Assassinat

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Assassinat

Message par vétéran Antoine de La Salle » Jeu Jan 09, 2014 4:39 pm

Le Cabinet :

Le jeune Leonid Okoun ne prit pas la peine de frapper avant d’entrer dans le bureau. Depuis le temps, il savait pertinemment que personne n’aurait répondu. Après tout, qui fait attention à un petit serviteur de 9 ans à peine !

La pièce était surchauffée par le feu dans la cheminée et l’air était chargé des fumées de pipes de certains officiers. Il reconnut de suite le Maréchal Druon penché sur une des cartes de la région. Il avait déjà vu la majorité des officiers présents mais ne connaissait pas leur nom. Un grand moustachu en uniforme de cavalier léger était devant la fenêtre à regarder la troupe s’affairer dans la cour. Un vieil officier du Génie dormait dans un fauteuil devant la cheminée, ses pieds reposant sur un petit tabouret, les bottes posées contre. Un plus jeune, en uniforme de Gendarme, écrivait tout un tas d’ordres et de missives sur le petit bureau disposé dans l’angle de la pièce. Pour finir, deux aides de camp étudiaient les cartes avec le Maréchal.

Leonid se dirigea vers le bureau, changea les bougies, puis alla vers la table basse récupérer une pile d’assiettes et de plats.


« - Les Russes ont enfoncés nos lignes ici et … là »

« - Oui c’est fâcheux, notre infanterie a du se replier sur les montagnes en attendant les renforts promis par l ‘Empereur. Ils arriveront par là normalement »

Le jeune serviteur jeta un œil distrait à la carte et aux doigts se promenant avec précision, en portant des verres et une carafe sur un plateau

« - Merci bien Leonid », dit Druon en passant sa main dans les cheveux du serviteur.

« Tient il connaît mon prénom ? » pensa Leonid.


« - On nous signale un fort parti de Cosaques sur notre flanc, à priori ils ont des velléités de passer sur nos arrières. »

« - Faites partir trois estafettes en suivant la procédure de sécurité habituelle, qu’il préviennent de suite notre flanc Nord qu’ils risquent de se faire tourner. Il faut qu’ils comblent la brèche ici si possible. Nous allons regrouper nos forces à cet endroit et attaquerons les russes dans cette vallée. Insistez bien sur l’importance de ce courrier, il faut qu’il arrive à tout prix, la suite de la campagne dépend de notre assaut au Nord ! ».

« - A vos ordres mon Commandant. »

Léonid sorti en emportant les bottes de l’officier du Génie afin de les cirer… sans que cela ne réveille l’intéressé.



Les Messagers :

Les trois chevaux avançaient doucement leurs pas faisant craquer le givre de l’herbe verte. Rolph, le Wurtembergeois tirait sur sa bouffarde alors que les deux chasseurs à cheval plaisantaient. L’air était frais en cette heure matinale, ils étaient partis de l’Etat Major avec leur missive alors que le soleil n’était pas encore levé. Maintenant celui-ci rougissait doucement sans pour autant encore pouvoir chauffer. Sa pâle lueur donnait un caractère irréel aux paysages.

« - Rolph ça caille de trop dans ton foutu pays ! »

La répartie fut prompte, cinglante et prononcée avec un accent des plus guttural

« - Emile, Schweinhund, pour la cinquantième fois ce n’est pas mon pays, ça n’a rien a voir Dummkopf ! »

« - Laisses courir Rolph, il dit ça pour te taquiner, et toi Emile tu as toute la vie pour être con, tu pourrais nous faire une pause de quelques heures non ?! »

Le Wurtembergeois fit stopper son cheval et se tourna vers le coté gauche de la route, en direction d’un petit bosquet de bouleaux.

« - Qu’y a t’il encore ? »

« - On nous observe, j’en suis quasément sur ! »

« - On dit "quasiment", imbécile. »

Cette fois–ci la réponse n’eut pas le temps de sortir. La phrase de Rolph resta coincée dans sa gorge alors que deux coups de feu retentissaient et qu’une balle lui traversait la poitrine.
Le corps du Wurtembergeois n’avait pas touché le seul qu’un nouveau coup de feu atteignit Emile à la joue.


« - Eh merde » dit le dernier chasseur en flanquant son cheval. Il jeta un dernier regard vers ses deux compagnons et regardant vers l’avant il vit au dernier moment les deux cosaques qui lui barraient la route. En revanche, il ne fit que sentir la pointe de la lance qui lui perça le flanc.

Emile, allongé sur la route, voyait les bulles sanglantes sortir de sa plaie à chaque expiration, en arrière plan, les corps des estafettes et leurs chevaux un peu plus loin, paisiblement en train de brouter l’herbe grasse du bord du chemin. Tout était calme et apaisé.
Il sentit qu’on le retournait pour fouiller sa giberne puis vit le visage d’un cosaque et senti son haleine lourde. Son regard était doux, comme désolé de ce qu’il s’apprêtait à faire. Il passa simplement sa lame sur la gorge du français en prononçant un seul mot que celui-ci ne comprit pas. Puis il lui ferma les yeux.




