutait les lignards franzskis qui en perdaient leur aigle, mes gaillards se jetaient dans le bâtiment et s’en saisissaient en poussant des hurlements de joie. L’assaut de Raskolnikov sur le bâtiment mitoyen était repoussé. Nous nous replions rapidement de crainte d’une charge des cuirassiers voisins. 2 aigles en quelques jours, des chevrons sur toutes les manches, il n’y avait que l’état de grande fatigue de mes compagnies qui noircissait le tableau : Je ne serai pas de l’assaut sur Herzberg !
A son tour, Proot devait prendre du repos et Vilpinov reprenait les rênes de la Garde. Je profitais de l’occasion pour solliciter l’arrêt de mes fonctions de second.
Les deux camps sentaient que la campagne touchait à sa fin, les combats perdaient en intensité sauf dans Herzberg et ses forêts environnantes. L’assaut russe était mal conduit et était contenu par des français pourtant peu inspirés. Au nord de la ville, mon activité favorite était toujours et encore de débusquer les voltigeurs ennemis, de les anéantir ou d’en signaler la présence aux unités voisines.
Je me payais même un escadron de cuirassiers de l’ancien général en chef franzski et je me retrouvais dans une position isolée et sans espoir, je me lançais à l’assaut de voltigeurs cachés dans un bois pour tomber les armes à la main. Effectivement ma compagnie combattant jusqu’au dernier homme disparaissait sous les assauts répétés des français dont la ligne de front était proche. Un peu de repos me ferait du bien.
Vive le Tsar ! Vive la Sainte Russie !
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Re: Dans le sang jusqu’aux genoux

Message par vétéran Sobrakov » Mer Juil 09, 2014 7:02 pm

suite
La campagne s’éternisait malgré la victoire écrasante que nous avions remportée. Les troupes de chaque pays avaient réduit notablement leurs activités, se faire tuer le (peut-être) dernier jour n’a rien d’enthousiasmant.
Je remontais vers le front quand Proot nous fit parvenir une missive : des Franzskis s’étaient infiltrés une fois de plus dans la région de Muskau. Il avait manqué de peu ceux qui avaient occupé Glogau.
A la place de ces maudits français, j’aurais poursuivi vers le sud, vers le moulin de Wurschen puis la mine de Purschwitz, comme il y a quelques mois. J’envoyais Raskolnikov au moulin pendant que je passais au sud de Bautzen pour couvrir Purschwitz.
Raskolnikov eut la brillante idée de dépasser le moulin pour voir s’il voyait quelque chose. Et il ne fut pas déçu, un escadron de hussards stationnait sur l’autre rive de la Bober. Il prit position dans le moulin et m’envoya une estafette pour m’informer de la situation.
Les hussards devaient en toute logique contourner le moulin et descendre vers la mine, en longeant le flanc Est de la montagne. Je les y attaquerais dès le lendemain. Mais je renvoyais l’estafette avec l’ordre premièrement de faire une reconnaissance le long de la Bober pour vérifier que l’ennemi était toujours là, puis de foncer plein sud pour vérifier que les hussards étaient bien à proximité de la mine.
Le lendemain matin, je reçus un premier message qui n’avait rien de surprenant, les français avaient quitté leur bivouac, puis j’en reçus un second très étonnant : les hussards étaient passés côté Ouest de la montagne, donc de mon côté. C’était une excellente nouvelle, je pourrais les engager dans la journée. Je fis mouvement dans la forêt et je surpris les cavaliers encore en mouvement au pied de la montagne. Baïonnette au canon, en avant ! Je bousculais les hussards qui étaient des vieux de la vieille, Raskolnikov se hissait sur la crête qui nous surplombait et ajusta un tir d’enfer sur les franzskis. Pris entre deux feux, ceux-ci ne purent que se retirer en emmenant leurs nombreux blessés. L’intuition m’avait bien inspiré et les dispositions initiales avaient permis que deux compagnies de ligne interceptent et détruisent un escadron de cavalerie furtif !
Vive le Tsar ! Vive la Sainte Russie !
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Re: Dans le sang jusqu’aux genoux

