Le Froid est là... Bordel sans Nom !

Racontez vos histoires autour d'un verre sous la tente...

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Le Froid est là... Bordel sans Nom !

Message par Jean Bailly » Mer Oct 24, 2007 4:48 pm

Bordel sans nom...

...alors que les troupes n'avançaient guère, les Russes s'élançaient dans les montagnes et dans les plaines bordant la rivière afin d'user, par le nombre et la masse, les Français épuisés pour la plupart.

Les manteaux d'Hiver étaient enfin arrivés et l'on parlait de quelques laines pour les pieds d'ici peu...

Les cols relevés jusque sur les joues rosées, les shakos baissés jusqu'aux nez, tous redoutaient l'arrivée du froid de Janvier et encore plus de la neige... Les montagnes de Russie, belles et inhabitées, rocheuses et verdoyantes par endroit, hautes et basses suivant les aléas d'une nature capricieuse à l'image d'un peuple rustre et gauche.

Un bordel sans nom...

...que de tenir la position face à l'ennemi ramassant sans arrêts son drapeau et criant des "драка !" à longueur de journée et d'insupportables assauts.

Les fusils explosèrent alors que la poudre piqua les yeux. Les officiers et sous officiers sortirent leurs pistolets et se ruèrent derrière les rochers où des soldats rechargeaient et beuglaient que les ours chargeaient une fois de plus.

L'étendard au vent, les Russes se postaient derrière des rochers, tiraient et laissaient passer des leurs en continuant de se couvrir mutuellement.

Bordel sans nom...

...que de tirer sur du roc qui ricoche ou se craquelle. Impossible de tenir une position pareille alors que pourtant les bataillons Français étaient vautrés sur les hauteurs.

Pas de Mont Puant ici, mais bien un parterre de cadavres dans le creux en contrebas et des charognards puisant dans les uniformes des morts de la semaine dernière. Peut être seraient ils à Moscou avant Janvier et le paroxysme du froid Russe… Beaucoup commençaient à en douter.

Bordel sans nom qui devrait bientôt en disposer : victoire ou défaite, repousser ou ployer genoux.

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Message par vétéran Antoine de Froiss » Mer Oct 24, 2007 5:01 pm

Bordel sans nom...

...partout où l'on portait le regard, ces mêmes expressions. Les moujiks semblaient sûrs d'eux dans leur traversée, patogeant sans grâce mais avec efficacité dans une flotte prête à geler. On parlait d'un grand débarquement sur la rive.

Un bordel sans nom...

... à la simple évocation d'un replis. Alors qu'à l'est les Autunnois avançaient bon train, il était totu à fait inimaginable que les hommes de la Gendarmerie ou du 30° Régiment d'Infanterie ne reculent et tentent une nouvelle fois de garder le moulin puis le Montaut, comme si le balancier devait à coup sûr reproduire les mêmes mouvements, comme s'il ne pouvait pas osciller à un moment donné et créer une nouvelle boucle, cette fois-ci définitivement en la faveur des français.

Bordel sans nom...

...qu'on se le dise ! Les blessés traversent les lignes, parlant d'une attaque sévère, manque plus qu'à répliquer.

Pour une fois, un bordel sans nom arrive à être un vrai bordel. Manque plus qu'à enrailler le flot russe et à faire flotter le drapeau tricolore de l'autre côté et l'on pourra trouver un doux patronyme à notre sacré bordel !
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Message par vétéran Timéon Tidus » Jeu Oct 25, 2007 7:49 pm

Tidus se tenait sur un promontoire rocheux à l'entrée des montagnes ou sa compagnie avait monté le camps. Il tenait à la main les missives de Jean et Clément.

Soudain un flocon de neige tomba sur la missive qu'il était entrain de lire. Tidus fronça les sourcils et leva les yeux vers le ciel. Une myriade de flocon tombait du ciel gris sombre et venait se heurter à la dur réalité de la guerre. Un de ces aide de camps de l'EM accourus haletant pour apporter une missive à Tidus. Celui-ci pris la lettre et s'adressa à l'aide de camps.


"Contacte les autres membres de l'EM et dit leur que "cela commence". Va aussi informer mes collègues de la GI l'hiver arrive et nous allons nous y préparer."

Alors que l'aide camps s'éloignait Tidus se retourna vers la rivière au sud. Dès que la neige resterait au sol et que les températures baisserait suffisamment cette fichus rivière gèlerait à coups sur et à ce moment beeaucoup de chose seront clarifié.

Bordel sans nom...
une colonne de munitions de frayait un chemin evrs les montagens en contre bas de Tidus, bataillant contre le froid, le vent et les flocons de neiges tourbillonnants ...

Bordel sans nom...
plusieurs compagnies sortaient des montagnes et levaient le camps près de celui de Tidus...

Bordel sans nom...
le vent soufflait et Tidus serra son manteau et releva son col...

Bordel sans nom...
l'hiver allait être long...
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Message par vétéran Fisdohit » Jeu Oct 25, 2007 10:03 pm

Pour B. Fisdohit et son adjoint, les choses étaient simples.

"On s'est fait fusiller plusieurs jours plus tôt, sur place (au même endroit, d'ailleur !) pour ouvrir la voie du goulet au reste de la brigade. C'est pas pour la refermer maintenant en laissant la place aux russes!

De plus, les camarades exténués après plusieurs jours de feu méritaient du repos.

A notre tour de revenir dans la danse, maintenant."

