Du Sud au Nord

[vétéran Astore Cavallini (Mat. 1475)]

Il y avait trop longtemps que la "Brigade Infernale" menaçait Styrgad et ses vertes contrées. Les forces tsaristes avaient vaillamment défendu la ville devant des troupes bonapartistes organisées et opiniâtres. Mais cette marée bleue au coeur du dispositif tsariste en agaçait plus d'un.

Les Chefs de guerre du "Kazak Voïsko" avaient atteint leur objectif à "Polotsk la Grande". Plus d'un an que la capitale de cette province était sous le joug de l'armée franski. Une fois l'église des quartiers nord, ou "quartiers cosaques", libérée, le "Kazak Voïsko" aux côtés du "Voïsko d'Araktcheïev" avait un à un libéré les immeubles à pans de bois et luxueuses maisons bourgeoises. Les bordels et autres lupanars de la ville n'avaient jamais connu un tel chambards. Sans compter les épouses et filles de riches bourgeois par trop conciliants avec l'ennemi, et qui ne furent guère ménagées.

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Mais plus au nord, la "Brigade Infernale ravageait le pays. Pour les cosaques, leurs manoeuvres étaient une audace qu'il fallait promptement corriger. Or donc, la dernière assemblée de la Rada fut sans appel: "Tous au nord pour mâter ces forts-en-gueule de la "Brigade Infernale!!!"

Ainsi le "Kazak Voïsko" avait quitté les faubourgs de Polotsk, et marchait sur Styrgad. Chargés des butins pris à Polotsk, plusieurs lourds chariots cosaques prenaient en parallèle la route du sud-est pour gagner la crimée et les abords du Dniepr, terres originelles cosaques.

Le moral était bon, les hommes y allaient de leurs chansons traditionnelles, paillardes et militaires. La route fut semée d'embuches, des rixes courantes avec les unités ennemies qui grossissaient, et qui empruntaient la route plus à l'ouest. Mais rien ne pouvait arrêter les cosaques en marche.

Un sort funeste attendait la "Brigade Infernale"... qui s'apprêtait à prendre une douche froide. La "Brigade Infernale" ne durerait pas plus qu'un feu d'étoupe!



[HRP/ RP écrit avec la permission de Percy...]

[Nicolaïkov (Mat. 14144)]

"Un triste chant slave résonna sur la déroute et les cadavres abandonnés par la Brigade infernale sur le champ de bataille du Sud de Styrgrad.

L'horrible s'était produit à l'inconscience confiante de quelques supérieurs du Puissant Nain.

Le temps du printemps était revenu avec de nouvelles résolutions.

Un vieux Grognard russe savourait la lecture d'un carnet publié sous main à propos des aventures d'un certain Percy. L'homme haut gradé semblait quelque peu désorienté sur la réalité du champ de bataille franco-ruse et le devenir de ses faits d'exploit au Sud de la sus nommée Styrgrad. Vu que, lui-même, avait croisé ce regard, le vieux bougre, et le texte qu'il lisait à haute voix au coin du feu avant le dernier assault, ne semblait réellement miroiter les évènements que sa mémoire garderaient de l'audacieuse aventure des batraciens dans son marais natal.
Le vieux Grognard sourit saluant la bravoure, les utopies et l'insouciance des soldats du Nain à la lorgnette.

"Espoirs et mensonges mêlés !" tonitrua t'il au novice russe qui écoutait sa lecture et relata la chose sur un bout de papier."

Ainsi la veuve du Novice finit de lire ce lambeau de missive, ébranlée et pensive , entourée de ses nombeux enfants, dans les frais rayons de soleil sur la taïga.

[vétéran Percy (Mat. 18958)]

Quelques carrés de la BI, immobiles face à l’ennemie tinrent jusqu'à la nuit. La nuit venant, la mort aussi, ils attendirent cette ombre double, et, inébranlables, s’en laissèrent envelopper. Chaque compagnie, isolée des autres et n’ayant plus de lien avec le reste de la Grande armée, se sublimait pour son compte. L’Officier Tyler Durden et les Adjudants Tulipier et Relmyer, avaient pris position, pour faire cette dernière action, dans la plaine au Nord de Polotsk. Là, déterminés et terrifiants, ces carrés ordonnés agonisaient formidablement.

