par vétéran Georges Pontmercy » Lun Déc 07, 2009 6:36 pm
-Putain major, le nabot est là, je l'ai vu ! Les impériaux redoublent d'ardeur, on commence à se faire défoncer !
-Impossible... Il n'arrêtera donc jamais d'épancher sa soif de sang ?
-Georges on n'a aucune chance, sans lui on aurait pu mais si les soldats le savent en vie personne ne nous rejoindra.
-Ne m'appelle pas comme ça ! Gardez le visage couvert et n'utilisez aucun nom, ou bien des noms de code ! Si on échoue, il faudra fuir pour recommencer une autre fois, on ne peut pas se permettre d'être pris.
Les combats dans Polotsk faisaient rage depuis 2 jours, Arnaud Nicolas et Georges étant séparés et menant des assauts différents. Pontmercy avait imposé à ses hommes d'enlever tous les signes distinctifs de leurs uniformes, qui étaient de toute façon crasseux et en lambeaux, ainsi que de se masquer le bas du visage pour qu'on ne les reconnaisse pas. Lui même avant un foulard tricolore qui lui couvrait la tête, ne laissant apparaitre que ses yeux à la manière d'un ninja, le haut du crâne chapeauté par un tricorne abîmé.
Il avait franchement honte, un peu de se cacher mais surtout de ce costume ridicule, mais il savait qu'avec son passé être découvert lui vaudrait le peloton d'exécution. Et ça faisait un symbole, un point de ralliement pour les autres, des réminiscences de la Révolution...
Fred avait raison: leur mutinerie tournait court, les soldats sachant Napoléon en vie n'auraient jamais le cran de se tourner vers la République. Ils avaient pris le quartier Est, venant du nord et profitant de la confusion qui régnait lorsque le statut de l'Empereur était encore incertain.
-Major, c'est quoi ton nom de code déjà ?
-Mais t'es con ou quoi ? Tu viens de le dire !
-Ah on t'appelle "major" donc ? Mais c'est pas un nom de code ça, tout le monde sait que tu préfères qu'on t'appelle de cette manière.
-...
-Major ?
-Tu as raison. J'aurais du y penser avant... Tu sais que t'as la caboche faite pour être chef de régiment ? Tu penses à tout.
-M'intéresse pas, je préfère laisser ce rôle à quelqu'un de plus public tu vois ? Je préfère être ton éminence rouge, fit Fred en y croyant sincèrement.
-On dit "éminence grise".
-Mais le Richelieu, il était pas en rouge ?
-Justement, l'éminence grise n'était pas Richelieu pour Louis XIII, mais un capucin qui conseillait le cardinal, le père Joseph. Certains des capucins avaient une bure grise.
-T'en sais des trucs major. C'pour ça que je te laisse les relations avec les pontes, ceux là ils aiment pas le cérébral, ils préfèrent le clinquant et le bagout.
-Merci, c'est trop aimable dit Georges qui s'empêchait difficilement de rigoler.
-Et moi, c'est quoi mon nom de code ?
-Ben on va t'appeler "éminence rouge" si ça te tente.
Laissant là un Frédéric tout content d'être une éminence, peu importait la couleur, Georges jeta un coup d'oeil à la barricade qu'il supervisait en ce moment. Il se sentait comme en 89. Il n'avait alors que 13 ans, mais la révolution ne regardait que le cran de ceux qui la servaient. Il y avait eu du sublime, de l'horrible, mais surtout de l'espoir. Un espoir que Bonaparte avait entretenu puis volé.
Ils commençaient à manquer d'hommes et de munitions, des 3.500 qu'il avait au départ il ne restait que moins de 2.000... Ils avaient abattu plus de soldats fidèles à l'Ogre de Corse, mais ils étaient moins nombreux et ce n'était qu'une question de temps avant que l'artillerie ne revienne du front et canonne les quelques édifices qu'ils avaient monté en pillant les bâtiments.
Il reconnut son adjudant Dumas qui s'affairait avec quelques autres à empiler les cadavres récents pour les brûler, comme les précédents, afin que l'on ne sache pas à quel régiment ils appartenaient. Il tenait égalent à jour la liste de leurs noms à la demande de Pontmercy pour que ce dernier puisse envoyer et faire envoyer des lettres aux parents des soldats.
Il se dirigea vers lui et lui mit une main sur l'épaule pour l'attirer un peu à l'écart:
-Que donnent tes informateurs ?
-Chaudard s'est échappé.
-Formidable ! Où est il, que nous allions enfin le chercher ?
-Il est parti il y a deux jours...
-Et t'appelles ça des informateurs ?
-Ils ne veulent pas se compromettre, tu peux le comprendre vu ta position.
-Que fait il ?
-Il s'est enfuit vers le sud, on pense qu'il a rejoint nos contacts Russes.
-Merde... J'espère qu'il a suivit mes recommandations, parce que ce sont comme les royalistes: il y a ceux qui veulent renverser le tyran et voir après, et ceux qui préfèrent tuer tous leurs opposants dès que c'est possible.
-On l'a vu avec des Baggovouts.
-Alors il est sauf... Et je pense qu'on va aller le rejoindre.
-Tu veux abandonner maintenant ? Après tout ce qu'on a fait ? Tu te ramollis mon pauvre, c'est pas comme ça qu'on verra la République dont tu nous parles tant !
Pontmercy fut blessé par ces paroles, si vraies. Mais il n'était plus qu'un revanchard aigri et solitaire comme il y avait quelques ans. Il dirigeait un régiment, il était responsable de la vie de nombre de soldats et avait des responsabilités. La vie était différente quand des gens comptaient sur nous.
-Allons, ça fait quoi... 2 ans et demi qu'on se connait ? T'es encore un jeunot comparé à moi, mais j'espère t'avoir appris au moins une chose, la règle n°1.
-"La vie des hommes est plus importante que tout", récita Mathieu Dumas d'un air piteux.
-Ne l'oublie jamais. On lève le camp, on ne tiendra pas plus longtemps. Préviens tout le monde que nous partons vers le Sud-Est, on essayera de trouver des Baggovouts on des soldats d'Arnaud Nicolas pour les rallier.
Et avant de partir, on allumera le brasier...
30 minutes plus tard, ils traversaient le fleuve en ayant enlevé les différents accessoires qui leur servaient de couvertures, avec pour consigne de dire à tous les Français dont ils ne connaissaient pas l'allégeance qu'ils étaient rescapés de Polotsk où l'Empereur ressuscité faisait tirer sur tous ceux qui n'étaient ni de la Gendarmerie ni de la Garde, cherchant du regard leurs alliés, quel que soit l'uniforme.
"pontmercy ne cherche que le pouvoir. ce personnage n'a aucune limite dans son ambition aucune moralité. je prevois des jours tres sombre a la CDR si il continu a sevir. Avec L*** je les vois bien avoir conclue un pacte pour prendre le pouvoir a CDR"