L'or de la Russie impériale!

Racontez vos histoires autour d'un verre sous la tente...

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L'or de la Russie impériale!

Message par vétéran Astore Cavallini » Lun Août 31, 2009 11:16 pm

Cela faisait prêt de 10 jours que le Chef de Guerre Eristoff, avait quitté les Mines du grand nord, menant avec ses cosaques, les convois d'or et de fer à destination. L'avancée franski avait été foudroyante, et le "1er Corps d'Armée" n'avait fait qu'une bouchée du "Kazak Voisko".

Plus d'un mois après cette cuisante défaite, Eristoff peinait encore à la digérer. Il était le dernier à tenir les mines, qu'il faisait tourner à plein régime au profit du Tsar... Jusqu'à ce que ses éclaireurs lui signalent la venue d'éléments du 1er Corps et du "8ème Régiment d'Infanterie de Ligne". Cela faisait beaucoup pour une poignée de cosaques. Eristoff perdit une sotnia de fantassins cosaques sur la Mine orientale, mais il pu hâter le départ de charriots chargés à la gueule de fer et surtout... d'or!

Ses hommes étaient épuisés et affamés. Ses lanciers ne cessaient d'aller et venir en éclaireurs, cherchant l'ennemi, pour aider le convoi à passer entre les mailles du filet. Jusque là ils avaient eu de la chance, mais à l'approche du village nord, entre les mains du "1er Corps d'Armée" depuis quelques jours, l'étau se resserrait d'autant plus que le "8è RI" était sur leurs traces.




"_ Raconte-moi, Sevastyan...! Où sont ces chiens galeux bonapartistes!?

_ Vadim est revenu, sotnyk! Le "8ème" a lancé sa cavalerie à nos trousses. Il n'y a plus de doute, ils nous traquent! Nous sommes plus lents, avec nos charriots, et il nous est difficile de maquiller nos traces. Vadim est blessé! Il s'est pris une balle alors qu'il faisait diversion en égarant nos poursuivants...

_ Vadim est un fils du Don, et est l'un des cosaques les plus courageux de sa contrée que je connaisse! Il se remettra vite. Mais dis-moi plutôt ce que tu as vu de la rivière en contrebas!

_ Et bien, sotnyk... c'est pas fameux! Un régiment entier du "1er Corps d'Armée" campe un peu plus loin, sur l'autre rive. Et les patrouilles sont nombreuses! Ils ont coupé le territoire russe en deux, et ils savent bien que des unités égarées... hum... comme nous... se risqueraient à passer.

_ Hum... Un régiment entier du "1er" en face... et le "8ème" sur nos talons...! Mouairf... Et nous sommes une cinquantaine à tout cassé... et en comptant nos blessés!! C'est simple... nous n'avons aucune chance de ramener tout cet or à bon port!"



Eristoff les poings sur les hanches, regardaient les cinq charriots bâchés. Du fer et surtout... beaucoup d'or. Une quantité importante de ce métal précieux... Une véritable fortune, de quoi s'acheter un palais, ou deux peut-être. Les charriots avaient été recouverts de branches d'arbres et arbustes afin de les dissimuler aux regards lointains. Ses hommes cherchaient à se reposer un peu. Certains mangeaient quelque viande séchée, ou bien des fruits que la nature fournissait en abondance par cette saison. Il n'y avait plus de vodka, et les hommes commençaient à s'en irriter. Une bagarre avait éclaté, pas plus tard que ce matin, à propos d'une couverture. Ces conflits devenaient récurrents ces derniers jours.



"_ Nous n'avons plus le choix, Sevastyan! Préviens les hommes! Nous lèverons le camps peu après la mi-nuit! Et tu connais la consigne: d'ici là, pas de feu!"
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Message par vétéran Astore Cavallini » Mar Sep 01, 2009 10:36 pm

Sevastyan était transi de froid. En traversant la rivière, il avait manqué plusieurs fois d'alerter la sentinelle. La nuit été bien avancée, et il avait bien mis une demi-heure pour approcher le "cul-blanc" sans l'alerter. Apparemment, ses camarades s'en étaient également bien tiré. Eristoff avait du envoyer 5 hommes pour éliminer les gardes.

En effet, l'Etat-Major du "1er Corps" avait placé des postes de surveillance distants les uns des autres de 50 mètres environ. Chaque sentinelle faisait les cent pas autour d'un braséro qui éclairait comme en plein jour, la rivière et les berges verdoyantes. Les bonapartistes pouvaient aisément se voir d'un poste à un autre. Il faudrait donc agir vite.

Enfin par trois fois, retentit le hululement de la chouette!

Sevastyan vit son frère bondir sur sa cible. A l'aide de son kindjal, il lui trancha la gorge. La soldat s'affaissa, et tomba de tout son long...

Mais la sentinelle que Sevastyan devait éliminer, vit également la scène. D'abord interdit, elle se releva et arma son fusil. Sevastyan bondit promptement, la schashka à la main. Le soldat se retourna face au cosaque. Ce dernier donna un formidable coup de pied sur le fusil, avant qu'il ne puisse tirer. L'arme vola à terre. Les deux hommes s'empoignèrent, tentant de prendre l'ascendant sur l'autre.

Sevastyan se disait que la manoeuvre était bien mal engagée.
Quel erreur que de s'être inquiété pour son frère! Ce dernier savait pourtant y faire! Et voilà que par sa faute, la survie du petit groupe de cosaques était compromise!