Proche du moulin, Mignard perçu ses derniers renforts pour sa compagnie, la 7373 pour les tables de la Grande Armée, la 92° CFM "Missouri", pour les véterans de Louisiane.

Un mélange de jeune recrues et de matelots désormais sans navire. Tous pressés d'en découdre avec ses pantins à la solde de l'ennemi héréditaire, qui avait détruit la flotte (encore un coup de chance honteux!), et maintenant affamait la population et remportaient leurs "glorieuses victoires" dans les colonies, face à des garnisons d'une centaine d'hommes, dont la moitiée malades, au mieux. Et laissait deux peuples jadis fier, le soin de nous combattre.

Ce même ennemi qu'il nous avait été interdit de combattre depuis la honte de 1763, par les traités et les aléas de l'Histoire.

Et à qui ont devait d'être ici, le Tsar s'étant fait acheter par les marchands Britanniques plutôt que d'entrer dans le blocus continental.


Quand les fusils de la Cie 7372 s'abaissèrent, c'est la 91°CFM "Rocheuses" qui s'exprima... et anéantit ce qui restait d'une compagnie de voltigeurs trop impétueuse.

Désormais aveugles, les compagnies de combats Russes s'interressèrent de nouveau à ces marins "du sol", qui avaient la fichue habitude de s'occuper des unités légères avant les grosses.

Vieille habitude des combats en Amérique.

On ne tient pas à 1 contre 10 pendant 1 siècle sans une certaine méthode ! :wink:

Les vénérables unités d'élites Russes furent donc obligées d'aller gaspiller leurs temps et leurs cartouches sur cette "nuisance", laissant ainsi les autres unitées françaises tranquiles, sauf les convois de bléssés que ces charognards s'ingénièrent à détruire.

Et s'approchant par la même occasion, inéxorablement, comme la marée, des autres lignes Françaises.

Un bordel sans nom...

Qu'en sera t'il quand la mélée sera lancée ?

2 jours plus tard, c'est le bataillon au complet qui tenait la première ligne en plaine. Une unité du 1er régiment de cosaques, une vieille connaissance du Val, notre premier front, à portée de nos fusils, rien de moins.

Derriere lui, héritier des vénérables cosaques, en pointe toujours, lui, tassés sur eux même, ceux qui se vantent d'être les chiens fidèles à nos anciens rois,
Ces rois qui nous avaient abandonnés en 1763, puis oubliés en 1786, en aidant ces même colons anglais qui égorgeaient nos familles 25 ans plus tôt à définitivement prendre nos terres américaines par la même occasion.

Un bordel sans nom, avec maintenant des français contre d'autres français. Et sous la neige, en plus !

Un bordel sans nom...

oui...

...il n'en méritait pas.
"Per Mare et terras"

Tricolore depuis 1661.

Abandonnés par nos rois, redevenus Français par le Consulat.

Au service de la France éternelle
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Message par Jean Bailly » Sam Déc 22, 2007 6:30 pm

Mais les blessés du 1170e sont morts d'une fièvre liée à une gangrène fulgurante...

L'officier Travers marchait entre les corps allongés dans la grange, quelques soldats s'affairaient par ci par là pour soutenir la tête d'un confrère afin qu'il puisse boire, le long d'une rangée de blessés dont les couvertures étaient empourprées depuis quelques heures déjà, l'on notait des cas nécessitant des chirurgies immédiates.

Derrière ces blessés, un drap crasse bloquait le passage à une partie de la grange qui autrefois servait à stocker quelques meules de foins supplémentaires.

Un cri s'en échappa et le chirurgien sortit le visage blême, les mains ensanglantées, armé d'un couteau écarlate et un tissu de fortune sur la bouche, qu'il enleva d'un revers de main.


Toi, suis moi, bon sang, j'ai touché un nerf, on arrive pas à le stabiliser.

Alors qu'un soldat laissait son fusil à la hâte contre un rondin de bois, il suivit le chirurgien, son visage prenant des couleurs des plus étranges. Alors que le pan se soulevait un instant pour les laisser passer, l'on pouvait entrevoir l'espace d'un instant, un homme allongé sur une table en bois, sûrement celle du fermier, et qui semblait gigoter comme un fou, le bide à vif, du sang suintant de toutes parts.

Henri Travers tiqua, il détourna le regard pour écouter le Chasseur Gendarme qui regardait autour de lui comme s'il redoutait une place dans ce lieu de malheur...

La dysenterie gagnait les troupes et une odeur pesante et âcre envahissait les campements depuis quelques semaines déjà, l'arrivée du froid n'ayant pas amélioré la situation... Loin de là.
Les fièvres avaient empiré pour certains de ses soldats et il en avait vu se lever et faire quelques pas tels des vieillards affaiblis conjuguées à des ivrognes faits. Ils n'arrivaient pas à tirer droit, ils n'arrivaient pas à suivre le pas.


Ils ont dit qu'il fallait beaucoup boire... sale catin, on sait bien, mais celle de Russie n'est pas comme les autres...

Il se tint le ventre un instant, sentant un pincement révélateur et peu appréciable.

La maladie avait frappé nombre de troupes au Nord, avec l'arrivée de bleusailles de l'arrière, on avait maudit les bataillons de l'avoir partagée.

Une fois au Sud, on avait noté qu'elle était déjà là depuis un certains temps, les campements respirant la dysenterie, aspirant à mieux.

