Objectif le Pope!

Racontez vos histoires autour d'un verre sous la tente...

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Objectif le Pope!

Message par vétéran fourchette » Mer Déc 30, 2009 2:23 pm

Voilà bientôt 2 ans que je combats avec mes fidèles adjoint Mérou, Vialannes et Friant sur cette terre de Russie. Je suis, ces derniers jours, las. Las de voir encore et encore mes hommes tomber, las de voir cette putain de neige recouvrir leurs corps avant qu'on ait pu les enterrer dignement, las de savoir que ce n'est pas encore ce Noël que je vais serrer sur mon coeur mon jeune fils. Putain de guerre!

"Major"
"Oui Sarradin, qu'y a-t-il?"
"Le Major Crapaud veut vous voir, il a convoqué tout les officiers dans sa popotte"
"Peut-être veut-il nous payer un coup pour la nouvelle année qui s'annonce? C'est bon, merci Sarradin. Je ne devrais pas en avoir pour long, fais seller mon cheval et tiens-toi prêt, nous irons inspecter les vedettes tout à l'heure."
"Reçu Major"

Que pouvait bien nous vouloir notre Chef? Ce n'était pas dans ses habitudes de nous payer une tournée (sauf si celle-ci provenait d'un tonneau de vodka que ses hommes avaient récupéré sur les cadavres des ennemis). Ce rassemblement ne présageait rien de bon....
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Message par vétéran fourchette » Mer Déc 30, 2009 3:11 pm

"Ah, voilà le dernier", fit le Major Crapaud à mon entrée,"nous pouvons donc commencer. Asseyez-vous"

Je saluais rapidement tout le monde avant de m'asseoir.

"Avant de commencer je voulais vous donner des nouvelles de la Colonelle Kristell qui vient de prendre le commandement des Grenadiers à Cheval de la Vieille Garde. Elle va bien et est très honorée de veiller personnellement sur notre Empereur. Elle nous redit son attachement au 25ème de ligne et tâchera de venir nous rendre visite si d'aventure elle passait à proximité de notre campement. A ce qu'elle dit ça pourrait être assez rapidement."

...

"Mais ce n'est pas pour ça que je vous ai réuni. L'Etat-Major Impérial a confié au 25ème de ligne une mission à la hauteur de sa réputation: nous devons capturer le Pope!"

Cette déclaration fit l'effet d'une bombe, je failli en tomber à la renverse de mon siège. J'avais un très mauvais souvenir de ce Pope, il nous avait filé entre les doigts après que nous ayons réussi une très belle manoeuvre. Voir son spectre ressurgir me glaçait le sang. Interrogé par les plus jeunes le Major Crapaud n'omettait aucun détails et au fur et à mesure qu'il racontait je revoyais ces journées défiler devant mes yeux.

"Monsieur Schulmeister a retrouvé sa trace et l'importance de ce Pope et toujours aussi grande. L'Empereur a donc décidé, au regard du contentieux qui nous oppose à ce félon, de nous désigner pour sa capture. Ne trahissons pas la confiance qu'il nous accorde. Je vous ordonne, à compter d'aujourd'hui, de tout mettre en oeuvre pour que cette capture se déroule bien. Les permissions sont suspendues bien sûr mais j'interdis en plus, dès maintenant, toute consommation d'alcool. Vos hommes doivent être prêts en permanence. Je ne vous dévoilerai notre destination que quand Monsieur Schulmeister décidera du moment propice à notre déplacement. En même temps que nous nous mettrons en route vous saurez où nous allons. Prévoyez tout de même 6 jours de fourrage pour les chevaux. Y a-t-il des questions?"

"Oui Major", fit le Colonel Tortellini, "doit-on prendre des dispositions particulières? Je pense au dernier raid que nous avons effectué avec nos lanciers habillés comme des cossacks."

"Oui, c'est judicieux. Ce déplacement nous emmènera au milieu des troupes russes vous vous en doutez et nous éclairerons nos mouvements par un cordon de simili-cossacks. Bonne remarque. D'autres questions?"

...

"Bon, s'il n'y a pas d'autres questions vous pouvez rompre. Dites le strict minimum à vos hommes... et tenez vous prêts."
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Message par vétéran fourchette » Mer Déc 30, 2009 9:24 pm

3 jours étaient passés. On se rapprochait de Noël et si les soldats ne se sentaient pas concernés je dois avouer que cette fête signifiait quelque chose pour moi. Cette fête familiale par excellence me claquait à la gueule que je n'étais pas le père, l'époux que mes proches étaient en droit d'attendre. Comment l'aurais-je pû à des milliers de lieux des miens?

J'avais commencé une lettre, que je sentais être la dernière, à mon épouse:

"Ma mie,
Voilà bien longtemps que je n'ai reçu une lettre de vous. Je me doute qu'elles se seront égarées entre notre belle Bretagne et ce trou perdu. C'est juste que ce manque de lecture me fait penser au pire. Il se dit ici que la révolte gronde dans l'Ouest. J'espère que si ces rumeurs sont fondées il ne sera rien tenté contre vous. N'hésitez pas, le cas échéant, à trouver refuge auprès du maire de Crozon, c'est un cousin à moi qui est écouté et entendu dans son fief.
Comment se porte notre petit gars? Il va avoir 20 mois et je n'ai toujours pas vu sa frimousse. A-t-il commencé à marcher? Je me languis de le serrer contre moi. L'année qui vient verra peut-être mon souhait se réaliser.
Ici l'hiver a fait son apparition en retard mais ça n'augure rien de bon, d'après des moujiks du coin il semblerait que ce soit le signe d'un hiver rigoureux (Igor amasse du bois, ça aussi doit être un signe). J'ai toujours l'écharpe que vous m'aviez tricoté mais je dois admettre qu'elle a été rapiécé plus que de raison. Enfin, cet hiver encore elle remplira son office...."



