Le Pope a des cornes

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Le Pope a des cornes

Message par vétéran fourchette » Lun Fév 22, 2010 12:17 am

(HRP/) Le titre me vient du Major Crapaud. Vous voyez, on ne s'ennuie pas avec un chef comme ça ^^ (/HRP)

Le vide.....

Le silence....

...et soudain cette grande lueur blanche. Elle précède de peu un brouhaha indescriptible. Que se passe-t-il autour de moi? Où suis-je?

"Hé! Il se réveille, appelez l'infirmière!"
...
"Voilà, voilà, j'arrive... Major, vous m'entendez?"

Bien sûr que je l'entends, elle m'hurle dans les oreilles à 20cm de mon visage, comment peut-elle imaginer que je ne l'entende pas?
Le problème est que je n'arrive pas à lui répondre, je ne commande pas mon corps, que m'arrive-t-il?

"Brigadier, vous le connaissez bien?"
"Oui Mademoiselle, bien sûr. Voilà une paire d'années que je côtoie le Major."
"Bien, il aura besoin de vous ces prochains jours. Il a fait le choix de ne pas mourir, mais il ne sait pas encore s'il veut vivre. Votre action sera déterminante. Tenez-lui compagnie comme vous le faites depuis ces 3 dernières semaines et je suis prête à parier qu'il nous reviendra. Appelez-moi si son état s'améliore."
"D'accord mademoiselle, merci."


Qui est ce brigadier à qui elle parle? Qu'est-ce que je fais ici? Il faut que je me rappelle.

"Major, c'est Sarradin, vous m'entendez? Je suis heureux de vous voir revenir, vous nous avez fait peur. Le Major Crapaud m'a dit de veiller sur vous le temps qu'il faudra. Le 25ème de ligne panse ses plaies, l'opération "Pope" a échoué mais il s'en est fallu de peu."

Ses paroles me parvenaient comme dans un rêve, ou un cauchemar plutôt: Sarradin, Crapaud, 25ème de ligne, Pope... oui, je me rappelle. Que sont devenus mes hommes? Oh mon Dieu! Où les ai-je laissé?

"Major, reposez-vous. Je reste avec vous, prenez votre temps."

...et je sombrais de nouveau dans le sommeil....
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Message par vétéran fourchette » Lun Fév 22, 2010 2:40 pm

Je me réveillais beaucoup plus tard. Sarradin se trouvait près de moi mais il s'était assoupi.

"Sarradin, aide-moi à me lever, on part d'ici!"
...
"Hein? Quoi? Ah, vous êtes réveillé Major, comment allez-vous?"
"C'est bon Sarradin, je vais bien. Aide-moi à sortir d'ici et tu m'expliqueras tout en chemin."
"Major, je ne crois pas que ce soit raisonnable. Restez couché ou vous allez réouvrir vos blessures. Ne bougez pas, j'appelle l'infirmière."
"Non, ne fais.."
"Infirmière!"
"...et merde."


"Major, recouchez-vous! Je n'ai pas de temps à perdre à vous refaire tout vos bandages. vous n'êtes pas seul ici et beaucoup de vos camarades ont besoin de moi. Ne me faites pas perdre mon temps. Recouchez-vous!"
"Sarradin, aide moi! Nom de Dieu! Je ne vais pas moisir ici à écouter jacter cette infirmière. Vous avez mieux à faire mademoiselle, je vais bien et je vais vous laisser de la place. Remerciez-moi."
"Major, elle a raison, couchez-vous. Vous n'irez pas bien loin avec ce que vous avez perdu comme sang. vous êtes très affaibli, ne faites pas l'enfant..."


Patratrac... je venais de m'étaler au pied de mon lit. Mes jambes ne me portaient plus.

"Major, ça va?"
"Oui, aide-moi."
L'infirmière lui donna un coup de main et tout deux réussirent à me réinstaller sur mon lit. Une blessure à l'abdomen s'était réouverte et le bandage se teintait doucement d'un rouge vif. Je n'avais pas mal et m'attendais à me faire sermoner par l'infirmière. Il n'en fut rien.

"Allongez-vous, je vais vous changer votre bandage."

Elle travaillait consciencieusement et je profitais de devoir rester immobile pour mieux la regarder. Elle était plutôt jolie. De longs cheveux bruns noués en queue de cheval encadraient un visage fin. Ses yeux verts attiraient le regard et je me demandais comment j'avais pu ne pas les remarquer plus tôt. Ses lèvres étaient d'un rouge éclatant, elles me rappelaient sensiblement celles de mon épouse. Je la dévisageais maintenant et elle s'en rendit compte.

"Qu'y a-t-il Major? Pourquoi me dévisagez-vous comme ça?"
"Moi? Vous dévisager? Non, pas du tout! Je regardais votre travail."
"Oui, oui. Soit."


Elle se remit au travail et j'en profitais pour observer ses doigts fins s'affairer sur moi. On sentait le professionnalisme dans chacun de ses gestes: rien n'était dû au hasard.

"Voilà Major, j'en ai fini. Je reviendrai vous voir en fin d'après-midi. D'ici-là tenez-vous calme et reposez-vous. Mangez un peu pour reprendre des forces."

Je la regardais s'éloigner. Elle était plutôt petite et marchait rapidement.

"Une belle femme hein Major?"
"Oui Sarradin, tu as raison. Elle ressemble un peu à mon épouse, en plus petite. En as-tu apprit sur elle coquin?"
"Oui Major pendant que vous dormiez on a un peu fait connaissance. Il est question qu'elle m'accompagne au bal de la Garde Impériale dans 3 jours."
"Bien. Racontes moi tout Sarradin. Que sont devenus nos amis? Comment s'est finie la mission "Pope"? Que devient le 25ème de ligne? Racontes pendant que je casse la croûte. Ne t'arrêtes pas, je veux tout savoir, tu entends, tout!"


Ce n'était pas une bonne idée. A mesure qu'il racontait mon appétit baissait.

"Ainsi Vialannes et Mérou sont morts et avec eux la presque totalité de leurs compagnies. Jacquinot s'en est sortit avec plus de 10 blessures et il est encore hospitalisé quelques lits plus loin. Le Pope nous a échappé et le 25ème de ligne a été saigné à blanc. De nouvelles recrues sont arrivées: elles ont déjà eu l'occasion de faire leurs preuves. Les lieutenants Hautpoul et Travot ont été affecté dans votre bataillon, avec les rares survivants ils sont en train d'incorporer une nouvelle levée. Il y a beaucoup de Polonais et quelques Badois, l'instruction avance vite et bien. Ils seront prêts avant vous Major. Les Majors Lensa et TTrox ont été promus Colonels, ça a été l'occasion d'une fête mémorable au régiment. Le Major Crapaud a payé la boisson et pour une fois il n'a pas été chiche avec ses deniers. Les tonneaux ne se comptaient plus et pourtant il n'en est pas resté un. Une bonne fête régimentaire ne peut pas se finir sans bagarre générale et ben j'vous raconte pas, cette soirée restera dans les mémoires. Quelle bagarre! Chacun s'est bien défoulé, c'était génial!"
"Ok Sarradin, merci. J'en ai assez entendu. Tu peux me laisser? J'ai besoin de me reposer. Merci encore pour tout mon fidèle. Je te suis redevable."
"Non Major, je vous dois encore 3 vies. Reposez-vous bien!"