Saleté de Russie, vieille folle !


~~~~~

17/12/1812, Sud Ouest de Brugnov

La brume avait masqué une bonne partie du champ de bataille alors que nous avions avancé dans la neige épaisse, faisant au mieux pour ne pas faire de bruit.

148 hommes... On avait compté la veille, les autres ne pouvaient plus bouger, certains ayant rendu l'âme dans la nuit à cause des blessures ou du froid : un carnage sans nom.

L'heure matinale n'était pas un avantage en soit, les Russes occupant le terrain le soir, mais aussi dans la matinée, faisant tourner leurs effectifs efficacement. Nous avions reculé depuis notre arrivée, mais nous avions permis à quelques bataillons de reformer les rangs alors que nous subissions retranchés en première ligne, derrière quelques bosquets.

Aujourd'hui, on avançait, le Sous Lieutenant Duval l'avait ordonné et tous avaient salué l'initiative, donnant enfin un peu de concret dans nos opérations. Seulement nous devions éclairer la zone, tirer à vue et reculer pour qu'on se fasse relayer.

On avançait telle la garde blanche d'Autriche dans nos manteaux enneigés et glacés, le craquement étouffé et rassurant sous nos pas d'une neige non foulée par l'ennemi dans la nuit. Un homme avait posé son pied dans un piège à ours la nuit précédente, pas beau à voir...

Duval leva la main alors qu'on ne voyait rien à l'horizon. Il avait laissé son cheval à la cavalerie de la Gendarmerie Impériale, il courait dans la neige lui arrivant à hauteur de genoux, faisant de grands pas maladroits pour avancer rapidement et se porter à l'avant de la compagnie.

Je me rappelle bien, il s'immobilisa et leva la main comme pour qu'on se taise, sortant son sabre d'un geste sec.

On ne voyait rien dans cette purée de pois ; à quelques dizaines de mètres, le brouillard gris et porteur d'humidité et de neige, le ciel de la même couleur comme si l'horizon et les cieux ne formaient qu’une épaisse barrière infranchissable, la neige blanche apportant le seul point de repère dans cet environnement et ambiance fantomatique digne d'un mauvais cauchemar, froid et monotone.

Le Sous Lieutenant se retourna vers nous et donna l'ordre de former les rangs, affichant un visage résigné et maintenant que j'y pense, sûrement paniqué.

L'on retournait la neige pour former les rangs, cela prenait du temps et Duval ordonna de ne pas battre le tambour et d'accélérer, baïonnette au canon, premier rang genoux à terre, premier et deuxième rang en joue...

L'on ne comprit que lorsque le manteau neigeux se mit à trembler et que des cris sortirent du brouillard au loin.

Un compagnie Française avait pris position sur notre droite, une compagnie irrégulière, infanterie de ligne, durement touchée durant ces derniers jours de combat... Elle battait le rythme, les percussions rompant le silence Français, l'étendard au clair, au plus haut au dessus de la compagnie.

Duval ordonna que l'on baisse le drapeau, au grand étonnement des soldats.

Tout tremblait autour de nous, les cris se rapprochaient et l'on savait ce que cela signifiait...

Sortant du brouillard avec les mêmes cris tout aussi lointain, des cavaliers se ruaient sur la compagnie sur notre droite, comme des ombres, comme des spectres de la mort.

Les cavaliers traversèrent la compagnie presque facilement, continuant leur route vers le brouillard derrière nous dans une course effrénée.

Un soulagement aurait pu parcourir le 1170e si le brouillard n'avait pas craché à son tour des cavaliers juste en face de nous.

Sabres levés, uniformes verts et chapeaux caractéristiques, la cavalerie Russe fonçait sur nous, à quelques mètres seulement, projetant de la neige tout autour d'eux, tels des destriers surpuissants. Le martèlement continuait et sous la neige, le sol vibrait, tous tenaient leurs fusils en joue et se préparaient au choc.

FEEEEUUUUU !!!!

Les deux premières lignes se couvrirent de poudre alors que l'on distinguait les premières lignes des cavaliers s'effondrer dans la neige, engendrant une pagaille de boue, de neige, de chevaux, des cavaliers, de craquements glauques et de cris écoeurants.

La première ligne tenait ses fusils contre leurs bottes puis les pointaient vers l'avant, les deuxièmes lignes se faisant remplacer par les troisièmes.

Des cavaliers passaient au dessus des cadavres de chevaux avec lourdeur et puissance, leurs cris montaient et l'on redoutait le pire.
Des lances sortirent à leur tour du brouillard ambiant, les cavaliers les pointaient sur nous. Il était trop tard pour changer la formation.

FEEEEUUUU !!!

