- Manuel d'hygiène à l'usage des Armées en Campagne
document à transmettre à chaque corps de troupe.
1 Généralités
L'hygiène peut être définie comme un ensemble de règles qui permettent d'éviter au maximum les maladies. Dans les Armées, elle est d'une importance capitale pour la santé et la disponibilité des troupes.
- vie en collectivité (risques d'épidémies)
- conditions défavorables en opérations (isolement, fatigue, climat, bivouac...)
- influence sur le moral des troupes
Elle doit faire l'objet d'une attention particulière et constante de la part du commandant et du médecin, qui en est le conseillé technique:
- en tout lieux
- en toutes circonstances
Il faut donc se donner les moyens de garantir l'hygiène :
- individuelle (corporelle, vestimentaire, mentale...)
- collective (eau potable, alimentation, évacuation des matières usées, lutte contre les rongeurs et les insectes..)
2 Hygiène individuelle
Les besoins en eau sont estimés à 5 litres par jour et par homme pour la cuisine. La même quantité sera nécessaire en boisson mais pourra être plus avantageusement remplacée par du vin rouge, élément moteur indispensable pour fortifier le moral de la troupe en campagne.
- L'hygiène corporelle :
elle sera limitée au strict nécessaire afin de ne pas fragiliser l'organisme des soldats. Les établissements de bain-douche seront réservés aux officiers. Le bain dans les différents cours d'eau à proximité des bivouacs sera prescrit deux fois par mois, à la belle saison pour éviter les fluxions de poitrine.
- L'hygiène des vêtements :
La paille des litières sera changée chaque semaine. Le linge de corps sera lavé chaque semaine également. Sachez que les lentes des poux meurent au froid. Les poux ne résistent pas à un jeûne prolongé de plus de 24 heures.
- L'hygiène des pieds :
Les pieds du fantassin sont le siège de pathologies fréquentes.
À la question: "De quoi sont les pieds ? ", le militaire répondra sans sourciller : "l'objet de soins attentifs !"
Les complications peuvent être évitées en surveillant régulièrement la propreté des pieds, en veillant à l'adaptation des chaussures, en changeant régulièrement la paille au fond des chaussures ou des sabots.
- L'hygiène du sommeil :
En condition de combat, le sommeil est perturbé en quantité comme en qualité empêchant une bonne récupération physique et psychique. La durée minimale de sommeil acceptable est de 5 heures ininterrompues. En deçà de ce seuil vont apparaître, dans un premier temps une baisse des performances intellectuelles et physiques, dans un deuxième temps, des altérations du psychisme avec perte du sens des responsabilités (il est fréquent de constater des erreurs de tirs, munitions gaspillées ou tirs fratricides surtout si le soldat a une propension à la boisson).
3 Hygiène des matières usées
200 hommes produisent 400 kilos de fèces et 2000 litres d'urine par semaine.
Le principal risque est la souillure de l'eau et de l'alimentation, appelé "péril fécal". Pour prévenir ces pollutions, il faut:
- empêcher le contact des selles avec l'air et les mouches.
- limiter le contact des souillures avec les aliments.
Les procédés utilisés doivent être simples à utiliser, faciles à mettre en oeuvre et adaptés à l'unité (effectif, impératif de sécurité, terrain...).
Les lieux d'aisance doivent être installés dès l'arrivée, à 50 mètres du campement et à 100 mètres des cuisines, sous le vent dominant et en aval du bivouac.
choix du procédé
a) feuillée : tranchée de l:30 cm ; L:60 cm ; H:60 cm (10 à 20 hommes par fosse). Discrétion par feuillage. Reboucher lorsqu'elles sont remplies au 2/3 et signaler l'emplacement par des bâtons plantés.
b) fosse fixe de campagne : l:50 cm ; H:2 m ; longueur calculée pour assurer une place pour 15 à 20 hommes.
Recouvrir la fosse d'un plancher en bois percé d'ouvertures munies de couvercles.
c) latrines à tinettes mobiles : matières collectées dans des fûts transportables ("tinettes"). Réservés aux officiers. À vidanger à distance du campement.
élimination des urines
Elle peut se faire dans un puisard de 1 mètre cube environ, rempli de cailloux.
élimination des ordures
brûler les matières incinérables. Enfouir le reste sous terre en ayant soin de les mettre à l'abri des rongeurs ou des découvertes inopinées (russes affamés).
4 Conclusions
Dans les unités en campagne où l'hygiène est primordiale pour la santé et la disponibilité des troupes, le commandant désigne :
un major de camp, responsable de la discipline et de l'hygiène.
une équipe sanitaire instruite par le médecin, chargée de l'entretien des installations d'hygiène.
Le médecin doit vérifier la bonne application de ces mesures et conseiller le commandement sur ces questions essentielles pour le confort et le moral des hommes.
"En campagne, les maladies font plus de ravage que l'ennemi le plus virulent"
"Négliger l'hygiène, c'est commettre une agression contre soi-même et contre son groupe"
"Il n'y a pas d'hygiène sans discipline ni de discipline sans hygiène"