J'avais besoin de me reposer. Le récit qu'il m'avait fait m'exhortait à retourner au combat pour venger mes camarades. Et pour se faire je devais me refaire une santé: manger et me reposer.
Dernière édition par vétéran fourchette le Mer Fév 24, 2010 1:30 pm, édité 1 fois.
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Message par vétéran fourchette » Mar Fév 23, 2010 1:45 pm

Je me réveillais quelques instants avant que l'infirmière ne refit son apparition. Elle précédait un médecin en blouse blanche.

"Major, je vous présente le docteur Fadeïev, c'est le médecin en charge du secteur dans lequel vous vous trouvez. Beaucoup de médecins russes sont venus se mettre spontanément à notre disposition: nous soignons au dispensaire tout les blessés, qu'ils soient russes ou français."
"Bonjour Major."
"Bonjour Docteur. Ainsi c'est entre les mains d'un russe que ma vie repose aujourd'hui?"
"Major!..."
"Non, laissez Catherine, j'ai l'habitude. Mes compatriotes me reprochent de guérir des français. Il n'est pas anormal que des français imaginent que je puisse les tuer. Sachez Major que le serment d'Hippocrate, que j'ai prêté à l'hôpital de Bordeaux où j'ai fait mes études, n'est pas anodin pour moi. Il guide ma vie. Vous êtes en sécurité entre mes mains, mieux, je vais vous guérir... si vous le voulez bien."
"Il n'y a pas de soucis Docteur. De toutes façons je ne peux pas m'échapper non?"
fis-je en regardant Catherine dans le vert de ses yeux.
"Non, vous ne pouvez pas Major, vous êtes mon prisonnier" répondit-elle. "Je ne vous libèrerai que quand vous irez mieux. Où est votre camarade?"
"Il s'est absenté quelques instants mais ne craignez rien, il reviendra. Quelque chose me dit que je suis juste un prétexte..."


Elle rougit et sembla fort embarrassée.

"Le Docteur va vous ausculter, je vous laisse. Bonne soirée Major. Au revoir Docteur."
"Au revoir Catherine."
"Au revoir Mademoiselle."
...
"Major, mes compatriotes ne vous ont pas raté. Vous allez être alité quelques semaines, je le crains."
"Docteur, vos compatriotes m'ont raté, sinon je ne serais pas là à vous parler. Je vous concède que je suis un des rares de mon bataillon qu'ils ont raté et c'est ce qui fait que je ne suis pas très pressé, je n'ai plus personne à commander, alors prenez votre temps et rafistolez-moi bien. J'ai rendez-vous avec quelques-uns de vos "amis" et je ne voudrais pas me présenter diminué. Je compte sur vous."
"Vous n'avez que les combats en tête, vous êtes tous pareils, verts ou bleus qu'importe, vous êtes tous fous!"
"Disons que dans votre pays c'est à peu près la seule distraction que j'ai pu trouver. Mais je vous fais confiance, vous saurez me faire changer d'avis."


Après quelques observations d'usage il me confia à une autre infirmière et prit congé de moi. Pendant qu'on changeait de nouveau mes pansements Sarradin revint.

"Alors Major, qu'a dit le médecin?"
"Rien Sarradin, il a trouvé que j'avais eu de la chance. Merci encore."
"De rien Major. Pour fêter votre retour de parmi les morts j'ai ramené une petite bouteille de riquiqui. On attend que tout le monde déguerpisse et on s'en boit une petite lichée hein?!"
"Pas ce soir Sarradin, j'ai besoin de sommeil. En revanche sois là demain à la première heure, tu m'aideras à faire une promenade dans le parc, j'ai besoin de sentir l'air frais."
"Ben pour être frais il est frais Major, et vous risquez de vous enrhumer. Avec tout les trous que vous avez dans la paillasse ça va faire courant d'air"
dit-il en rigolant.
Je rigolais avec lui mais lui rappelais d'être là le lendemain au lever du soleil.
"Bonsoir Sarradin, à demain."
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Message par vétéran fourchette » Mer Fév 24, 2010 2:31 pm

Il était venu avec l'aurore, m'avait aidé à me vêtir et m'avait soutenu pendant la bonne demi-heure que nous avions passé à marcher le long des promenades du dispensaire. C'est vrai qu'il faisait froid et pourtant ça devait chauffer pour quelques-uns là-bas, derrière les montagnes: on voyait la lueur spéciale que fait le canon quand il déchaine ses enfers. Je n'aurais pas aimé me trouver dans l'axe de sa bouche.
Nous avions parlé de tout et de rien avec Sarradin, cette promenade m'avait été profitable mais il ne fallait pas tenter le Diable et quand il me proposa de rentrer au chaud j'acquiesçais de la tête.

"Dépêchez-vous Major, nous allons nous faire surprendre! Elle n'est pas commode votre infirmière."
"Bah, tu sauras bien trouver les mots pour faire passer son courroux non? Je ne me fais pas de soucis."


Il n'eut pas besoin de faire son numéro de charme. Il me laissa m'allonger seul et rejoignit le 25ème de ligne pour rendre-compte au Major Crapaud. J'étais alité depuis près d'une demi-heure quand Catherine vint me faire ma toilette matinale.

"Bonjour Major, comment allez-vous ce matin?"
"Très bien, merci Catherine. Et vous?"
"Euh... bien... merci."
"Que se passe-t-il? Vous semblez toute chose Catherine. Qu'y a-t-il?"
"Ah, si j'osais..."
"Allez-y diantre, nous sommes suffisamment intime, vous m'avez vu dans ma nudité, pour que vous n'ayez aucun secret pour moi que Diable!"
"Alors voilà Major, jeudi soir je serai la cavalière de Nicolas au bal de la Garde Impériale. Il a eu la bonté de m'inviter et je n'ai pas su refuser. Mais maintenant je suis bien dans l'embarras car je n'ai pas de toilettes suffisamment distinguée pour m'y présenter. Je ne sais pas comment lui annoncer que je ne peux pas aller au bal."
"Mais vous irez ma belle, il ne peut en être autrement. Vous avez bien fait de m'en parler, vous voyez. Je vais vous trouver une belle robe et l'affaire sera réglée, ne vous inquiétez pas!"


