Le sang de Kovien

[vétéran Snatchov (Mat. 38814)]

"Des russes contre des russes ?!"
"Il s'agit seulement de nous ramener Kovien, sa compagnie n'est pas impliquée. Revenez avec les poignets de Kovien entre les mains, ou qu'elles soient couvertes de son sang."

Voilà ce qu'on m'a dit dans la tente de l'Etat Major, une journée plus tôt. Cet ainsi que ma compagnie se retrouva à une vingtaine de lieues du bivouac de l'officier Kovien. Marchant péniblement face au vent glacial de la Sainte Russie.

- Sergueï !
- Oui Lieutenant ?
- Je vais t'expliquer la situation rapidement, nous approchons.
- Très bien Lieutenant.
- Le sergent Kovien a apparemment désobéi de l'Etat Major, nous avons ordre de le ramener, mort ou vif. Il se trouve, lui et ce qu'il reste de sa compagnie à la lisière du bois de Trent. Nous avons l'autorisation écrite de le capturer, donc vous ne tirerez sous aucun prétexte c'est compris ?
- Bien mon Lieutenant !

La nuit tombai alors que nous n'étions plus qu'à une ou deux heures de Kovien. J'ordonnai tout de même de monter le camp, les hommes devront être reposés pour l'escorte de Kovien.
Seul sur ma paillasse, je me demandai bien ce que Kovien avait fait pour être la cible d'un " mort ou vif " . Peut être avait-il déserté une bataille, ou peut être a t'il collaboré avec les bleuets. Tant de questions qui commençaient à me faire appréhender.

Le lendemain matin, c'est Sergueï qui vint me réveiller.

- Lieutenant ! Lieutenant !
- Humpf... Oui ?
- Il vaudrait mieux partir, l'soleil s'est levé.
- T'as raison ... Réveilles les hommes, qu'on reparte rapidement.
- Bien Lieutenant.

Nous revoilà partit. La brume de la veille s'était levée pour laisser briller le sol enneigé. La compagnie avait bien profité de la nuit, les hommes étaient reposés. Le pas régulier, nous arrivions enfin face à la troupe Kovien.
J'ordonnai la redition de Kovien pendant que mes hommes s'étaient mis en position.

- Par ordre du Haut Etat Major, nous ordonnons au Colonel Kovien de se rendre immédiatement à notre compagnie, sans quoi, nous serions contraint d'ouvrir le feu.

Les hommes de Kovien, à peine sortit de leur couchette, se levaient avec étonnement. Quand sortit enfin l'officier de la grande tente.

- Vous n'aviez pas besoin d'amener autant d'hommes Lieutenant, je me rend.
- Avancez seul dans notre direction ! Votre compagnie à ordre de rejoindre les tentes de son régiment au plus vite !

Je soupirai de soulagement, moi qui pensais que tout allait mal se passer. J'ordonnai aux hommes de faire monter à cheval Kovien, nous devions partir vite.

- En formation de colonne ! Marchez mes frères !

[vétéran Snatchov (Mat. 38814)]

Premier jour

Tandis que la troupe avançait, luttant contre la neige qui atteignait leurs genoux, je finis mes calculs.

- Nous sommes à trois jours du campement. Il va nous falloir traverser la plaine Grognarde, nous ferons tout pour ne pas être repérer de la mine. Les français pourraient s'intéresser à Kovien.
- Bien Lieutenant, je prend la tête de la colonne. Kovien restera près de vous.

Kovien sur son cheval, les mains liés, pensait judicieux de m'adresser alors quelques mots.

- Alors, Lieutenant Snatchov, êtes vous content d'être sur le point d'accomplir cette opération ?
- Me parle pas chien galeux.
- Seriez vous assez cruel pour me priver de conversations durant ce voyage ?
- Je vais juste t'autoriser à me dire pourquoi j'ai dû venir te chercher ?
- Eh bien disons que j'ai agis dans mon intérêt plutôt que pour celui de notre Sainte Russie.
- Tu nous as trahis ? Crevure.
- Ne soyez pas si outrageant, je n'ai tué aucun russes ! J'ai juste donné quelques renseignements, mais sous la menace...
- Ferme la.

C'est à la tombée de la nuit que nous fîmes la seule pause de la journée. Je donnai les instructions de la nuit à mon aide de camp.

- Nous repartirons à l'aube, veilles à ce qu'aucun feu ne soit allumé. Nous ne sommes pas loin de la mine Grognarde.
- Bien Lieutenant.

