par vétéran Astore Cavallini » Jeu Sep 17, 2009 9:55 pm
Le soleil était bas, à l'ouest. Au milieu de cette forêt clairsemée de sapins qui recouvrait les collines, le convoi d'or filait bon train sur l'étroite piste.
Le Chef de Guerre Eristoff, chevauchait en tête du cortège, toujours encadré de ses deux gardes du corps. De temps à autre au détour d'un virage, il jetait un oeil par-dessus son épaule afin de voir où en étaient leurs poursuivants. En contrebas, les chariots menés à vive allure provoquaient quelques éboulis sur les devers abrupts.
Son attention fut captée au-dessus d'eux, vers le sommet de la colline qu'ils contournaient. Il remarqua l'ombre de plusieurs silhouettes montées qui semblaient les dépasser. C'était ses lanciers, ceux-là même qui avaient été chargés d'effacer les traces du passage du convoi, et qui avaient du être repérés par l'ennemi.
Eristoff en dénombra 7 sur les 9 envoyés derrière.
"_ Sotnyk! Sotnyk!!!" hurla un des cosaques en queue du convoi. "Voilà l'ennemi! Il est sur nous!"
En effet, à prêt de 100 mètres du dernier chariot, des chasseurs et des hussards bonapartistes fonçaient au triple galop sur le chemin sinueux. Ils ne tarderaient pas à être sur les cosaques.
"_ A vos fusils, camarades!!!" hurla Eristoff, en tirant sur les rennes et en se rangeant sur le côté. "Je veux un déluge de plomb sur nos poursuivants!"
Mais alors que les premiers chariots passaient devant les cavaliers, les premières détonations retentirent. Les cosaques du dernier fardier, allongés à qui mieux mieux sur les caisses renfermant le précieux minerai, mettaient en joue leurs ennemis.
Plusieurs d'entre eux furent abattus ou blessés. Mais malgré la gène occasionnée par leur chute, malgré les contraintes imposées par les lieux, rien ne semblaient freiner la détermination des culs-blancs"!
Ceux-ci gagnèrent plusieurs dizaines de mètres encore. Eristoff avaient cravaché sa monture, imité par ses deux comparses, et s'était élancé devant le chariot traqué. Il savait que dans cette position, il gardait un avantage sur l'ennemi. Mais il savait aussi qu'à quelques kilomètres d'ici, la piste débouchait sur une vaste plaine dégagée, et qu'il en serait fini de leur groupe.
"_ Sotnyk!!!" hurla l'un des cosaques derrière le Chef de Guerre. "Nous allons manquer de munitions!"
_ "Et bien quand ce sera le moment, sert-toi de la crosse de ton fusil ou encore de ta shashka!" lui répondit Eristoff.
Les dernières balles cosaques mirent à terre trois nouveaux hussards. Ceux-ci éperonnèrent les flancs de leurs chevaux, et de façon groupé, encerclèrent l'arrière du chariot. Lorsque le 1er s'élança, il fut accueilli par un coup de sabre qui le perça de part en part. Le second fut assommé par un coup de crosse, le troisième prit un coup de pied, mais s'accrochait désespérément à la bâche, les jambes se balançant au-dessus du précipice. Le quatrième hussard enfin, un caporal, parvint à se relever et engagea un corps à corps avec l'un des 5 cosaques.
Alors que les chevaux s'égaillaient, une deuxième vague de cavaliers se rapprocha dans le dessein d'exécuter la même manoeuvre. L'un des cosaques était parvenu grâce à sa dague, à faire lâcher prise au franski resté accroché à la bâche du chariot. Celui-ci dévala en hurlant dans le précipice en contrebas. Tandis que les hussards bondissaient sur le fardier, deux cosaques parvenaient à projeter le caporal qui s'était enhardi le premier, sous les sabots des montures des poursuivants.
Parmi celles-ci, certaines cabrèrent bousculant les suivants. Une certaine confusion régna. Quelques chevaux et leurs cavaliers tombaient en contrebas, dans un fracas de cris, de hennissements et d'os cassés. D'autres parvenant à éviter la collision, contournaient la piste pour se relancer à la poursuite des cosaques.