Les deux hommes roulèrent vers la rivière, s'envoyant coups de poings et de genoux. Finalement, le franski immobilisa le cosaque. Son bras était coincé dans son dos, tout contre un rocher, et le poids de son adversaire lui interdisait tout échappatoire.

Le "cul-blanc" dégaina sa baïonnette et frappa!
Sevastyan eut à peine le temps de retenir le coup fatal à l'aide de sa main gauche encore valide. Mais le bonapartiste était fort comme un turc, et lentement, la lame de la baïonnette plongea vers le cosaque, centimètres par centimètres.

Les deux hommes soufflaient tant ils fournissaient d'efforts pour vaincre. Sevastyan voyait sa vie défiler sous ses yeux. En conclusion, ses camarades et son frère se feraient tuer, et l'or passerait entre les mains de l'ogre corse! Quel gâchis!

...

Un sourire sadique défigurait le visage couvert de sueur du franski. Les muscles du cosaque étaient tétanisés de douleur, et il ne pouvait rien faire pour résister à son adversaire. Mais tout d'un coup, le visage de la sentinelle se figea. Ses yeux s'écarquillèrent de stupeur, sa bouche s'ouvrit en grand, laissant échapper un son muet. Il s'était légèrement redressé, relâchant son étreinte implacable. Enfin, une gerbe de sang jaillit de sa bouche, recouvrant le visage et le caftan de Sevastyan. Celui-ci vit une lame suintante sortir de son poitrail. L'acier était rentré par le dos, et avait traversé le poumon. Le corps de l'adversaire tomba lourdement sur les galets, et Sevastyan comprit...




"_ Demyan!!! Mon frère...!

_ Allez relève-toi! Tu sais Sevastyan, tu vieillis... ha ha ha...

_ Laisse-moi reprendre mon souffle... et tu verras si je ne suis pas encore capable de te corriger!

_ On verra ça plus tard, Sevastyan. Les autres sont en place.

_ Parfait! Retourne là-bas! Enfile redingote et shako et attends... Je vais donner le signal à Eristoff!"


Demyan tourna les talons, mais la poigne de son frère le retint


"_ Mais avant... Merci petit frère...!"
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Message par vétéran Astore Cavallini » Mer Sep 02, 2009 9:31 pm

Depuis le tertre qui lui servait de poste d'observation, Eristoff avait suivi le combat entre les deux hommes. Si Sevastyan avait eu le dessous, il en aurait été fini de tout son groupe de cosaques. Mais ce soir, le Diable avait été clément. Peut-être souhaitait-il s'amusait encore un peu...


"_ Wow-wow-hooooo... wow-wow-hooooo...!"


C'était le signal! Eristoff se retourna, et contempla son misérable convoi. Cinq lourds charriots bâchés tirés par des chevaux de trait, sur lesquels étaient entassés les blessés incapables de monter à cheval ou encore de marcher. Quelques lanternes éclairaient faiblement le triste attroupement.


"_ Mouchez les lanternes, fit doucement Eristoff! Les charriots d'or en tête, les autres en fin de colonne. Aux cavaliers... un tiers à droite, un tiers à gauche, et le dernier tiers, en avant en éclaireurs! Tous les autres, grimpez sur les charriots, et aidez-vous des caisses de minerai pour vous barricader un tant soit peu. Camarades! Je suis fier d'avoir fait tout ce chemin à vos côtés. Et si les franskis devaient contrecarrer nos plans, nous en emporterons plus d'un dans la tomber avec nous! Et nous baiserons leurs mères et grand-mère en enfer!

_ Bien dit, sotnyk...!

_ Pour l'honneur des cosaques!

_ Que pourrissent les couilles de l'ogre corse!

_ Moi je te laisse les grand-mères, et m'occuperai plutôt de leurs filles mortes en couche... hahaha...!

_ C'est bien mes cosaques... reprit Eristoff qui enfourchait son cheval. Gardez le moral, mais en silence! En avant...!"


Le funèbre convoi se mit en marche, flanqué d'une dizaine de Lanciers de part et d'autre, il prit la direction de la portion de la rivière à présent sous contrôle cosaque. Dix cavaliers s'élancèrent à vive allure, ralentirent le pas à l'approche du cours d'eau, et le traversèrent lentement dans un bruit de clapotis à faire se réveiller un mort. Les cavaliers étaient aux aguets, mais parvinrent de l'autre côté de la berge sans encombre. Enfin, ils disparurent dans la nuit d'encre, plein sud, comme le souhaitait Eristoff.

Le premier charriot pénétra à son tour dans l'eau glacée, quelques minutes plus tard. Celui-ci était balloté de droite à gauche, peinant à trouver sa voix au milieu des énormes galets qui tapissaient le lit de la rivière. Les blessés perchés en son sommet s'accrochaient désespérément, les plus durement touchés s'épuisant à étouffer leurs râles de douleur.

Eristoff suivait accompagnait de deux autres Lanciers, observant les flancs avec attention s'attendant à voir surgir une compagnie ennemie de grenadiers à tout instant. Le deuxième charriot chargé d'or, suivait à quelques mètres de là, progressant difficilement.

Le troisième s'engagea à son tour, les chevaux de traits s'agitant et piaffant sur un sol qui se dérobait à chaque pas.

...

