Bon baiser de Russie

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Bon baiser de Russie

Message par rekin » Mer Nov 11, 2009 8:38 pm

L’adjudant Martin contemplait les ruines encore fumantes du petit bourg.
Il se remémorait ce mois et demi qui venait de s’écouler... Comment en étions nous arrivé là ? Par quel prodige le IIIe CA avait-il réussi à transporter autant d’hommes à travers les lignes ennemis ? Et comment se faisait-il que leur chef leur proposait sa démission après cette folle épopée ?

Tout débuta durant l’été, le IIIe CA ainsi que les Autunnois devant la poussée russe de 3 ou 4 régiment (je ne me souvenais plus) avait du se replier de l’autre côté de la rivière traversant Polotsk, pour pouvoir protéger la ville des assauts russes. Puis, petit à petit les troupes parties en permission revinrent, et, le moral des troupes gonflé à bloc, le camp français passa à l’offensive. "Bon baiser de Russie" qu’ils l’avaient appelé les chefs, bien aidé certes par la désaffection du front centre des troupes russes parties plus au Nord.

Au mois de septembre, la ville de Létobourg était tombé sous les coup de butoir des Autuns et des braves du IIIe qui décidèrent alors de mettre le siège devant le fortin russe situé au Nord de la ville. Le chef du régiment décidait de capturer le fortin, « une immense gloire pour le IIIe et pour la Grande Armée » qu’il disait, mais un événement au sein de la bataille modifia complètement les priorités ainsi que les enjeux.
Quelle poisse, dire qu’on y été presque à ce maudit fortin, si seulement...

Au mois d’octobre il était sûr maintenant que le fortin ne tomberait pas. De plus des messagers nous avaient rapporté que le fortin français était tombé.
Martin se rappelait aussi que ce sentiment de frustration ne fût que passager, on leur fit bientôt miroiter les larges espaces de l’Est, les chevauchés des cavaliers, les fantassins au pas de marches forcées, mais pourquoi faire ? Pour une ferme ? Quelle idée saugrenue, mais pourquoi pas après tout, on en avait vu d'autre. Tous les hommes s’étaient élancés vers ce nouvel objectif qui avait le mérite de nous faire découvrir de nouveaux paysages. Mais avant de pouvoir coucher dans la paille et tuer le cochon, il avait fallu s’emparer des objectifs alentours, deux mines et une ville, pour pouvoir s’assurer un peu de tranquillité.

La première mine était tombée presque sans coup de feu. Les troupes françaises étaient aux portes de la ville, la messe n’était plus célébrée par un de ces maudits hommes en jupe, mais... mais voila il y avait un "mais": il nous manquait la deuxième mine. Martin et son officier Rekin avaient reçu l’ordre de s’emparer de cet objectif, mais quand il arriva la mine était déjà gardé par 3 escadrons de cavalerie. Ils avaient du patienter deux jours pour s’en emparer, deux jours... deux malheureux jours qu’il nous manquait aujourd’hui.

Car les ruskofs s’étaient ressaisis et avaient lancé une contre offensive sur la ville, on s’était battu maison par maison, rue par rue, pour une cave, pour un grenier...Mais devant la puissance numérique russe les braves du IIIe CA avaient été peu à peu décimés, ils s’étaient battu avec l’énergie du désespoir, grognard comme marie-louise, fantassins comme cavaliers.

"Quel gâchis", pensait Martin, "on y était presque", et maintenant leur chef leur donnait sa démission pour avoir échoué, mais échoué de quoi ? D’avoir mené une offensive d’un bout à l’autre du champ de bataille ? D’avoir fait peur à ce tyran qu’est le tsar ?
Non, nous les braves du IIIe refusons cela.

Martin regarda une dernière fois la ville... comment s’appelait-elle déjà ? Ha oui, on ne lui avait pas encore donné de nom. Martin se disait que Georgesville sonnait bien, puis il s’élança au pas de course en chargeant les Russes, en criant « bon baiser de Russie, bon baiser de Russie »
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Message par vétéran Bertrand H » Jeu Nov 12, 2009 10:40 pm

Le Major Vilpinov était satisfait et heureux de pouvoir souffler un peu.