L'on déchira la mousseline et la compagnie subit la charge de plein fouet, les confrères projetés sur les Français, des chevaux s'écrasant sur tout une ligne de soldats, un cavalier plantant sa lance sous le menton d'un officier ratant son tir au pistolet pour toucher la jambe d'un Français, les cris et ordres fusaient, mais la charge piétinait, elle brouillait, brisant tout ce qui se trouvait sur son passage...

Je ne me rappelle que du cheval qui fit se débattait sur le dos, le cavalier écrasé en dessous, le sabot se rapprochant en un seul instant de ma tête.
Colonel Jean Bailly
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Message par Jean Bailly » Lun Déc 31, 2007 12:25 pm

25 Décembre 1812, Brugnov

L'acidité montait aux lèvres alors que mon coeur battait littéralement dans ma cage thoracique tel un tambour prêt à briser mes os et me laisser là, dans le froid et la mort. Je perdais presque à chaque coup violent, mon sang alors même que je n'étais pas blessé ; jambes et bras étaient insensibles, je tremblais comme jamais, la peur au ventre, la sensation que cet instant était mon dernier.

Il était plus costaud, il était plus vif, il était meilleur bretteur que moi. Je savais que je ne tiendrais pas longtemps et d'ailleurs, je parais les coups au lieu d'en donner en retour. Je reculais et trébuchait sur les corps alors que des hommes mourraient autour de moi. L'officier Russe avait enlevé son shako d'un geste preste et l'avait balancé sur mon visage alors que je redoutais avec plus d'intensité que sa lame ne grince sur ma chair, qu'elle n'entaille mon corps.

J'avais peur, jamais je n'avais vu la mort avec autant de réalisme... Le jour de Dieu, mes hommes avaient été surpris par les chrétiens Russes chargeant le campement mangeant les restes de quelques viandes avariées et finir quelques alcools de pommes de terre.

Le tir explosa le côté de son crâne alors qu'il s'effondrait inerte sur des soldats Français hurlant de douleur.

Il était impossible de voir d'où provenait celui-ci ; Français, Russe ?
Dieu avait épargné ma vie, j'ordonnais de sonner la retraite.
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Horrible, inévitable... La Guerre

Message par Jean Bailly » Ven Juil 25, 2008 10:45 am

22 Mai 1813 / Trèfle Prairial... Nord de la Rudnia.

Musique

Troisième ligne... Troisième ligne...

La poudre piquait les yeux et les explosions des fusils assourdissaient malgré les nombreux mois sur le front dans d'intenses combats s'enchaînant au jour le jour, du jamais vu de tout temps.

Les hommes s'écroulèrent de manière sporadique et l'étendard perdit pied avec un sous-lieutenant, un soldat Lituanien et Irlandais s'occupant de relever les couleurs du 1169e et l'officier à terre dont l'uniforme s'empourprait à vue d'œil, le visage blême... L'est foutu.

Deuxième ligne... Deuxième Ligne...

La première ligne s'agenouilla et les fusils s'abaissèrent sur deux rangs. Avant même que l'officier n'ordonne de faire feu, les hommes s'écroulèrent, bousculant, perturbant le sang froid forcé en cette instant critique.

L'officier baissa son sabre et tirant avec un pistolet vers la ligne verte et brune.

La volée partit instantanément, les visages se tournant au dernier instant pour éviter le souffle de la poudre après explosion du silex. Ouvrant les yeux après le recul, les hommes agenouillés étaient à moitié à terre, la deuxième ligne poussant et marchant sur les confrères blessés afin de resserrer les rangs.

L'officier s'avança vers nous pour donner des coups de sabre dans le vent et ordonner de pousser les blessés pour reformer la ligne.
Certains rechargeaient et d'autres s'activaient à remplacer les morts et inaptes à tirer.

Première ligne... Première ligne...

Le coeur serré, les cris et gargouillis s'enchaînant tout autour sous les sifflements porteurs de morts, je rechargeais.
Premier cran... La lumière et la poudre... Verser la dose de poudre dans le canon... La bourre, damnation, la mousse de Russie fera l'affaire en attendant le ravitaillement... Le plomb et son calepin...

Le sang gicla sur le visage de trois soldats alors qu'un homme lâchait son fusil en pleurant. Ma jambe frémit.

... La main tremblante, je chargeais mon fusil, enfonçant le tout avec mon pouce noir... Tasse catin, tasse...

L'officier hurlait de tenir la ligne alors que des soldats avançaient d'un pas plus ou moins résigné. Des détonations lointaines nous firent tressaillir un instant, baissant la tête en un réflexe caractéristique.

... L'épinglette, la poudre... Rabattre la batterie, positionner le chien sur le cran armé...

Je levais mon fusil devant moi en criant "Prêt à tirer !" suivi de compagnons de toutes parts.
La terre se souleva à quelques mètres devant nous alors que nous apercevions des masses noires ricocher à ras de terre.
Les soldats furent fauchés suivis des Gendarmes derrière. Nul besoin de voir quels types de blessures ils disposaient...