[vétéran Percy (Mat. 18958)]

Peu après l’aube, vers dix heures du matin, sur la plaine, il en restait un. Dans cette vallée funeste, inondée maintenant par les masses russes, sous les feux convergents de l’ennemie, sous une effroyable densité de balles, ce carré luttait. Il était commandé par un des plus brillant officier de la BI nommé Tyler Durden. A chaque décharge, le carré diminuait, et ripostait. Il répliquait aux charges par des fusillades désespérées, rétrécissant continuellement ses quatre murs.

Le Major Tyler Durden gardait en mémoire les coassements prématurés de l’adjudant Nikolaikov, l’« amphibiologue », à la tête d’une estafette de cavaliers russes:
Bonne ballade, chers Ecumeurs de rivages slaves, batraciens de nos mares et villages. Ne cherchez pas trop à sauver vos chevrons. Nous vous avons tous dans le grand colimateur (NB : collimateur – en français) autrement appelé le grand alembic (Nb : alambic - en français). Jolie tentative appréciée de tous nos grand stratège mais un peu préméditée...."

Auquel il avait répondu : Messieurs, certes nous tomberons, mais à la française, avec panache

Quand cette compagnie ne fut plus qu’une poignée, quand leur drapeau ne fut plus qu'une loque, quand leurs fusils épuisés de balles ne furent plus que des bâtons armés de baionnette, quand le sous-groupe des blessés fut plus grand que le groupe valide, il y eut parmi les vainqueurs une sorte de terreur sacrée autour de ces grenadiers sublimes, et les russes, reprenant haleine, firent silence. Ce fut une espèce de répit. Ces combattants avaient autour d’eux comme un fourmillement de spectres, des silhouettes d’hommes à cheval et à pieds; la colossale tête de mort que les héros entrevoient toujours dans la fumée au fond de la bataille, s’avançait sur eux et les regardait. Ils purent entendre dans l’ombre crépusculaire qu’on chargeait les armes et alors, ému, tenant la minute suprême suspendue au-dessus de ces hommes, un colonel russe, Vitali Viatchesla selon les uns, le capitaine Kreminskaia selon les autres, leur cria : Braves Français, rendez vous !

Tyler Durden répondit : La BI meurt mais ne se rend pas ! »….

Percy apprenant la nouvelle, leva les yeux au ciel : Foudroyer d’une telle phrase les russes qui vous tuent, c’est vaincre…

[vétéran Percy (Mat. 18958)]

La mort n'intimide pas les Grenadiers de Tyler Durden ; au contraire, l'ardeur de ces hommes intrépides croît avec le danger; le Major l'affronte au milieu d'eux avec un courage héroïque qui enflamme tous les cœurs ; le feu des russes ne se ralentit pas, et les tirs des fusiliers de la garde du tzar deviennent plus précis, plus meurtriers. Tyler Durden alors commande la retraite ; mais, au lieu de le poursuivre, les russes semblent s'arrêter étonné des efforts désespérés de cette poignée d'hommes qu’ils avaient crus si facile d'écraser, …

Le Major resserre sa compagnie avec lenteur à quelque distance de la rivière. La nuit devenait plus obscure de moment en moment ; certain que sa proie, cernée de toutes parts, ne peut lui échapper, le Chef de bataillon Dolgourki suspend tout-à-fait le combat, et envoie un parlementaire à Tyler Durden pour l'engager à se rendre. L’Officier de la BI refuse avec fermeté, mais sans vaine jactance. Suspendant aussitôt la marche de sa compagnie, il en parcourt les rangs afin de connaître l'étendue de ses pertes et ce qui lui reste de forces.

Un vieux de la Vieille BI l’interpella : « Rien n’est perdu », lui dit-il; « Mais que convient-il de faire ? » — « Marchons vers Polotsk » lui répondit Tyler Durden, avec sang-froid , « Nous n'en sommes plus éloignés que de quelques lieues »

Le Vieux Grenadier reprit : « Suivons le cours de la rivière par la rive, nous rejoindrons la BI et le Colonel Percy qui nous attend plus à l’ouest. »…

[vétéran Percy (Mat. 18958)]

Le MajorTyler Durden soutenait glorieusement les attaques contre des forces si supérieures aux siennes, persuadé qu'il pourrait toujours faire face là où il ne faudrait que du courage. Mais il n'était pas sans inquiétude pour parer à toutes les grandes manœuvres contre lesquelles, dans un pays de plaine, la valeur est toujours obligée de céder au nombre. Pour assurer ses arrières, il avait envoyé, dans la nuit, un Grenadier sur les bords de la Dwina, afin d'observer les mouvements de l'ennemie.

