La Gendarmerie Impériale à la manoeuvre

Racontez vos histoires autour d'un verre sous la tente...

Modérateurs : Modérateurs français, Animateurs, Modérateurs russes

La Gendarmerie Impériale à la manoeuvre

Message par vétéran Antoine de Froiss » Dim Juil 08, 2007 2:39 pm

Les quatre cents hommes commandés par le Général de Dare, avançaient sans bruit dans la nuit, masqués par d'épais nuages. Quelques murmures étaient parfois audibles, rectifications de déplacements et griefs en étaient la cause.

Clément était à la tête de ce contingent servant pour l'heure comme simple troupe de ligne. Bien des fois il fut critiqué et considéré comme un gratte-papier, mais les braves qui combattaient avec lui savaient ce qu'il en était, Louis Loisot n'avait pas fait long feu à la tête de la 878° Compagnie de Gendarmerie, non pas à cause d'une mauvaise gestion des troupes mais simplement car le Général aimait la pétarade et éprouvait à chaque assaut, une sensation n'ayant pas d'égal, même entre les cuisses d'une femme.

Alors que ses hommes se trouvaient au beau milieu d'un bosquet, une formation sur trois lignes fut adoptée. Il était question de constamment réveiller l'ennemi et de le forcer à garder l'oeil ouvert et les fusils à portée le plus de temps possible, en vue de les épuiser jusqu'à ce qu'ils en meurent. Cette petite guerre d'usure avait déjà fait ses preuves à plusieurs reprises et était même devenue une spécialité de l'Officier de dare.

Une fois que tout fut en ordre, troupes rangées, armes épaulées, Antoine alla trouver son supérieur, sabre en main.

" Monsieur, les montés avaient raison, une seule compagnie se trouve face à nous, que devons-nous faire ? "

Le but était de faire le plus de dégâts et d'effrayer un ennemi important. Cependant l'occasion qui s'offrait à eux était vraiment belle. En plus de faire tomber une compagnie, ils pourraient porter un sérieux coup au moral des russes le lendemain.
Le Général eut à nouveau ce rictus qui lui était si particulier, mélange de sévérité et de satisfaction. Les sourcils froncés, il se posa quelques instant sur un tronc d'arbre fraichement coupé et analysa la situation. Il resta ainsi quelque secondes, caressant du bout des doigts son menton.

" Ordonnez aux hommes de faire feux pour qu'ils aillent à la mêlée avec les survivants. Je veux que nous prenions leur drapeau. "

Son Adjudant fit demi-tour sans un mot, et le Général se leva et tira sa lame. Il était presque joyeux de la situation. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas eu à utiliser son sabre et comptait bien en faire usage ce soir.

Un cri rauque fut poussé et une puissante mais dévastatrice salve fut tirée. Une langue de feu et de poussière s'échappa de la longue ligne française et le plomb vola en direction des russes qui s'étaient regroupés autour de le bivouac. Ce ne fut que lorsqu'ils virent au loin un groupe de démons être éclairés quelques instants grâce à leurs fusils que l'alerte fut donnée au milieu de plaintes des soldats blessés.

Le monstre français avait disparu aussi vite qu'il était apparu ce qui troubla les hommes qui étaient brusquement sortis de leur sommeil et prenant leurs armes cherchaient d'où étaient venus les tirs. Les hommes en état de combattre se trouvèrent donc autour du feu qui les éclairaient et faisaient d'eux une cible de choix.

Toujours à l'abris de quelques buissons éparts, les français avaient eu le temps de recharger leurs fusils. A nouveau une salve fut tirée et un bruit sourd déchira l'air avec la même vigueur qu'un éclair mais ne se tut pas. Il fallut quelque secondes aux hommes pour se lever et partir baïonnettes en avant vers le dernier carré russe. Ceux-ci semblaient être terrifiés et l'odeur mêlée de la poudre, du sang et de chair brûlée augmentait un peu plus la peur ambiante.

Le cri poussé depuis la seconde salve ne s'arrêtait pas, même lorsque les gendarmes quittèrent les ombres pour apparaitre à la lumière du bivouac aux russes qui tirèrent une salve. Quelques gendarmes tombèrent mais un flot important tomba alors sur les russes. Les baïonnettes avaient longtemps été préparées et très vite la mêlée tourna court. Il ne resta bientôt plus que quelques blessés qui seraient là pour apporter aux Généraux adverses des explications sur la nuit qu'ils venaient de passer, si encore ils arrivaient à survivre au milieu du brasier qui était allumé grâce aux tentes des défunts.