La libération de la ville d’Ivanovitchgrad obtenue de haute lutte marquait la fin d’une épopée de deux mois.

Cela avait débuté par la libération de notre fortin, très fortement menacé en septembre. Une décision du Major Bakounine, contre l’avis de notre Etat Major, qui s’était relevée excellente. Cela avait permis de littéralement massacrer le corps expéditionnaire français au nord, coincé entre les Preos et l’Armée du Tsar, au moment même où les français devaient penser avoir gagné.
Ensuite La « Marche des fortins », comme l’appelait Vilpinov, réalisée avec l’Armée du Tsar et un contingent des Grenadiers des Pavlovs et quelques autres. Avait amené près de 20 000 hommes jusqu’au fortin français en un temps record.
Le fortin français déjà attaqué par le Génie et l’Armée du Maréchal avait été détruit après deux semaines de siège et une manœuvre audacieuse sur la ville voisine pour y voler le matériel de sapeurs nécessaire. Un immense sentiment de bonheur et de fierté avait parcouru tous les régiments impliqués dans cet assaut et au delà toute l’armée russe. Beaucoup d’officiers seront décorés par le Tsar en personne pour cette action.

La ville de Styrgrad, faute de défenseurs en nombre suffisants, était entretemps tombée aux mains des Autunnois et du IIIe corps durant quelques semaines. Elle avait été reprise par la Garde du Tsar et nos unités. Le chef de bataillon Styr avait lui même investi l’église de la ville qui porte son nom.

Ensuite la poursuite du IIIe corps avait débuté, vers notre fortin qu’ils ont tenté d’encercler et s’est enfin terminé par les terribles combats de ces trois derniers jours,
Après une tentative repoussée de justesse par le bataillon du chef du IIIe corps pour prendre l’église, un second assaut a été couronné de succès. Immédiatement les français ont quitté la ville, préférant mourir en plaine plutôt que de se faire capturer en ville. Au passage ils ont malheureusement liquidé deux de nos compagnies affaiblies.
Victoire ! Encore une fois.
Le Major Styr, maintenant promu Major - le plus jeune major du champ de bataille –avait conduit brillamment l‘assaut final. Une fois encore son bataillon avait investi l’église de cette ville, scellant notre victoire.
Plusieurs bataillons ont été remarqués et déjà proposés pour une médaille au Haut Etat Major par le Commandant Bakounine.

Surtout, un convoi de matériel destiné à fortifier la ferme du nord a été pris in extremis avant son départ. Les français ne pourront donc pas s’y retrancher.
Dans quelques jours le secteur sera à nouveau calme. Et sous le contrôle de notre armée.

La ville est depuis hier soir nettoyée des corps qui la jonche et chaque bâtiment est transformé en hôpital tant nous avons de blessés.

Quelques jours d’accalmies feront du bien au régiment. Même si un peu partout des Preos sont encore en première ligne.

En un an et demi, la Garde Preo est devenue le plus important régiment de l’armée russe. Pas en expérience, certes, mais en nombre d’unités. Nos jeunes recrues enrôlées très tôt sont maintenant devenues des combattants aguerris.
Vilpinov a pu passer au Major Bakounine le commandement et nos chefs de section, parmi les plus jeunes de l’armée assureront la relève suivante si besoin, c’est certain.


La « marche des fortins » s’arrête étrangement aux portes d’une ferme.
Sans doute le signe que les paysans gagnent toujours : les militaires passent ; ou meurent, mais les paysans reviennent toujours cultiver leur terre. Cette bonne vieille terre russe.

Je devrais arrêter de combattre pensa Vilpinov, je deviens trop philosophe pour faire un bon commandant.

Trop de liens l’unissait cependant à ce régiment pour qu’il le quitte maintenant. Il avait personnellement recruté la plupart des officiers. Et les français revenaient toujours à la charge, fort de supplétifs enrôlés un peu partout en Europe.

Même si les paysans gagnent toujours, il faut quand même que les militaires s’en mêlent.
Cette terre est russe depuis toujours et elle doit le rester.
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Message par Chabert » Ven Nov 13, 2009 10:33 am

Mémoires d'une marche vers le Nord Est

toutes les brigades du 3 Corps d 'armée étaient engagées dans la Quatrième phase de l'offensive Bons Baisers de Russie.

