par vétéran Ivan Vassilev » Ven Août 24, 2007 7:51 pm
24 août 1812
Un tonnerre de mitraille venait de passer au dessus de nos têtes. Il s'en serait fallu de peu pour que nous essuiyions ce tir nourri.
Un relent de sang pourri empestait la position. Nous traînions malheureusement trop de bléssés avec nous.
Un tir unique éclata, suivi d'un cri. Le soldat Gorgski venait de prendre une balle en pleine tête, alors qu'il tentait de regarder par dessus le parapet. Son corps s'écroula, sans personne pour le pleurer pendant au moins la prochaine heure.
Un semblant d'incohésion flottait dans l'air. Pas question de perdre l'initiative !
- Soldats ! Baïonette au canon ! m'écriais-je
L'ordre remonta rapidement la tranchée, et un concert de cliquetis se fut entendre. Le massacre se dessinait. Ces Français allaient le payer.
M'approchant du parapet, je saisis la longue vue que mon adjudant avait préalablement sortie de son sac, et je scrutais les positions ennemies.
Les régiments de la garde impériale et le IIIe Corps d'Armée se bousculait dans une confusion des plus totale.
-Bande de bouseux ... Chuchotais-je pour moi même
-Pardon Capitaine ? s'interrogea Nikolaïev, mon assistant.
-Rien qui ne puisse t'empêcher de dormir mon garçon.
Nikolaïev n'avait pas vingt ans, et pourtant, il s'était porté volontaire pour ce bain de sang.
Me retournant vers mes hommes, je scrutait les yeux des plus proches.
Nikita, Rose, Malapovitch étaient bléssés, et pourtant, leur baïonnettes étaient fixés. Karlskoff, Burgdonski, Ikalovitch, Sanka, Borgdski, tous de bon soldats, laissait sentir une odeur de peur mélangée à la soif de bataille que tout soldat de l'Armée du Tsar se devait d'avoir.
Tous étaient prêt.
Hochant la tête vers le clairon de la compagnie, Agarnadoff, celui ci sonna la charge.
La bête Russe, implacable, remonta le parapet et se lança à l'assaut de la vermine Française. Des cris de fureurs sortaient du plus profond des soldats déterminés à vaincre ou mourir.
Durant un laps de temps qui pourrait paraître incroyablement long à plus d'un homme, moi même et mes quelques cent quatre-vingt soldats avalèrent la distance qui nous séparait des Français, rugissant et hurlant des injures de toute sorte, allant même jusqu'a demander la bénédiction de notre Seigneur à tous.
En courant, j'hurlais moi aussi. J'avais sorti mon Sabre d'Officier du Tsar, forgée par les meilleurs artisans de l'Empire. Elle avait vu plus d'un homme se plier face à ces coups dévastateurs.
Les lignes Françaises s'approchaient. La collision allait être sanglante.
Je vis et j'entendis l'officier commandant distribuer des ordres, et même si je ne comprenais pas un traître mot de ce qu'il disait, je pus percevoir la peur qui transcendait dans chacune de ses paroles.
- ...pprètez ... Armes ! ... mon comman...ment... Feu !
Un nuage de fumée s'éleva des bouches des fusils Français. L'ennemi était sur nous.
Le soldat Alekseï s'écroula sur le coup. Un tir croisé lui avait touché la tête et arraché la jambe gauche.
Petrovski fut gravement bléssé au ventre, et finit par mourir de ses blessures. La bandouillère de Dimitri fut touchée, et la poudre qu'elle contenait explosa, laissant un trou béant à la place de sa hanche. Bogdan s'écroula en hurlant, la main arrachée. Anatoli, qui rêvait de voir Paris, fut stoppé net par une balle qui atteignis sa jambe droite. Il s'écroula la face la première dans la boue.
Mais pas le temps de s'attendrir. Le sang encore plus échauffé par ces horreurs, je courrait de plus belle vers l'ennemi qui fut étonné de ne pas nous voir ralentir. Les premiers rangs pâlirent, puis s'enfuirent tout à coup.
Mes cent trente hommes restant enfoncirent les rangs français en tuant tout sur leur passage. Un soldat ennemi fut empalé par Nikolaïev, alors qu'il tentait de s'enfuir. Rose et Malapovitch abatirent l'officier et son adjudant, qui tentait de rassembler les hommes.
Et ce fut le début d'une mise en déroute sanglante. Alors qu'ils tentaient de fuir, soixante-cinq Français furent abattus comme des chiens, trainés dans la boue et percés de part en part. On dénombrait de notre côté vingt-cinq morts, et trente cinq bléssés. Mais qu'importe ! L'ennemi était en déroute ! Et c'étaient tout ce qu'y comptait.
A bout de souffle, je pus voir les renforts Russes approcher, enthousiasmés par tant de bravoure et de courage.
-L'Armée du Tsar ouvre la voie ! m'écriais-je
-Hourra ! s'écrièrent en coeur les survivants