Krawsasky // Morne

Racontez vos histoires autour d'un verre sous la tente...

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Krawsasky // Morne

Message par Dimitri Krawsasky » Mar Jan 23, 2007 12:46 am

Une fine pluie s'abat sur le campement, froide, silencieuse, oppressante.

De nombreux soldats s'activent dans le campement. Certains dressent des tentes déjà humides, d'autres tentent de protéger tant bien que mal la poudre de l'humidité. Une valse de servants s’affaire autour de pièces d'artillerie.
Le commandant de ces batteries, l'Adjudant Miroshnikov beugle ses ordres, visiblement accablé par la lenteur de ses hommes.



Au milieu, un homme observe, silencieux.
L'expression de son visage est neutre, bien que marqué par le temps. Ou alors peut être teinté par la frustration.
La frustration d’un vieux soldat usé par le temps et par les futiles querelles déchirants certains Grands-ducs dans le seul but d’obtenir une position un peu plus avantageuse auprès du Saint Tzar. La frustration d’un vieil homme devant reprendre le commandement de ses troupes pour repousser un nouvel agresseur.


Il pleut, encore et toujours sur le campement. Morne soirée.
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Message par Dimitri Krawsasky » Mar Jan 23, 2007 10:10 pm

Un officier se dirige vers le vieil homme. Sans dire un mot, tout deux se dirigent vers une large tente, déjà dressée et fort bien éclairée.
A l’intérieur, la décoration est noble mais discrète. Des pans de draps pourpres pendent, délimitant ainsi différentes pièces. Au centre se trouve une table massive sur laquelle sont posés de nombreuses cartes, instruments de mesure et des petits cubes de bois.

C’est l’Adjudant qui rompe le silence le premier.


-« Tout se passe comme prévu. Nous aurons rejoint le reste des troupes d’ici quelques jours. »

L’homme mûr reste les yeux fixés sur les cartes, l’air pensif. L’Adjudant insiste.

-« Dimitri … qu’est ce qui ne va pas ? Tu regrettes d’avoir accepté de faire venir nos troupes ? Ces infâmes français salissent notre Sainte Patrie ... »

Dimitri … L’homme mûr serait donc le Grand Duc Krawsasky. Surement l’un des plus haïe des autre Grands Duc à cause de ses origines polonaises. Origines qu’il combattait avec une rage féroce.
Krawsasky, donc, lève la tête, les yeux vifs.


-« Bien sûr que je regrette ! La peste soit ces imbéciles de ducs… Ils m’ont mis au pied du mur. Tout ce qu’ils espèrent, c’est que je meurs durant la campagne afin de déposséder mon fils Léopold des terrains qui lui reviendraient donc de droit. Ca ne tiendrait que de moi, nous serions resté sur les frontières ottomanes ou à Sankt-Peterburg. »

-« Pourquoi ne pas avoir refusé ? Il t’avait bien laissé le choix non ? »

Rire forcé de Dimitri

-« Le choix … Tu parles. Nicolas, tu sais bien que face au Tzar, tu n’as jamais le choix, même si celui-ci est un imbécile. »

Celui-ci semble s’indigner de ces propos.

-« Tu vois Nicolas, ta réaction en est un parfait exemple. Le Tzar est considéré par notre peuple comme le vicaire du Christ sur la terre, un homme de pouvoir absolu et est donc par essence voué à l’absolu. Toute cause embrassée par le Tzar étant sacrée, toute opposition est impie, et il ne peut y avoir hors de Russie que des peuples plus ou moins vassaux. »

Krawsasky marque une pause avant de continuer

-« Tu es jeune Nicolas. N’oublie jamais ce que je te dis si tu veux comprendre comment ça fonctionne en coulisse, le pouvoir. L’opinion du peuple est une donnée à prendre en compte en toutes circonstances. C’est à cause de cette donnée que j’ai du accepter d’envoyer mes hommes ici. Le Tzar règne en insufflant aux cœurs et aux âmes une sorte d’enthousiasme moral, d’essence plus divine que terrestre. C’est une force incomparable. »

Il pose sa main sur l’épaule de l’Adjudant, lâchant un sourire.

