la Gazette du 26 juin 1812 a écrit :The daily Telegraph
La fin d'une République:
Le régime qui a le plus fasciné est bien la République. Par ses combats pour la survie et ses chutes, la République a suscité admiration ou colère. César, Platon et les Duce sont connus pour être des défenseurs ou des pourfendeurs de République. On peut aujourd’hui rajouter, dans la liste des « assassins des République », un nouveau personnage bien triste qui a déjà beaucoup de vils surnom : Napoléon Bonaparte.
Qui ne connaît pas Napoléon Bonaparte ? Cet homme qui détruit, défait des armées entières avec peu de soldats et de façon prodigieuse. Cet homme qui ôte les bases des régimes monarchiques les plus solides en un éclair. Et cet homme qui enterre la plus prometteuse des Républiques : la République Française.
Le Coup d’État est le premier coup porté dans le dos du régime révolutionnaire français. L’argument de Bonaparte était de « sauver » la République, d’achever la révolution et de conserver les idées des lumières. Il déclare ensuite le début d’un Consulat tout en garantissant les libertés individuelles. Cependant, la réalité est tout autre. Le plébiscite est certes approuvé par une large majorité de « oui » mais Napoléon n’a pas hésité à rajouter 900 000 voix de plus aux 1,5 millions de voix qui étaient déjà en faveur du consulat ; et de plus seul 3 millions d’électeurs ont votés, ce qui ne représente absolument pas 30 millions de personnes. Déjà ce plébiscite est indigne d’une République et est contre les idées de base de la révolution : « le pouvoir au peuple, pour le peuple et par le peuple ».
La dictature de Napoléon ne s’arrête pas là puisque dès son coup d’état, celui-ci supprime plus de 60 journaux parisiens jugés indociles. Si la propagande disait la vérité en affirmant que Napoléon est le « sauveur » incontesté de la République, ce dernier n’aurait pas commis cet acte qui va à l’encontre de la liberté de presse. L’explication est simple, pour Napoléon Bonaparte : « Si je ne muselle pas la presse, je ne resterai pas 3 mois au pouvoir ». En effet, si Napoléon a abruti le peuple par ses gloires et par ses campagnes de propagande, la tête du peuple, elle, est restée fraîche et vigilante. Elle aurait très vite compris que cet homme est un ennemi de la République et elle aurait revivifié le peuple qui demeurait dans les bras de Morphée.
L'acte suivant de ce dictateur est son couronnement impérial. En posant sa couronne sur sa tête, Napoléon a réuni religion et État dans un seul domaine politique. La séparation du clergé et de l’État est désormais fini. Napoléon a oublié les souffrances de tous ces Hommes qui ont tant voulu d’un monde libre de clergé. La constitution impériale, qui est le fruit de ce couronnement, est totalement contraire aux idées révolutionnaires puisque seul les « mâles » de la descendance de Napoléon peuvent gouverner le peuple français. Ce qui est une caractéristique propre d’une monarchie absolue. Durant son deuxième couronnement pour devenir roi, il a prononcé ces mots si menaçants : « Dieu me l’a donnée, gare à qui la touchera ». À travers cette phrase on ressent les idées monarchiques : Dieu désigne les rois et il est impossible de contredire la parole de Dieu. Où sont les idées révolutionnaires ? Aux oubliettes apparemment…
Certes durant ces deux couronnements Napoléon a juré solennellement de garantir l’intégrité de l’Empire, de respecter et de faire respecter la religion de l’État, de respecter et de faire respecter l’égalité des droits, etc. Mais cela ne veut pas dire que la République est pour autant sauvée. Puisque ce discours a été repris par tous les rois y compris par Louis XIV et les libertés individuelles ont été bannies…
On peut aussi émettre l’hypothèse que, malgré tout, Napoléon pourrait être un « gentil » roi ou/et un « bon » empereur. Cependant, celle-ci est à exclure et de façon immédiate car, toujours selon les idées révolutionnaires, Napoléon a formé une noblesse impériale basée sur un ordre fondé sur le mérite. Mais pour accéder à cet autre, il faut plaire au roi et/ou à l’empereur qui se nomme Napoléon. Cela ne ressemble-t-il pas à une monarchie ?
On peut citer aussi le code civil « qui est le plus beau livre paru » selon le peuple français, mais celui-ci ne fait que rassembler les idées révolutionnaires et il permis surtout de faire oublier aux sujets de Napoléon qu’ils sont sous une monarchie.
