par vétéran Chaudard » Dim Nov 15, 2009 12:52 pm
Alors que je venais de passer une nuit d'interrogatoire musclé, je me réveillais dans l'obscurité d'une salle, les mains attachées dans mon dos, je ne savais toujours pas où je me trouvais.
Des cris. Des cris de douleurs, des bruits de gifles, des questions, encore des cris, encore des gifles, encore des questions, c'est tout ce que j'entendais dans cette salle. Mes liens me faisaient mal et la douleur de ma blessure n'arrageaient pas la chose, je souffrais physiquement et moralement. Je sentais le sang séché sur mon visage, mes bourreaux n'y étaient pas allés de mains mortes, mon visage était boursoufflé, les coups avaient plu toute la nuit, mais je ne disais pas un mot, mes bourreaux ne savaient que faire jusqu'à ce que je m'évanouisse.
Les cris d'à côtés se transformaient parfois en pleurs, mais les gifles continuaient à tomber, parfois on entendait le cliquetis du revolver, cette menace en faisait parler plus d'un et les pleurs s'accentuaient, sauf que parmi les interrogés la menace n'a pas suffit pour un conjuré et le bourreau à fait son travail. J'entends encore la déflagration et le bruit de la chute du corps sans vie, puis un silence, un très long silence, le nettoyage de la salle, l'énervement des bourreaux qui n'avaient obtenu que des renseignements vagues.
La porte de la pièce s'ouvrait, la lumière m'aveuglait quelque peu, je distainguais deux silhouettes qui entrait dans la pièce, et qui me soulevaient du sol sauvagement, à peine étais-je debout que l'un des deux hommes me mit un coup de poing dans le ventre.
"Tu vas voir comment on soigne les traitres mon gaillard" me murmurait-il à mon oreille.
Les deux se mettaient derrière moi et me poussaient pour que j'avance, je sortais de la pièce. Je marchais le long d'un couloir et je voyais des soldats la tête en sang, le visage tuméfié par les coups des impérialistes qui reprennaient le pouvoir petit à petit. Mon regard fut attiré par une couverture blanche dans une pièce dont la porte était ouverte, je voyais une tache de sang à son extrémité et un corps dissimulé dessous.
"Ton tour viendra mon gaillard! Crois moi!" continuait à murmurer le garde.
On me faisait rentrer dans un petite pièce où de nombreux officiers étaient présents, Soult au fond de la salle, Argenthur et Ferrey refermait la porte derrière moi. On me détachait les mains, je me touchais les poignets pour refaire circuler la sang dans mes mains engourdies.
On me demandait de m'assoier, je voyais les tâches de sang au sol, l'interrogatoire s'annonce mouvementé.
"Alors comme ça on ose attenter à la vie de l'Empereur, tu vas le payer cher!" me dit un garde en me mettant une claque.
"Mais j'ai voulu sauvé la France de la tyrannie!" lui dis-je. Je pris le revers de sa main en plein visage.
"Dis donc, pour un homme de la Garde, tu tapes comme une cantinière!"
La remarque ne lui plaisait pas trop, il me servait une volée de gifle.
"Et là ça fait cantinière?" rajoutait-il.
Je crachais du sang de ma bouche, je n'ai pas eu l'audace de répondre. Un officier que je n'avais jamais vu aupravant s'avança.
"Dis nous qui sont tes complices et qui est ton chef!"
"Mon nom est Chaudard, matricule 2,1,2,5,3 Chef de Bataillon du IVème Corps."
"Pourquoi as tu tenter de tuer notre Empereur?" continuait l'officier.
Je le regardais en souriant et lui répondais
"Mon nom est Chaudard, matricule 2,1,2,5,3 Chef de Bataillon du IVème Corps."
Il regardait les officiers présents et faisais un signe au garde qui me gifla de nouveau, elle fut si forte que je chutait par terre. La journée allait être longue pour moi. Je me relevais difficilement et le garde m'assenait un coup de pied dans mes cotes.
"Qui sont tes complices?" insistait l'officier.
Je ne disais pas un mot, je crachais à nouveau du sang, on me relevait pour me remettre sur la chaise, je regardais Argenthur et Ferrey.
"Alors c'est ce régime que vous soutenez, vous voyez bien la tyr....."
Je n'ai pas eu le temps de finir la phrase que le garde me remit une baffe.
"Réponds à l'officier!"
"Chaud... ard, Matricule 2,1,2,5,3, Chef de Bataillon duuuu IVème Corps"
L'interrogatoire allait encore durer un petit moment, je ferais tout pour ne pas craquer.
La Liberté appartient à ceux qui l'ont conquise
André Malraux