La nuit, je sentais la tension monté au sein du camp, les hommes excédés par le rythme de la journée, ne pouvaient même pas allumer de feu. Je comprenais leur colère.
Au matin, la colonne fût reformé, nous repartions prudemment pour enfin arriver à la plaine Grognarde. Je décidai de mener la compagnie en contournant la mine, couvert par une colline.

J'étais tendu, ne sachant pas si le bruit que nous faisions allait alerter les sentinelles ennemis. Mais c'est la vue d'un obus éclaté en plein rang qui me fît perdre mon sang froid. C'est toute une batterie de canons, sur la colline qui nous bordait, qui allait ouvrir la gueule. La panique fît perdre toute chances à la compagnie, les hommes couraient en direction des canons ennemis, les pensant vulnérables. Mais c'est une vague de salves qui coucha les trois quarts de mes hommes.

- Au galop ! On s'tire ! Sergueï !! Prend Kovien !

La dizaine d'hommes qui restaient coururent au plus vite, mais très vite rattrapé par les grognards à pied, baillonette au canon. Je me retournai, et vis mes hommes se faire égorger alors qu'il venait d'être transpercés par balle, d'autres se mirent a genoux, implorant de la pitié, mais très vite mit à terre, percé par le cœur.

Nous n'étions plus que quatre avec Kovien. Au triple galop, avec plus qu'une seule idée en tête, la survie.

[vétéran Snatchov (Mat. 38814)]

Premier jour, le soir

Nous venions de subir une lourde défaite, le bilan était catastrophique. Comment allai je expliquer la perte de plus de 150 hommes à l'Etat Major ?

Moi, Sergueï, Andreï et Kovien étions les seuls survivants de la journée. La situation était désespéré : la peur nous avait coupé de toute parole, les chevaux étaient exténués des heures de galop, l'échec nous avait envahi. A mon grand étonnement, Kovien fût le premier à relativiser .

- Lieutenant, votre compagnie ne doit pas être morte en vain. Votre rôle est d'accomplir la mission qui vous a été donné.

Assis face à lui autour d'un feu, je ne sus quoi répondre, la tristesse m'ayant envahi.
Sergueï s'était assit contre un arbre à quelques pas du feu. Son regard scrutait le sol depuis déjà quelques heures. Je ne puis m'empêcher de le rejoindre.

- Frère, le spectacle auquel nous avons assisté ne doit pas être rangé dans un coin de notre crâne. Nous savions à quoi nous attendre en prenant le fusil pour défendre la patrie. S'il te plaît camarade, ne flanche pas, c'est ça qui fait de nous des hommes.

Deuxième jour


Au réveil, nous nous rendîmes compte que la nuit n'avait pas écarté la peine de notre objectif. Je décidai alors d'établir un programme des plus prudent pour le chemin de retour.
Nous avions dévié de notre plan de route lors de la fuite, nous devions alors marcher à travers les bois pendant une journée pour rejoindre sans encombre Lepicbourg. Sergueï marchera en éclaireur à une lieue de nous.

Nous reprîmes route, silencieux, à l'exception de Kovien.

- Vous avez une famille Lieutenant ?
- Et toi ?
- J'ai une femme mais je n'ai pas eu le bonheur de l'engrosser.
- La veinarde.
- J'espère pour vous que vous ne manquerez pas à grand monde, la route est encore longue.

[vétéran Snatchov (Mat. 38814)]

Kovien semblait serein comme à son habitude. Je ne connaissais pas la raison de son arrestation mais cet homme n'inspirait pas confiance. Son regard était belliqueux, il ne paraissait pas méchant mais mesquin.

Tandis que nous progressions prudemment, nous arrivâmes à l'orée du bois. Sachant que Sergueï trouvera un moyen de nous prévenir en cas de danger, nous continuions à avancer. Le bois était sombre et brumeux, notre vision s'arrêtait à une quinzaine de pas. Quelques bruits d'animaux nous faisaient tourner la tête mais nous devions éviter de perdre toute concentration. Nous avancions muet, à l'affût de tout évenements.

Au bout d'une petite heure de progression, nous tombions face à une vision d'horreur. Nous vîmes le corps transpercé de Sergueï, les yeux ouverts de peur il nous fixait. La terreur nous envahit alors lorsque nous aperçûmes une lueur de feu dans l'ombre épaisse de la brume.