"Major?"
"Oui, entre Sarradin, qu'est-ce qu'il y a?"
"Le Major Crapaud veut vous voir. Les hommes disent qu'on passera Noël à cheval..."
"Merci. Attends avant de propager ce bruit, si c'était vrai on est bien assez tôt pour lever le camp. Laisse les hommes au repos au maximum mais dis aux CAM Vialannes et Mérou de me retrouver dans ma tente à 17h précise. Je compte sur ta discrétion. Allez, files!"


Je me rendis derechef dans la tente du Major Crapaud et y rejoignis mes camarades. Quand tous nous fûmes rassemblés le Major nous confirma ce qui avait déjà filtré.

"Les gars, le moment est venu d'y aller. Les conditions sont propices à l'arrestation du Pope. Il s'est réfugié dans un moulin assez facilement accessible et la tempête de neige que nous subissons depuis hier soir devrait nous masquer des russes. On forme la colonne ce soir et on traverse les lignes ennemies à la faveur de l'obscurité. Nos lanciers, habillés en cossacks, éclaireront la progression et je veux dans chaque détachement un officier qui parle russe et qui pourra donner le change en cas de rencontre avec des vedettes russes. Je répète ce que je vous ai dit il y a 3 jours: emmenez le strict nécessaire mais pensez au fourrage pour les chevaux. Cette mission ne devrait pas excéder 6 jours. Discrétion jusqu'à ce qu'on capture le Pope et ensuite vitesse pour rentrer. Sachez d'ors et déjà que quoi que coûte en perte humaine cette arrestation ça n'a pas d'importance aux yeux de l'Empereur. Si il faut sacrifier le 25ème dans sa totalité pour qu'un peloton ramène le Pope, le 25ème sera sacrifié."
...
"Mais on n'en est pas encore là que diable! On dirait que je parle à des zombies. Cette mission, comme toutes les autres, nous allons la réussir. Et ça vous fera des histoires à raconter à vos petits-enfants."

Cette dernière phrase nous avait un peu tiré de notre léthargie et désormais on sentait poindre, dans les discours des uns et des autres, ce sentiment qui pourrait sembler de la prétention mais qui est en réalité de la peur cachée. Chacun avait compris qu'on avait rendez-vous avec notre destinée et que beaucoup ne reviendraient pas de ce rendez-vous. Nous nous embrassions comme des femmes.

"Eh les gars, arrêtez! Ce Georges Pontmercy serait là on aurait droit à une page complète dans sa gazette, rubrique "femmes à marier". Ressaisissez-vous bordel, vous allez me faire chialer" risquai-je pour dérider mes camarades
"Ben tu fais bien de parler du Major Pontmercy, lui et son IIIème Corps vont nous accompagner. Et si vous êtes à la hauteur de votre réputation il n'est pas impossible que vous fassiez la une de son journal. Il semblerait que le IIIème Corps ait en son sein un espion russe qui leur a donner des renseignements précieux grâce auxquels ils ont failli prendre une ferme russe. Espérons que cet espion connait avec précision la position de notre Pope"
"Un russe sera de la mission? Ce point de détail n'est pas fait pour m'enchanter, ça sent le traquenard" dit Lensa.
"Bof, ça en fera un de moins à aller chercher" murmura Trox en espérant que personne ne l'ait entendu.
"Allez, les gars, rejoignez vos bataillons. Hauts les coeurs, on va à l'action. Rassemblement à 19h, rompez!"

Sarradin m'attendait devant la tente. Il tenait mon cheval par la bride.

"Allez! à cheval! je te raconterai en route. Tu as dit aux CAM Vialannes et Mérou de me rejoindre à 17h?"
"Oui Major, mais il me semble qu'ils sont déjà devant votre tente."
"Eh bien ils m'attendront. Allons faire un tour en première ligne pour voir nos sonnettes."
"Vous croyez que c'est raisonnable Major? Avec cette tempête..."
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Message par vétéran fourchette » Jeu Déc 31, 2009 1:13 pm

La revue avait été glacée. J'avais trouvé des sentinelles frigorifiées tentant de se réchauffer comme elle le pouvaient. Les feux étaient interdits et pourtant j'avais surpris un poste qui avait enfreint sciemment les consignes.
Mais que pouvais-je faire? Les punir? De quoi? Qu'est-ce qui pouvait être pire que de guetter face au blanc dans le froid et la faim? J'avais pris les noms et promis de statuer sur leurs sorts dès qu'ils rentreraient de faction.
Mais je savais déjà qu'une longue marche en territoire ennemi les attendait.

J'étais donc de retour à notre bivouac avec Sarradin sur les coups de 13h. Mérou et Vialannes ne m'avaient pas attendus, ça ne m'étonnait pas. Je trouvais mon bivouac calme, la nouvelle n'était pas arrivée jusqu'ici et j'en étais content, les hommes pourraient se reposer encore un peu.

"Sarradin, vas me chercher les CAM Mérou et Vialannes et fait venir aussi le Lieutenant Friant de ma voltige. Je veux les voir dans 30 minutes."
"Bien Major, j'y cours!"

Je profitais des 30 minutes de répit que j'avais devant moi pour reprendre mon écriture.