Enfin, le dernier acte se symbolise par un mariage, qui est à première vue inoffensif : la liaison entre Napoléon Bonaparte et l’impératrice Marie-Louise dans le salon sacré du Louvre en 1810. Sauf que, par cette alliance, Napoléon Bonaparte, ce républicain tant chérit par le peuple français, devient le petit neveu de Louis XVI.
Napoléon avait raison, lorsqu’il a déclaré durant son coup d’état que la révolution « est finie ». Oui, elle est belle et bien terminée...
Sainte-Croix avait totalement disparu de la vie publique. Ancien Juge Supreme ayant posé les bases de la Justice française actuelle, ancien officier d'Etat-Major de la Grande Armée qui avait proposé plusieurs restructurations de l'administration de l'armée française, Major Général de la Garde Impériale ayant donné tout son temps et son énergie au plus prestigieux régiment de cette campagne; il avait démissionné, il y a peu, du poste de journaliste de la Gazette.
Aujourd'hui, "l'aristocrate au service de l'Empereur" décida de sortir de ce silence, voulant réagir à l'un des articles du journal, datant du 26 juin dernier.
Pourquoi une telle réaction de sa part ? Parce qu'il semblait, malheureusement, que personne d'autre que lui ne réagirait véritablement à ce texte du "Daily Telegraph" fustigeant la personne de Sa Majesté l'Empereur.
Comme d'habitude, Sainte-Croix fit appel à son aide de camps et ami Colbert.
- Colbert, prenez note :
Messieurs les rédacteurs de la Gazette, messieurs les officiers russes et français,
Il y a quelques jours, un article scandaleux, insultant l'ensemble des français car fustigeant le plus grand d'entre eux, a été publié dans le journal la Gazette, à la date du 26 juin 1812. Cet article, que je qualifierais de texte de propagande, est si éloigné de la vérité que je me dois aujourd'hui de réagir.
J'ai avant tout une question à poser :
Qui est donc l'auteur de cet article condamnant l'Empereur ? La tache première de tout bon français devrait être de lui couper la tête, à lui cet homme se déclarant si nostalgique de la Révolution.
Qui est donc l'auteur de cet article ? Lui critiquant le plus grand homme de ce siècle, admiré et respecté par des peuples entiers.
Qui est donc l'auteur de cet article ? Lui se permettant de donner des leçons à la France lorsque la Russie pratique encore le servage.
Qui est donc l'auteur de cet article ? Lui qui semble si bien renseigné sur les actes de l'Empereur. Lui qui l'accuse si aisément sans la moindre preuve.
Qui est donc l'auteur de cet article ? Lui qui confond Révolution, République et Liberté.
Sachez monsieur que la Révolution n'est point la République ! Et que la différence entre république monarchique et monarchie républicaine est bien mince. En tous les cas, la Russie n'est ni l'une, ni l'autre.
Ma réponse sera donc simple : Napoléon est grand !
Il n’est point grand par ses paroles, ses discours, ses écrits, par l’amour des libertés qu’il n’a jamais eu et n’a jamais prétendu établir ; il est grand pour avoir créé un gouvernement régulier et puissant, un code de lois adopté en divers pays, des cours de justice, des écoles, une administration forte, active, intelligente, et sur laquelle nos enfants et petits enfants vivront encore longtemps ; il est grand pour avoir ressuscité, éclairé et géré supérieurement l’Italie ; il est grand pour avoir fait renaître en France l’ordre du sein du chaos, pour avoir relevé les autels, pour avoir réduit de furieux démagogues, d’orgueilleux savants, des littérateurs anarchiques, des athées voltairiens, des orateurs de carrefours, des égorgeurs de prisons et de rues, des claque-dents de tribune, de clubs et d’échafauds, pour les avoir réduits à servir sous lui ; il est grand pour avoir enchaîné une tourbe anarchique ; il est grand pour avoir fait cesser les familiarités d’une commune fortune, pour avoir forcé des soldats ses égaux, des capitaines ses chefs ou ses rivaux, à fléchir sous sa volonté ; il est grand surtout pour être né de lui seul, pour avoir su, sans autre autorité que celle de son génie, pour avoir su, lui, se faire obéir par trente-six millions de sujets ; il est grand pour avoir abattu tous les rois ses opposants, pour avoir défait toutes les armées quelle qu’ait été la différence de leur discipline et de leur valeur, pour avoir appris son nom aux peuples sauvages comme aux peuples civilisés, pour avoir surpassé tous les vainqueurs qui le précédèrent, pour avoir rempli dix années de tels prodiges qu’on aura peine dans cent ans encore à les comprendre.
Voilà messieurs, voilà ma réponse !
Vive l'Empereur !