Ma certitude la rassura et c'est le cœur léger qu'elle finit sa tâche.

"A ce soir Major, c'est moi qui distribue la soupe. Savez-vous si Nicolas sera là?"
"Bien sûr qu'il sera là. Dès qu'il est libéré de l'instruction il revient ici. Allez savoir pourquoi?"


Où pourrai-je trouver une robe de bal? J'étais devant un grand problème. J'avais 2 jours pour le résoudre. J'y réfléchi toute la matinée et vraiment je ne trouvais aucune solution quand le Capitaine Libéciu vint me rendre visite. Il était connu au 25ème de ligne pour collectionner les conquêtes féminines. Peu de princesses de Polotsk pouvaient nier avoir fini la nuit dans son lit.

"Bonjour Major, comment allez-vous?"
"Très mal Libéciu mais vous pouvez me rendre service. Je sais que je vous suis redevable d'une bonne tournée à la taverne du 25ème mais avant de régler ma dette je vais encore avoir besoin de vos services."
"Que se passe-t-il Major, vous m'inquiétez."
"Non, ne vous faites pas de soucis. Moi je vais très bien mais j'ai une amie qui doit se rendre à un bal dans 2 jours et elle n'a pas de robe à se mettre. Je sais que de votre côté certaines de vos "amies" sont plutôt bien pourvue en belles toilettes. Pensez-vous que l'une d'entre-elles voudrait bien se séparer d'une robe pour une nuit?"
"Euh, vous me prenez de court Major, je ne sais que vous répondre. J'essayerai mais vous savez je garde peu de contact avec mes "amies" une fois qu'elles se rendent compte qu'elles ne sont pas seules dans mon cœur. C'est le drame de ma vie. Enfin, j'essayerai avec la princesse Koutousova."
"Merci Libéciu, si vous pouviez m'enlever cette épine du pied je vous promets une soirée mémorable, vodka et riquiqui à volonté. Si on est chanceux on trouvera bien un hussard à provoquer en duel!"


J'étais euphorique. Le Capitaine Libéciu avait prit ma requête comme une mission sacrée et s'était de suite attelé à la tâche. Il m'avait à peine dit au revoir.
Je mangeais avec appétit, je sentais mes forces revenir tout doucement. C'était vraiment une bonne journée. Après le repas je fis une sieste, le soleil me chauffait le visage. J'imaginais Catherine dans sa robe de bal, elle était resplendissante.

A 17h le docteur Fadeïev vint à son tour me rendre visite.

"Alors Major, comment vous sentez-vous aujourd'hui?"
"Je vais très bien Docteur. Encore 3-4 jours comme ça et je pourrai de nouveau aller sabrer du ruskoffs. Arff, pardon, je m'emporte. J'espère que je ne vous ai pas blessé?
"Non, j'ai l'habitude. C'est vrai que vous avez l'air en pleine forme. Soyez prudent tout de même, deux blessures ne sont pas encore très bien cicatrisées. Si tout continue comme ça dans une semaine vous pourrez vous lever et marcher un peu. Soyez patient!"
"Faites-moi confiance Docteur, je serai sage comme une image."
"J'ai du mal à y croire. Je repasserai demain. Bonne soirée."
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Message par vétéran fourchette » Jeu Fév 25, 2010 7:24 pm

On était mercredi, les visites se succédaient mais je n'en attendais qu'une, celle du Capitaine Libéciu. J'espérais qu'il serait porteur d'une bonne nouvelle.
Il vint se présenter à moi, en fin d'après-midi, alors que le Docteur Fadeïev m'auscultait.

"Alors Libéciu? Annoncez-moi ce que je veux entendre!"
"Non Major, je suis désolé, la Princesse Koutousova soupçonne une nouvelle conquête et elle a trouvé ma requête très désobligeante. J'ai dû la persuader toute la soirée de mes saines intentions et je suis donc passé à côté d'une soirée de bagatelle. J'suis désolé Major."
"Pas autant que moi Libéciu, pas autant que moi. Comment vais-je annoncer à Catherine que je n'ai pu lui trouver une robe?"


Le Docteur se joignit à la conversation.

"Excusez-moi Major, j'ai saisi par hasard quelques bribes de votre conversation. Il me semble que vous cherchez une robe pour mademoiselle Catherine, c'est ça?"
"Oui Docteur, elle doit aller à un bal demain et elle n'a pas de toilette à se mettre. Elle est embarrassée et envisage de ne point se rendre à la soirée."
"Je peux peut-être vous aider Major. J'ai dans mes connaissances une Comtesse dont je sais la garde-robe pourvue. Elle ne me refusera pas ce service. Je lui en parle ce soir et je suis sûr qu'elle viendra elle-même apporter à Catherine la robe demain. J'en fais mon affaire."
"Puissiez-vous dire vrai Docteur."


Je passais une nuit exécrable. Non seulement ce médecin russe me recousait mais en plus il m'aidait à contenter Catherine. N'y avait-il plus rien que je ne saurai faire moi-même?

Le jour j, vers 9h, je vis arriver le Docteur avec, au bras, une ravissante personne. Elle était blonde, plutôt élancée, semblait impressionnée par la multitude de blessés qui remplissaient la salle et ne voulait lâcher le docteur sous aucun prétexte.

"Bonjour Major, je vous présente la Comtesse Kraskova, l'amie dont je vous ai vanté tout le bien."
"Enchanté Comtesse. Si le dixième de ce que m'a raconté le Docteur Fadeïev est vrai vous êtes le meilleur parti de Polotsk. Je suis ravi de vous rencontrer. Excusez ma tenue, les médecins m'ont déconseillé de me vêtir autrement, allez savoir pourquoi."
"Tout le plaisir est pour moi Major"
fit-elle en me tendant sa main gantée. "A ce que m'a dit mon ami je pourrais vous être d'une quelconque aide? J'ai amené avec moi quelques robes afin que votre amie puisse choisir. J'espère qu'elle trouvera son bonheur."
"Merci beaucoup Comtesse, sans vous mon amie Catherine n'aurait pu assister au bal de la Garde Impériale. Je sais qu'elle y tient tout particulièrement. Elle ne devrait pas tarder et vous pourrez parler toilette et volants à volonté."
"Et vous-même Major, n'êtes-vous pas tenté par quelques sorties nocturnes?"
"Je ne suis pour l'instant pas en état mais dans quelques temps, si vous me le proposez à nouveau, je ne refuserai pas de vous accompagner à un bal ou à une pièce de théâtre. J'en suis friant."
"Rendez-vous est prit Major, je compte sur vous. Je demanderai régulièrement au Docteur Fadeïev si vous êtes apte à me suivre et quand il me donnera le feu vert je vous ferai visiter Polotsk de nuit. Il y a tant à faire..."