L'officier passa en courant devant la ligne et donna l'ordre de viser.

EN JOUE !

Nos fusils lourds s'abaissèrent, nos baïonnettes luisantes aux faibles rayons du soleil perçant la bataille.

La salve partit et nos lignes furent presque immédiatement assaillies par les tirs ennemis. L'odeur de chair brûlée se faisait plus intense alors que je maîtrisais quelques spasmes au niveau du torse.

Première ligne... Première ligne...

Notre officier porta la main à son cou alors qu'un autre officier ordonnait de l'évacuer et de resserrer les rangs vers les siens.
Saletés, on se fait massacrer.
Les tambours ordonnèrent le repli alors que les premières lignes portaient les blessés et que les derniers soldats tiraient avec leurs fusils encore chargés.

Le Sous-Lieutenant ordonna d'urger le repli, laissant le matériel sur le champ de bataille pour plus tard. Tirant sur la ceinture d'un Marnais, je tournais enfin le dos aux plombs et à l'ennemi. Nos lignes partaient dans un semblant d'ordre vers l'arrière, laissant place à d'autres bataillons au complet.

L'enfer se termine pour nous aujourd'hui alors que près de 100 hommes viendront à manquer à la prochaine initiative de notre part...

Nos hommes tombent toujours sous le feu de l'ennemi et l'artillerie semble accentuer ses tirs sur nos positions faisant virevolter les boulets sur nos frères d'armes blessés et les corps des morts.

L'officier prend des Gendarmes par le col et les pousse vers l'arrière alors que le bataillon peine à reculer entre les rangs de la Grande Armée.

Alors que nous n'entendions plus les balles siffler et les cris de nos confrères, nous regardions autour de nous pour chercher quelques visages en espérant en reconnaître le plus possible... Un Lituanien ou un Irlandais me prit par l'épaule sans que je comprenne vraiment pourquoi, alors qu'un autre me prenait mon fusil et mon autre épaule.

Ma jambe humide et mon ventre douloureux, je traînais mes pieds, titubant sur les mottes de terre retournées.

Les soldats avançaient tête baissée vers l'arrière, fusil à l'épaule et traînant à terre...

Le front avançait.

France, souris moi... France, reviens nous, Belle et Libre.
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Message par Jean Bailly » Ven Juil 25, 2008 10:47 am

Musique

Les Chasseurs Montés du IIIe Bataillon battaient en retraite sous les tirs des vétérans de l'officier Russe Ivanovitch. Les Damaltes et Autrichiens composant cette compagnie de cavalerie avaient parcouru quelques lieux pour se positionner devant les troupes affaiblies des derniers jours en formant régulièrement des vagues d'harcèlement sur les positions ennemies.

L'estafette de l'officier Duval faisait part de l'avancée des hommes de Solokov... Nul besoin de réfléchir, le Grand Prévôt avait déjà transmis ses ordres et le Capitaine Bailly faisait avancer ses hommes encore meurtris de ces derniers jours.

Les colonnes avançaient sur les battements réguliers de jeunes Gendarmes alors que tous portaient leurs fusils au plus près du corps sous le feu ennemi.
Passant de colonnes à ligne sous les invectives des officiers remplacés à la va-vite, l'on distinguait la nette discipline et constance qui caractérisait la formation du Gendarme.

Les bataillons avançaient et se stabilisaient pour tirer comme des vagues percutant des rochers sous forme de champ de bataille, l'écume blanche s'estompant pour ensevelir les troupes et les inciter à réitérer la même besogne qui était la leur.

Sur le flanc, une compagnie baïonnette au canon avançait au pas accéléré vers l'ennemi tentant de renégocier son champ de tir rapidement, constamment empêtrée par les tirs précis de la Grande Armée.

Les cris de la charge se répercutèrent au loin alors que le brouillard de guerre empêchait de bien distinguer les détails de la mêlée.

Enfin les Gendarmes reformaient les rangs, les Russes vacillant complètement sous les poids du nombre de blessés et de morts au sein de leur compagnie.

Peu après les Russes partaient en déroute laissant blessés et morts sur le champ de bataille...

Les combats étaient des plus violents et l'heure n'était plus aux palabres sur le qui et comment.

Le front avançait.
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Message par Jean Bailly » Ven Juil 25, 2008 10:49 am

28 Mai 1813 / Serpolet Prairial... Nord de la Rudnia

EN AVANT !

Le sergent abaissa son sabre en portant son autre main vers le ciel pour inciter les troupes à le suivre et les centaines de soldats bleus et dorés, gris et verts clairs s'ébranlèrent sur le rythme des tambours.

Les compagnies du IIIe Bataillon de Gendarmerie Impériale étaient sereines. Elles se battaient une fois de plus aux côtés du Ier Bataillon du Grand Prévôt...