Message par vétéran Sobrakov » Mer Août 13, 2014 10:12 am

Le temps avait passé. Les Franzskis avaient pris le contrôle presque total de la ville de Leipzig qui connaissait pour la première fois de la campagne les affres de la bataille.
Le Colonel Vilpinov dans un de ses accès de génie nous avait fait quitter la zone d’Herzberg pour Leipzig et après avoir nettoyé les plateaux qui dominaient la ville, nous nous regroupions pour fondre sur la ville.
Zerckine revenait des tentes sur la rive droite de l’Oder et à l’Est de Leipzig, le régiment était sur la rive gauche et moi j’étais à l’extrême ouest du dispositif. Les pluies torrentielles de cet été pourri avaient provoqué des crues importantes et l’Oder qui possède en temps normal des rives marécageuses se donnait des allures de lac tempétueux. Zerckine fait traverser son escadron un premier bras du fleuve, prend pied au pied du mur de la première position française. Le grondement des eaux couvre le bruit de sa troupe, il s’éloigne sans encombre et passe le deuxième bras pour retrouver nos lignes ! Un bivouac extrêmement humide attendait nos braves hussards.
Je m’étais accordé avec mes voisins de l’aile droite pour attaquer deux pâtés de maisons qui constituaient le quartier ouest de la rive gauche de la ville. Notre attaque était prévue pour le mardi mais le lundi, la 2e division de la Garde lançait un assaut de grande envergure et menaçait de libérer la ville à elle toute seule. Je décidai donc d’avancer mon mouvement de quelques heures.
Entre chien et loup, les hussards de Zerckine traversaient audacieusement la ville d’est en ouest et constataient qu’il ne restait que quelques ilots aux mains des français. Mes fusiliers avançaient à leur tour pour découvrir que notre objectif s’était presqu’entièrement envolé : je tombais sur des bâtiments vides, sauf un que j’attaquais immédiatement. Mais la nuit sans lune me forçait à attendre le lendemain pour terminer cette action. Hélas, au matin une unité de la 2e DG m’avait précédé. Il fallait donc traverser la rue qui était derrière nous et donner l’assaut à un bloc de trois compagnies de ligne.
Flanqués par les hussards, mes lignards prenaient pied dans les maisons voisines sans anicroche.
A l’heure H, Zerckine passait à l’attaque, relayé par Raskolnikov pourtant moins bien situé que la première compagnie. J’avais inversé l’ordre au dernier moment, dans l’espoir d’une victoire rapide qui permettrait d’engager avec succès une 2e compagnie franzskie. En effet, les gaillards de la 2e compagnie sont plus nombreux. Ils font un carnage. La 1ere compagnie attaque à son tour, massacre les rescapés et les rares survivants français s’enfuient en désordre en emportant leurs nombreux blessés.
On peut donc attaquer une autre compagnie française ! Dans le même ordre, mes lignards partent au corps à corps et la 1ere compagnie dans un dernier effort boute les bleus hors de la ville.
L’officier de la 3eme compagnie française, qui tenait la dernière maison à l’ouest de Leipzig sauvait l’honneur en refusant de fuir comme nombre de ses collègues. Je pris contact avec ce Capitaine Adjudant Major, Mr Toussaint, pour convenir d’une trêve pour soigner les blessés et enterrer les nombreux cadavres qui commençaient à pourrir du fait de l’humidité. Plus tard, en début de soirée le bataillon Payens s’approchait et tiraillait les soldats de Toussaint, mais il fallait les prendre au corps à corps pour s’en débarrasser. La compagnie Knispel de la 2e DG s’en chargeait brillamment. A la nuit, Tigreacier nous rejoignait attiré par l’odeur de la vodka !

175 français hors de combat sur 300 au début de l’action (31 de notre côté), deux compagnies de ligne détruites, j’aurais pu obtenir la dignité de Chevalier de Saint-Georges mais je n’avais pas de grenadiers… je me contentais néanmoins et avec gourmandise de celle de Garde ! Décidément les combats en ville me réussissaient…
La Chancellerie régissait promptement à ma demande de nomination et dès réception de la cravate et de la médaille, je mobilisais une de nos logeuses allemandes pour un petit travail de couture. La vodka allait couler à flots le reste de la nuit !
Vive le Tsar ! Vive la Sainte Russie !
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Re: Dans le sang jusqu’aux genoux