Catherine arriva enfin. Nous laissâmes les femmes parler chiffons, le Docteur fit les quelques soins qu'il devait faire et tous repartirent de leur côté. Catherine revint quelques minutes plus tard pour me remercier. Il ne lui restait que quelques heures pour se préparer pour le bal mais elle serait prête.

Le reste de la journée se passa tranquillement. Je me levai seul pour aller rendre visite à Jacquinot qui était en convalescence à quelques pièces de la mienne. Je le trouvais endormi et très affaibli. Quelques lanciers survivants de son escadron veillaient sur lui. Ils me racontèrent la fin de cette terrible journée et les souffrances endurées par Jacquinot pour ramener avec lui 6 cavaliers à Polotsk. Tous s'étaient couverts de gloire. A ce moment j'envisageais de proposer Jacquinot pour la médaille de la Nation. Je savais qu'une cérémonie de remise de récompense aurait lieu dans peu de temps et que l'Empereur en personne y assisterait, il fallait que j'en parle au Major Crapaud.
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Message par vétéran fourchette » Ven Fév 26, 2010 1:16 pm

Ma convalescence se passait bien. Depuis 3 semaines j'alternais les sorties dans le jardin et les visites à Jacquinot qui se remettait doucement de ses blessures.
Je recevais régulièrement la visite de la Comtesse Kraskova qui me relançait à chaque fois pour savoir si je pouvais enfin sortir et l'accompagner au théâtre. Le Docteur Fadeïev venait de m'annoncer que je pouvais désormais, sous réserve de prudence, sortir en ville pour changer mon horizon. J'attendais donc avec impatience la Comtesse, qui passait systématiquement à 15h45 pour boire un thé. J'allais enfin pouvoir agréer à sa requête, ça me faisait plaisir.

Il était environ 14h quand j'eus la surprise d'accueillir Monsieur Schulmeister à mon chevet.

"Monsieur, que me vaut l'honneur de votre visite?"
"Bonjour Major. Vous alliez mieux la dernière fois que je vous ai vu. C'était il y a quelques mois il est vrai. Vous revoilà impliqué dans une drôle d'affaire, accompagnez moi dehors et je vous en dirai plus."


Intrigué je l'accompagnai dans le jardin que je connaissais désormais comme ma poche.

"Dîtes m'en plus Monsieur, vous me faites peur!"
"Est-il vrai que vous côtoyez la Comtesse Kraskova?"
"Oui, en effet, je m'apprêtais justement à accepter son invitation pour aller au théâtre ce soir. Que se passe-t-il?"
"C'est une espionne du Tsar... enfin, indirectement. Elle est très liée à quelqu'un que nous surveillons de longue date. Le Pope. Et il vient justement de reprendre contact avec elle. Nous aimerions que vous ayez la Comtesse à l'œil et que vous nous rendiez-compte de ses agissements."


J'étais abasourdi, je n'en revenais pas. Ainsi rien n'était gratuit dans cette maudite guerre.

"A quoi puis-je bien lui servir? Pourquoi moi?"
"Oh, on n'est pas sûr qu'elle se serve de vous mais il se trouve que vous êtes devenus "intime" et que donc, de fait, vous êtes notre agent le mieu introduit. Depuis le début du conflit elle continue de vivre le plus normalement du monde. Peut-être n'a-t-elle rien d'autre a se reprocher que de connaitre le Pope. Mais nous voulons en être sûr! Pourrai-je compter sur vous?"
"Bien sûr Monsieur Schulmeister. Que dois-je faire?"
"Rien d'anormal. Vous vous apprêtiez à accepter son invitation? Faites-le et restez tant que possible avec elle. Rencontrez les gens qu'elle rencontre, tâchez d'en savoir plus."
"Et si je venais à croiser le Pope? Peut-être me reconnaitrait-il, je l'avais rencontré dans son église..."
"Il y a déjà plusieurs mois,... et vous avez changé depuis. Moi-même j'ai failli ne pas vous reconnaitre. Ne vous inquiétez pas, vous ferez illusion."
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Message par vétéran fourchette » Dim Fév 28, 2010 2:28 pm

Il était parti en me laissant avec toutes mes interrogations.
J'avais des envies de meurtre. Il n'aurait pas fait bon être un hussard et passer à côté de moi à l'instant...

La Comtesse Kraskova était ponctuelle. Les 3 carillons venaient de sonner au tocsin quand elle fit son apparition.

"Eh bien Major, le thé n'est pas prêt? Ce n'est pas dans vos habitudes."
"Euh... Non Comtesse, le Docteur Fadeïev m'a apprit une bonne nouvelle et aujourd'hui nous sortons en ville prendre le thé. C'est moi qui invite. Enfin, si vous êtes disponible?"
"Bien sûr Major, quelle heureuse nouvelle que voilà! Vous êtes donc mon invité ce soir au théâtre Poutine, on y joue une pièce moderne en provenance directe d'Italie. Vous allez adorer!"
"Très bien Comtesse, laissez-moi prévenir Catherine que je rentrerai tard ce soir et mettons-nous en route. Ce thé me fera le plus grand bien!"


La promenade me fit du bien, le thé aussi. Il était amusant, ou effrayant, de constater avec quelle célérité la ville s'était reconstruite. Je ne reconnaissait plus du tout les quartiers que j'avais pourtant chevauché en long en large et en travers à la tête de mes cuirassiers.
Je fus surpris quand la Comtesse me proposa d'aller au théâtre, il était à peine 17h30 et le jour commençait à peine à disparaitre.

"Mais Comtesse n'est-il pas trop tôt pour la représentation?"
"Non Major, ici la représentation commence à 18h et finit sensiblement à 20h. Nous irons dîner après, j'ai laissé des consignes à ma cuisinière et vous serez mon hôte."
"Je ne sais pas si je dois accepter Comtesse."
"Allez, ne vous faites pas prier. J'ai invité quelques amis à moi qui seront ravis de faire votre connaissance."
"Alors,..."


La pièce était quelconque à mon goût. Il faut dire que je n'avais pas la tête à ça. "Qui sont donc ces curieux invités? Se peut-il que le Pope y soit? Serai-je en danger?". Les questions s'entrechoquaient dans mon esprit. Je ne pouvais rien faire que subir...
La Comtesse, elle, s'amusait follement. Elle tapait dans ses mains à la moindre réplique. Elle semblait insouciante et soit elle cachait bien son jeu soit je n'avais pas de soucis à me faire. Je décidais donc de profiter de la soirée et de mon hôtesse.

Comme prévu, à la fin de la pièce nous nous rendîmes donc chez la Comtesse. Elle habitait une très belle demeure décorée avec luxe. D'indénombrables portraits ornaient les murs, quelques broderies de chasse, quelques bois de cerfs, de grands tapis,....
Un parterre d'invités était déjà présent et la Comtesse me présenta à chacun d'entre-eux. Le Pope n'y était pas.