"..., dès que le froid arrive on se couvre de tout ce qu'on trouve et je dois admettre qu'un défilé au Champs de Mars de troupes ainsi accoutrées vaudrait son pesant de cacahuètes. Enfin, comme ça les hommes ont moins froid.
Te souviens-tu du jeune Le Floc'h? J'ai eu des nouvelles de lui par une connaissance commune. Il semblerait qu'il ait perdu 2 doigts le mois dernier, un coup de sabre malheureux, et qu'il sera donc prochainement de retour au pays. J'aurais aimé être affecté dans le même bataillon que lui, nous aurions pu parler du pays.
Enfin, cette guerre ne durera pas éternellement. Les russes sont combatifs mais à un moment ou à un autre ils cèderont devant le Tondu. Il ne peut pas en être autrement.
Je vais cesser mon courrier sur ces quelques notes positives. Je me languis de vous retrouver. Vous me manquez ma mie.
Tendrement"


Au moment où je finissait cette lettre mes officiers s'annonçaient devant ma tente. Je les fit entrer.

"C'est partit les gars. On lève le camps ce soir à 19h. Je veux que le bivouac soit démonté à 18h. On monte une colonne régimentaire. Vialannes, je viendrai avec votre compagnie, Jacquinot prendra le commandement de mes cuirassiers qu'il déguisera pour l'occasion en lanciers cossacks. Lui sera en tête de colonne pour éclairer la marche du régiment. Nous on suit en silence. L'objectif est le Pope de Polotsk, tout le monde se souvient? Il se trouve actuellement dans un moulin au milieu des lignes russes. Sa capture est capitale, c'est pour cela que le 25ème de ligne et une partie du IIIème Corps sont mobilisés pour cette mission. Attendez-vous à une forte résistance des russes dès qu'ils auront eu vent de notre déplacement. Tant qu'ils ne savent rien on profite de la tempête de neige pour avancer. Des question?"
"Non ,Major!"
"Bien, rompez!"
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Message par vétéran fourchette » Jeu Déc 31, 2009 3:08 pm

La nuit venait de tomber quand mes fidèles vinrent me rendre compte que le campement était démonté. Nous avions déjà vu passer à travers notre dispositif un impressionnant cortège de troupes en colonne. Il m'avait semblé reconnaitre dans la tempête le Colonel Tortellini et ses cuirassiers, le Major Rudy, le Major phil2104 (on l'appelait ainsi depuis la bataille de Landshut le 21 Avril 1809, il y avait capturé un drapeau Autrichien) et le Major Lensa qui m'avait fait signe de la main et s'était arreté à ma hauteur.

"Bon ben c'est parti, bonne chance Fourchette."
"Bonne chance vieux frère, prends soin de toi."Et il était parti, avalé par la nuit.

Jacquinot était parti depuis près d'une heure quand j'ordonnais enfin à ma colonne de faire mouvement.
Mes hommes souffraient peu de la marche mais je ne pouvais m'empêcher de penser aux premiers, en tête de colonne, qui en plus de ne pas se perdre devaient se frayer un chemin dans cette poudreuse qui tombait sans relâche.
La colonne s'étirait sur plusieurs kilomètres et pourtant nous nous enfoncions plus avant dans les lignes russes. Il semblait que la ruse avait fonctionné. Les hommes, nerveux en début de marche, avaient dû se rendre compte que le moment critique était passé et la rigueur indispensable à cette manoeuvre s'étiolait au fur et à mesure que nous avancions. Je convoquais Friant et Mérou.

"Putain les gars, reprenez vos hommes. Je ne veux pas entendre un bruit. On est passé oui, mais tout ce qu'on gagne maintenant c'est du bonus et quelque chose me dit qu'il vaut mieux en amasser un max tant qu'on peut alors faites taire les imbéciles qui pensent qu'ils peuvent raconter leurs campagnes ou alors celle-ci sera leur dernière. Allez, ripez!"

"Sarradin, trouves Jacquinot et reviens avec un compte-rendu précis sur ce qu'il y a devant nous."

"Reçu Major." Et il partit au grand galop.

Il revint au petit matin. La colonne s'était arretée. Le Major Crapaud voulait qu'on reste discret la journée et qu'on avance la nuit. Sarradin nous trouva donc en train de monter un bivouac de fortune.

"Major, il n'y a personne devant nous. J'ai trouvé Jacquinot juste au moment où il allait chargé un petit détachement de voltigeurs russes pris en flagrant délit. Il n'y a eu aucun survivants. Un lancier est légèrement blessé mais le Lieutenant Jacquinot me dit que ce n'est pas grave. D'autre part il semblerait que les quelques russes rencontrés ici ou là par des détachements du 25ème de ligne ont été eux aussi anéantis."
"Bien, notre colonne est donc encore furtive. Pourvu que ça dure. Merci Sarradin, vas te reposer. La colonne repart ce soir vers 18h, les feux sont interdits."
"Merci Major." Il salua et partit rejoindre ses compagnons en sortant sa flasque de riquiqui qu'il portait toujours sur lui depuis Austerlitz.
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Message par vétéran fourchette » Ven Jan 01, 2010 8:28 pm

Je passais la journée à me reposer. Ce soir c'était Noël et c'est vrai qu'on allait passer le réveillon à cheval. Mes hommes ne s'étaient pas trompés.
Vers 17h30, comme je lui avait demandé, Sarradin vers me tirer de mon sommeil.

"Il est l'heure Major"
"Ok Sarradin, merci. Tout le monde est prêt?"
"Oui Major, le temps que vous buviez un verre de riquiqui, à défaut de café, et la colonne sera reformée."
"A ce que je vois la tempête ne s'est pas calmée."
"Non Major, mais les hommes sont plutôt contents, si ça peut nous éviter quelques charges de cossacks..."
"Oui, ce n'est pas faux. Pourtant on ne les évitera pas éternellement."