Mais un peu plus loin, Demyan entendit le bruit familier de pas qui se frayaient un chemin dans les fourrés. Cela lui glaça le sang. Il se raidit tout d'un coup et le bonapartiste s'adressa à lui.



"_ Hé Antoine! Allez ch'uis pas bravache. J'vais pas t'laisser ici tout seul à subir cet'corvée. Regarde, j'nous ai dégoté du pain et du sauciflard. Et la c'rise sur l'gâteau : une bouteille de pinard que j'ai volé dans la tente de l'adjud... Mais... Mais... qu'est-ce que c'est...!!!???"


Demyan bondit comme un loup sur sa proie! Son kindjal au clair, il fondit sur le "cul-blanc". Celui-ci estomaqué, s'agrippa à son fusil... et le coup de feu partit!!!


"_ Demyaaaan...!!! hurla Sevastyan un peu plus loin, en se levant brusquement et faisant tomber la redingote."


Et au milieu de la rivière...


"_ EN AVANT! EN AVANT! EN AVANT!!! s'époumona Eristoff."
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Message par vétéran Astore Cavallini » Jeu Sep 03, 2009 10:38 pm

Les cochers des chariots frappèrent les chevaux de leurs fouets, hurlant sans relâche. Les bêtes s'ébrouaient, rechignaient mais avançaient en accélérant le pas. Dans ce tumulte ambiant, les cosaques juchés sur les fardiers, s'installèrent du mieux qu'ils pouvaient pour se défendre, fusils chargés. Les Lanciers séparés en deux groupes, filèrent sur les berges puis, convergèrent de part et d'autre du cours d'eau, se mettre à couvert.

Eristoff restait au milieu des siens, flanqué de ses deux gardes du corps. Il haranguait ses hommes, les motivant à se préparer au combat. Se faisant il guettait ses sentinelles, qui se rapprochaient du convoi en courant. Les deux chariots de tête menaient déjà bon train, plein sud! Le troisième atteignit enfin la rive opposée, tandis que les deux derniers progressaient encore dans la rivière... trop lentement au goût du Chef de Guerre cosaque.

Un coup de feu claqua soudainement dans la nuit...!

Plus à l'est, un des égorgeurs cosaque qui avait enlevé la redingote franski, venait de s'écrouler... une balle dans le dos.
Eristoff hurla...



"_ Anatoli...! En avant!!!"


Aussitôt, le cosaque borgne qui menait la troupe de Lanciers du flanc gauche, s'élança au milieux des fourrés et arbres éparses. Les sabots claquaient sur les galets. Quelques coups de feu sporadiques retentirent, vite couverts par le hurlement des dix cavaliers cosaques qui chargeaient.


"_ En avant cosaques! En avant!!!" hurlait Eristoff à l'attention des cochers. "Fouettez au sang, ou par le cul de l'impératrice vous goutterez de ma nagaïka!!!"


Les balles commencèrent à siffler au milieu du cours d'eau. Le quatrième chariot atteignit enfin la rive, et s'élança à la suite des trois premiers. A 100 mètres de là, à l'est, lanciers et fusillés bonapartistes ferraillaient sabres et fusils à baïonnettes entre les mains. Au milieu des hennissements de chevaux, des fers croisés, et des coups de feu, l'on entendait également les cris des hommes mortellement atteints.


_ "Partez pas sans nous!" cria Sevastyan rejoint par son frère. "De nombreuses femmes ne demandent qu'à nous revoir au pays...

_ Grimpez sur le dernier chariot et chargez vos fusils!

_ Hâte-toi Georgy!" hurla Eristoff au dernier cocher. "Tu n'es pourtant pas le dernier à mettre les pieds à l'auberge, quand il s'agit de boire ou de retrousser les jupons des catins!

_ Il faut te mettre à l'abri, sotnyk!" lui glissa l'un de ses compagnons monté."Ca devient trop dangereux pour toi, ici!

_ Plus tard!!!"


Les premières balles ennemies commencèrent à sifflet aux oreilles d'Eristoff. Déjà, aux lueurs des braséros restés allumés, on pouvait voir des fusillés et grenadiers dépenaillés, comme arrachés à leur sommeil, qui accouraient l'arme au poing. Il en arrivait de chaque côté maintenant. Il vit la charge de son deuxième groupe de lanciers sur son flanc droit. Surpris par la manoeuvre, les "culs-blancs" s'égaillèrent, les cosaques tranchant de leurs shaschka, profondément dans les chairs.

Mais au milieu de la rivière, Georgy ne cessait de fouetter les deux chevaux. Ceux-ci tiraient comme des forcenés sur leurs harnachement, et hennissaient de douleur, cabrant et tirant sur leurs colliers jusqu'au sang. Le chariot avait prit une drôle d'inclinaison. Celui-ci était immobilisé! Une roue s'était coincée entre deux rochers!

Eristoff piqua des talons pour aller à la rescousse, accompagné de ses deux lanciers. Mais une balle l'atteignit à la tête. Une partie du cuir chevelu vola, et le sang gicla. Eristoff se tenait malgré tout sur sa selle. Dans sa tête, le monde vacillait, les sons étaient ténus, et devant ses yeux, un voile sombre parfois ponctué de lueur. Il sentit pourtant qu'on le couchait sur l'encolure de son cheval, et qu'on guidait ce dernier. Il saisit pourtant quelques paroles...