Message par vétéran Sobrakov » Mer Sep 24, 2014 4:05 pm

[note de l’éditeur : nous avons décidé de placer ce passage des mémoires de l’officier Sobrakov dans le chapitre « dans le sang jusqu’aux genoux » qui se rapporte explicitement à la Garde Préobrajensky, bien qu’il se situe après son départ dudit régiment, parce qu’il relate les derniers évènements de la campagne de Leipzig]
J’en avais assez de parcourir éternellement les mêmes champs, les mêmes forêts, les mêmes bourgades. Le terrain conquis était reperdu puis repris etc… combien de temps encore ? Je décidais alors de revenir à l’EMR comme instructeur.
Le changement fut total : l’école était affectée au sud-ouest de Leipzig, dans une zone stratégique où se situait la mine de Wachau pour le changement de lieu, et l’instruction des nouveaux venus et leur mutation dans la section des aguerris extrêmement rapide pour le changement d’activités. Cette rapidité de rotation était liée à l’afflux, que je n’imaginais pas, d’officiers de tous horizons, tous déterminés à vaincre l’ogre français.
Le jour de mon arrivée sur le front le colonel Poliakoff lançait une offensive décisive qui arrachait la mine des griffes des franzskis.
De mon côté, au sud de la mine j’essayais de constituer un front organisé et Zerkine se lançait dans des opérations d’éclairage à l’arrière des franzskis qui me permettaient de me faire une idée du rapport de force.
Ces incursions déplaisaient visiblement aux français qui attaquaient systématiquement nos rares cavaliers et voltigeurs pour nous maintenir dans l’ignorance et pouvoir franchir l’Oder au sud de la mine. Le traitre mais talentueux Viatchesla ,ex-cosaque, lançait un raid audacieux et détruisait notre escadron de hussards. Mais Zerkine en remontait rapidement un nouvel et revenait avec nous.
Il s’avérait que les franzskis avaient un rideau de troupes, aguerries au demeurant, de l’autre côté de l’Oder mais sans plus. Je décidais de monter une opération très risquée pour écraser leurs cavaliers et voltigeurs, si nécessaires pour tout franchissement, avant l’arrivée du gros de leurs forces. Zerkine s’élançait tout au sud de notre dispositif, découvrait l’avancée de nombreuses troupes, longeait tout le front et bien que pris à partie par les ex-cosaques attaquait leur artillerie et démasquait une autre batterie et ses soutiens plus au nord. Fort de ces renseignements essentiels, je lançais 6 compagnies de Cadets sur les objectifs ci-dessus, appuyés par mon infanterie. La surprise fut totale, tous les objectifs (cuirassiers, voltigeurs, ligne, artillerie) furent détruits sauf un à moitié seulement (dragons). Le miracle c’est que Zerkine et un bataillon réussirent à se retirer et rejoindre nos lignes.
L’ennemi venait de perdre ses projets de franchissement.
Les jours suivant, le camp russe traversait l’Oder en force et anéantissait les forces françaises qui étaient restées sur place. Herzberg et Paunsdorf avaient été reprises elles aussi, la victoire était totale.
Les franzskis demandaient un armistice, enfin !
Vive le Tsar ! Vive la Sainte Russie !
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Re: Dans le sang jusqu’aux genoux

Message par vétéran Sobrakov » Ven Sep 26, 2014 12:46 pm

Sobrakov a écrit :[note de l’éditeur : nous avons décidé de placer ce passage des mémoires de l’officier Sobrakov dans le chapitre « dans le sang jusqu’aux genoux » qui se rapporte explicitement à la Garde Préobrajensky, bien qu’il se situe après son départ dudit régiment, parce qu’il relate les derniers évènements de la campagne de Leipzig]
J’en avais assez de parcourir éternellement les mêmes champs, les mêmes forêts, les mêmes bourgades. Le terrain conquis était reperdu puis repris etc… combien de temps encore ? Je décidais alors de revenir à l’EMR comme instructeur.
Le changement fut total : l’école était affectée au sud-ouest de Leipzig, dans une zone stratégique où se situait la mine de Wachau pour le changement de lieu, et l’instruction des nouveaux venus et leur mutation dans la section des aguerris extrêmement rapide pour le changement d’activités. Cette rapidité de rotation était liée à l’afflux, que je n’imaginais pas, d’officiers de tous horizons, tous déterminés à vaincre l’ogre français.
Le jour de mon arrivée sur le front le colonel Poliakoff lançait une offensive décisive qui arrachait la mine des griffes des franzskis.
De mon côté, au sud de la mine j’essayais de constituer un front organisé et Zerkine se lançait dans des opérations d’éclairage à l’arrière des franzskis qui me permettaient de me faire une idée du rapport de force.
Ces incursions déplaisaient visiblement aux français qui attaquaient systématiquement nos rares cavaliers et voltigeurs pour nous maintenir dans l’ignorance et pouvoir franchir l’Oder au sud de la mine. Le traitre mais talentueux Viatchesla ,ex-cosaque, lançait un raid audacieux et détruisait notre escadron de hussards. Mais Zerkine en remontait rapidement un nouvel et revenait avec nous.
Il s’avérait que les franzskis avaient un rideau de troupes, aguerries au demeurant, de l’autre côté de l’Oder mais sans plus. Je décidais de monter une opération très risquée pour écraser leurs cavaliers et voltigeurs, si nécessaires pour tout franchissement, avant l’arrivée du gros de leurs forces. Zerkine s’élançait tout au sud de notre dispositif, découvrait l’avancée de nombreuses troupes, longeait tout le front et bien que pris à partie par les ex-cosaques attaquait leur artillerie et démasquait une autre batterie et ses soutiens plus au nord. Fort de ces renseignements essentiels, je lançais 6 compagnies de Cadets(Kolibri 2 cies, Filat 1 cie, Borodine 1cie, Scorpion09 2 cies) sur les objectifs ci-dessus, appuyés par mon infanterie. La surprise fut totale, tous les objectifs (1 escadron de cuirassiers, 2 compagnies de voltigeurs,1 de ligne,1 batteried’ artillerie) furent détruits sauf un à moitié seulement (escadron de dragons). Le miracle c’est que Zerkine et un bataillon réussirent à se retirer et rejoindre nos lignes.
L’ennemi venait de perdre ses projets de franchissement.
Les jours suivant, le camp russe traversait l’Oder en force et anéantissait les forces françaises qui étaient restées sur place. Herzberg et Paunsdorf avaient été reprises elles aussi, la victoire était totale.
Les franzskis demandaient un armistice, enfin !
Vive le Tsar ! Vive la Sainte Russie !
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