par vétéran Astore Cavallini » Mar Oct 30, 2007 1:50 am
Octobre 1812.
La plaine des "Hauts pâturages" est gelée. Dans un ordre parfait, les "Autumnois", et des détachements de divers régiments, ont adopté la formation dite des carrés. Trois blocs parfaits dans un alignement impeccable. Marbot tient le centre. Bouchu occupe l'aile gauche, et Ney se charge du flanc droit.
En cette matinée hivernale, un vent glacial souffle dans la vallée. Les soldats de la "Garde du Tsar", à flanc de montagne et dans la plaine, avance sur le champs de bataille. Les cosaques font de même, dans un silence religieux. Les morts en sursis vont au devant de leur destin. La cavalerie russe fait mouvement derrière les soldats du Tsar, et se positionne au centre. Une nouvelle journée en enfer allait lentement s'égrainer pour les hommes des deux camps.
Les combats de ces dernières semaines dans cette région, avaient été désastreux pour les troupes impériales. La route interminable pour rejoindre le front, l'épuisement, l'intendance russe quasi inexistante, des combats quotidiens sans pouvoir obtenir un tant soit peu de repos, autant de raisons qui ont contraint les russes et cosaques à reculer, sans cesse, sans pouvoir contrer un ennemi rodé qui avait acquis de l'expérience depuis Austerlitz.
"_ Tovaritch! hurla un chef de guerre cosaque aux hommes de sa sotnias. Qui voudra manger aux vêpres, à la table du "petit corse"?
_ Moi...! Moi...! hurlèrent des centaines de cosaques.
_ J'lui arracherait ses parties génitales et je m'en délecterait avec une sauce au lait de yack caillé, cria l'un d'eux.
_ Il faudrait toi même que tu en aies, Grygory, ironisa son camarade!
_ Moi je me ventrouillerai entre les cuisses de son impératrice, hurla un autre.
_ Il faudrait aussi que tu en aies!!! Ha Ha Ha..."
Les rires et quolibets gras fusèrent de toute part. Malgré la fatigue, les blessures, et l'inégalité des combats, les cosaques trouvaient toujours des raisons de s'amuser. Certains vieux soldats turcs et tatares qui eurent par le passé affronté les cosaques, se disaient toujours hantés par le souvenir de leur cavalerie au galop, de leur fureur bestiale au combat, de leur soif de sang, mais surtout de leurs rires, même lorsqu'ils fauchaient les têtes au coeur de la mêlée.
Le chef de guerre reprit la parole...
"_ Je sais que vous avez beaucoup donné jusque là. Je constate votre état d'épuisement, je connais votre douleur pour avoir perdu un frère ou un ami dans ces derniers combats. Mais je sais aussi que vous êtes des cosaques, et qu'en tant que tel, vous ne connaissez ni la peur, ni la souffrance. Nous sommes cosaques, et bien plus encore que pour la Russie ou le Tsar, nous nous battons pour nos familles et leur liberté! Ce soir, le sol sera rouge du sang de nos ennemis!!!
_ Hourra...!!! Hourra...!!!"
Un peu partout à l'est des "Hauts-pâturages", les cris retentirent de milliers de poitrails cosaques... La clameur perdurait et sonna la charge sur l'ennemi qui restait stoïque. Les officiers de la "Garde du Tsar" firent avancer leurs compagnies au pas, dans la plaine en rangs serrés. Les trois premiers rangs finirent par ce mettre en position, et les premières salves raisonnèrent dans la vallée.
Les milliers de cosaques eux, couraient sus à l'ennemi, et soudain, ils changèrent de direction! Ils fonçaient maintenant vers la forêt de résineux au nord-est. Les combats faisaient rage dans la plaine, et les premiers cosaques s'engouffraient dans les bois sous les tirs de français surpris. Ils s'enfonçaient maintenant vers le nord et gagnèrent plusieurs lieues. La Rada avait donné ses derniers ordres.
Bataillon du "Génie Royal Italien"
Per la rosa spesso la spina si coglie (On n'obtient pas le respect, si l'on n'en témoigne).