"_ ... cette fois, il faut y aller, sotnyk...!

_ ... Sortez-nous de là...!!!

_ ... On ne peut plus rien pour eux...!

_ ... Feu à volonté...!!!

- ... Accroche-toi, camarade!"


Quelques minutes plus tard sur la colline, Eristoff avait repris ses esprits. La blessure était superficiel. Alors que le convoi poursuivait sa route, le Chef de Guerre entouré de la douzaine de lanciers qui avaient survécu au combat, assistait la fin de ses hommes laissés derrière.

Le chariot était là au milieu de la rivière, immobile, les chevaux abattus sous une pluie de balles de plomb. Plusieurs dizaines de soldats français encerclaient le chariot, les uns les pieds dans l'eau, les autres sur les rives, et il en arrivait encore. La rivière avait pris une teinte rougeâtre. Des corps sans vie étaient emportés par le courant, et les balles ne cessaient de fuser sur le dernier bastion de défense cosaque...

Car des cosaques résistaient encore! Parfois un canon de fusil apparaissait, une épaule, ou une papakha en fourrure d'agneau... quelques détonations... un corps qui tombait à l'eau, inerte... et les bonapartistes qui chargeaient et tiraient à vu tout en progressant, lentement mais inexorablement... des jurons criés en russe... un cosaque qui se dresse la kindjal à la main, hurlant des insanités... une ultime salve, et puis... plus rien!
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Message par vétéran Astore Cavallini » Lun Sep 07, 2009 6:03 pm

Vingt minutes plus tôt, au milieu de la rivière...



"_ ... cette fois, il faut y aller, sotnyk...!

_ ... Sortez-nous de là...!!!

_ ... On ne peut plus rien pour eux...!

_ ... Feu à volonté...!!!

- ... Accroche-toi, camarade!"


Les cosaques restés sur le chariot, regardaient les deux lanciers s'enfuir avec leur sotnyk penché sur l'encolure de son cheval. Autour d'eux, les franskis se faisaient de plus en plus nombreux, et s'enhardissaient voyant la victoire si proche. Ils étaient finis! Chacun en avait la certitude.



"_ Grimpe, Géorgy!" hurla Sévastyan. "Les "culs-blancs" ne tarderont pas à te trouer la peau!"


Mais Georgy était déjà mis en joue. Celui-ci visa l'ennemi le plus proche, à l'aide de son fusil. La décharge partit, et la tête de l'homme vola en éclat. Son corps s'écroula dans la rivière. Géorgy sentit à peine la balle lui déchirer la jambe, et ignora celles qui criblaient son chariot. Au-dessus de celui-ci, barricadé derrière des caisses contenant du fer, Sévastyan et Démyan faisaient feu afin de le couvrir comme ils le pouvaient.

Une deuxième balle perfora le poumon du cocher, juste après qu'il ait rechargé son fusil. Ce dernier tomba à l'eau, le fusil à la main. Mlgré la souffrance, Géorgy visa et tira une deuxième fois. Sa balle atteignit l'épaule de sa cible, et c'est Démyan qui l'acheva d'une balle en plein ventre.



"_ Dépêchez-vous Igor et Ivan. Ils s'approchent. Rechargez plus vite!"


Les deux cosaques en question étaient gravement blessés, couverts de bandages, et étaient si durement touchés qu'ils ne pouvaient utiliser d'arme à feu. Tout au plus pouvaient-ils, à force de courage, recharger les fusils que Démyan et Sébastyan leurs tendaient. L'ennemi se rapprochait encore, attaquant par derrière à présent. La poignée de cosaque était totalement encerclée. Ivan, pourtant allongé, prit une balle dans le cou. Celui-ci se vida à grands flots, ses yeux fixant déjà le néant...


"_ Ivan! Ivan!" hurla Démyan, répond-moi! Dis quelque chose!

"_ Ca ne sert à rien", gémit Igor, "il a son compte! Tiens, prend ce fusil...!"

"_ Géorgy!" hurla Sévastyan... où es-tu? Il en arrive de partout!

"_ Sous le chariot! Sévastyan... Je n'ai plus que ma schaska pour me défendre! Ma jambe me fait mal!"*


Déjà, les bonapartistes atteignirent le chariot. Sévastyan et Démyan dos à dos, ouvrirent le feu. Chacune des balles atteignit sa cible, à bout portant. Aussitôt, ils se tapirent au fond du chariot. Démyan lâcha un étouffement de douleur.


"_ Ca va p'tit frère..." s'inquiéta Sévastyan.

"_ Ne t'inquiète pas, je tiendrai encore", fit-il en prenant le fusil que lui tenait Igor en grimaçant.


Les "culs-blancs" atteignirent enfin le chariot. Certains s'enhardissaient à l'escalader. Géorgy en profita pour s'extirper de sous le chariot, et se jeta la schaska à la main, sur le premier venu. Ce dernier surpris, sentit à peine la lame du sabre cosaque lui ouvrir le ventre. D'un coup d'épaule, Géorgy fit tomber le bonapartiste, et d'un revers de bras, décapita le franski suivant, qui s'affala dans la rivière.