~~~~~

Les bataillons reprenaient position plus au Nord, aux abords du fortin garni de pièces d'artillerie, de milices et de soldats de l'Armée du Tsar. Le champ de bataille laissait apparaître des dizaines, une centaine de grenadiers Russes à terre que quelques soldats tentaient d'évacuer sur des civières de fortune ou des chariots déjà saturés.

Les Gendarmes avaient comme objectif de tenir cette position aussi longtemps que possible... Ils savaient ce qu'il en coûtait aux imprudents et pourtant ils tenaient la position.

Il fallait avancer. Aujourd'hui le 8e RI et la Gendarmerie Impériale ne laisseraient pas aux Russes le loisir de se réorganiser.


~~~~~

Alors que les tambours jalonnaient sur le champ de bataille les vibrations annonciatrices de mort ou de mansuétude, les officiers donnaient l'ordre d'avancer encore d'un lieu vers le Sud.

Les soldats levèrent la tête, plaçant leurs fusils sur l'épaule et avançant sur un rythme lent et régulier.

Les bataillons s'alignaient sur les flancs du fortin, oubliant presque les quelques 500 Russes cloîtrés derrière les murs de bois de plus en plus assaillis par les impacts de plomb.

La Grande Armée avançait, la Grande Armée marchait vers le Sud, vers la victoire !
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Message par Jean Bailly » Ven Juil 25, 2008 10:52 am

Nuit du 28-29 Mai 1813 / Faux Prairial... Flanc Ouest du Fortin

Musique

Les étendards du IIIe Bataillon de Gendarmerie Impériale flottaient au vent nocturne alors que les hommes prenaient place dans les rangs qui leur étaient attribués. Certains n'avaient eu le temps de mettre leurs bonnets d'ourson, leurs shakos, d'autres couraient, le gilet ouvert, les guêtres desserrées...

Les officiers lançaient des ordres dans cette soudaine envolée nocturne que tous distinguaient comme dangereuse et pessimiste.

Les rangs se formèrent, les hommes portant leurs fusils à l'épaule se tenant le dos droit, fixant l'horizon noir, baigné par quelques halos de la belle blanche filtrant à travers les amas de nuages sombres et humides.

Par intermittence, le champ de bataille faisait apparaître des centaines, des milliers de fusils avançant en rangs serrés sur plusieurs compagnies formant une légion romaine d'un temps révolu, mais sans vraiment distinguer le réel de la scène.

Les ordres étaient les ordres... Le IIIe Bataillon devait tenir la position en attendant que les renforts de la Grande Armée ne les remplacent ou ne les devancent.

L'on sentait l'herbe frissonner sur cette étendue verte et boueuse, l'on sentait la fraîcheur du soir envahir nos membres éveillés par la peur. Les yeux des soldats étaient grand ouvert comme pour percer les mystères de cette nuit sournoise...

Des hommes éteignaient les feux du bivouac et l'on calmait les chevaux des chariots de vivres et de munitions.

Une éclaircie prodigieuse baignait l'Ouest sur toute la largeur du front, montrant la Grande Armée au Nord, le champ de bataille, défoncé et pourtant bien calme, et enfin les troupes Russes au Sud. L'éclaircie s'approchait lentement vers l'Est, faisant défiler la lumière de la nuit sur un paysage plongé dans les ténèbres de l'ombre des nuages.

Les officiers n'hurlèrent pas et ordonnèrent de porter leurs fusils en joue.
Pas de tambours, seulement les claquements de l'étendard bleu et rouge de la Gendarmerie Impériale, ainsi que les étendards des armées étrangères de la Grande Armée.

L'éclaircie se rapprochait sur le champ de bataille vers ce qui dévoilerait les positions ennemies, ce que tous avaient entrevu entre deux nuages, la formidable offensive ennemie vers leur position.

Qui d'entre nous n'avait pas peur en cet instant ? Mais la peur n'impliquait pas la volonté de fuir... Non, nous étions ici pour tenir, pour mourir s'il le fallait.
Une pensée à la famille, une pensée pour notre terre chérie, libre...

L'éclaircie commençait à dévoiler les troupes Russes alignées sur plusieurs lieux alors que le IIIe Bataillon restait dans l'ombre.
Tous voyaient le dispositif de ce soir pour ce seul bataillon de la Grande Armée... Tous voyaient comme ils étaient craints et alors que les officiers Français levaient leurs sabres pour donner l'ordre de tirer, la Lune trahit la France.

Le champ de bataille s'illumina sur toute sa largeur alors que les sifflements et impacts doux du plomb dans la chair ne donnaient aucuns cris d'agonies ou de douleur dans les rangs de la Grande Armée.

Les hommes tombaient, fixant le front, grimaçant, silencieux, étouffant quelques gargouillis rauques et écoeurants...

Le champ de bataille s'illumina une fois de plus, de manière discontinue, les compagnies Russes enchaînant à un rythme plus ou moins similaire à leurs voisins.

Les officiers Gendarmes n'étaient plus et les hommes tombaient en rang, les têtes baissées, épaules voûtées...

L'Etendard s'écroula et les ombres reprirent place, la Lune ayant balayé d'une seule caresse les soldats s'étant portés à l'avant du front.

~~~~~

L'on dénombrait dans la seule compagnie du 1170e, plus de cinquante morts et cent blessés dont la moitié n'obtiendrait de soins convenables en Russie...

"Les lâches meurent plusieurs fois avant leur mort véritable ; les braves ne goûtent la mort qu'une seule fois."
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Message par Jean Bailly » Ven Juil 25, 2008 10:56 am

7 Juin 1813 / Tilleul Prairial... Abords de la rivières

Musique
Souvenirs de Mont Puant...

La tension... La sueur des étés précoces... Les "non" et les "oui"...

Jean connaissait que trop bien ce genre de situation. Alors que l'Opération Digue avait été couronnée de "succès", la majeure partie des troupes avaient avancé de deux à trois jours de marche. Cette opération de la campagne précédente avait sonné l'appel à une autre initiative qui avait brisé sa réputation et sa place au sein de son poste de chef de front du Nord.

De nombreuses raisons avaient poussé la Grande Armée à être défaite à Mont Puant, mais aujourd'hui c'était différent. Au Nord de la Vénitienne, les troupes de la Brigade Infernale, du VIe CA, du 30e RI et de la Gendarmerie Impériale avaient traversé la rivière pour s'empourprer dans les marais et les quelques hauteurs, points et bastions stratégiques face aux Partisans du Lys. Résignés, l'Opération Traversée visait à prendre par l'Ouest la ville de Glarny' appuyée par l'Opération Glaive, mettant à terre l'ennemi dans cette ville jusqu'à présent imprenable. Puis enfin, la Traversée devait endiguer l'avancée sur la Vénitienne des troupes tsaristes, ville défendue par l'officier de Saint Sauveur à l'époque.

Les bataillons avaient chanté et crié à la Gloire de l'Empire et de la Grande Armée alors que les Russes harcelaient les troupes au sein même de la rivière. Prenant pied dans les marais, les Russes furent rapidement repoussés et les positions hautes prises, les hommes s'activant à fortifier celles-ci pour le cas où tout en poussant vers l'Ouest.

La coordination devait être parfaite, mais certains régiments n'avaient pu suivre à cause d'absences involontaires de chefs et coordinateurs importants... L'opération perdait la moitié de ses troupes sur ces quelques détails irréparables alors.