-« J’ai encore bien des choses à t’apprendre sur ton peuple … petit. Aller, sors, je vais me reposer un peu. »
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Message par Dimitri Krawsasky » Ven Mars 30, 2007 12:11 am

Sur la table prône un amat de feuillets. L'une des distractions de l'officier est d'écrire à son jeune fils une descrition simple d'une grande bataille de la Sainte Russie - quelle se soit déroulée il y a des siècles ou quelques mois. Des descriptions toujours écrites simplement.
Sur la première nous pouvions lire :

Bataille de Poltava ; 8 juillet 1709

La bataille de Poltava eut lieu le 8 juillet 1709 entre l'armée de Pierre Ier de Russie et les troupes de Charles XII de Suède avec l'appui des cosaques d'Ukraine d'Ivan Mazepa-Hetman dans le cadre de la guerre du nord.
La victoire russe décisive a fait perdre à la Suède son statut de puissance militaire. Après avoir finalement déposé le roi de Pologne en 1707, Charles est forcé d'attaquer la Russie, donc aller à Moscou, l'année suivante. Suivant leur méthode habituelle les Russes pratiquent la terre brûlée.
L'été étant froid et humide le ravitaillement a de la difficulté à suivre. Une colonne commandée par Lewenhaupt, avec 11 000 hommes, 16 canons, un troupeau et des milliers de chariots, n'avançaient qu'avec la plus extrême lenteur.
Sans communications directe entre ces deux forces Charles attendit autant qu'il pouvait pour Lewenhaupt d'arriver. À un moment ils n'étaient qu'à cent vingt kilomètres d'écart. Charles décida de lever le camp et partir pour l'Ukraine pour chercher du grain et un climat moins dur.
D'autant que cette partie de la Russie était contrôlée par Mazepa qui voulait utiliser les Suédois pour obtenir leur indépendance. Lewenhaupt suivit sud et fut attaqué alors qu'il traversait une rivière près du petit village qui donna la bataille de Lesnaya, où il découvrit la nouvelle méthode des Russes.
Lewenhaupt décida de rejoindre Charles à toute vitesse ce qui impliquait d'abandonner les canons, le troupeau et presque toute la nourriture, déclenchant une mutinerie parmi les soldats. Ceux ci prirent tout l'alcool, devinrent ivre et Lewenhaupt du les abandonner dans un bois. Quand il joint Charles il n'avait plus que 6 000 hommes et quasiment plus de bagages.
Au printemps Charles repris son avance mais cette fois son armée avait fondue d'un tiers notamment à cause de la disette, des engelures et autres effets du climat. L'humidité avait aussi réduit fortement sa provision de poudre utilisable. Leur premier arrêt fut de mettre le siège de Poltava sur la rivière Vorskla en Ukraine. Pierre avait déjà organisé une énorme armée pour la protéger et faire un contre siège enfermant les forces suédoises entre la ville et ses lignes.
Quand la bataille commença Charles avait environ 19 000 hommes tandis que Pierre disposait de 45 000. Pour aggraver la situation Charles fut blessé pendant le siège et du confier le commandement au maréchal Rhensköld. Néanmoins il organisa de briser l'encerclement et partir.
D'abord l'affrontement fut favorable aux Suédois mieux entraînés sur l'aile gauche et au centre mais Pierre avait beaucoup plus d'infanterie et tandis qu'il maintenait les Suédois à distance avec l'artillerie il contourna avec sa cavalerie et força la décision obligeant les Suédois à une retraite vers le Dniepr où ils durent se rendre.
Prisonniers, les Suédois furent obligés de construire Saint-Pétersbourg ce qui en tua beaucoup. Charles et 1 500 hommes parvinrent à s'enfuir en Moldavie alors dans l'Empire Ottoman.
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Message par Dimitri Krawsasky » Sam Avr 14, 2007 5:57 pm

L'officier est réveillé par des cris. Visiblement, quelque chose n'a pas tourné rond dans les derniers préparatif.