Le repas fut exquis. Il fut suivi d'un café et d'un digestif. Je buvais mon cognac en parcourant la maison et m'arrêtais ébahi devant une peinture du Pope. J'étais en train de la fixer quand la Comtesse me rejoignit.

"Mon défunt époux, le Comte Kraskov. Il est mort au combat l'année dernière."
"Je suis désolé Comtesse. Il a fait honneur à son Pays."
"Oui, certainement, mais il n'est plus là. Venez au salon, la Baronne de Brunsteiter va nous jouer un morceau de piano."
"Merci Comtesse mais il est déjà tard. Je vais m'éclipser. Saluez vos compatriotes de ma part. Merci pour cette délicieuse journée Comtesse."
"Merci à vous Major. Nous nous revoyons demain?"
"Bien sûr Comtesse, comme d'habitude, avec plaisir."


Je quittais la demeure en vitesse, j'étais très mal à l'aise. "Ainsi elle est l'épouse du Pope, elle veut me faire croire qu'il est mort alors qu'elle sait parfaitement, pour l'avoir vu la semaine dernière d'après Monsieur Schulmeister, qu'il vit encore." Mon cerveau était en ébullition et tout occupé à réfléchir aux différentes options qui s'offraient à moi que je n'entendis pas des trainards russes m'entourer.

"Alors Monsieur l'Officier Français, on ne sait pas que les rues de Potolsk ne sont pas sûres la nuit et qu'il ne fait pas bon s'y promener seul, surtout si on est franski?"
"Non, je n'en avais aucune idée" fis-je crânement en analysant la situation. 2 russes me faisaient face, ils étaient à environ 2 mètres de moi. Un autre était sur ma gauche un peu plus loin et deux autres encore étaient derrière moi, légèrement sur ma droite, à 4-5 mètres.
"Il va falloir nous donner un p'tit quelque chose pour pouvoir continuer votre route Monseigneur!"
"La seule chose que tu vas avoir c'est des bleus manants si tu continues de menacer un officier de l'Armée Impériale."
"Je ne crois pas Officier"
fit-il en écartant sa pelisse pour laisser apparaitre un pistolet. "Il serait dommage que je sois obligé de faire quelques trous dans ce bel uniforme. Donnes-nous tes pièces d'or, on sait que tu en as."

Je ne la sentais pas cette situation. Ils étaient venus pour me tuer et je n'allais pas me laisser faire. Je comptais profiter de l'effet de surprise. En hurlant je dégainais donc mon sabre et me ruais sur les 2 russes de devant.

PAN, PAN, PAN... PAN

Avant que je n'arrive sur eux ils étaient déjà raide comme un coup de trique, un trou sanguinolent au milieu du visage.
Je me retournais sur les autres russes mais ils avaient déjà disparu, sauf un qui gisait aussi sur la chaussée.

"Alors Major, on a de curieuses fréquentations? Sans nous ils vous étripaient non?"
"Oui, vous avez certainement raison, mais qui êtes-vous?"
"Monsieur Schulmeister nous a dit de veiller sur vous. il faut croire qu'il a bien fait."
"Oui, vous le remercierez. Bonne soirée"
Répondis-je agacé.
"Bonne soirée Major, soyez prudent sur la route.... ahahahaha"
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Message par vétéran fourchette » Lun Mars 08, 2010 10:01 pm

Je venais de quitter les "gendarmes" français....

"Putain, ça ne va pas se passer comme ça..." me dis-je en me rendant chez la Comtesse. J'étais décidé à lui faire part de mon mécontentement (c'était un moindre mot). J'avais été suivi à partir de chez elle, j'en avais la certitude, et je devais savoir pourquoi et surtout par qui j'étais pisté.

Quand j'arrivais à la demeure de la Comtesse les invités étaient visiblement déjà partis. La maison semblait calme. Comme je l'observais à partir d'un couvert du jardin je pus me rendre compte qu'une seule pièce était éclairée. D'après mes souvenirs c'était le salon.
Je me glissais donc au plus près de la fenêtre et risquais un œil.
La comtesse était en conversation avec un inconnu vêtu de noir et une personne qui était assise dans un fauteuil et qui me tournait le dos. J'étais certain que c'était le Pope.

Je pouvais entendre quelques bribes de phrases:

"... 4 jours,... médaille..." disait la Comtesse
"... assez de temps... ... soupçons... ... tueurs..." répondit le Pope
"Je suis... ..., ... me protéger. Sans cela... ... ... ..." reprit la Comtesse
"Viendra... ... ...Léon ..., ... ... vengeance... ..., ..." répliqua l'homme en noir.

Il me semblait en avoir assez entendu. La Comtesse était de mèche dans un complot. Son implication ne faisait plus aucun doute. Je me retournais et scrutais le noir pour tenter de voir si les "gendarmes" avaient eu la bonne idée de continuer à me suivre. Il fallait qu'on intervienne maintenant, le Pope était à notre portée mais seul je ne pouvais pas faire grand-chose.

Je retournais donc sur mes pas pour tenter de retrouver mes anges-gardiens et alors que je désespérais de les voir ils apparurent devant moi comme par enchantement.

"Alors Major, vous n'êtes pas encore couché?"
"Non, venez vite, suivez-moi, on doit retourner chez la Comtesse pour arrêter un ennemi à la Nation!"
"Non Major, nous ne prenons nos ordres que de Monsieur Schulmeister et il nous a bien dit de ne rien tenter dans cette maison. J'ajoute qu'il nous a dit de vous empêcher de faire une "connerie", je le cite."
"Ce n'est pas possible, on doit y aller. Accompagnez-moi, c'est l'affaire de 15 minutes."


Je me retournais et m'apprêtais à m'élancer vers le domicile de la Comtesse quand je ressenti un grand coup sur la nuque. A peine le temps de m'étonner que je tombais dans les pommes.

"Fan, il nous avait bien dit qu'il nous causerait des problèmes mais je ne pensais pas qu'on allait avoir besoin d'en arriver à cette extrémité...."
"Un coriace ce client... et la tête dure! Avec ce que je lui ai mis je pensais qu'il tomberait direct."
"C'est un breton, tout de granit! Heureusement que tu lui as mis la dose sinon ça pouvait durer."


...

Je me réveillais au petit matin. J'étais dans mon lit à l'hôpital. J'avais un mal de tête...
En plus de Sarradin qui me veillait comme à chaque fois il y avait Catherine.