Le Grenadier, à la suite de sa première reconnaissance, instruisit le Major Tyler Durden qu'il n'y avait sur les bords de la Dwina que de faibles partis russes.

Le Major sentit alors qu'il n'avait d'autre parti à prendre qu'à repasser la Dwina, pour rejoindre la Grande armée; mais, voulant cacher aux russes son projet de retraite, il annonça qu'on ne s'y préparerait que vers la fin du jour et dans le plus grand silence, afin de mieux dérober un mouvement qui pourrait devenir fatal par les obstacles qu'opposerait l'ennemi s'il venait à s'en apercevoir.

Le campement étant abandonné vers les six heures du matin, le Major SirAmaury en prit possession; il n'y trouva que des sabres et fusils ramassés sur le champ de bataille; leur grand nombre attesta la valeur de nos soldats.

La retraite de la compagnie de Tyler Durden fut encore glorieuse, puisqu'au milieu d'une position si critique, et qui devait avoir des suites si désastreuses, l'ennemi avoua n'avoir obtenu pour trophée qu'une sauteuse ayant servi à la cuisson de cuisses de grenouille, si nombreuses en bord de rivière .

[vétéran Percy (Mat. 18958)]

La compagnie de Tyler Durden se mit en marche dans le plus grand silence; se dirigeant d'abord droit à l’ouest, entre la mine et la route menant à Polotsk, puis, tournant vers le nord-ouest, elle gagna la pointe occidentale de la montagne.
Les Nôtres avaient déjà fait, à la faveur de la profonde obscurité qui les protégeait, une lieue et demie au travers de la plaine; ils n'étaient plus qu'à cinq cents toises de la Dwina, qu'ils atteignirent bientôt. Le Major Tyler Durden suivit ensuite le cours de ce cours d'eau, jusqu'à ce que ses bords moins escarpés n'opposassent plus autant d'obstacles au passage de ses hommes et des bagages.
Sa compagnie faisait enfin la jonction avec les premières compagnies de la BI dont les hussards de son bataillon.

Le Major aperçut alors une cinquantaine d'hommes agitant leurs sabres et hurlant : " Hourra ! Hourra ! "

Le courage et l'habileté de l'Officier Tyler Durden dans l'exécution de cette savante manœuvre, a mérité l'admiration de la postérité et son inscription sur la liste des futurs récipiendaires pour l’obtention de la médaille du mérite .

[vétéran Percy (Mat. 18958)]

Commandant la Brigade Infernale, le Colonel Percy s'avançât avec ses grenadiers vers la route qui conduisait au village.
Bientôt, dans sa marche, il rencontrât une masse d'infanterie russe qui se trouvait soutenue par quelques escadrons de lanciers de la division romanov. Dès que les Français arrivèrent à portée de tir, les fusiliers russes ne perdirent pas un instant et leur lâchèrent quelques salves. Dès lors, plusieurs fantassins des compagnies de l’adjudant Relmyer et du Colonel Percy furent fauchés en quelques instants. La réplique du bataillon Percy ne se fit pas attendre.

L’adjudant Relmyer fit avancer ses fusiliers et commençât à porter un ravage encore plus grand dans les rangs de l'infanterie russe. Pour un fantassin Français renversé, trois fantassins russes étaient couchés à terre. La compagnie de varrotigurius fut anéantie. Ce résultat était, notamment, du à la supériorité technique et tactique de l’infanterie Française.

Finalement, voulant profiter des ravages que portaient ses fusiliers chez l'ennemi, le Colonel Percy décidât d'en finir avec les rangs désorganisés et épuisés des russes qui venaient de subir les salves des braves de Relmyer. Dès lors, les lanciers de Margont chargèrent la compagnie de l'Adjudant Vladimir Meldeview à la lance et culbutèrent les rangs ennemis qui vacillèrent.

Repoussée par la charge des lanciers, la compagnie russe réussit, néanmoins, à reformer ses lignes en avant de la zone des combats. Cependant, elle venait de perdre beaucoup de terrain et avait subi de fortes pertes. Les fusilliers de Adjudant Mirliflore du Xe sous commandement du Colonel Aumodre terminèrent le travail...le nombre important de blessés dans les rangs ennemis les fit fuir et ils battirent en retraite ! Cette compagnie de moujiks n'était plus !