La Gendarmerie Impériale, ainsi que des figures du VIe CA et du 30e RI tels que l'officier Antecum ou Tortellini, prenaient position en espérant que les renforts les relayeraient en première ligne au plus vite.

Les tirs fusaient, les Russes renforçaient à la hâte les abords des marais et les Français mourraient dans la boue et le sang.

L'opération était vouée à l'échec, car les hommes n'avaient suivi et n'avaient remplacé leurs confrères meurtris... Ainsi, les cris et les invectives à avancer furent sapées par les défaitistes enjoignant la masse à suivre leurs avis au lieu des ordres de leurs supérieurs. La Gendarmerie Impériale subissait le contrecoup de sa mauvaise réputation, celle-ci ayant réussi là où personne d'autre n'avait eu de succès : organiser une Armée unie, disciplinée, puissante, indétrônable...

Ce genre de détails ne fut jamais partagé officiellement, mais la Gendarmerie Impériale eut pour ordre de prendre la première ligne et de sacrifier la vie de ses compagnies afin que les troupes des autres régiments puissent retraverser sans subir le feu nourri de la Russie.

Alors que la retraite était sonnée, Mont Puant, montagne au sein des marais fut investi par le 1169e de Gendarmerie... La compagnie de Bailly, sa propre compagnie. Les compagnies de ce régiment prirent position autour et suivirent les ordres jusqu'au bout.

Les Français réorganisaient la rive, certaines compagnies se noyant dans le courant, d'autres s'enfonçant à jamais dans ces marécages nauséabonds.

La bataille de Mont Puant, bataille de l'abnégation, bataille du sacrifice pour l'échec, pour une opération désunie, pour les maux provenant des fatalistes et défaitistes... Cette bataille, Jean Bailly s'en souvenait comme d'hier, sa main tremblante alors qu'il voyait, tout autour de lui, ses compagnons mourir, périr pour les erreurs des uns et les doutes des autres.

Jamais plus, jamais il n'accepterai un échec aussi violent.

Peu de temps après, la Gendarmerie Impériale subissait le courroux d'une once de traîtres à l'Empire, négligeant de faire exécuter ceux-ci, et démissionnait en espérant un renouveau favorable, un Etat Major aussi proche des troupes qu'auparavant, aussi efficace et juste...

~~~~~~


...

L'Empire apporte cette liberté que les peuples ont tant attendue. Défendons ses préceptes !

Pour l'Empire, pour la Grande Armée, je me bats au jour le jour jusqu'à ce que la mort m'emporte !
Dernière édition par Jean Bailly le Ven Juil 25, 2008 3:26 pm, édité 1 fois.
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Message par vétéran Antoine Andréossy » Ven Juil 25, 2008 3:19 pm

C'est ainsi que le Chef de bataillon, Antoine Andréossy, revenait de Krasnoë en sifflotant. Durant une permission accordé par sa hiérarchie afin d'obtenir la promotion de son 9453éme de ligne en compagnie de grenadiers.

Cependant à sa grande stupeur, à son arrivée, la ville était submergée de russes. Le programme des réjouissances fut chamboulé, au lieu de courir les cabarets, les gendarmes d'Andréossy sortirent les baîllonettes et entreprirent de nettoyer cette ville, décidément mal fréquentée. En l'espace de 4 jours, 3 compagnies de lignes russes tombèrent sous les coups des hommes d'Andréossy et bien d'autres sous les coups des autres officiers de la Garde et du VIéme corps présents sur place.

A l'issue de ces victoires, la nouvelle tomba. Le Major Lassalle avait décidé qu'un certain nombre de bataillons de la Gendarmerie Impériale, dont celui d'Antoine, furent engagés au coté du 8éme RI afin de faire comprendre aux russes que "leur glorieuse traversée de la Rudnia" ne fut qu'une aventure sans lendemain.

D'ailleurs, sur les cadavres de certains russes à Krasnoë, ont avaient pu trouver des "feuilles de choux" russes, avec pour propagande, les mots du Colonel Ivanovitch toujours prêt à convertir la conquête de 2 lieues de marais putrides défendu par des moustiques, comme le nouveau "Austerlitz russe" !

Tout ceci ravissais Antoine Andréossy, de nouveau il serait face à l'armée du Tzar, et non plus face aux insipides russes qui mourrez à la mine d'or de l'ilot avec quelques grammes d'or serrés au creux de leurs poings.

L'armée du Tzar ! Des russes contre lesquels il fallait, enfin, se méfier. L'estime devait être réciproque, les combats épiques.

Encore quelques jours, et il serait à pieds d'œuvre ...
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Message par Jean Bailly » Ven Sep 05, 2008 3:29 pm

Ambiance Taverne du village de la Rudnia

Jean regardait les Russes danser en rond et se tenir par les épaules pour descendre subitement accroupis, puis remonter avec endurance et perfection, un nombre incalculable de verres secs gobés et pigmentant la peau d'un rosé incontournable.

Quelques Russes tapaient avec leurs verres sur la table en chantant au rythme de la Balalaika et de la Domra, certains Français tapant du pied pour se joindre à la musique et à la fête.

Ce soir, Russes et Français étaient joints autour des tables et de la danse traditionnelle de la Russie, certains pouvant affirmer qu'ils étaient en Russie depuis bientôt deux ans... sans permissions.

Les hommes tournaient, voltigeaient et sautaient ensemble, formant des vagues, prenant un verre avec la bouche sans les mains, bras croisés dans le dos, courbant le buste vers l'arrière, l'alcool gobé sans gouttelettes gâchées.

Ils tournaient et couraient, ils sautaient et tombaient sur un pied...