Le bataillon Chabert au même titre que tous les autres, marchait , marchait , marchait encore et encore ; de jour , de nuit , par tout temps .
Les gradés avaient tous compris que le temps etait le facteur essentiel de cette ultime offensive , dont le but était de prendre la "FERME" ainsi que les points stratégiques alentour.

Chabert près des Marais attendait veinement des nouvelles de son III RIA , celui-ci depuis son dernier message ne donnait signe de nouvelles.
C'est bien plus tard qu'il apprit que la compagnie bien mal en point essayait de faire jonction avec l'arrière garde de l'offensive . Elle sera décimé au Nord EST du fortin Russe à la lisière des bois .
LE 5 RIA et le VII RCA de Chabert étaient postés en avant garde .
Les voltigeurs avaient pris position pres de la montagne Ouest de la ville de ....Il se souvenait plus du nom Slave bien trop compliqué pour lui.
Les voltigeurs étaient en poste pour intercepter toute force Russe venant de l'Ouest . Qu'en au VII RCA de cavalerie il se trouvait coté EST de la ville. Mission , reconnaissance et escarmouche contre les forces Russes provenant du Sud .

Chabert en mauvaise posture près du Marais ne pouvait plus avancer, ses hommes épuisés ne pouvaient que se mettre en position de défense , laisser passer le gros de la troupe et former l'arrière garde .

La compagnie de ligne fut décimée dans la nuit , quelques jours avant la prise de la ville de l'EST.

LE 5 RIA de voltigeurs affligea des lourdes pertes et le moral des russes s'en ressentit , à son tour épuisé, sans ravitaillement , complètement isolé il fut réduit au silence .


A l'EST la cavalerie de Chabert donna tout se qu'elle avait , les combats se succèdèrent , il ne fallait surtout pas se replier , ....il fallait combattre , toujours combattre afin de donner leurs chances aux troupes Françaises , maintenant assiègées dans la ville de l'EST.

Le VII RCA fut exterminé après une semaine de combats acharnés .


Chabert se dit que cette offensive qui avait mené tout un corps d 'armée du SUD OUEST au NORD EST était bien dans l'optique de ses théories militaires qui depuis de nombreux mois il voulait faire entendre.

Il pensa qu'il fallait aller voir au plus vite les services d 'intendance afin de pouvoir les soldats de nouvelles chaussures ....
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Message par vétéran Hidao » Sam Nov 14, 2009 1:05 am

Premiers pas d'un bataillon italien

Le sous-Lieutenant Hidao, secondé par son adjudant, Largo, au commande d'un bataillon de 400 hommes venait de rejoindre le IIIe CA. L'incorporation fut rapide. En effet, le major Georges Pontmercy, commandant du régiment, délégua Samuel Vimaire, son adjudant, pour permettre aux italiens de recevoir le baptême du feu en souplesse. Hidao apprit beaucoup ... en peu de temps. Le IIIe CA allait mener une offensive audacieuse vers le nord-est et avait besoin d'un maximum de compagnies. Ainsi, la formation éclair se conclut par ces quelques paroles de Samuel Vimaire :
"Maintenant que tu as pu voir comme mettre en pratique l'instruction que tu as reçu au Piémont, il est vital que tu apprennes la plus importante des notions militaires : la marche."

Hidao ne saisit pas de suite toute la portée de ces dires. Il avait l'esprit fixé sur la proximité des russes et leur menace permanente. Il devait avec son bataillon longer tout le front tenu par les Auntunnois pour rejoindre le régiment plus au nord, au niveau un fortin russe. Son bataillon ne fut pas épargner par cette traversée : la compagnie fut bien prise à partie dans les faubourgs de Létobourg. Cela força Largo à faire une pause pour soigner ses nombreux blessés. Le bataillon était désormais divisé!

Largo parvint à rattraper l'arrière garde du régiment où se trouvait notamment Chabert. Mais le contre-temps à Létobourg fut fatal. Sous les coups des russes poursuivants le IIIe CA, ce fut la débandade et la compagnie fut anéantie.