Je portais mes lèvres à sa flasque. Son riquiqui aurait ressuscité un mort, ou envoyé à trépas un bien-portant, au choix. Je n'en bu même pas et pourtant j'étais déjà saoûl quand je montais à cheval pour donner l'ordre du départ.

Cette deuxième nuit à l'intérieure des lignes russes se passa aussi bien que la première. Nous ne croisâmes aucun russes qui ne survécut à notre rencontre et c'est sur les 5h du matin que nous avons commencé à monter notre bivouac. Mais les nouvelles n'étaient pas bonnes partout. A priori les russes avaient dû apercevoir quelques traces de notre passage et quelques escadrons de cossacks et de chasseurs à cheval étaient sur nos pas. Il ne leur faudrait plus longtemps avant de nous retrouver. Le Major Crapaud avait donc décidé de couvrir notre avance avec quelques troupes plus fatiguées que les autres qui auraient la lourde tâche de ralentir la poursuite des russes, d'effacer nos traces et d'orienter les russes sur une fausse direction. Je ne les enviais pas et pendant que mon bataillon se reposait en prévision de la prochaine nuit j'entendais "l'arrière-garde" faire ses préparatifs.
J'envoyais Jacquinot et son escadron reconnaitre la forêt dans laquelle nous nous trouvions. Il devait trouver un sentier vers l'Est où pourrait passer la colonne du régiment. Lors de cette reco il rencontra un escadron de chasseurs à cheval qu'il mit en déroute: les russes étaient démoralisés mais quelques uns avaient pu s'échapper.

"Le vent tourne dirait-on?"
"Oui Major" me confirma Jacquinot, "les russes sont de plus en plus nombreux. Ce Pope doit être un sacré morceau."
"T'es loin de te douter à quel point Jacquinot. Sois prudent avec tes lanciers, tu es mes yeux et dans cette tempête ce n'est pas un vain mot."
"On approche du Moulin Major, on peut y être demain matin."
"Oui, c'est pour ça que je n'ai plus besoin de toi ici. Remontes vers le Nord pour nous flanc-garder. Rends-moi compte de tout ennemi venant du village qui se trouve au Nord mais ne les engage pas: on les laisse descendre pour les anéantir d'un coup, ça sera ça de moins qui se lancera à notre poursuite une fois qu'on aura le Pope en main."
Dernière édition par vétéran fourchette le Sam Jan 02, 2010 6:53 pm, édité 1 fois.
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Message par vétéran fourchette » Sam Jan 02, 2010 4:00 pm

Une estafette provenant du bivouac du Major Crapaud vint se présenter à moi quelques minutes avant que je n'ordonne le départ. Il était porteur d'un ordre du Chef de Corps du 25ème de ligne:

Quelque part dans la neige, le 25 Décembre

Fourchette, ce soir sera le dernier soir de marche. En arrivant au petit matin vous ferez monter un bivouac léger car à 10h demain matin nous monterons à l'assaut du moulin et y capturerons le Pope en anéantissant tout les russes qui pourraient se trouver alentours.
Dès la capture réussie nous rejoindrons nos lignes en passant par le Sud où nous reprendrons contact avec la BI qui dépêche une avant-garde à notre rencontre.
Vous formerez avec votre section notre arrière-garde et je vous donne l'ordre de nous garantir 24h d'avance sur les russes qui viennent du Nord... et ce quelqu'en soit le prix. Je veux 24h d'avance!.
Pour la journée de demain vous n'interviendrez pas directement dans la capture mais flanc-garderez face au Nord.

Bonne chance, nous nous reverrons à Polotsk.


C'était clair. Je donnais donc mes ordres en conséquence.

"Mérou, Vialannes, Friant, Jacquinot, à moi!"
...
"C'est partit, la capture aura lieu demain. Nous ne sommes pas directement concernés. On flanc-garde face au Nord et on défait tout les russes qui se pointent. On fait mouvement cette nuit jusqu'en lisière de bois. On s'installe dès qu'on arrive et on se repose un peu. Jacquinot avec tes cavaliers tu assureras la garde du bivouac en arrivant. Les biffins se reposent car ils auront une grosse journée. A 10h tout le monde sur le pied de guerre. Les 2 compagnies d'infanterie en tirailleur en lisière de bois face au Nord, Friant, avec tes voltigeurs tu remontes sans te faire voir 2 lieux à notre Nord et tu m'envoies une estafette toutes les heures avec un compte-rendu précis de ce que tu vois. Jacquinot, à 10h tu fais mouvement de 5 lieux vers le Sud pour nous trouver un emplacement d'où nous pourrons ralentir les russes quand ils seront sur le point de nous déborder de notre position. Tu enverras à moi quelques cavaliers quand tu auras trouvé le bon poste afin qu'ils nous guident. La manip c'est de tenir une dizaine d'heure dans la première lisière, 10 heures de plus au point que Jacquinot nous aura trouvé et encore 10 heures à un autre point encore plus au Sud. Ralentis comme ça les russes n'auront plus aucune chance de rattraper le Major Crapaud et son prisonnier et nous pourrons alors rompre le combat et nous exfiltrer vers nos lignes. C'est clair pour tout le monde?"
"Oui Major, très clair. Cependant permettez une question: a-t-on des chances de s'en sortir?" m'interrogeât Vialannes.
"Oui, bien sûr. Sait-on seulement ce que connaissent les russes, savent-ils qu'on vient capturer le Pope? Imaginent-ils seulement qu'il y a un pseudo-Pope qui nous interesse? Peut-être sont-ils peu nombreux, peut-être imaginent-ils une diversion, que sais-je? Je ne suis pas dans leur tête. En revanche, ce que je sais c'est que nous sommes le 25ème de ligne. Et rien que ça, ça me rassure. Je sais pouvoir compter sur mes compagnons d'arme. Non seulement on a une chance de s'en sortir mais en plus j'offrirai ma tournée générale à Polotsk à tout ceux qui ne m'auront pas laissé tomber et qui seront avec moi de retour dans les lignes françaises. Faites passer dans tout le bataillon, tournée générale... mais il faudra être à Polotsk."