Igor rechargeait un autre fusil avec hâte, quant il vit un franski se hisser au-dessus de lui. Celui-ci mit en joue Démyan déjà blessé à l'épaule, et qui s'occupait de repousser les soldats ennemis qui montaient sur le chariot, à l'aide de coups de crosse de fusils. Ni une ni deux, il retourna le fusil contre le grenadier et fit feu dans le bas ventre. Ses parties volèrent en éclat, et un hurlant, le franski fut projeté en contrebas, dans la rivière.



"_ Va crever! Fils de putain!", hurla Igor excité par le combat et la tension.


Il ramassa le fusil laissé par l'homme qu'il venait d'abattre et s'apprêta à le donner à Sévastyan qui en redemandait un autre. Mais il ne vit pas le deuxième soldat ennemi qui se glissait derrière lui. Une détonation, et le visage d'Igor se transfigura. Saisit par la douleur, il se cambra tout en se retournant. Il vit alors le soldat qui voulait l'achever à la baïonnette.

Igor tout en réunissant ses ultimes forces, bondit sur son agresseur en hurlant. La baïonnette lui traversa la jambe. Les deux hommes tombèrent tous deux à l'eau, et par chance, Igor au-dessus! Igor usant de ses dernières forces, maintint son adversaire la tête sous l'eau. Celui-ci se débattait désespérément. Igor encerclé, ignora les coups de crosse qu'il recevait. Il se focalisait sur sa cible dont les gestes devenaient plus faibles.

Enfin, une balle vint faire exploser la tête d'Igor...
Son adversaire ne se releva pas non plus!


"_ Igoooor...!" hurla Sévastyan qui avait ramassé le fusil du soldat franski.



Il mit en joue le capitaine qui était à proximité du corps de son camarade. Celui-ci tenta bien de plonger, mais trop tard. L'officier franski prit la balle en pleine poitrine, et son corps partit à la dérive comme bien d'autres.

Géorgy quant à lui, vit une demi-douzaine de soldats le charger la baïonnette au fusil. Le cosaque arma son bras, et lança sa shascka entre les deux yeux du voltigeur. Il dégaina ensuite son kindjal, et poussant un terrible hurlement, fonça vers ses adversaires. Par quatre fois, Géorgy fut embroché! De sa bouche s'échappa un flot de sang, et tandis que ses assaillants retournaient leurs baïonnettes dans tous les sens, Igor rendit son dernier souffle.



"_ Démyan! Nous sommes les derniers, mon frère...!" hurla Sévastyan en faisant feu une dernière fois.

_ Je sais... Sache que je t'aime, Sévastyan!"


Mais la réponse ne vint pas. Trois balles venaient de perforer le poitrail et le bras de Démyan. Celui-ci trouva la mort sur le coup. Il s'était écrouler dans le chariot, aux pieds de son petit frère. Démyan se jeta sur le corps sans vie de son frère, et lui embrassa la bouche.

Puis, se saisissant de son kindjal, il se dressa debout sur ses jambes, ignorant les caisses qui pouvaient lui procurer quelques protections. Des dizaines de franskis l'encerclaient, certains l'ayant mis en joue, les autres en avançant ou rechargeant, certains blessés, regagnant la rive soutenus par un camarade ou deux, et les derniers escaladant le chariot...

Les bras levés au ciel, le kindjal prêt à frapper encore, Démyan hurla comme en signe de défi...



"_ Enfants de putains! Chiens galeux de bâtards! Mes frères souilleront vos mères, vos filles et vos soeurs! Je vous attendrai en Enf....

_ BLAM...! BLAM...! BLAM...! BLAM...! BLAM...!!!"[/i]
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Message par vétéran Astore Cavallini » Jeu Sep 10, 2009 1:02 am

Cela faisait deux jours que la bataille sur la rivière avait eu lieu. Eristoff avait perdu 14 cosaques cette nuit là. Il ne lui restait guère plus de 20 lances, et autant de fantassins dont seulement une douzaine âpte à porter un fusil.

Cela faisait deux jours que le convoi se mouvait la nuit oscillant d'est en ouest, trouvait quelque repos la journée mais toujours dans l'angoisse d'être surpris.

Deux jours encore, sans boire, ni manger...

Les hommes étaient épuisés et affamés. Ses cavaliers étaient davantage sollicités encore. Dix d'entre eux étaient chargés de baliser une route sûr vers les terres sous contrôle tsariste, tandis que l'autre moitié, devait effacer les traces du convoi sur les prairies les plus dégagées.

Le cavalier borgne, devenu le second d'Eristoff, faisait un rapport à son sotnyk.



"_ Sotnyk! Nos hommes sont au plus mal. Cela fait 12 jours que nous marchons à un rythme soutenu. C'est à peine si nos chevaux peuvent encore nous porter. Nous n'avons plus de vodka depuis 6 jours. Nous manquons d'eau et de vivres depuis 5 jours. Ce matin encore, nous avons perdu 2 hommes, Oleg et Alekseï...

_ Je sais tout cela! coupa sèchement Eristoff. Tu préfères peut-être l'eau croupie et le pain rassi des geôles françaises?

_ Non Sotnyk! se défendit Anatoli. Mais peut-être pourrions-nous négocier notre sauvegarde avec l'un de ces officiers franski du "1er Corps" ou du "8ème de ligne". Nous avons bien assez d'or...

_ Ne me parle plus jamais de cela! trancha le Chef de Guerre. Cet or aidera le Tsar a lever une armée pour repousser l'envahisseur...

_ Ha Ha Ha....! ria nerveusement le borgne. Tu crois vraiment que le Tsar se servira de cet or pour protéger son peuple?