Exaspéré, Krawsasky passe la tête à travers les pans de toile formant la porte de la tente pour essayer de voir quelle est la cause de ce raffut.
Premier constat, la pluie semble avoir cessée de tomber. De très nombreux feux de camp sont allumés un peu partout, sortant ainsi le camp de la pénombre naissante. Quelques cris continuent et nous mènes tout droit vers le parc d’artilleries.

Néanmoins, c’est sans précipitation qu’il se dirige vers cette zone. Des soldats qui se discutaient âprement se turent à son approche.
Nicolas Karamzine marchait dans la direction opposée. Il interpelle son supérieur.

« Dimitri, il faut que vous veniez. Ca s’échauffe là-bas !
-Allons, pas de précipitation … que se passe t’il ?
-C’est Pietr … enfin pas vraiment mais … »
Un soupire coupe la parole du jeune adjudant. Les deux hommes marchent désormais vers les pièces d'artillerie.

« Que s’est il passé ?
-Une jeune recrue. Il parait qu'il était terrorisé de partir en guerre … il a bêtement voulue se donner la mort dans la réserve de poudre …
-Mais quel con … Je ne comprend pas comment des jeunes hommes peuvent penser ça … Admet quand même que c’est con, on est de toute façon TOUS voué à mourir un jour ou l’autre.
-O.. oui, oui. C’est vrai mais ils ont peur de souffrir de leurs blessures et puis …
-STOP! » Se retourne face à l’Adjudant. « N’essaye pas de défendre ce genre d’acte. C’est immoral et stupide. Vu ?
-Vu… Enfin quoi qu’il en soit, Pietr a … tué le soldat. Faut dire ceci est aussi vraiment … semble gêné stupide de sa part. Il l’a tué avec un pistolet de duel.
-…
-Ils étaient encore dans la réserve de poudre … »
Krawsasky s’arrête. Levant les yeux et les paumes vers le ciel, il se lamente :
« Mais pourquoi je ne suis entouré que d’imbéciles ? ... Et après ?
-Un ami du soldat a essayé d’intervenir et a, disons, fortement prit à partie l’Adjudant Miroshnikov …
-Inutile de m’en dire plus… »

Arrivant sur les lieux, la foule qui s’était rassemblée autour de ce triste spectacle s’écarte pour laisser pénétrer les deux hommes dans cette sorte d’arène humaine.
Au centre un homme se fait rouer de coups par Pietr Miroshnikov. Miroshnikov est une sorte de molosse à l’esprit affuté.
Brillant mathématicien, major de promotion dans son école d’artillerie, il se distingue également par sa grande brutalité et le peu de réfléchie dont il peut faire preuve dans certains domaines.


La détonation d’un pistolet calme vite les esprits.
Rabaissant son bras, Krawsasky intervient.


« Adjudant Miroshnikov. Je crois que nous avons une nouvelle discussion à avoir … Soyez à ma tente dans une heure. »
Rendant l’arme à Karamzine, il continue :
« Faites en sorte que cet homme soit correctement soigné, d’enterrez l’autre imbécile selon les rites qui lui sont dû et rassemble moi les nouvelles recrues, j’irais leur parler après souper. »
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Message par Dimitri Krawsasky » Ven Sep 11, 2009 3:13 pm

Pouah ... cette bouillie est décidément infâme. Cette cantinière est bien meilleure dans une couche qu'aux fourneaux !
Je ferais bien de lui trouver d'autres occupations avant qu'elle ne parviennent à nous empoisonner avec ses ragoûts...

L'officier repousse ses couverts et observe son aide de camp qui semble se délecter de sa soupe.


« Mon Dieu ... mais comment peux-tu avaler cette horreur ? »


C'est à ce moment que l'adjudant Miroshnikov décide de rentrer sous la tente.
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