Je ne les avais pas convaincu...

"Allez, en avant, et en silence. On touche au but." Et la colonne s'ébroua.
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Message par vétéran fourchette » Dim Jan 03, 2010 12:34 pm

Il était environ minuit, nous marchions depuis près de 4 heures quand un caporal et deux soldats de ma voltige vinrent me rendre compte de ce qu'avait surpris Friant, à droite de notre colonne. Ils en riaient encore.

"Qu'est-ce qu'il y a caporal? Qu'est-ce qui peut vous faire rire de la sorte?"
"Excusez Major, ça fait 20 minutes qu'on marche pour vous retrouver et je n'arrive toujours pas à retrouver mon sérieux. Faut dire qu'entre ce qu'on a vu et les 2 abrutis que je me coltine depuis 20 minutes y'a matière à rire. J'en peux plus. Si on m'avait dit que je me payerais le plus grand fou-rire de toute mon existence sur cette putain de terre russe, de nuit et par un froid glacial j'aurais étripé tout net la diseuse de bonne aventure."
"Alors, qu'est-ce qu'il y a? Tu accouches ou je te livre aux russes?"
"Il y a une heure Major, le Lieutenant Friant et tout notre groupe de voltige a eu le plaisir, que dis-je, la joie, d'assister à quelque chose de surréaliste: on progressait en silence à travers un cordon de troupes russes. ça baragouinait en russe à droite, à gauche et là pour le coup on ne faisait pas les fiers. Soudain le petit Legall a trébuché sur une racine et il s'est étalé de tout son long qui est pas bien grand. "Ma doué beniget" qu'il a juré, mais tout haut. Sûr que les russes l'ont entendu. On n'en menait pas large. On s'est tous couché et on a attendu. Les russes se déplaçaient à droite et à gauche. "Ils convergent" que nous a dit le Lieutenant Friant, mais ils convergeaient devant nous si bien qu'ils se sont retrouvés face à face dans le noir. Le sergent Manac'h, qui parle un peu russe a crié en français alors que les 2 troupes russes se faisaient les sommations. J'vous raconte pas le bordel que ça a été. Une première salve est partie du côté droit, on a entendu des cris côté gauche, puis une deuxième salve, d'autres cris, enfin une salve est partie du côté gauche et des cris se sont élevés côté droit. Quel spectacle! J'ai cru que ça n'allait jamais finir. On rigolait comme des enfants aux marionnettes. Le Lieutenant nous a ordonné de nous relever et nous a remis en route en silence. Il m'a ordonné de venir vous rendre-compte de ça Major, je suppose qu'il voulait que tout le monde en profite" finit-il en rigolant.

C'est vrai que son histoire et l'air héberlué des deux soldats qui l'accompagnaient avait de quoi faire rire mais je me retins, ce n'était ni le lieu, ni le moment.

"Ok, merci caporal, c'est vrai que c'est amusant mais on n'est pas là pour s'en payer une tranche."

Je les renvoyais donc vers le Lieutenant Friant et progressais à la tête de mes troupes vers les lisières Nord du moulin où nous arrivâmes vers 3h du matin. Jacquinot et Friant me rejoignirent vers 4h. Le bivouac était installé. On fit donc ce qui avait été prévu: Jacquinot prit la garde et tout le monde alla se reposer. Une grosse journée nous attendait...
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Message par vétéran fourchette » Lun Jan 04, 2010 9:44 pm

Nous étions en place à 9h30, les fusilliers en tirailleurs dans les bois, les voltigeurs au Nord de notre position pour me rendre-compte et Jacquinot venait de partir vers le Sud pour reconnaitre notre prochain emplacement. Tout semblait donc conforme au plan: j'aurais dû me douter que c'était louche.

A 10h nous avons entendu les bruits d'un assaut à notre Sud: le Major Crapaud devait mener l'attaque sur le moulin et dans 10mn le Pope allait sûrement être entre nos mains pour la deuxième fois de sa vie.
Les coups de feu se sont effectivement espacés et j'imaginais sans peine que les russes avaient dû être surpris et avaient fui.
"Rien ne résiste à la furia francese..." me dis-je

...mais à peine j'avais fini ma phrase que j'entendis des coups de feu épars au Nord de ma position. Le bruit ne dura qu'un instant et je me demandais si je n'avais pas rêvé ces coups de feu quand je vis rentrer dans nos lignes quelques voltigeurs de Friant paniqués. Je réussi à en attraper un par la veste, il ne portait ni son shako ni son fusil. La terreur se lisait dans son regard.