"Ah, vous revoilà Major! Comment allez-vous?"
"Qu'est-ce que je fais ici, que s'est-il passé?"
"Les gendarmes vous ont ramené cette nuit, à ce qu'il parait vous avez été agressé par des brigands qui vous ont assommé avant que la maréchaussée n'intervienne. A priori ils ont réussi à mettre en fuite les russes et en ont même tué 3. Vous l'avez échappé belle! Que vous voulaient-ils?"
"Oui, je me souviens. Ils en voulaient à mon argent."
répondis-je en me disant que les "gendarmes" avaient bien ficelé leur histoire.
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Message par vétéran fourchette » Dim Mars 14, 2010 10:46 pm

"Major", me dit Sarradin, "dans quelques jours il est question que l'Empereur lui-même vienne ici remettre la Croix à quelques braves de la Grande Armée. Je sais que vous aviez envie de proposer le Capitaine Jacquinot pour ses faits d'armes. Ne serait-ce pas l'occasion?"
"Oui, pourquoi pas? Fais venir le Lieutenant Hautpoul à moi. J'ai eu le plaisir de le rencontrer récemment et je suis persuadé qu'il saura trouver les mots justes pour la lettre de recommandation. Je n'ai malheureusement pas le temps de m'en occuper moi-même. Les gendarmes ne t'ont rien dit de plus?"
"Non Major, ils repasseront cet après-midi pour prendre votre déposition mais rien de plus."
"Bien, merci. Si je ne suis pas tenu de rester ici ce matin je vais aller me promener. Je dois rencontrer quelqu'un."
"Voulez-vous que je vous accompagne Major?"
"Non Sarradin, merci. Je te retrouve ici à 14h, sois accompagné d'Hautpoul, nous règlerons cette histoire de médaille cet après-midi."


J'étais décidé d'aller voir Monsieur Schulmeister, il me devait quelques explications. Dès que Sarradin et Catherine se furent éloignés je m'habillais prestement.
Monsieur Schulmeister logeait au 13 rue de l'Enfer. Je crois que c'était les soldats du Vème Corps qui avaient appelé ainsi cette rue tant elle avait été la cause de combats épiques qui avaient finalement vus la victoire des troupes de l'Empereur. Les traces de ces combats étaient encore visibles mais tout avait été reconstruit à une vitesse phénoménale.
Il était à peine 9h30 quand je frappais à la porte de la belle demeure dans laquelle avait trouvé refuge l'"Espion" de l'Empereur.

"Qui est-ce?" me demanda-t-on à travers la porte.
"Le Major Fourchette du 25ème de ligne, je viens voir Monsieur Schulmeister."
"Vous êtes attendu?"
"Non mais il est très important que je le vois le plus tôt possible."
"Attendez."


J'étais sur le pas de la porte depuis près de 5mn quand j'entendis le loquet manœuvrer.
Un de mes "gendarmes" apparut, il me tira à l'intérieur et pendant que je rentrais dans la maison il jeta un coup d'oeil à l'extérieur. Je pense que c'était pour s'assurer que je n'avais pas été suivi.

"Bonjour Major, comment allez-vous?"

Il se foutait ouvertement de ma gueule...

"Monsieur, si vous aviez le bonheur d'être vous aussi Major je vous donnerai tout aussitôt rendez-vous sur le pré derrière l'hôpital, vous y seriez bien soigné, mais comme vous n'avez pas le courage de montrer au monde votre état je dois bien m'en remettre à ce que je vois. Et malheureusement je ne pense pas pouvoir avoir le bonheur de tremper mon épée dans votre corps. Faites-moi mentir!"
"Je ne peux Major, je ne suis "que" Chef de Bataillon mais gardons contact et si vous êtes encore vivant quand je serai promu Major je vous payerai une flûte et un enterrement."
"Rendez-vous est pris Commandant. Maintenant, puis-je voir Monsieur Schulmeister?"

"Je suis là Fourchette, montez me rejoindre!"
Il était à l'étage et visiblement il avait assisté à la conversation que nous venions d'avoir, un de ses sbires et moi.

Je montais les marches 4 à 4. Il m'attendait et me fit entrer dans son bureau.

"Asseyez-vous. Vous voulez boire quelque chose?"
"Non merci Monsieur, il faut que je vous entretienne d'un fait important."
"Et vous croyez que de boire un verre vous empêchera de parler?"
me coupa-t-il.
"Non, bien sûr.... Qu'avez-vous à me proposer?"
"A la bonne heure! Whisky, vodka, cointrau ou armagnac?"
"Il est peut-être un peu tôt pour attaquer si fort non? Vous n'avez pas du café?"
"Non! C'est ça ou rien. Vous êtes si surprenant Fourchette..."
"Armagnac alors Monsieur."
"Bien. De quoi voulez-vous me parler? De la soirée d'hier soir?"
"Oui Monsieur. Quand vos hommes m'ont assommé je leur demandais de m'accompagner chez la Comtesse Kraskova où se trouvaient j'en suis sûr le Pope et un mystérieux inconnu."
"Nous savons tout ça Fourchette. C'est la partie immergée de l'iceberg. Ces personnes ne nous intéressent pas, enfin pas encore, nous voulons savoir qui tire les ficelles. Et nous devons attendre. Vous avez failli tout faire rater et mes hommes ont bien fait de vous... neutraliser."
"Qu'envisagez-vous de faire alors? Si je dois continuer à voir la Comtesse je dois le savoir."
"Nous pensons que la Comtesse veut se faire inviter à la 8ème cérémonie de remise des récompenses. Elle, ou un de ses complices, agira à ce moment là mais nous devons savoir par quel moyen ils projettent d'attenter à la vie de l'Empereur, car ce n'est rien de moins que ça dont il s'agit, pour mieux les contrer. Et c'est en ça que nous comptons sur vous. Vous devez savoir comment ils comptent tuer l'Empereur!"


J'en restais bouche-bée....
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Message par vétéran fourchette » Jeu Mars 18, 2010 11:32 pm

...

Mon retour au dispensaire en fin de matinée avait été silencieux. Ainsi c'est de ça qu'il s'agissait: un attentat contre l'Empereur...

...

Je trouvais Sarradin dans les jardins.

"Major, j'ai fait venir le Lieutenant Hautpoul, il vous attend dans votre chambre. Je crois qu'il a déjà commencé à rédiger la lettre de recommandation pour Jacquinot."
"Bien, j'ai hâte de le voir..."


"Mes respects Major!"
"Bonjour Lieutenant, repos. Alors, à ce que me dit Sarradin vous avez déjà commencé la lettre?"
"Oui Major, je l'ai finie d'ailleurs."
"Ah bon, n'avez-vous pas besoin que je vous donne quelques détails?"
"Ce n'est pas la peine Major, tout le bataillon connait par coeur les faits d'armes du Capitaine Jacquinot. C'est un honneur de servir sous les ordres de tels hommes."
"Bien, et vous me dites que vous avez fini?"
"Oui Major, j'ai récupéré les formulaires auprès de l'officier d'ordonnance et à ce qu'il me dit le Capitaine Jacquinot pourrait se voir remettre la Croix des mains de l'Empereur lui-même."