Le Général ordonna donc le repli, après qu'il eu en main le drapeau ennemi, des cartes et carnets détenus par des russes. Il fit aussi le plein de vivres avant que le feu ne les emporte. Il appelait ça son butin de guerre et en faisait pleinement profiter ses hommes car il savait que leur ardeur au combat en était plus grande. On dégagea les morts et blessés français vers les arrières, jusqu'au bivouac français où les attendaient le groupe monté de la Gendarmerie Impériale et quelques médecins.

La soirée avait été bonne pour la France avec la mise en déroute d'une compagnie ennemi et la frayeur que pareille action engendrerait du côté ennemi. Le Général était lui aussi satisfait, son sabre avait vu passé quelques moskovites et des têtes étaient tombées, finalement, il ne regrettait pas la guerre !
Image
Avatar de l’utilisateur
vétéran Antoine de Froiss (Mat. 878)
Major
Français
 
Message(s) : 3015
Inscription : Sam Jan 27, 2007 10:19 pm
Localisation : Montpellier
fiche

Message par vétéran Antoine de Froiss » Dim Juil 29, 2007 6:59 pm

La Gendarmerie Impériale, à l'image du Major de Dare, aimait à être au devant de la scène et peut-être bien que le personnage n'y était pas innocent. Que ce soit sur le champ de bataille ou au Mess, l'Etat-Major ou la taverne, il fallait toujours que cette 'Force à la Loi' soit présente et respectée, certains y veillant plus particulièrement que d'autres. Nonobstant l'intérêt de la chose, elle ne sert en rien dans l'histoire qui suit.

Le Major de Dare avait regagné le plein commandement de ses hommes depuis moins d'une semaine et il enchaînait déjà les victoires -si petites fussent-elles- sur le terrain, touchant au moral de l'ennemi à chacune de ses actions.
Il était installé dans sa tente, dressée au même endroit depuis plusieurs jours et attendait au rythme des tambours et des fusils crachant leurs projectiles sur le front, non loin de là. Certes, il attendait, mais qu'est-ce qui pouvait tant le retenir sous la toile blanche alors que ses hommes se préparaient à l'extérieur ? La réponse vint en partie d'Antoine, le visage marqué par de nombreuses égratignures et un cou meurtri qu'il cachait tant bien que mal avec le col de son uniforme.
Il portait avec lui des cartes de la zone de combat et le relevé des positions de l'ennemi, faits quelques heures plus tôt.

Comme si la simple venue de son adjudant était une bonne nouvelle, le Major l'accueillit avec un sourire, bien que quelque peu circonspect tout en prenant les menus documents des mains de son second.
Pierre-Marie et ses hommes faisaient toujours d'aussi belles cartes, tant par leur précision géographique et topologique que par leur soin visuel attachés à ces plans d'une importance capitale.
Tel un enfant découvrant un jouet longtemps attendu, l'officier français dévora du regard les cartes tout en laissant échapper quelques gloussements de temps à autre.

Antoine, qui ne le connaissait que depuis le début de la Campagne, avait tenté de peindre le portrait de son supérieur, mais ce dernier était si surprenant et imprévisible que la chose semblait impossible. Le Major était à la fois ambitieux mais prudent, râleur mais sérieux, bien qu'on ne pouvait jamais vraiment savoir quel aspect du personnage on avait face à soi. L'Adjudant-Major s'installe sur une chaise en bois dur dont l'assise était peu confortable et le dossier tellement droit que l'on se sentait obligé de faire de même. Le jeune homme prit son mal en patience, espérant que el chef de bataillon ne daigne s'intéresser à nouveau à lui.

Après quelques -longues- minutes, Clément releva enfin les yeux de ses plans et remarqua la présence d'Antoine, qui fut des plus surpris du regard interrogateur lancé par son supérieur, mais ce dernier ne releva pas l'expression surprise affichée sur le visage d'Antoine. Vexé, il décida de briser un silence devenant pesant:

" Est-ce tout ? Mes hommes m'attendent pour le repas. "

D'un geste évasif de la main, le Major congédia son Adjudant avant de reprendre l'étude de ses cartes.