_ Je n'ai que faire du Tsar et de son bon peuple, Anatoli! Je suis fidèle en notre Hetman, en la Rada, et aux cosaques. Nous faisons notre devoir, et ainsi, le Tsar ne pourra que nous récompenser, en reconnaissant nos terre et nos droits, en restituant nos privilèges, et en nous rendant nos pouvoirs sur notre église et notre commerce! Tout cela te dépasse, et va bien au-delà de ton esprit embrumé et imbibé de vodka, Anatoli!!!

_ ..."


Le convoi continuait sa route dans la nuit. Seules les lanternes perchées sur les 4 chariots, éclairaient péniblement le sous-bois dans lequel avançait le groupe de cosaques. Ces derniers étaient aux aguets, et seuls les gémissements des blessés installés inconfortablement sur les fardiers, se faisaient entendre par-dessus le pas des chevaux de trait harassés et le cahotement des roues sur le sol inégal.

Soudain, une détonation déchira la nuit!

Cela venait de loin, mais Eristoff compris que l'ennemi venait de repérer ses lanciers chargés d'effacer les traces. Il fallait agir vite!



"_ Fouette cocher...! J'offre une bouteille de vodka par tête de "cul-blanc", et une nuit de rêve au lupanar de la mère Katinka à Saint-Pétersbourg, à tous ceux qui s'en sortiront! Hardis compagnons! Montrons à ces damnés franskis ce qu'il en coûte de se frotter aux cosaques! En avant camarades!!! "
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Message par vétéran Astore Cavallini » Jeu Sep 17, 2009 9:55 pm

Le soleil était bas, à l'ouest. Au milieu de cette forêt clairsemée de sapins qui recouvrait les collines, le convoi d'or filait bon train sur l'étroite piste.

Le Chef de Guerre Eristoff, chevauchait en tête du cortège, toujours encadré de ses deux gardes du corps. De temps à autre au détour d'un virage, il jetait un oeil par-dessus son épaule afin de voir où en étaient leurs poursuivants. En contrebas, les chariots menés à vive allure provoquaient quelques éboulis sur les devers abrupts.

Son attention fut captée au-dessus d'eux, vers le sommet de la colline qu'ils contournaient. Il remarqua l'ombre de plusieurs silhouettes montées qui semblaient les dépasser. C'était ses lanciers, ceux-là même qui avaient été chargés d'effacer les traces du passage du convoi, et qui avaient du être repérés par l'ennemi.
Eristoff en dénombra 7 sur les 9 envoyés derrière.



"_ Sotnyk! Sotnyk!!!" hurla un des cosaques en queue du convoi. "Voilà l'ennemi! Il est sur nous!"


En effet, à prêt de 100 mètres du dernier chariot, des chasseurs et des hussards bonapartistes fonçaient au triple galop sur le chemin sinueux. Ils ne tarderaient pas à être sur les cosaques.


"_ A vos fusils, camarades!!!" hurla Eristoff, en tirant sur les rennes et en se rangeant sur le côté. "Je veux un déluge de plomb sur nos poursuivants!"


Mais alors que les premiers chariots passaient devant les cavaliers, les premières détonations retentirent. Les cosaques du dernier fardier, allongés à qui mieux mieux sur les caisses renfermant le précieux minerai, mettaient en joue leurs ennemis.

Plusieurs d'entre eux furent abattus ou blessés. Mais malgré la gène occasionnée par leur chute, malgré les contraintes imposées par les lieux, rien ne semblaient freiner la détermination des culs-blancs"!

Ceux-ci gagnèrent plusieurs dizaines de mètres encore. Eristoff avaient cravaché sa monture, imité par ses deux comparses, et s'était élancé devant le chariot traqué. Il savait que dans cette position, il gardait un avantage sur l'ennemi. Mais il savait aussi qu'à quelques kilomètres d'ici, la piste débouchait sur une vaste plaine dégagée, et qu'il en serait fini de leur groupe.



"_ Sotnyk!!!" hurla l'un des cosaques derrière le Chef de Guerre. "Nous allons manquer de munitions!"

_ "Et bien quand ce sera le moment, sert-toi de la crosse de ton fusil ou encore de ta shashka!" lui répondit Eristoff.


Les dernières balles cosaques mirent à terre trois nouveaux hussards. Ceux-ci éperonnèrent les flancs de leurs chevaux, et de façon groupé, encerclèrent l'arrière du chariot. Lorsque le 1er s'élança, il fut accueilli par un coup de sabre qui le perça de part en part. Le second fut assommé par un coup de crosse, le troisième prit un coup de pied, mais s'accrochait désespérément à la bâche, les jambes se balançant au-dessus du précipice. Le quatrième hussard enfin, un caporal, parvint à se relever et engagea un corps à corps avec l'un des 5 cosaques.

Alors que les chevaux s'égaillaient, une deuxième vague de cavaliers se rapprocha dans le dessein d'exécuter la même manoeuvre. L'un des cosaques était parvenu grâce à sa dague, à faire lâcher prise au franski resté accroché à la bâche du chariot. Celui-ci dévala en hurlant dans le précipice en contrebas. Tandis que les hussards bondissaient sur le fardier, deux cosaques parvenaient à projeter le caporal qui s'était enhardi le premier, sous les sabots des montures des poursuivants.