Puisque tout était en ordre je laissais le jeune lieutenant retourner auprès des autorités compétentes pour enregistrer ma demande.

"Il n'est pas un peu jeune Sarradin?"
"Euh, je ne me suis pas rendu-compte Major... Il y a quelques temps, à notre arrivée ici on ne devait pas faire beaucoup plus agé non?"
"Oui, tu as certainement raison..."


"Et alors, qu'est-ce que j'apprends?" La Comtesse venait de faire irruption dans ma chambre. "On me dit que vous vous êtes fait agressé en sortant de chez moi? Comment allez-vous Major? Que s'est-il passé?"
"Rien de grave Comtesse. J'étais presque déjà arrivé à l'hôpital d'ailleurs, ce n'était pas à côté de chez vous. Quelques brigands m'ont menacé mais la maréchaussée est intervenue à temps et tout est rentré dans l'ordre."
"Et vous êtes sûr que tout va bien Major, je m'en voudrais tellement que vous soyiez à nouveau convalescent."
"Pas autant que moi Comtesse, je viens d'apprendre qu'un de mes subordonné sera certainement décoré des mains de l'Empereur très prochainement. Je n'aurais raté la cérémonie pour rien au monde."
"...Ah bon, l'Empereur lui-même, quel honneur! Et qui est le chanceux?"
"C'est le Capitaine Jacquinot, qui lui aussi est hospitalisé à quelques lits de là. Accompagnez-moi, je vais vous présenter à ce brave."


Je ne savais pas trop ce que je faisais mais j'avais le sentiment que c'était le bon choix. Je précédais la Comtesse dans les couloirs.

"Attendez-moi là Comtesse, je vais voir si le Capitaine est présentable" fis-je à la porte de la chambre.

TOC, TOC TOC...

"Entrez!"
"Eh bien Capitaine, c'est comme ça qu'on accueille son Commandant?"
"Major, quelle surprise! Comment allez-vous?"
"Et toi vieille canaille? Sors ta bouteille de vodka et sers-moi une rincée. Je suis venu te présenter à une Comtesse russe qui meurt d'envie de voir un héro, un vrai."
"Vrai de vrai? Vous voulez dire que derrière cette porte il y a une Comtesse qui vient me voir moi?"
fit-il en servant 2 verres de vodka.
"Oui, rien que toi et tes cicatrices. Rajoutes d'ailleurs un troisième verre, elle se joindra à nous. J'étais venu m'assurer que t'étais présentable. Entrez Comtesse!"

"Comtesse, je vous présente le Capitaine Agnan Jacquinot. Capitaine, la Comtesse Kraskova. Et puisque les présentations sont faites buvons un coup!"
"Comtesse, permettez, vous êtes splendide."
fit Jacquinot en fixant la poitrine voluptueuse de la Comtesse.
"Merci Capitaine. Je suis très honorée de rencontrer quelqu'un qui va se faire décorer par l'Empereur."
"...?..."
"Le Capitaine n'est pas encore au courant Comtesse, vous allez trop vite. Eh oui Agnan, t'es pressenti pour être décoré par le p'tit Tondu. Je lève mon verre à ton honneur, c'est le nôtre!"
"Merci Major, je ne sais pas quoi dire..."
"Ne dis rien... et bois. De plus rien n'est officiel."
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Message par vétéran fourchette » Sam Mars 20, 2010 3:57 pm

...

Nous avons fait un sort à la bouteille de vodka de Jacquinot.

"Comtesse, je vous laisse avec le Capitaine, j'ai un rendez-vous. Retrouvons-nous ce soir, il me semble que le Prince Raptsine donne une réception, m'accompagnerez-vous?
"Euh, je ne sais pas Major. Il faut que je vois mon agenda et je vous donnerai une réponse vers 18h."
"Bien Comtesse, à tout à l'heure. Agnan, prends soin de mon invitée."
"Reçu Major, Vous m'avez déjà donné des missions plus compliquées..."


Je les quittais donc. Je n'avais pas de rendez-vous mais je voulais voir comment réagirait la Comtesse en se trouvant avec une personne qui pourrait peut-être lui fournir le sésame pour assister à la cérémonie.
Alors que je m'éloignais j'entendis la Comtesse et Agnan éclater de rire. Je m'empressais d'aller dans le jardin où je savais pouvoir avoir de bonnes vues sur la chambre de Jacquinot.
Quand je fus enfin en place sur une grosse branche du noyer Jacquinot venait d'enfouir son visage entre les seins de la Comtesse. Si elle ne semblait pas goûter au plaisir, Agnan, quand à lui semblait disons "ému".
Il ne tint d'ailleurs pas plus longtemps et le corsage de la Comtesse ne résista pas à sa poigne. Les seins jaillirent, ils étaient fermes et les tétons étaient déjà tendus. Agnan passait sa langue de l'un à l'autre. Ses mains non plus ne restaient pas inactives: pendant que sa gauche caressait la poitrine de la Comtesse, sa main droite avait disparu sous la robe. La comtesse se tortillait et soudain je vis réapparaitre la main droite de mon Capitaine: elle tenait la culotte et il la porta à son visage.
L'odeur dut le rendre fou car il sauta au pied de son lit et alors qu'il se déshabillait la Comtesse s'allongeait à plat ventre sur le lit, la robe remontée sur les hanches.
Du haut de mon arbre je devais être à 20 mètres de l'action et pourtant je discernais parfaitement le sexe luisant de la Comtesse. Agnan l'avait somme toute assez peu manié et pourtant elle semblait prête à le recevoir. Il se ficha devant elle 1 ou 2 secondes et d'une seule poussée la pénétra profondément. Si je n'entendais pas les cris de la Comtesse je pouvais voir son visage se déformer à chaque fois qu'Agnan venait buter au fond d'elle. Elle semblait prendre du plaisir pour de bon.
J'en avais assez vu, je savais maintenant jusqu'où la Comtesse était prête à aller pour s'attirer les faveurs de Jacquinot. Il ne me restait plus qu'à mettre Jacquinot au courant des velléités de la Comtesse.

Je retournais donc dans l'hôpital et restais caché jusqu'à ce que la Comtesse s'en aille. Pendant l'attente je fus pris d'un fou-rire: le Pope avait des cornes!

Dès qu'elle disparut je me ruais dans la chambre de Jacquinot qui me vit entrer avec frayeur.