Il semblait qu'une compagnie russe se trouvait non loin du bivouac de la Gendarmerie Impériale et il serait intéressant de leur tendre un guet-apens. Ce ne fut qu'après avoir tout regardé à nouveau sur sa carte dépliée et en ayant joué avec quelques pions représentants les compagnies engagées, que Clément décida de lancer l'attaque.
Dès la sortie de sa tente, il fit sonner la trompette pour que les hommes se mettent en branle et forment les rangs, ceci au son des tambours et sous les ordres des estafettes des deux compagnies de ligne.
Antoine, reçu ses instructions et disparu au milieu de la masse de Gendarmes se formant en colonne pour avancer. Au milieu du champ de bataille, nulle route aidant au déplacement, seules les jambes et le moral permettent aux hommes d'avancer vite, bien plus vite que les russes.

Il avait été décidé de couper les troupes de la Gendarmerie en deux. L'une longerait les montagnes alors que l'autre contournerait un petit bois afin de prendre les russes sur les flancs. Le but de la manoeuvre était simple, anéantir le commandement de la compagnie adverse pour s'assurer du gain de ce lopin de terre. Et il en fut ainsi.

Le Major, à la tête de la 878° compagnie de ligne avançait à l'arrière du groupe, scrutant au loin le paysage russe et espérant y voir l'ennemi en vue de l'engager. Pour avoir longuement travaillé à l'Etat-Major en collaboration avec les tacticiens, il savait comment s'y prendre et ne se ferait pas avoir. Son esprit faisait le reste, et il arrivait toujours à trouver des déplacements cohérents pour lui permettre d'anéantir l'ennemi.
Pour sa part, Antoine fut arrivée à la lisière du bois plus tôt que prévu et décida d'envoyer quelques éclaireurs pour voir si les russes étaient toujours là, il ne fallut que quelques minutes pour que la réponse tombe: Oui !

Les troupes se disposèrent ainsi, attendant l’heure de l’attaque et scrutant les russes tout en prenant garde à ce qu’ils ne soupçonnent pas l’attaque. Quand bien même fusse le cas, les français avait un avantage de par leur nombre mais aussi d’un point de vue topographique. Les hommes du Major furent les premiers à sortir des ombres en se dévoilant depuis le haut d’une colline, en rangs, prêts à faire feu au signal de leur commandant. Les russes ne tardèrent pas à faire signer l’alerte et les hommes prirent armes et ordres et avançaient à l’encontre de l’ennemi, prêt à l’engager. Lorsque la trompette se fit entendre, signal d’alerte pour les hommes de l’Adjudant de Foissac, ces derniers sortirent des bois et prirent ainsi en étau l’ennemi russe qui se trouvait entre deux feux, et il ne fallut guère longtemps aux français pour les tailler en pièce sous l’impulsion d’un Officier Supérieur survolté qui voulait en découdre.

Alors que les langues de feux crachaient leur métal bouillant, les baïonnettes étaient pointées vers un ennemi que l’on était prêt à engager, de part et d’autre du vallon. Mais à la surprise générale, il ne fut pas utile d’aller jusqu’à la mêlée. Les russes avaient perdu leur estafette et le nombre peu important de survivants les forçaient à fuir comme des lâches, laissant sur le sol le drapeau de leur compagnie, au milieu des morts.

Ce fut une bien belle victoire française et le retour se fit en fanfare, les gendarmes étant très fiers de leur performance. Ils chantèrent jusqu’à leur arrivée au bivouac et même un peu après, ayant eu le droit pour l’occasion d’une bonne rasade d’alcool et de nouvelles histoires à raconter.
Image
Avatar de l’utilisateur
vétéran Antoine de Froiss (Mat. 878)
Major
Français
 
Message(s) : 3015
Inscription : Sam Jan 27, 2007 10:19 pm
Localisation : Montpellier
fiche

Message par vétéran Antoine de Froiss » Jeu Août 09, 2007 11:08 am

L’Officier de Dare devançait ses hommes d’une bonne dizaine de mètres, haut perché sur sa monture. Il voyait au loin, sans avoir besoin de longue vue pour en être certain, une compagnie russe bien installée sur la route du Guet, bloquant ainsi toues les caravanes et autres troupes en mouvement qu’elles soient russes ou françaises. La position stratégique que tenait la compagnie de l’armée tzarine avait forcé le Major à prendre les dispositions nécessaires pour l’en déloger avec douceur et un minimum de pertes.

