C'est en substance ce que j'avais dit au pope de l'église St Andreï, monseigneur Kan-Jerek JEJEK du SPERMSEK il y a de cela une dizaine de jours.
En effet le 25ème RI venait de se voir contraint d'arrêter son avancée fulgurante aux côtés de ses camarades de la Grande Armée et il ne m'avait pas échappé que des signaux lumineux partaient régulièrement, chaque soir, du clocher de l'église qui se trouvait juste derrière le front du 25ème de ligne. J'ai donc été trouver le pope et lui ai signifié mes soupçons.
"Mon Colonel", dis-je en m'adressant au Major Crapaud, chef de Corps du 25ème RI, "laissez-moi tendre une embuscade à ce pope félon et les faits étant mis au grand jour passons-le par les armes."
"Bien Fourchette, surveillez mais ne vous faites pas voir. Je veux des certitudes, pas de l'à-peu-près. Ce travail de précision vous changera un peu."
Ne sachant pas trop comment prendre la dernière intervention du Major je m'éloignais pour mettre mon plan à exécution.
"Friant, postez-vous, avec vos voltigeurs au 35 de la Rue de l'Eglise et gardez un oeil sur le pope, je le soupçonne de vouloir donner des informations aux Russes d'en face. Soyez discret. Je serai avec mon peloton de dragon 2 rues plus loin, prévenez-moi si vous voyez quelque chose de suspect"
"Reçu Major!" me répondit-il en allant prendre position avec ses hommes.
4 heures s'étaient passées qu'un caporal de ma voltige vint en courant me rendre compte qu'un fort parti de troupes russes, à priori 2 compagnies et un peloton de lanciers, s'étaient frayé un chemin à travers nos lignes pour extraire le pope du piège dans lequel il devait, depuis ma dernière visite, se sentir enfermé.
J'envoyais derechef une estafette au PC du régiment pour rendre compte du raid russe et me dirigeais vers l'église, bien décidé de ne pas laissé le pope s'en tirer ainsi.
Les troupes françaises présentes alors autour de l'église avaient commencé à engager les russes qui après s'être bien défendues ont dû sentir que le vent tournait et s'étaient donc réfugiées dans l'église.
"On a une opportunité de capturer le pope et quelques troupes russes là", pensais-je, "ne laissons pas une telle chance passer!".
Je mis aussitôt le Major Lensa dans la confidence et il acquiesca avec un grand rire disant qu'il y avait effectivement moyen de bien rire des troupes russes pendant quelques temps.
Il mit son bataillon au complet à la tâche et bientôt une compagnie ennemie quitta le champ de bataille trainant ses blessés mais refusant de se rendre. Mal lui en prit car elle fut bientôt rejointe par une compagnie du sous-lieutenant Morphy et anéantie. Le peloton de lancier s'esquiva de la bataille et continua son chemin vers l'Ouest (peut-être fût-il tenté de rejoindre l'Angleterre pour toucher son obôle?), il fut bien évidemment rattrapé par la patrouille (de la Garde Impériale pour le coup) et réexpédié dans ses lignes.
Il ne restait donc que la compagnie réfugiée dans l'église avec le pope. Nous devions les capturer pour savoir ce que savait de si important ce pope pour que 450 hommes soient mobilisés à son extraction.
L'encerclement commençat, y prirent part le bataillon du Major Lensa, 1 compagnie du sous-lieutenant Morphy, 2 compagnies du sous-lieutenant Raphael12 et mes 2 compagnies de ligne que j'avais rameuté pour l'occasion.
"Vialannes, avec vos hommes vous tiendrez les maisons à l'Est de l'église et empêcherez les russes de s'exfiltrer par là. Tentez de contacter une compagnie amie pour finaliser l'encerclement, les russes ont encore l'occasion de se faire la belle à la faveur de la nuit et je ne le veux pas, est-ce bien compris?"
"Oui Major!"
"Bien, alors rompez!".
Mais ce qui devait arriver arriva et le pope et son escorte profitère de la pénombre du petit matin et du brouillard qui s'était levé pour se glisser entre 2 compagnies et disparaitre de nos vues.
On envoyat des sonnettes dès le lever du jour mais il fallut attendre la fin de matinée pour qu'une section de la compagnie Mérou aperçut les fuyards réfugiés dans une maison à quelques pâtés de maisons de l'église.
Le Major Crapaud vint lui-même superviser l'encerclement.
"Fourchette, faites-moi un topo!"
"Bien Major, les russes ont profité de l'obscurité cette nuit pour tenter et réussir une sortie. Nous les avons localisé et en ce moment-même nous attendons que toutes les troupes se rassemblent pour surgir simultanément et ne pas leur laisser le moindre espoir. Vous avez à votre disposition, Major, les compagnies Mérou, Haxo, Guiloup (avec un P), Raphael12, Jean Tairtou, Kalec et les pelotons Lensa et Tortellini. Nous supposons que les russes ont de quoi tenir 24h en nourriture et 48h en munition mais ils ne peuvent compter que sur une centaine d'hommes valides et une vingtaine de blessés."
"Vous êtes en train de me dire que c'est du tout cuit là Fourchette?"
"Au combat, rien n'est tout cuit d'avance Major, vous le savez mieux que moi, mais disons que l'affaire est plutôt bien engagée".
"Bien, rompez!"
Je remontais alors à cheval et retournais vers les troupes qui avaient, pendant que je m'entretenais avec le Major, commencé (ou re-commencé, devrais-je dire?) l'encerclement. Tout était observé. Le moindre petit soupirail n'échappait pas à la surveillance. Je m'en rendis-compte en faisant le tour des positions. Des coups de feu sporadiques rappelaient à tous, russes et français, que la guerre n'était pas finie mais on sentait, du côté des russes, une grande lassitude.
Je m'avançais donc en agitant mon mouchoir blanc fourni par l'intendance pour proposer une reddition au Major Gagarine mais celui-ci la refusa catégoriquement.
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