"Ce n'est pas ce que vous croyez Major" fit-il en se rhabillant.
"Peu importe Agnan, assieds-toi, et écoutes-moi attentivement. La Comtesse est trempée dans un complot dont le but ultime est la mort de Napoléon. Elle a couché avec toi pour pouvoir t'accompagner à la cérémonie et mettre en œuvre ses noirs desseins. Habilles-toi, tu vas m'accompagner chez Monsieur Schulmeister où tu répèteras tout ce que la Comtesse a pu te dire."
"Bien Major, si j'avais su je n'aurais pas cédé, je suis confus."
"Ne t'en fais pas, en fait ça nous arrange que tu aies cédé, maintenant on sait que c'est par toi qu'ils tenteront d'approcher l'Empereur, ça nous évite de chercher tout azimut."
"Ah bon, si j'ai rendu service alors..."
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Message par vétéran fourchette » Dim Mars 21, 2010 11:52 pm

Jacquinot s'était habillé avec hâte.
Pour ne pas perdre de temps nous avions pris un carrosse qui nous avait déposé à 2 pas de la demeure où avaient trouvé refuge Monsieur Schulmeister et ses sbires.
Il ne nous avait pas fallu plus de 10 minutes pour expliquer dans le détail (en en omettant quelques-uns, croustillants, qui n'auraient fait que peu avancer l'enquête) ce qu'il s'était passé à l'hôpital.

"Ainsi elle se dévoile. La cérémonie doit avoir lieu dans 2 jours, ils doivent être pressés de trouver une opportunité. Eh bien nous allons leur donner cette chance. Jacquinot, vous inviterez la Comtesse et avec elle un de ses proches, le tueur certainement. Nous garderons un œil sur eux ne vous inquiétez pas."
"Monsieur Schulmeister, pourquoi ne les arrêteriez-vous pas dès leur entrée au palais?"
"Pour être sûr qu'ils n'auront plus le temps de mettre leur plan B en application. Major, vous serez de la partie, la Comtesse ne comprendrait pas que vous soyez absent."
"Ce n'est pas une bonne idée Monsieur Schulmeister, imaginons que le tueur soit le Pope, non seulement je l'ai déjà croisé mais en plus la Comtesse m'a présenté son défunt époux chez elle, sur un tableau."
"Ah, c'est fâcheux en effet. Vous devrez donc rester alité, une mauvaise rechute, je vous fait confiance."
"Bien, Sarradin t'accompagnera Agnan, c'est un bon tireur, tant au pistolet qu'à l'épée. J'imagine Monsieur Schulmeister que vos hommes seront eux aussi présents?"
"Ils le sont toujours Major...Repassez demain, nous mettrons au point notre plan. Bonne journée."



Le retour à l'hôpital était silencieux. Nous étions tout deux dans nos pensées.

...

"Major, et si nous rations notre coup, si l'Empereur était touché?"
"C'est impossible Agnan, tu l'as bien entendu, il y aura pour la sécurité du p'tit Tondu plus de troupes que pour la prise de Potolsk."
"Oui, mais quand même..."


...

Nous arrivons enfin à l'hôpital.

"Major, un domestique de la Comtesse Kraskova a amené ce papier pour vous."
"Merci Sarradin"
fis-je en lisant la lettre. La Comtesse m'annonçait qu'elle était prise ce soir et qu'elle ne pourrait pas m'accompagner chez le Prince Raptsine.

"Jacquinot, Sarradin, venez ici demain matin à 8h. Nous irons nous promener."
"Euh, je comptais emmener Catherine pour la journée Major, c'est son jour de repos."
"Une autre fois Sarradin. Il est important que tu sois là demain matin. Je compte sur toi."
"Bien Major, vous pouvez bien sûr!"


Je les laissais libre pour la journée. Jacquinot savait de quoi il en retournait et j'étais prêt à parier qu'il passerait, tout comme moi d'ailleurs, une sale journée. Sarradin quand à lui n'était pas encore dans la confidence. Sa journée promettait donc d'être plus cool.

Je ne m'étais pas trompé, je venais de passer une pauvre journée. La nuit avait été pire. Si j'avais dormi 2 heures c'était le bout du monde. J'avais des cernes de dingue. A 8h pétante Sarradin et Jacquinot était devant ma chambre.

"Bien les gars, vous êtes ponctuels, c'est bien. On va aller voir Monsieur Schulmeister, on t'expliquera en chemin Sarradin."

Quand nous sommes arrivés chez Monsieur Schulmeister Sarradin était au courant de tout. Quand nous en sommes ressortis nous savions exactement ce qui nous attendait le lendemain. Monsieur Schulmeister nous avait remis 4 laissez-passer. Il ne restait plus à Agnan qu'à inviter la Comtesse...
Dernière édition par vétéran fourchette le Dim Mars 28, 2010 12:18 am, édité 1 fois.
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Message par vétéran fourchette » Mer Mars 24, 2010 9:16 pm

Ce fut fait dans la soirée. La Comtesse était venue, comme à son habitude, me rendre visite. J'avais simulé un gros rhume, une grosse température qui me tiendrait alité pour 48h. Agnan lui aussi était là quand la Comtesse arriva.

"Comtesse, me ferez-vous le plaisir de m'accompagner à la réception demain? J'ai 4 laissez-passer, Sarradin m'accompagnera, il représentera le Major Fourchette, et je vous cède les 2 autres: amenez qui vous voudrez. Nous assisterons non seulement à la remise des breloques mais il est prévu que l'Empereur me décore personnellement pendant le repas qui suivra la cérémonie."
"Évidemment que je viendrai Agnan, quel honneur pour moi que de voir ce formidable homme qu'est Napoléon. J'ai un ami qui en pâlira de jalousie... Ou plutôt non, c'est lui que j'inviterai, il m'en sera éternellement reconnaissant. Et je vous serai redevable."
"Formidable, nous prendrons un carrosse mis à notre disposition par le Grand Chambellan. Nous avons rendez-vous à 10h30."
"Je me ferai belle pour vous Agnan. A demain!"


Elle courrait presque dans les couloirs de l'hôpital, pressée certainement d'aller rendre-compte de sa réussite.

"C'est parti Agnan, les dés sont jetés."
"Oui Major. Puisse Monsieur Schulmeister dire vrai, puissent ses sbires être aussi forts qu'ils le disent...."
"Allez, va te reposer, t'as une grosse journée demain. Tu n'es pas trop déçu pour la Rouge?"
"Non Major, pas du tout. Si toute cette histoire peut déjouer un complot, ça sera là ma récompense."
"Allez, ripe. Et repose-toi! C'est un ordre!"


Le lendemain, à 10h30 je vis Agnan, Sarradin, la Comtesse et un homme qu'il me sembla reconnaitre comme étant celui qui était avec la Comtesse et le Pope le soir de mon agression monter dans un luxueux carrosse. Je savais que Sarradin portait sur lui 2 pistolets chargés et 1 dague, souvenir d'un combat contre les cossacks.
Je ne pouvais plus rien contrôler, Agnan me raconterait....


...Fin...
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