L’Adjudant-Major de Foissac l’avait rejoint et écoutait les directives de l’Officier de Dare qui désigna, l’index tendu, la manœuvre à accomplir pour surprendre et attaquer l’ennemi. Déjà deux jours plus tôt, une compagnie russe avait été mise en déroute et ils savaient que leur technique de combat était rodée, bien que risquant d’être connue sous peu par l’adversaire.
La 879° Compagnie de Ligne –de la Gendarmerie Impériale- serait aux avant-postes et aurait pour but d’agiter un ennemi qui semblait avoir du mal à tenir la position. Les ordres furent brefs mais précis, ce qui ne permettait ainsi de garantir la pleine et entière réussite de l’entreprise.

Le Major était visiblement content et ne pouvant s’empêcher de penser, par orgueil ou vantardise –voire peut-être même les deux- qu’il avait envoyé au tapis vingt-quatre compagnies ennemies sans souffrir d’aucun retour forcé au camp de son côté. Il savait cependant que les choses changeraient mais préférait ne pas y penser, ou du moins, pas encore.

Les quatre cents hommes de la Gendarmerie Impériale étaient maintenant bien au devant des lignes françaises et narguaient un ennemi russe à peine tiré de son sommeil. L’aube pointait depuis peu, le ciel tirait vers le rouge pâle et la rosée du matin mouillait les guêtres et les pantalons des impériaux français qui semblaient être aux anges, avançant avec vigueur dans d’hautes herbes.
Puis la trompette se fit entendre, sans pour autant brailler à tout va, et les hommes de la 878° s’arrêtèrent, laissant leurs camarades de la 879° avancer, tout en passant en formation de ligne sur trois rangées, offrant ainsi une plus grande force de tir. L’ennemi ne bronchait pas, les ordres eux-mêmes semblaient hésiter à venir, ce qui profita –une nouvelle fois- aux hommes du Major.
Une fois qu’Antoine eut jugé appréciable la distance entre les russes et lui, il tonna un « Feu ! » qui s’entendit au loin sur le champ de tir, alors que les fusils crachaient déjà leur plomb en direction de l’ennemi qui formait tout juste les rangs en vue de se défendre. La langue de feu et la poudre déchirèrent l’air, et ils reçurent comme répondre des hurlements mêlant peur, douleur et désespoir.
Nombreux furent les russes à tomber au sol, le sang et le plomb se mélangeant peu à peu, et colorant ainsi les pâtures et la terre battue de la route entre la Vénitienne et le Palais du Tzar, et la surprise –ou peut-être même la peur- empêcha les survivants de répliquer aux tirs français, alors que ces derniers se reculaient en bon ordre tout en s’assurant qu’il n’y aurait pas de salve ennemie.

Depuis un petit monticule de terre, Clément avait admiré le combat et l’efficacité de ces hommes qu’il n’oublierait pas de féliciter. Ses hommes devraient à leur tour faire leurs preuves et le Major espérait aller jusqu’à l’anéantissement de la compagnie adverse, n’hésitant pas à aller lui-même tirer quelques coups avec son pistolet. Et ce fut le cas.

Alors que les troupes de la 878° s’avançaient jusqu’à passer celles de la 879° les russes formèrent un maigre carré tout en attendant des ordres, qui ne venaient toujours pas. Les premières salves françaises avaient touché l’estafette russe et il ne semblait plus y avoir grand monde pour diriger la barque tzarine qui allait indéniablement toucher le fond sous peu. Le Major aimait être au plus près des combat et ses hommes avaient pour ordre de tirer le moment venu, que ce soit à vingt comme à deux mètres de l’ennemi. La formation ennemie étaient dégarnie sur bien des côtés et les hommes essayaient de faire de leur mieux en garnissant les rangs là où cela était le plus dangereux.

Jugeant la distance suffisante pour faire d’importants dégâts, le Major ordonna aux hommes d’entourer comme ils pouvaient les russes puis de faire feu. Un arc de cercle composé d’une compagnie complète face à un carré d’une compagnie touchée, les tirs firent un désastre. On compta par la suite plus de soixante morts pour cette seconde attaque uniquement, preuve de la puissance dévastatrice des gendarmes. Comme attendu, les hommes encore debout fuirent sans demander leur reste, beuglant leur langue tout en gesticulant comme des déments.