Parmi celles-ci, certaines cabrèrent bousculant les suivants. Une certaine confusion régna. Quelques chevaux et leurs cavaliers tombaient en contrebas, dans un fracas de cris, de hennissements et d'os cassés. D'autres parvenant à éviter la collision, contournaient la piste pour se relancer à la poursuite des cosaques.

Sur le chariot de queue, les hommes se livraient à un brutal et sanglant combat. Un cosaque achevé par l'un des cavaliers, roula sous les roues du chariot! Un hussard qui se tenait la gorge ensanglantée entre ses mains bascula à son tour et s'écrassa contre le tronc d'un arbre. Un autre franski, allongé sur son adversaire, étranglait un cosaque aux yeux exorbités qui cherchait son air, et en tâtonnant sur sa droite, une lame qui aurait pu l'aider à s'extirper de l'étreinte fatale. Le cosaque ne dût sa survie qu'à l'un de ses camarades, qui pourtant blessé au ventre, s'était porté derrière le cavalier, et lui avait dardé les reins de coups de kindjal.

Le cosaque sauvé se releva, cherchant à reprendre un peu d'air. Il allait remercier son sauveur lorsqu'en se relevant, la balle d'un chasseur l'atteignit en plein ventre. La seconde balle quant à elle, perfora le crâne... et le cosaque vacilla, et s'écroula sur le bas-côté.



"_ Eristoff!" hurla un cosaque qui se tenait debout dans le 3ème chariot. "Nous nous apprêtons à sortit de la forêt. Nous apercevons déjà les rases étendues du plateau de Koudymkar!

_ Ne t'en fait pas, Yuri! Il n'aura pas échappé à Anatoli que nous sommes en difficulté. Il viendra!

_ Et s'il ne vient pas, sotnyk...

_ IL VIENDRA...!!!"



Soudain, le cocher du fardier qui filait à vive allure, entraînant derrière lui ses poursuivants, ne put éviter un moellon sur la piste. Le chariot se souleva, propulsant quelques uns de ses occupants, français et cosaques dans les airs. En s'écrasant lourdement, l'essieu avant se brisa, et une roue vola en éclats. le chariot dévia dans le ravin et bascula. Les chevaux de traits affolés, frappèrent le sol de leurs sabots, comme pour les planter. Mais le poids mort les entrainait malgré eux. L'attelage se renversa et fit plusieurs tonneaux dans le précipice. Les caisses s'éparpillèrent, et certaines s'ouvrirent répandant leur contenu aurifère dans le ravin. Des combattants furent écrasés, d'autres projetés. Des cavaliers ennemis s'étaient écrasés sur le chariot dans sa chute, et avaient été aussi entrainés dans le désastre.

Tant dans les rangs des hussards et chasseurs bonapartistes, que parmi les cosaques, se fut l'horreur!

Eristoff frappa sa monture sur le flanc à l'aide de sa nagaïka, imité par ses acolytes, et lorsque tous trois passèrent le 3ème chariot qui devenait alors la prochaine proie de l'ennemi, c'était pour déboucher sur le plateau de de Koudymkar! Mornes plaines, végétation rase, dénivelés rares, si Anatoli ne revenait pas, ou s'ils ne rencontraient pas de force amie, c'était la fin!


----


Très haut dans le ciel, l'aigle planait. Avant le crépuscule qui ne tarderait à s'abattre, le rapace cherchait ses proies qui pullulaient. Lapins ou mulots, l'aigle tournoyait et guettait sa pitance.

Mais c'était un rare spectacle auquel il lui était donné d'assister, et qui venait perturber son cérémonial.

Trois cavaliers et trois chariots filaient plein sud sur la plaine. Ils s'étaient alignés dans leur course vaine, afin d'obtenir une plus grand puissance de feu contre leurs poursuivants. Ils laissaient derrière eux, un grand nuage de poussière.

A prêt de 100 mètres de là, sortant de la forêt où tant sont mortellement tombés, une quarantaine de Chasseurs et presque autant de Hussards s'étaient élancés dans une traque implacable. Ayant formé trois rangs, les bonapartistes chevauchaient au triple galop, leur formation se rapprochant irrémédiablement de leur proie, comme une vaste mâchoire qui s'apprêtaient à se refermer sur les cosaques.

L'aigle tournoyait, ses yeux perçants observant le manège des hommes. Son glatissement strident raisonna au-dessus du plateau. Le calme revint dans les cieux, à peine perturbé par la course poursuite qui se déroulait en bas.
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Message par vétéran Astore Cavallini » Sam Sep 19, 2009 11:26 am

Les bonapartistes s'approchaient inexorablement. Les cosaques bénéficiaient d'un dernier avantage sur leur ennemi. Depuis les chariots, ils pouvaient à loisir recharger leurs fusils, et faire feu dans la foulée. Plusieurs cavaliers périrent encore dans la poursuite, mais les cosaques ne parviendraient pas à venir à bout du nombre.


"_ Regarde, sotnyk!" hurla l'un des cavaliers à Eristoff. "Devant nous! Des cavaliers! On dirait Anatoli!

_ Tu as raison, Grigory! C'est bien lui! Mais qu'attends-il !?"