Sur le chariot de queue, les hommes se livraient à un brutal et sanglant combat. Un cosaque achevé par l'un des cavaliers, roula sous les roues du chariot! Un hussard qui se tenait la gorge ensanglantée entre ses mains bascula à son tour et s'écrassa contre le tronc d'un arbre. Un autre franski, allongé sur son adversaire, étranglait un cosaque aux yeux exorbités qui cherchait son air, et en tâtonnant sur sa droite, une lame qui aurait pu l'aider à s'extirper de l'étreinte fatale. Le cosaque ne dût sa survie qu'à l'un de ses camarades, qui pourtant blessé au ventre, s'était porté derrière le cavalier, et lui avait dardé les reins de coups de kindjal.
Le cosaque sauvé se releva, cherchant à reprendre un peu d'air. Il allait remercier son sauveur lorsqu'en se relevant, la balle d'un chasseur l'atteignit en plein ventre. La seconde balle quant à elle, perfora le crâne... et le cosaque vacilla, et s'écroula sur le bas-côté.
"_ Eristoff!" hurla un cosaque qui se tenait debout dans le 3ème chariot. "Nous nous apprêtons à sortit de la forêt. Nous apercevons déjà les rases étendues du plateau de Koudymkar!
_ Ne t'en fait pas, Yuri! Il n'aura pas échappé à Anatoli que nous sommes en difficulté. Il viendra!
_ Et s'il ne vient pas, sotnyk...
_ IL VIENDRA...!!!"
Soudain, le cocher du fardier qui filait à vive allure, entraînant derrière lui ses poursuivants, ne put éviter un moellon sur la piste. Le chariot se souleva, propulsant quelques uns de ses occupants, français et cosaques dans les airs. En s'écrasant lourdement, l'essieu avant se brisa, et une roue vola en éclats. le chariot dévia dans le ravin et bascula. Les chevaux de traits affolés, frappèrent le sol de leurs sabots, comme pour les planter. Mais le poids mort les entrainait malgré eux. L'attelage se renversa et fit plusieurs tonneaux dans le précipice. Les caisses s'éparpillèrent, et certaines s'ouvrirent répandant leur contenu aurifère dans le ravin. Des combattants furent écrasés, d'autres projetés. Des cavaliers ennemis s'étaient écrasés sur le chariot dans sa chute, et avaient été aussi entrainés dans le désastre.
Tant dans les rangs des hussards et chasseurs bonapartistes, que parmi les cosaques, se fut l'horreur!
Eristoff frappa sa monture sur le flanc à l'aide de sa nagaïka, imité par ses acolytes, et lorsque tous trois passèrent le 3ème chariot qui devenait alors la prochaine proie de l'ennemi, c'était pour déboucher sur le plateau de de Koudymkar! Mornes plaines, végétation rase, dénivelés rares, si Anatoli ne revenait pas, ou s'ils ne rencontraient pas de force amie, c'était la fin!
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Très haut dans le ciel, l'aigle planait. Avant le crépuscule qui ne tarderait à s'abattre, le rapace cherchait ses proies qui pullulaient. Lapins ou mulots, l'aigle tournoyait et guettait sa pitance.
Mais c'était un rare spectacle auquel il lui était donné d'assister, et qui venait perturber son cérémonial.
Trois cavaliers et trois chariots filaient plein sud sur la plaine. Ils s'étaient alignés dans leur course vaine, afin d'obtenir une plus grand puissance de feu contre leurs poursuivants. Ils laissaient derrière eux, un grand nuage de poussière.
A prêt de 100 mètres de là, sortant de la forêt où tant sont mortellement tombés, une quarantaine de Chasseurs et presque autant de Hussards s'étaient élancés dans une traque implacable. Ayant formé trois rangs, les bonapartistes chevauchaient au triple galop, leur formation se rapprochant irrémédiablement de leur proie, comme une vaste mâchoire qui s'apprêtaient à se refermer sur les cosaques.
L'aigle tournoyait, ses yeux perçants observant le manège des hommes. Son glatissement strident raisonna au-dessus du plateau. Le calme revint dans les cieux, à peine perturbé par la course poursuite qui se déroulait en bas.
Bataillon du "Génie Royal Italien"
Per la rosa spesso la spina si coglie (On n'obtient pas le respect, si l'on n'en témoigne).