Pour couvrir les plaintes des fuyards, les français se mirent à rire en admirant le spectacle qui leur était offert. Puis une fois qu’ils eurent assez rit, ils firent demi-tour et rejoignirent leur bivouac fêtant ainsi la victoire avec les hommes de la 879° qui étaient directement repartis vers les tentes après leur attaque.

Clément disparu dans sa tente après avoir bu et mangé avec ses hommes, demandant Antoine et Pierre-Marie pour discuter, peut-être, de leurs prochaine attaque.
Image
Avatar de l’utilisateur
vétéran Antoine de Froiss (Mat. 878)
Major
Français
 
Message(s) : 3015
Inscription : Sam Jan 27, 2007 10:19 pm
Localisation : Montpellier
fiche

Message par vétéran Antoine de Froiss » Dim Nov 11, 2007 8:43 pm

Clément regardait avec sa longue vue la rive opposée. Voilà près d'un an qu'il attendait de prendre cette foutue ville, elle le narguait, protégée à moitié par une voile laiteux, par une brume matinale qui ne tomberait pas avant que le soleil soit déjà haut dans le ciel. Ca serait une belle journée pour combattre.

Demandant à ses hommes de chausser leurs meilleures bottes ils avancèrent ainsi, le plus prudemment possible, entourés par l'humidité. Les hommes étaient collés les uns aux autres, pour ne pas se perdre, tombant parfois par grappe de cinq ou six, se relevant difficilement. On voyait autour de soi que quelques personnes, les voix semblaient comme étouffées. Alors qu'ils s'y attendaient le moins, la marche fut stoppée brusquement. On entendit hurler un: " On est arrivé sur l'autre rive ! " Ce ne mit guère plus de beaume au coeur, au milieu de cette bouillie, il était difficile de choisir entre une rivière glissante et une plaine gelée.

Il y avait un mètre à grimper à main nue, a essayer de prendre prise sur une terre aussi dur que de la rocaille. La 878° n'en menait pas large pour une fois tant l'exercice était difficile. Le bruit courait que l'Officier Mignard avait réussi à passer un peu avant eux et qu'il se tenait seul avec ses hommes face à toute une armée russe. Folie ou Courage, il n'était pas tant de parler de ça mais simplement d'aller les rejoindre, ne pas les laisser tomber.

Ce fut donc après une demi-heure de perdue qu'ils arrivèrent à destination. Ils avaient pris place à côté de l'Adjudant Mignard et attendirent ainsi que la brume se lève, chose qu'elle fit bien tardivement.

Quand le temps fut bien plus agréable, Clément remarqua à quel point les russes étaient proches. Demandant sa longue vue, il fit retranscrire les informations que comportait le drapeau ennemi.
Plus tard, dans la matinée, une lettre lui parvint, signée de main russe et rédigée dans un français d'assez bonne qualité. Une fois qu'il eut fini de lire le document, il demanda à ce que l'on allume le brasero au plus tôt et déposa le document à l'intérieur. Personne ne devait savoir qu'il recevait des correspondances de la part de l'ennemi. Le statut indépendantiste rendait déjà la situation assez délicate comme ça.

Cependant, il envoya une réponse après qu'une volée de plomb ait volée en sa direction. La réponse fut bien sûr agréementée d'une réplique sèche touchant de façon assez sévère l'ennemi. Puis il ne se passa rien de la journée.


Le lendemain fut sans grand intérêt jusqu'à la fin de l'après-midi. Demandant à ses hommes d'astiquer les baïonnettes, il passa en revue les rangs.

" Messieurs, aujourd'hui nous allons rentrer dans le lard des russes. Soyez fiers, dignes, faites honneur à la Gendarmerie. "

Ils partirent ainsi attaquer l'ennemi dans une mêlée monstre, où le bruit des tirs se mêlaient aux cris gutturaux. Au milieu de la brume du crépuscule, une odeur âpre s'élevait de la zone, éclairée par un éclair rouge sang de temps à autre preuve qu'un mousquet venait de cracher sa poudre. L'attaque fut pour le moins réussie, l'ennemi avait été affecté et craignait visiblement le retour des français.

Pour que les combats cessent, il fallut attendre le jour suivant. Alors que le soleil n'était pas levé, les voltigeurs avaient reçu pour consigne de cartographier la zone et de rendre un rapport au Capitaine qui avait du se replier de l'autre côté de la rivière à cause de lourdes pertes. Antoine avait pris sa place et avait donné l'ordre à ses hommes de se tenir prêts. Pierre-Marie revient au bout d'une heure, l'air satisfait. Il avait attaqué l'ennemi qui ne disposait plus qu'une troupe démoralisée.