"Que s'est-il passé? Parles!"
"Ils nous sont tombés dessus alors que nous nous installions."
"Qui? Racontes!"
"Les cossacks, des dizaines, des centaines, que sais-je?"
"Que s'est-il passé?"
"On était en tirailleur, on abordait un petit monticule, le Lieutenant Friant a envoyer 5 hommes en avant. Ils avaient à peine atteint la crête qu'on a vu des cossacks arriver à leur niveau au galop et les transpercer de leurs lances sans même s'arrêter. Aucun des cinq n'a survécu. Les cossacks ont donc poursuivi leur charge sur nous. Le Lieutenant Friant nous a rassemblé dans un semblant de carré, vous imaginez bien, à 40 il était pas bien épais notre carré. Quand les cossacks sont arrivés sur nous, aux ordres du Lieutenant on a déchargé nos mousquets. 2 ou 3 chevaux ont fait la culbute en entrainant leurs cavaliers mais les autres nous ont sabrés. J'ai vu le Lieutenant mourir, une estafilade sur le visage et une lance plantée dans le coeur. J'ai écrasé la crosse de mon fusil sur un cossack qui me chargeait et je l'ai fini avec mon briquet mais il en arrivait de plus en plus. On se battait par petits groupes de 3-4 mais nous n'étions déjà plus qu'une vingtaine. Le groupe dans lequel je me trouvais s'est retrouvé isolé du reste de la bataille. On en a profité pour prendre la poudre d'escampette en passant par le bois mais un cossack s'est aperçu de notre fuite et a lancé sur nous un peloton. Diwann a été rattrapé et est mort d'un coup de lance dans le dos. Avec Lemeilleur et LaProvence on a réussi à échapper aux russes en traversant un bosquet d'épineux dans lequel ils n'ont pas voulu lancer leurs chevaux, mais ça a été chaud."
"Où sont-ils maintenant?"
"Juste derrière nous Major, il faut partir tant qu'il est encore temps!..."
"Non mon gars, on doit tenir et on tiendra. Vas avec tes 2 camarades te mettre aux ordres du CAM Vialannes et tiens la ligne, fais honneur au Lieutenant Friant!"

Il venait juste de me quitter qu'une estafette approchait par le Sud en provenance du Major Crapaud. Elle me tendit un pli.
Le moulin, 10h10

Fourchette, le Pope n'était pas là. Il y a été, aux dires d'un officier russe capturé, mais il n'y est plus. Il est parti ce matin pour le village qui est 20 lieux à notre Sud. J'y ai envoyé toute la cavalerie dont je dispose. Nous l'aurons.
J'ai entendu des coups de feu provenant du Nord, faites-moi parvenir un compte-rendu par retour de mon estafette.
Je mets ma colonne en marche vers le Sud. Je compte sur vous pour bénéficier des 24 heures que je vous ai demandé.
On se retrouve à Polotsk, n'oubliez pas.

Major Crapaud


"Putain de journée de merde."
"Pardon Major, vous disiez?"
"Non, rien. Laissez-moi 5mn, j'écris un compte-rendu que vous irez remettre au Major Crapaud."

5mn plus tard je lui tendais un morceau de papier sur lequel j'avais griffonné les évènements tel qu'ils venaient de se passer. Je le renvoyais auprès du Major Crapaud en lui conseillant d'aller le plus vite possible.

"Vialannes, Mérou, à moi!"

Mes deux CAM arrivèrent simultanément.

"On a des cossacks face à nous. Dans les bois nous ne pouvons pas nous mettre en carré. Nous ferons donc un feu de bataillon quand ils seront à 50 pas. Le premier tir doit être dévastateur sinon nos rangs vont se faire éclater. Je ne vous cache pas qu'on est mal engagés mais il faut qu'on stoppe ces russes sinon ils auront tôt fait de rattraper nos camarades. Je récapitule donc, on les attend, feu de bataillon, soit on se fait enfoncer et là je ne vous fait pas un dessin, soit on les arrête et alors on commence à reculer. J'espère qu'il n'y a que des cavaliers car nous reculerons en carré ou en triangle en fonction de nos effectifs. Est-ce clair?"
"Oui Major."
"Bien, alors allez donner vos ordres. Bonne chance à vous."
"Merci, bonne chance à vous aussi Major."

Et l'attente commençât......
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Message par vétéran fourchette » Mer Jan 06, 2010 11:48 pm

...
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Que l'attente était longue.
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J'en venais à me demander si les russes ne m'avaient pas contourné pour tomber sur le Major Crapaud. Le doute m'assaillait. J'allais certainement faire une connerie quand Sarradin (que Jacquinot avait ramené vers moi après avoir trouvé un bon poste) arriva.
Je l'envoyai en avant de mes positions pour me tenir au courant de l'avancée des russes. Il revint une demi-heure plus tard en me confirmant que les cossacks russes étaient toujours au Nord de notre position. Il en avait dénombré une bonne centaine qui semblaient, à ses dires, vouloir se remettre en route après avoir dépouillé les cadavres de nos camarades de la voltige.

"Soldats, les russes arrivent et nous devons leur faire payer cher la mort de nos camarades. Vous avez eu vos ordres de vos chefs. Exécutez les à la perfection et 10 russes mourront pour chacun des français qui sont tombés tout à l'heure. Ne faiblissez pas, le 25ème de ligne compte sur nous, nos frères d'arme nous font confiance, ne les décevons pas!" Criais-je pour haranguer mes troupes.
Un formidable "HOURRA!" sortit de 200 poitrines gonflées d'orgueil.

En écho à ce cri d'encouragement nous entendions maintenant distinctement les hennissements des chevaux russes lancés au galop. Nous allions leur réserver un accueil chaleureux...

Les russes avaient commis une erreur, ils avaient lancé leur charge trop tôt. Nous apercevions maintenant nettement les visages des russes défigurés par la haine, on pouvait voir qu'ils n'avaient qu'un objectif, notre extermination.

Je retenais le feu de mes compagnies.

Les lances russes s'abaissèrent à l'horizontal, les sabres et les fusils nous pointèrent. Des cris affreux jaillissaient des gorges des cossacks, ils se donnaient courage.