[vétéran Percy (Mat. 18958)]

Hier à la fin du jour, le Colonel Percy et les adjudants Relmyer, Margont et Glüntz se distinguèrent particulièrement. Margont, Chef d’escadron, chargea l'ennemi à la tête des lanciers. Dans cette charge, il déplora 1 mort et 4 blessés, mais tua au moins dix hommes de sa main, et somma un adjudant de l’armée du tzar blessé par lui de se rendre.

Ensuite, l’adjudant Relmyer et le colonel Percy à la tête de ses grenadiers, firent mouvements vers les russes en déroute.
L’adjudant Relmyer ordonna une salve, mais il savait qu'il ne pouvait anéantir la compagnie russe (sous les ordres d'un certain Plonplon) qui avait déjà servi de souffre-douleurs et de faire-valoir aux lanciers de Margont

Le Colonel Percy regarda dans la direction de cette compagnie aux abois :
- "Premier rang, un genou à terre !"
Percy s'avança vers ses hommes et vint se positionner derrière le premier rang.
- "Le rang du milieu ouvrira le feu en premier suivi par les premier et dernier rangs ... Feu !!!"
Une salve suffit. Le commandement adverse ne parvenait plus à maintenir la cohésion de son unité et l'ennemi s'enfuyait dans la plus grande confusion.

Percy s’adressant à l’adjudant Glüntz :
- "Traversez la Dwina ! Et en avant au pas de course !"

Glüntz prit place à la tête de ses hommes et les conduisit vers les russes qui battaient en retraite !

Le porte-drapeau russe s'échappa pour porter sa précieuse enseigne à l'arrière, mais une dernière détonation retentit et le drapeau ennemi tomba sur le sol. Un homme vêtu de vert essaya de récupérer le drapeau, mais Glûntz, qui fonçait déjà sur lui, le transperça d'un coup de baionnette, se pencha et ramassa le drapeau ennemi.

Le Bataillon de Percy avait glorieusement pu capturer son 24ème drapeau.....

Une nouvelle fois, les soldats de la Grande Armée montrèrent combien ils étaient supérieurs à leurs adversaires.

[vétéran Percy (Mat. 18958)]

Le colonel Percy prenait connaissance du rapport de l'Officier Axou:

Mardi :

Ca y est l'assaut était donné, les hussard du Chef de Bataillon Polo c'était élancé vers le village, le Drapeau Français était brandi fièrement et les lames des sabres resplendissaient aux rayons de soleil qui avaient percés les nuages gris qui recouvraient toute la plaine , ainsi que le village. Malgré le mauvais temps, le clocher de l'église était visible au loin, clocher qui fut l'objectif de ces valeureux hussards, ils avançaient au galop les yeux fixés sur l’église, suivit de l'officier Polo et du Major Latanier. Les troupes Françaises réussirent à se frayer un chemin dans la ville, passant par dessus les barricades tenues par les quelques soldats russes, ivres, qui patrouillaient en ville.
L'attaque fut un succès, ils prirent possession du quartier Ouest du village.
Au soir, le Capitaine Axou et ses voltigeurs s'élancèrent à travers la plaine, sans un bruit ils avançaient, on n'entendaient pas un homme, seulement le clapotis des sabres dans leur fourreaux , des baïonnettes au fusil , et des sacs . Ils se frayèrent un chemin à travers les cuirassiers de Reedenov et des hommes du Major Yalkin Yanovich, et arrivèrent dans la ville à leur tour, ses voltigeurs restèrent sur les remparts, afin de surveiller les renforts Russes qui arrivaient de plus en plus nombreux aux abords du village. Le capitaine Axou vînt se placer non loin des hussards du Chef de Bataillon Polo.
Le jour se coucha sur le village qui se disputait à présent entre Français et russes, même si le drapeau Français resplendissait sur le village.

Mercredi :

La nuit avait été dure pour les Français , ils n'ont ni eut le temps de se reposer ni même de dormir , les Russes attaquèrent sans arrêt , il reprirent l'église. Alors dans les airs on vit un Drapeau Français en feu. On put alors lire dans les yeux de chaque soldat une haine si énorme, qu'elle est indescriptible. Le Capitaine Axou voyant ça, lança un chant Français, ce chant fut chanté alors chanté par tous les Français présents , le moral des hommes n'avait jamais été aussi fort : malgré les attaques , le Capitaine Axou résistait, désormais en première ligne . Au fur et à mesure que les hommes tombaient, le moral ne désemplissait pas, au contraire , il ne fit qu'augmenter , et les chants se firent de plus en plus fort .
De la compagnie du Capitaine Axou arrivé en ville avec ses 186 hommes, il n'en restait plus que 89 et quelques blessés . Le moral n'avait pas baissé.