Les deux charges d'Antoine fut la plus terrible depuis bien longtemps. Approximativement soixante morts et une cinquantaine de blessés russes. Le bataillon ennemi avait été réduit en cendre mais une étrange consigne avait été donnée, ne pas tuer l'officier ennemi. Sur l'un des blessés qui ne fut pas exécuté fut remis une lettre cachetée dont on reconnaissait l'écriture du Capitaine.

Clément appris la nouvelle alors que la quasi-totalité de ses hommes avaient été soignés et qu'il se préparait à repasser de l'autre côté de la rivière. La Gendarmerie marquait depuis les tentes russes l'esprit de chaque moujik, c'était tout ce qui comptait.
Image
Avatar de l’utilisateur
vétéran Antoine de Froiss (Mat. 878)
Major
Français
 
Message(s) : 3015
Inscription : Sam Jan 27, 2007 10:19 pm
Localisation : Montpellier
fiche

Message par vétéran Antoine de Froiss » Dim Nov 18, 2007 12:36 pm

" On avance ! Allez... Poussez, poussez,... POUSSEZ ! "

Ce cri se répercuta loin dans le vallon formé entre la montagne et la rivière, raisonnant comme le rugissement de milliers d'hommes. Une compagnie de gendarmerie venait de rentrer à grands fracas dans l'ennemi, le déchirement des coups de feu, des tirs et des fusils qui se repoussaient les uns les autres faisant grand bruit. La neige qui s'était abattue sur le terrain rendait la vision très difficile, mais le drapeau qui fendait les air était bien celui de la 878°. Profitant de la neige et de la brume laiteuse, les hommes du Capitaine avaient décidé d'enfoncer une fois pour toute les rangs du Sous-Lieutenant Alex Markov. Les visages des gendarmes étaient protégés par des bouts de tissus leur laissant simplement la vue dégagée, leurs mains gelées tenaient fermement leurs fusils alors que les premières lignes crachaient du plomb.

Ils avaient décidé d'encercler l'ennemi aux trois-quarts, au milieu de ce temps de chien, il n'était guerre difficile de tenter un coup pareil. Les tambours tonnaient de tous côtés comme si tout un corps s'était levé pour cette attaque.



Peu de temps avant, les voltigeurs avaient repéré le terrain mais s'étaient malheureusement frottés à cette compagnie qui ne se trouvait pas sur les précédents relevés mais qui était bel et bien là. Dans leur replis, les hommes de Pierre-Marie Lizeaux avaient fait feu, sans savoir si leurs tirs faisaient mouche à cause de l'écran blanc qui les séparait de leur ennemi.

Lorsqu'il revinrent au campement des gendarmes impériaux, le cartographe envoya un pli à l'Adjudant-Major de Foissac pour lui donner l'emplacement de la compagnie ennemie. " Matricule élevé, position définie au niveau du point de chute rivière/montagne, six lieues avant. "

Antoine n'avait pas pour grande sympathie ce genre de coup fourré. La purée de pois qui s'annonçait allait rendre les combats particulièrement difficiles. Par ailleurs, ses hommes étaient déjà épuisés par la marche et le jeune sous-officier ne se sentait pas d'aller plus avant et de rentrer au contact de l'ennemi ce qui serait, selon ses propres mots, "un acte de pure folie." Il fut donc de ceux qui tirèrent une salve puis se replièrent, laissant un ennemi masqué amoché par des tirs plus ou moins bien ajustés. Quelques éclaireurs furent envoyés assez près pour pouvoir revenir avec un rapport.

" M de Foissac, il semblerait que l'ennemi soit bien touché, que devons-nous dire au Capitaine ?

- Dites-lui qu'une compagnie russe dirigée par un officier inexpérimenté s'est aventuré un peu trop près de nos lignes. "



Clément était à la manoeuvre, parmi ses meilleurs gendarmes, à tirer et à sabrer tout ce qui lui passait à portée. Ses hommes se comportaient comme des officiers d'élite et n'avaient rien à envoyer à la Garde Personnelle de l'Empereur. Ces Gendarmes étaient de loin aussi compétents sinon plus. La rage qui les animait semblait être leur principale force et lorsqu'ils recevaient un coup ils en rendaient le double. Tous savaient que certains ne rentreraient pas et c'était pour eux qu'il fallait désormais combattre, pour faire en sorte que le plus possible rentrent au bivouac.