~~~~~

Les Russes tournaient, levant leurs fusils pour les rabaisser vers les lignes Françaises, sautant par dessus les obstacles du champ de bataille, tombant avec leurs montures dans les creux, sur les cadavres et artilleries échouées dans la plaine dévastée...

~~~~~

Les rangs Russes tournaient pour remplacer les blessés, couraient vers l'arrière et vers les lignes Françaises, semblaient sauter sous les tirs de plombs et les projectiles des canons, les membres voltigeant, les morts s'accumulant, tombant aux pieds des Français et de leurs confrères...

~~~~~

La Gendarmerie Impériale tournaient ses bataillons pour se diriger vers l'attaque Russe dans la Forêt Rouge, à l'Est de Smolensk, courant et écrasant l'ennemi trop sûr de lui, sautant à travers les buissons et rangs Russes pour faire tomber le plus de soldats possibles...

~~~~~

Les Armées Françaises se tournaient vers la forteresse, courant et traversant la Dniepr, faisant sauter les lignes des Pavlovs et de l'Armée du Tsar, Smolensk tombant au plus bas de l'enfer...

~~~~~

Jean se leva et ne finit son verre, laissant un pourboire généreux.


HHEEEEYYYY !!

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Autorisation du Capitaine Jean Bailly pour la parution des affiches de propagandes de la Gendarmerie Impériale au sein de la place publique. Affiche de propagande n°8.
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Message par vétéran Antoine Andréossy » Jeu Oct 23, 2008 10:25 pm

Antoine Andréossy était à la caserne de la Gendarmerie Impériale depuis 8 jours.

Il choisissais avec soins les montures de son futur escadron de cuirassiers. Cela faisait longtemps qu'il pensait à commander une telle compagnie. Puissance, endurance et mobilité, voilà comment on pouvait qualifier ces troupes d'élites.

Troupes d'élites ...

Cela lui rappela, sa compagnie de grenadiers qu'il venait de perdre. 6 mois qu'ils n'avaient connu la défaite, et il aura fallu tout le talent du Colonel Alexandre Ivanovitch et de son régiment pour en venir à bout. D'ailleurs, même si des rumeurs filtrant des services de renseignements français annonçait qu'il n'était plus officiellement le commandant de l'armée du Tzar, il l'était pour tous, il l'était de fait, il l'était historiquement et ce jusqu'à sa mort. Pour le major Andréossy, et sur ce qu'il avait vu sur les différents fronts où il avait combattu, seule l'armé du Tzar pouvait se targuer de valoir les gendarmes impériaux.

Cette défaite au gout amer lui permettait finalement d'atteindre son objectif, obtenir un escadron de cuirassiers.

L'affaire n'avait pas été simple. La Gendarmerie Impériale, pétrie d'une tradition qui faisait sa force, n'avait pas coutume de se doter de ce type d'unité. Il avait fallu convaincre la hiérarchie du bienfondé de l'expérience, et surtout de l'aider au financement.

En effet les escadrons de cuirassiers étaient sans aucuns doute l'unité où le prix de l'équipement règlementaire était le plus cher, en mettant de coté l'artillerie, bien entendu. Les cuirasses, les casques, les pistolets, les sabres, tout l'équipement devait rappeler qui s'agissait d'une unité d'élite, et d'une des plus meurtrières de la Grande Armée.

L'escadron était désormais au complet, une grande part d'entre eux étaient issu du 15803éme de hussards qui venait d'être dissout. Des hommes aguerris et qui avaient été formés à tous les style de combats montés, depuis les carabines de chasseurs à cheval jusqu'aux lances des terribles compagnies de lanciers.

Les derniers d'entre eux ajustaient leurs cuirasses, qui scintillaient tout de même dans le pâle soleil d'hiver. Les chevaux piaffaient d'impatience.

Il était temps de rejoindre le front, tous auraient leurs regards sur eux, devenant ainsi les nouveaux porteurs des couleurs du IXéme Bataillon de la Gendarmerie Impériale.
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Message par Jean Bailly » Jeu Nov 20, 2008 6:56 pm

8 Octobre 1813 / Rive Nord de la Dniepr, Orée de la Forêt de la Rudnia

Musique

La foudre stria le ciel au loin, pas une goutte de pluie ne s'échouant sur la terre encore sèche de l'été passé.

Le tonnerre explosa tandis qu'une multitude d'éclairs venaient zébrer le ciel transformant le chaos des combats en un havre infernal de brouillard de guerre, de cris et batteries lointaines, de ricochets d'artilleries, de sang souillant les herbes hautes et d'arbres déchiquetés par l'intensité des mois de combats.

Au sein des troupes en rang tenant la ligne avançant et reculant, un étendard sortit du lot, un étendard porté par le Bataillon du chef de régiment lui même. Finement travaillé avec quelques fils d'or, le drapeau de la Gendarmerie Impériale flottait au vent, le tonnerre des fusils et du martèlement des cavaleries renforçant l'image de supériorité face à l'Armée du Tsar.

~~~~~

Les troupes gardaient la tête haute, les Grenadiers de l'officier Damounov et de nombreuses têtes dont une compagnie de lanciers avaient été mis en déroute, la signature du Ier Bataillon de Gendarmerie Impériale accompagné de soutiens divers des officiers Gronaz et Rorlan flottant sur le champ de bataille.

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