Je retenais le feu de mes compagnies.

Les yeux exorbités des chevaux se reflétaient dans les yeux exorbités des cavaliers. Chevaux et cavaliers ne semblaient plus faire qu'un dont le but se rapprochait à toute vitesse. Ils étaient maintenant à moins de 50 pas et quand je lâchais enfin le feu de mes compagnies sur cette splendide charge, les cadavres mélés de chevaux et de cavaliers vinrent s'abattre à nos pieds. Quelques cavaliers transpercèrent nos lignes et avec elles quelques corps mais je savais déjà que la charge avait échoué. A nos pieds se trouvaient près de 60 cossacks sinon morts au moins hors de combat. La petite cinquantaine qui restait était cernée par mes compagnies, dans l'incapacité de s'extraire du piège sylvestre qui s'était refermé sur eux. Après la neige c'était la végétation qui nous venait en aide.
Peu de russes s'extirpèrent du piège. J'en dénombrais 5, il y en eût peut-être un peu plus.

Pendant que Mérou et Vialannes faisaient le compte de nos morts et de nos blessés j'observais vers le Nord pour voir si un autre parti de russes semblait vouloir venir. Je ne vis rien.

J'ordonnais rapidement le mouvement de ma colonne. J'avais prévu de lui faire faire mouvement en carré mais l'absence de danger me poussa à ordonner un mouvement en colonne qui me ferait gagner du temps et avec lui de la vitesse. Vialannes prit la tête, on plaça les blessés au milieu et Mérou ferma la marche. Chacun marchait vite. Même les blessés semblaient avoir oublié leurs blessures (souvent aux membres supérieurs, bras ou tête) et pressaient le pas. Si je n'avais pas commandé cette colonne j'aurais juré qu'elle fuyait.
Sarradin, seul, restait en arrière pour nous alerter au moindre risque. Il m'avait rapidement décrit l'endroit où se trouvait Jacquinot. Il nous restait plus de route que prévu, je n'aimais pas ça. Je regardais ma montre, il était déjà 14h. L'escarmouche avait duré 1heure. Dans 3 heures la nuit tomberait, que nous réserverait-elle?
Dernière édition par vétéran fourchette le Ven Jan 15, 2010 4:38 pm, édité 2 fois.
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Message par vétéran fourchette » Sam Jan 09, 2010 11:29 am

Nous arrivâmes peu avant la tombée de la nuit à l'emplacement de notre prochain point d'appui. Jacquinot avait fait du bon boulot. Ses cavaliers avaient défriché devant la ligne de défense si bien que nous y voyions comme sur un billard. S'il ne se passait rien cette nuit la journée de demain promettait d'être mortelle pour un maximum de russes.

Je ne savais plus quel jour on était mais qu'importait, il nous fallait "juste" tenir encore 24 heures.

Pendant que mes compagnies s'installaient j'en profitais pour faire le compte de ma petite "garnison":
Jacquinot avait 50 cavaliers avec lui, un seul était légèrement blessé. Je décidais de garder ce petit détachement avec moi cette nuit, ils y seraient en sécurité et 50 hommes de plus ça ne pouvait pas faire de mal.
Vialannes avait 168 hommes valides et 19 blessés. Aucun de ceux-ci n'étaient trop blessés pour marcher en revanche 14 d'entre-eux étaient incapables de se servir d'un fusil et de tenir la ligne.
Mérou avait été moins touché par la charge, il avait encore sous ses ordres 185 hommes valides et 8 blessés légers.
Il ne restait du détachement de Friant que 3 soldats qui s'étaient bien comportés durant l'attaque des cossacks sur ma ligne. Je les avais affecté définitivement au CAM Vialannes.

Voilà donc de quoi était fait mon bataillon: 402 hommes valides (dont 49 cavaliers qui allaient nous quitter demain matin) et 27 blessés (26 après le départ de Jacquinot).
Je savais que sur ma droite et sur ma gauche d'autres Français tenaient la ligne en refluant lentement devant les ruskoffs. Le Major Crapaud allait l'avoir son répit, mais à quel prix? J'espérais que le Pope était tombé entre ses mains...

La nuit se passa calmement. Il n'y eut aucune attaque russe mais au petit matin, quand la brume se leva je fus horrifié de voir des bataillons entiers de russes face à nous. Le sang allait couler aujourd'hui...
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Message par vétéran fourchette » Ven Jan 15, 2010 2:03 pm

Il était 10h et voilà maintenant 1 heure que russes et français nous trouvions face à face. Je savais bien que les russes préparaient quelque chose. Les premiers boulets de 4 vinrent creuser les rangs en même temps que je me rendais compte du pourquoi de l'attente.

Les russes semblaient avoir réuni 4 ou 5 batteries d'artillerie légère qui firent somme toute peu de dégâts.

Alors qu'ils nous pensaient entamés ils lancèrent à l'assaut de ma position plusieurs bataillons qui semblaient peu ou pas coordonnés. Je les repoussais sans difficulté mais les pertes s'amoncelaient dans mes rangs. Enfin tant qu'ils venaient un par un nous pouvions encore tenir et le Major Crapaud l'aurait son putain de délai.

"Major, il y a des cavaliers sur ce promontoire, ils semblent vouloir nous charger. On dirait des cossacks."
"Tant qu'ils viennent seuls et pas soutenus par les fantassins...."

Effectivement ils vinrent seuls. Une contre-charge de Jacquinot les pris en flagrant délit et les mit en déroute. Nous avions à peine eu le temps de nous mettre en carré.