Le Capitaine regarda la scène qui se déroula devant lui comme s'il n'était qu'un simple spectateur. Un soldat russe avait chargé son fusil et tiré un coup en direction du français. Ce dernier n'eut pas eu le temps d'hurler quoique ce soit que les éclats de plomb l'heurtaient le plein fouet. Tombant à terre ainsi qu'un autre gendarme à côté de lui, il se tenait le ventre, plié sous la douleur, le souffle court et l'impression qu'on venait de lui verser une eau bouillante sur le corps.

" ON SE REPLIT ! "

L'ordre ne venait pas de Clément, soulevé par quelques gendarmes et tiré hors des zones de tir. Combien furent appelés par la mort avec lui ? L'officier français se souvint de Jacques Briant, fidèle sergent qui était tombé en septembre. Devant la douleur il se sentait partir, le froid mordant semblant lui faire l'effet d'une drogue. Tiré à bout de bras puis porté comme un baluchon, son corps inerte suivait les mouvements imposé par la marche, une sorte de balancement macabre.

Malgré la douleur il parvenait encore à sourire, le rictus hautain s'étant transformé en une expression quelque peu plus humaine. Il chuchota au creux de l'oreille d'un des hommes le portant.

" Et voilà comment un Capitaine de Gendarmerie tombe, comme ses braves hommes, face à un ennemi qu'on ne pourra jamais nommer. "

Puis il sombra dans le sommeil, malgré les nombreux rappels et gifles affligés.
Image
Avatar de l’utilisateur
vétéran Antoine de Froiss (Mat. 878)
Major
Français
 
Message(s) : 3015
Inscription : Sam Jan 27, 2007 10:19 pm
Localisation : Montpellier
fiche

Message par vétéran Antoine de Froiss » Lun Mai 19, 2008 2:59 pm

L’Armée du Tsar, fleuron de l’armée de toutes les Russies, se trouvait face à la 35° Légion de la Gendarmerie Impériale. De part et d’autre, les pertes étaient toujours difficiles et il n’était pas rare d’entendre de longs râles s’échapper lorsqu’une compagnie était mise en déroute. Mais la Force Prévôtale de l’Empire avait à cœur de montrer sa vaillance sur le terrain.

Fusse peut-être pour impressionner les Sous-lieutenants russes qui attendaient avec courage les assauts répétés des hommes du Grand Prévôt, que quatre compagnies de gendarmes d’élite, tous grenadiers, se placèrent en première ligne. Ainsi, sous la force de ces quelques centaines d’hommes, tout le régiment se mit à entonner avec vigueur la Marche Impériale de la 35°. Si le premier couplet fut timide, le reste du chant couvrit sans mal tous les autres bruits tant la force mise dans ces paroles étaient incroyables. Tous ces soldats, tous ces hommes, vivaient ce qu’ils chantaient, tentaient de faire plus fort et plus vivant que le camarade d’à côté. L’espace d’un instant, le champ de bataille s’était transformé en chorale et comme à chaque fois, ceci était le signe annonciateur d’une attaque imminente.

Depuis sa première ligne, Antoine regardait l’ennemi tout en s’assurant que François, Jean et Timéon l’assisteraient le moment venu. Il semblait véritablement serein et communiquait ce sentiment avec ses hommes. La 878° était sûre que son avancée ne serait pas veine, bien au contraire et sur le visage des gendarmes se voyait la volonté de bien faire. Du haut de sa monture, le Vice-Prévôt entonna alors, d’une voix puissante et sûre, à la façon de son ancien chef les paroles qui flattaient toujours.

« Gendarmes Impériaux, vous représentez l’élite de la Grande Armée, vous êtes la fierté de l’Empereur, et ce, malgré tout ce qui a pu être dit ou fait. Messieurs, aujourd’hui il est l’heure pour nous de montrer une nouvelle fois notre courage, notre professionnalisme.
Le diable russe a réussi à mettre en déroute quatre de nos compagnie cette dernière semaine, nous lui en avons pris quinze ! Pensez-vous que cela en est assez ? Que nous avons fait couler assez de sang pour équilibrer avec celui que nous avons perdu ?