La compagnie de Hidao avait été plus heureuse ou plutôt malheureuse dans son bonheur... La plupart des 190 hommes de la compagnie (et oui, 10 étaient tombés dans les premiers combats) ne comprenait pas la nécessité de marcher autant. Hidao pouvait entendre :
"Maintenant qu'on a traversé toute l'Europe et que les russes sont quasiment à portée de fusil, il faut encore marcher. Rompi cazzo!"

Hidao se souvint des paroles de Samuel, maintenir une marche forcée n'était pas aisé... Mais en discutant avec ses hommes et par la proximité des frères d'arme du IIIe CA, il arriva à proximité de l'objectif : la prise d'une ville russe. Il fallait la prendre pour installer un périmètre de sécurité autour d'une ferme afin d'y implanter le quartier général du régiment.

"Messieurs, nous voici aux portes d'Iffanouvitche Krade! Nous avons pour but de la capturer et de la tenir. Prenons l'église et préservons la maison du seigneur de la barbarie russe! Viva Imperatore! Forza!" cria le sous-Lieutenant pour haranguer ses troupes, le sabre levé vers le ciel.

La conséquence fut directe. La compagnie sortit des bois et se lança à l'assaut de la ville en hurlant "Forza! Forza!".

L'église fut rapidement capturée vu le faible nombre de défenseurs. La compagnie prit alors ses quartiers dans les bâtisses de l'ouest de la ville de ??? Hidao avait déjà oublié le nom slave, nom qu'il avait été incapable de bien prononcer ceci dit.

La ville conquise, Hidao voyait bien toute l'audace de l'offensive : les renforts russes arrivaient, toujours plus nombreux à l'inverse des français. Dans une réunion d'officier, il se souvient de ses propres paroles :
"Une tempête approche!"
De manière avisé, on lui répondit :
"C'est loin d'être un phénomène naturel. C'est un artifice mis en place par le tsar qui n'a qu'un seul objectif : nous détruire."

Effectivement, les russes s'approchaient, se positionnant dans les bois aux alentours de la ville. Des éclaireurs rapportèrent le positionnement d'une batterie de canons au sud-ouest de la ville. Le bombardement commença et Hidao reçu la mission de faire taire ces bouches à feu, sa compagnie étant bien placée. Il s'exécuta, mais par crainte d'embuscades russes, il resta à l'extérieur des bois. Au retour, le bilan n'était pas bon pour les français. Les compagnies restantes se comptaient sur deux mains et les russes étaient à l'est, au sud, à l'ouest et même dans la ville. Il ne fallait alors plus que trois jours pour que le QG soit installé. Il fallait donc gagner du temps.

Tempus tantum nostrum est* écrivit Sénèque, un philosophe de la Rome antique. Ce n'était malheureusement guère la sensation du IIIe CA. Les accès à l'église furent barricadés. On se battait pour chaque rue, pour chaque maison, pour chaque appartement. Les unités aguerries n'étant plus assez nombreuses, on appela la compagnie de Hidao pour défendre l'accès ouest de l'église. A J-1, ce fut l'offensive générale des russes. Sous le nombre et recevant des attaques provenant de toute direction, la compagnie ne put tenir.

Un soldat de la compagnie, un brin poète, le caporal Guiseppe Loncoccini, écrivit avant de mourir :
Guiseppe Loncoccini a écrit :Qu'il ait 20 ans, 30 ans, 40 ans, rien n'y changeait.
Qu'il soit français, italien, polonais, belge, hollandais ou espagnol, rien n'y changeait.
Qu'il possède 100 000 ha, une compagnie d'artisan ou une pauvre chaumière , rien n'y changeait.
Tant qu'il appartient au IIIe CA, un soldat donne le meilleur de lui-même.




Il n'a manqué qu'un jour, une petite journée, si peu, mais tant à la fois. Il est vrai qu'il y a de quoi être frustré. Mais par dessus tout, il y a de quoi être content d'avoir osé tenter cette aventure et d'avoir été aussi loin.

"Le tsar a eu une grosse frayeur. La prochaine fois, ce ne sera plus la même chanson, il aura peur, très peur au point je l'espère que son cœur arrête de battre" pensait maintenant Hidao, l'esprit revanchard.


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