par vétéran fourchette » Dim Fév 28, 2010 2:28 pm
Il était parti en me laissant avec toutes mes interrogations.
J'avais des envies de meurtre. Il n'aurait pas fait bon être un hussard et passer à côté de moi à l'instant...
La Comtesse Kraskova était ponctuelle. Les 3 carillons venaient de sonner au tocsin quand elle fit son apparition.
"Eh bien Major, le thé n'est pas prêt? Ce n'est pas dans vos habitudes."
"Euh... Non Comtesse, le Docteur Fadeïev m'a apprit une bonne nouvelle et aujourd'hui nous sortons en ville prendre le thé. C'est moi qui invite. Enfin, si vous êtes disponible?"
"Bien sûr Major, quelle heureuse nouvelle que voilà! Vous êtes donc mon invité ce soir au théâtre Poutine, on y joue une pièce moderne en provenance directe d'Italie. Vous allez adorer!"
"Très bien Comtesse, laissez-moi prévenir Catherine que je rentrerai tard ce soir et mettons-nous en route. Ce thé me fera le plus grand bien!"
La promenade me fit du bien, le thé aussi. Il était amusant, ou effrayant, de constater avec quelle célérité la ville s'était reconstruite. Je ne reconnaissait plus du tout les quartiers que j'avais pourtant chevauché en long en large et en travers à la tête de mes cuirassiers.
Je fus surpris quand la Comtesse me proposa d'aller au théâtre, il était à peine 17h30 et le jour commençait à peine à disparaitre.
"Mais Comtesse n'est-il pas trop tôt pour la représentation?"
"Non Major, ici la représentation commence à 18h et finit sensiblement à 20h. Nous irons dîner après, j'ai laissé des consignes à ma cuisinière et vous serez mon hôte."
"Je ne sais pas si je dois accepter Comtesse."
"Allez, ne vous faites pas prier. J'ai invité quelques amis à moi qui seront ravis de faire votre connaissance."
"Alors,..."
La pièce était quelconque à mon goût. Il faut dire que je n'avais pas la tête à ça. "Qui sont donc ces curieux invités? Se peut-il que le Pope y soit? Serai-je en danger?". Les questions s'entrechoquaient dans mon esprit. Je ne pouvais rien faire que subir...
La Comtesse, elle, s'amusait follement. Elle tapait dans ses mains à la moindre réplique. Elle semblait insouciante et soit elle cachait bien son jeu soit je n'avais pas de soucis à me faire. Je décidais donc de profiter de la soirée et de mon hôtesse.
Comme prévu, à la fin de la pièce nous nous rendîmes donc chez la Comtesse. Elle habitait une très belle demeure décorée avec luxe. D'indénombrables portraits ornaient les murs, quelques broderies de chasse, quelques bois de cerfs, de grands tapis,....
Un parterre d'invités était déjà présent et la Comtesse me présenta à chacun d'entre-eux. Le Pope n'y était pas.
Le repas fut exquis. Il fut suivi d'un café et d'un digestif. Je buvais mon cognac en parcourant la maison et m'arrêtais ébahi devant une peinture du Pope. J'étais en train de la fixer quand la Comtesse me rejoignit.
"Mon défunt époux, le Comte Kraskov. Il est mort au combat l'année dernière."
"Je suis désolé Comtesse. Il a fait honneur à son Pays."
"Oui, certainement, mais il n'est plus là. Venez au salon, la Baronne de Brunsteiter va nous jouer un morceau de piano."
"Merci Comtesse mais il est déjà tard. Je vais m'éclipser. Saluez vos compatriotes de ma part. Merci pour cette délicieuse journée Comtesse."
"Merci à vous Major. Nous nous revoyons demain?"
"Bien sûr Comtesse, comme d'habitude, avec plaisir."
Je quittais la demeure en vitesse, j'étais très mal à l'aise. "Ainsi elle est l'épouse du Pope, elle veut me faire croire qu'il est mort alors qu'elle sait parfaitement, pour l'avoir vu la semaine dernière d'après Monsieur Schulmeister, qu'il vit encore." Mon cerveau était en ébullition et tout occupé à réfléchir aux différentes options qui s'offraient à moi que je n'entendis pas des trainards russes m'entourer.
"Alors Monsieur l'Officier Français, on ne sait pas que les rues de Potolsk ne sont pas sûres la nuit et qu'il ne fait pas bon s'y promener seul, surtout si on est franski?"
"Non, je n'en avais aucune idée" fis-je crânement en analysant la situation. 2 russes me faisaient face, ils étaient à environ 2 mètres de moi. Un autre était sur ma gauche un peu plus loin et deux autres encore étaient derrière moi, légèrement sur ma droite, à 4-5 mètres.
"Il va falloir nous donner un p'tit quelque chose pour pouvoir continuer votre route Monseigneur!"
"La seule chose que tu vas avoir c'est des bleus manants si tu continues de menacer un officier de l'Armée Impériale."
"Je ne crois pas Officier" fit-il en écartant sa pelisse pour laisser apparaitre un pistolet. "Il serait dommage que je sois obligé de faire quelques trous dans ce bel uniforme. Donnes-nous tes pièces d'or, on sait que tu en as."
Je ne la sentais pas cette situation. Ils étaient venus pour me tuer et je n'allais pas me laisser faire. Je comptais profiter de l'effet de surprise. En hurlant je dégainais donc mon sabre et me ruais sur les 2 russes de devant.
PAN, PAN, PAN... PAN
Avant que je n'arrive sur eux ils étaient déjà raide comme un coup de trique, un trou sanguinolent au milieu du visage.
Je me retournais sur les autres russes mais ils avaient déjà disparu, sauf un qui gisait aussi sur la chaussée.
"Alors Major, on a de curieuses fréquentations? Sans nous ils vous étripaient non?"
"Oui, vous avez certainement raison, mais qui êtes-vous?"
"Monsieur Schulmeister nous a dit de veiller sur vous. il faut croire qu'il a bien fait."
"Oui, vous le remercierez. Bonne soirée" Répondis-je agacé.
"Bonne soirée Major, soyez prudent sur la route.... ahahahaha"