Souvenez-vous de vos frères d’arme, morts au combat, morts pour la France, morts pour l’Empereur. Souvenez-vous de la félonie de l’Armée Russe, de l’Armée Tsarine ! Souvenez-vous nos réussites mais aussi nos échecs. Voulez-vous en rester là ou voulez-vous faire s’écrouler le fer de lance de toute une armée, raser cette cabane en bois et montrer aux yeux de tous, notre puissance ? »

Personne ne parlait, certains semblaient même s’excuser de respirer un peu trop fort. Toute la plaine s’était tue, comme si la voix du Vice-Prévôt traversait les lieues pour aller porter le message jusqu’aux compagnies les plus reculées. Le silence religieux après cette déferlante de parole donnait un air mystique à la scène.
Antoine regardait avec fierté le II° Bataillon de la 35° Légion, portait son regard vers le drapeau du IV°, du V° et du VI° Bataillon, attendant le feu vert pour lancer l’attaque.

Sa longue vue lui permit alors de se rendre compte. A dix lieues de là, le Grand Prévôt, accompagné de Jean Bailly étaient en train de mener une opération d’une rare violence. Les hommes du 22° Jägers en étaient la cible. Ces derniers, avec le Kasak Voisko, avaient fait le voyage jusqu’à fortin pour aider l’Armée du Tsar et allaient visiblement rejoindre les tentes. Alors, le galop régulier de cent cinquante cavaliers, les cris des gendarmes qui fondaient vers deux compagnies russes adjacentes, les tirs des voltigeurs protégés par les bois, s’élevèrent dans la plaine, accompagnés par les plaintes gémissantes des russes qui assistaient complètement désemparés à la scène. Il fallut moins de trois minutes pour que la chose fut pliée et que les troupes regagnent leurs positions, apportant avec eux les morts et les blessés. Seule la Compagnie de l’Adjudant-Major Oudinot resta sur place, à s’assurer que le repli se passait correctement.

Peut-être en voyant cela, le Major Warlorde fit face aux grenadiers de la 35° Légion, avançant ses hommes au rythme des tambours. Désormais, seul un obstacle se trouvait entre eux, le Sous-Lieutenant Bogdana. Il n’en fallut pas plus pour que la 1173 fonde une nouvelle fois sur l’ennemi, alors que la peur semblait se lire dans les rangs russes. L’attaque fut rondement menée, laissant désormais seul le Major à une meute de gendarmes prêts à faire payer le prix du sang la perte de plusieurs des leurs.

« Messieurs ! Souvenez-vous de ce que nous font les russes. Prenez ce qu’ils vous donnent et rendez-leur au centuple ! »

Antoine s’était élancé les escadrons d’Edmond, d’Arkios et d’Anthelme. Dans un même élan, les compagnies de voltigeurs avaient quitté les fourrés pour se préparer à tirer. Lentement, mécaniquement, les troupes de ligne avançaient, au rythme de la Marche Impériale de la 35°. Le spectacle était magnifique. Les chasseurs montés eurent raison d’un bon nombre d’hommes, alors que les voltigeurs abattaient les fuyards et le noyau de la compagnie. Le Major revenait à peine de l’arrière du front, où il avait du récupérer des hommes valides, ceci expliquât sans doute pourquoi les mêlées firent de très nombreux morts au milieu des rangs désorganisés.

Le Vice-Prévôt, au milieu du carnage ne cessait d’haranguer ses hommes pour qu’ils fassent toujours plus de morts, élançant sa monture sur les blessés qui titubaient à travers la plaine pour les écraser sous la pression des sabots ou pour leur raser de près le menton et le cou. La Gendarmerie Impériale ne pardonnait pas la perte de ses hommes, et comptait bien le faire comprendre à l’ennemi.
Au milieu de tout ce capharnaüm, Timéon élança ses grenadiers pour une dernière charge, le carré fébrile entourant l’Officier Supérieur russe ayant du mal à tenir. Plus de quarante hommes furent abattus, il n’y eut que de rares blessés.
L’attaque était une véritable réussite et les poudriers encore pleins servirent à faire peur aux troupes alentours.

La 35° Légion ne lâchera rien, ne pardonnera rien. Que les russes en soient avertis !
Image
Avatar de l’utilisateur
vétéran Antoine de Froiss (Mat. 878)
Major
Français
 
Message(s) : 3015
Inscription : Sam Jan 27, 2007 10:19 pm
Localisation : Montpellier
fiche


Retour vers Chroniques de la Campagne de Russie

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 15 invité(s)

cron