"Major, il semble que les russes veuillent se calmer, je ne vois plus personne avancer."
"Oui, qu'est-ce qu'ils sont en train de nous mijoter? Allez voir Mérou et demandez-lui s'il voit quelque chose!"
"Reçu Major!"

Au moment où il partait un boulet rebondit 15 mètres devant moi et coupa net les pattes de mon cheval. Je me retrouvais coincé sous son poitrail. J'avais eu chaud...

"Major, comment allez-vous?"
"Bien, je n'ai rien ,aidez-moi à me relever!"

...mais le coup était passé près. Je ne la sentais pas cette manip, je n'en reviendrais pas vivant, je le sentais.

"Major, des cuirassiers s'approchent par le Nord-Est, ils semblent soutenus par deux bataillons de fantassins."
"Formez les carrés, dépêchez-vous, il semble que ce soit le Colonel Leto et ses cuirassiers, le combat s'annonce dur, faites passer dans la ligne."

Mais encore une fois le sort joua en notre faveur. Les cuirassiers lancèrent leur charge un peu trop tôt et ils arrivèrent en avance sur les biffins ce qui nous permit de les prendre les uns après les autres. Mes effectifs fondaient comme neige au soleil. Un cuirassier russe, avant d'avoir la tête réduite en bouilli par un coup de fusil tiré par un de mes lignards, eut le temps de tremper sa latte dans mon sang. La puissance du coup m'avait fait tomber à terre et je dois bien admettre que sans l'intervention du caporal j'étais mort. Une profonde entaille zébrait mon dos. "Dès ce combat fini il faudra que je me trouve un vêtement chaud" pensais-je.
A peine le temps de me relever que mon bataillon prenait de face les deux bataillons russes. Nous nous trouvions alors en carré et sans l'intervention du Capitaine Libéciu et d'une de ses compagnies personne n'aurait donner grande chance à mes troupes. Elles subissaient le feu dévastateur des russes quand survint le Capitaine Libéciu. Il réussit, grâce à un feu nourri, à mettre les russes en retraite.

"Merci Capitaine, sans vous je ne donnais pas cher de mon bataillon."
"De rien Major, on est tous à peu près dans la même situation que vous. Savez-vous si le Major Crapaud a réussi à prendre le Pope?"
"Non, je n'en sais rien, mais c'est le cadet de mes soucis. Nous lui avons fournit grosso-modo le délai qu'il voulait, le reste m'importe peu. Merci encore, retournez auprès de vos troupes. Je vous donne rendez-vous à Potolsk, j'ai une dette que je règlerai à la taverne."

Déjà une nouvelle attaque russe s'annonçait. Les boulets que tiraient les russes entre 2 attaques finissaient d'éclaircir nos rangs. Mes deux compagnies de lignes ne faisaient plus qu'une et l'escadron de Jacquinot devait avoir la valeur d'un peloton. Je reconnus tout de même Sarradin au milieu des survivants.

"Soldats, vous avez déjà fait plus que l'entendement pouvait exiger de vous. Le 25ème de ligne peut être fier de vous compter dans ses rangs. Sachez que je suis fier d'avoir été ces derniers mois à votre tête. Peu de nous reverront notre belle Bretagne. Que ceux qui auront cette chance en profitent pour chacun de ceux qui resteront sur cette maudite terre. Bonne chance les gars, montrons encore aux russes comment des Bretons savent mourir. Vive le 25ème de ligne, vive l'Empereur!"

"Vive l'Empereur!" me répondirent une centaine de poitrine... ça ne pesait plus très lourd et pourtant le cœur y était.

"Encore des cuirassiers Major, ils ont sorti toute leur armée! Quel honneur pour le 25ème!"
"Oui, ne les décevons pas."

Le colonel Leto revenait à la charge mais avant lui 3 compagnies de lignards russes se présentaient.

"Mérou, Vialannes, on va se faire exploser si on se met en carré. Tenez la ligne, repoussons les fantassins et advienne que pourra quand les cuirassiers seront sur nous.Bonne chance, merci."

Nous accueillîmes les fantassins russes comme il se devait. Une bonne cinquantaine jonchaient le pré quand ils ouvrirent le feu. Je fus de suite touché par 3 biscaïens et tombais lourdement au sol. Jacquinot fit charger une ultime fois son détachement pour nous donner un peu d'air. Les bruits de la bataille me parvenaient par bride. Je voyais les corps de mes compagnons d'arme tomber un à un. Quelques cavaliers français revinrent dans les lignes...

"Sarradin, charge le Major .... cheval et file plein Sud. Ten... de rejoindre le 25ème .......bas! Adieu!"
"Adieu ..., bonne ...ance. Que Dieu vous garde!"

J'étais à demi-conscient à califourchon sur le cheval de Sarradin et alors qu'il lançait son cheval au galop je pouvais distinguer les cuirasses blanches russes fondre sur les quelques survivants de mon bataillon. Les larmes me montèrent aux yeux et je m'évanouis....


(HRP/)

Voilà, c'est fini. Un p'tit RP pour accompagner une tentative (avortée, bravo les ruskoffs) de prise de ferme. On reviendra ^^
L'histoire ne dit pas si le Pope a été prit. Vous le saurez en lisant les prochaines aventures de Fourchette contre le Pope: "Le Pope a des cornes" en vente dans toutes les bonnes librairies ^^

PS: Vous , russes, qui recroiserez sans doutes Mérou, Vialannes, Friant et Jacquinot, ne hurlez pas, ne criez pas au scandale et vérifiez: n'est-ce pas leurs fantômes que vous revoyez là, revenus pour vous hanter? ^^

(/HRP)
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