A cinq cents mètres en effet, une quinzaine de lanciers attendaient, parfaitement immobiles. Le convoi mené par son Chef de Guerre obliqua naturellement vers le petite troupe. Eristoff hurlait. Il ordonnait à Anatoli de charger. Mais les claquement des détonations couvraient son ordre. Puis il remarqua un détail... des silhouettes tapies à terre derrière un léger dévers... Il semblait qu'elles s'étendaient à perte de vue de part et d'autre des lanciers cosaques... et il comprit...


"_ En avant camarades!" hurla t-il avec un regain d'espoir. " Nous sommes saufs...!!!"



Hussards et Chasseurs franskis n'étaient plus qu'à une trentaine de mètres des trois derniers chariots, quand ceux-ci franchirent le devers. Chaque cosaque put voir alors deux rangs de guerriers cosaques, armés de fusils, qui attendaient leur passage, et surtout le groupe de cavaliers ennemis qui arrivaient à vive allure.

Eristoff reconnu le Chef de Guerre Wittgenstein, ainsi que son second, le sotnyk Dmytro Vyshnyvytski. Une fois les fardiers en sécurité, les deux hommes se levèrent, imités par leurs 400 cosaques, fusils à l'épaule. Une pluie de plombs infernale cracha sur les cavaliers au moment où ils arrivaient sur le piège. La moitié de la première vague fut foudroyée.

Sur le plateau, on entendait plus que les décharges tirées quasi à bout portant, ainsi que le hennissement de terreur des chevaux qui étaient ou surpris ou blessés. Les corps tombaient par dizaines, tandis que les cosaques tiraient toujours sans bouger d'un pas.

Ceux de la troisième vague ennemie pourtant, des hussards essentiellement, prit le parti de charger malgré tout, voyant là leur seule issue. leurs montures sautèrent par-dessus les corps gisants ou agonisants de leurs camarades et de leurs montures... Une fois l'obstacle franchi, ils frappèrent dans les rangs cosaques. Sabres contre shaschka. Le métal parla. Des jarrets furent tranchés, des têtes étaient décapitées, des hussards furent désarçonnés... Un combat sans merci se livrait... les rôles en quelques secondes seulement, étaient inversés.

Eristoff avait mis son convoi à l'abri à plusieurs centaines de mètres. Il frappa son cheval avec sa nagaïka, accompagné de ses deux éternels lanciers, afin de rejoindre les hommes d'Anatoli. Eristoff malgré sa blessure à la tête qui s'était réouverte, s'apprêtait à charger avec les 18 rescapés de sa sotnia montée.

Car en effet, une poignée de hussards étaient parvenus à passer le barrage formé par les cosaques du 1er Pulk de Wittgenstein et Vyshnyvytski. Ils n'étaient guère plus d'une dizaine, leurs comparses, du moins ce qu'il en restait, livrant un combat perdu d'avance contre les 400 cosaques qui venaient de tendre la fatale embuscade.

Anatoli regarda son sotnyk, et acquiesça du chef, lui rendant son commandement. Eristoff, un éclair de rage dans le regard leva sa shaschka au ciel. Aussitôt imité par ses 18 lanciers, il hural...



"_ Pas de quartier, mes enfants! CHAAAAAARGEEEEEEEEZ...!!!"


Et les 18 s'élancèrent sur la misérable poignée de hussards qui cherchait une issue à ce funeste combat... en vain...


----


Eristoff, le visage en sang, avait été chargé sur l'un des chariots. L'un de ses compagnons, lui changeait son bandage. La balle n'avait fait que peu de dommages. Mais trois jours de chevauchée avait réouvert sa blessure qui commençait à suppurer.

Wittgenstein et Vyshnyvytski s'étaient enquis de son état de santé, et Eristoff les remercia chaleureusement. Ce dernier était satisfait d'avoir réussi la mission que lui confia la Rada... les pertes avaient été lourdes. Il ne lui restait que 18 lanciers et à peine une vingtaine de combattants à pied.

Trois chariots chargés d'or et de fer. Le Tsar serait content. Voilà qui subviendrait un temps aux besoins de son armée. Celle-ci demandait sans cesse des renforts et des munitions. L'artillerie manquait partout. Cet or pourvoirait aux besoins pressant de ses officiers.

Quant au 4ème fardier qui s'était brisé dans le ravin? Les deux Chefs de Guerre, Eristoff et Wittgenstein, s'étaient rapidement entendu. Wittgenstein y envoya une centaine de ses cosaques. Le Tsar serait déjà satisfait de ce qu'il reste. Il n'était pas nécessaire quil sache que la cargaison de l'un des chariots avait été récupérée.




"_ Camarade sotnyk!" demanda Anatoli... "Nous avons fait 85 morts parmi les Hussards et les Chasseurs. Selon vos souhaits, tous les survivants ont eu la gorge tranchée! Nous avons récupéré les montures qui paraissaient les plus endurantes, tandis que les autres ont été achevées. Que fait-on des dépouilles?

_ Et bien..." répondit Eristoff... "Déshabillez-les... Mettez le feu à ces uniformes, et laissez leurs corps dans la plaine. Le sang ennemi abreuvera nos terres. Les corbeaux et les loups se chargeront d'eux. Ils n'en laisseront aucune trace. Et si par hasard des troupes bonapartistes s'aventurent jusqu'ici, ils sauront comment les cosaques traitent leurs ennemis!

_ A tes ordres, sotnyk!"
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Message par vétéran Astore Cavallini » Sam Sep 26, 2009 7:50 pm

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