Finaliser la mission :

Leonid était nerveux. Ses consignes étaient claires, mais il redoutait de les mettre en application. Ce serait sa première fois et puis le risque était partout. Il prit une grande inspiration et entra dans le cabinet.
Le Maréchal Druon était assit à son bureau, discutant avec son aide de camp. Il leva les yeux en entendant le petit serviteur entrer.


« - Entres Leonid, tu peux débarrasser et nous amener une bouteille de fine s’il te plait. »

Décidément ce Fransky était plus gentil que ce qu’Okoun pensait… même trop gentil pour ce qu’il devait accomplir.

« - Notre corps du Nord n’a rien fait de ce que je leur avait demandé, à croire qu’ils n’ont pas reçu mes missives ! »

« - Et maintenant c’est notre Centre qui est menacé, nous allons devoir nous replier, j’en ai bien peur mon Commandant. »

« - Ne m’en parles pas, rien que de savoir que je vais devoir annoncer ça à l’Empereur… J’ai échoué lamentablement. »

« - Ne vous jugez pas si durement, les Russes ont été meilleurs que nous ce coup-ci mais rien n’est perdu ».

Leonid était toujours en train de ranger le petit salon faisant face à la cheminée.

Druon reprit la parole :


« - Bon, il se fait tard tu peux rentrer, j’enverrai mon rapport à l’Empereur demain matin. »

« - Bien mon Commandant, je vous souhaite la bonne nuit ».

Une fois l’aide de camp parti, Leonid se rapprocha du bureau du Maréchal, celui ci étant maintenant plongé dans la lecture d’un nouveau rapport.
Le jeune garçon sorti le stylet qu’il dissimulait dans le pli de son vêtement et se plaçant face à Druon lui dit doucement


« - Pour le Tsar ! »

Il planta la pointe dans la cuisse, au niveau de l’artère, tentant de viser le point que son officier lui avait indiqué un peu plus tôt dans la matinée, puis la planta à nouveau sur le coté gauche du cou.
Le Maréchal lui jeta un regard plein de surprise et d’incompréhension, puis lorsque Leonid retira la lame il s’affaissa en arrière dans son fauteuil, laissa échapper une série de gargouillis en même temps qu’un flot de sang qui macula le bureau et les bras de Leonid.

Le petit garçon se recula doucement, ne pouvant détourner les yeux de ceux du Maréchal. Ces yeux clairs qui le fixeraient à tout jamais.
Il jeta le stylet dans la cheminée, s’essuya les mains et les bras du mieux possible sur la veste d’officier du français et sorti aussi tranquillement et naturellement que sa nervosité le lui permettaient.
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Message par vétéran Antoine de La Salle » Mar Jan 21, 2014 2:21 pm

In Extremis :

Alors que Leonid tournait à l'angle du couloir, il vit trois officiers français grimpant les escaliers vers lui. L'officier de cavalerie moustachu marchait en tête accompagné d'un officier que son uniforme noir identifiait comme appartenant au Génie Impérial. Derrière eux avançait un officier d'Infanterie à l'air renfrogné. Trop occupés à leur conversation, aucun ne sembla remarquer le jeune garçon.

Ils prirent le tournant et se dirigèrent vers le bureau du Maréchal. Léonid en profita pour descendre les marches quatre à quatre et sortir aussi vite que ses petites jambes le lui permirent, se perdant dans la nuit.


" - Officier Druon, j’apporte des nouvelles de la plus haute importance... Et merde qu'est ce que c'est encore que ça ?" dit le fantassin en découvrant le corps toujours assit dans le fauteuil, mais l'uniforme maculé de sang.

" - A LA GARDE !!!! ALERTE."

Le cavalier se précipita pour compresser la plaie à la gorge. Le Maréchal Druon avait déjà perdu beaucoup de sang, mais il respirait encore. L'officier du Génie inspecta la plaie à la jambe et la jugea sans gravité mortelle, le coup ayant glissé sur un muscle n'avait pas touché d'artère. En revanche la blessure à la gorge était profonde.
Il allongèrent le Maréchal tout en lui maintenant les jambes en l'air, pendant qu'à l’extérieur du bureau on entendait des hommes courir en tout sens et gueuler "à la garde" ou "un médecin".

Le chirurgien de la Garde Impériale qui avait par chance ses appartements à l'étage du dessus fut rapidement là.


" - Eh bien Messieurs, notre Maréchal a de la chance, à quelques minutes près il y passait. Lui et la Grande Armée vous doivent beaucoup ce soir. Merci à tous trois."
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