Dans la plaine au loin, les hommes de la Jeune et de la Vieille BI, entendaient ces chants Français, ils n'avaient à présent qu'une seule envie : les rejoindre, leur prêter main forte , et surtout combattre aux côtés de ces valeureux soldats qui illustrent bien ce dont est capable la Brigade Infernale .....
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Capitaine axou11111
Commissaire de Guerre de la Brigade Infernale

Dès qu'il eut terminé la lecture du rapport, le Colonel Percy griffonna quelques mots sur une feuille de papier velin qu'il remit au chef d'escadron Margont: "Portez cette missive aux braves qui font face dans le village"

Officiers Polo, Axou et Latanier,

je suis content de vous ; vous avez justifié, en cette journée , tout ce que j'attendais de votre intrépidité ; vous avez décoré l'Aigle de la Bellone d'une immortelle gloire...
La BI vient à votre rencontre et vous reverra avec joie.

TENEZ BON !, je pense bien à vous.

Signé:
Colonel Percy
Commandant la BI

[vétéran Percy (Mat. 18958)]

Depuis longtemps les soldats ne s'entretenaient que des souvenirs que leur avaient laissés les lieux et les événements dont ils avaient été témoins lors de la première bataille.
Déjà l'on apercevait au loin le clocher de M’Rod à travers la vapeur qui s'élevait du village. A sa vue nos soldats éprouvèrent un effet d'enthousiasme au moins semblable à celui qu'avait produit autrefois sur ceux de Godefroy de Bouillon, en Palestine, l'aspect du Saint Sépulcre de Jérusalem, lorsqu'après tant de fatigues ils arrivèrent devant la cité sainte.
La joie animait tous les visages. Le soleil brillait et rayonnait sur nos armes. Notre ardeur, notre impatience d'arriver étaient sans égales; et ce mouvement, ce spectacle, ce carillon retentissant de tant de cloches mises en branle pour sonnerie tocsin et signaler notre approche, donnait à tout ce qui nous entourait l'aspect d'un jour de fête.
Personne ne découvrait de fortifications apparentes, et tout semblait encore promettre une victoire facile. Déjà nous étions près du village, à peu près à la distance d'une portée de canon. Des voltigeurs russes cachés dans les jardins, derrière les arbres et les buissons, commencèrent une fusillade de plus en plus nourrie, qui obligea nos avant-postes à les attaquer avec précaution. Les fossés dont ces jardins sont entourés, auraient pu ralentir notre marche; mais les russes ne cherchèrent pas longtemps à s'y maintenir, et ils se retirèrent assez près de leurs murs, autour desquels tout avait été rasé à la portée du fusil.
Le 30ème , le Xème et la BI venaient de faire jonction…Le choc allait être effroyable !

[vétéran Polo (Mat. 29296)]

Une émeraude est un joli caillou qui peut faire tourner bien des têtes, mais il ne faut pas oublier que c'est un caillou très dur.

Depuis une semaine nous menions la reconnaissance du bataillon vers un obscur village perdu dans l'immensité des steppes russes. Ce village n'avait même pas de nom, juste un code '', ou pour les ignares M'rod - il m'a fallu deux bières pour comprendre ce que cela voulait dire, aucune poésie les gars, aucune poésie.

Bref, vendredi dernier après avoir vu le village de loin, ordre est donné de faire une reconnaissance soutenue, bref en gros, il faut entrer en ville repérer les troquets tenus par les russes, ceux qui servent du Borsch, et récupérer les cartes.
Le village est à moitié désert, mais à l'extérieur rodent des Cuirs russes assoiffés de sang.
Ordre est donné de bivouaquer pas loin du village, de fourrager et d'éclairer le front sans donner l'alerte.
Dimanche nous iront prendre le café sur la place d'M'rod !

Malheureusement le temps dimanche n'était pas au beau fixe, risque de pluie, chemins boueux, retard des colonnes de renforts.
Les ordres sont modifiés : reco dans le village ! enfin modifiés ce sont les mêmes qu'avant, car attaquer le village avec un bataillon réduit - seul sans soutien c'est un peu de la folie.

Ordre est passé pour mardi matin 0700. Nous entrons dans M'rod en avant garde de la BI !
Mardi matin, ........
L'empereur, sa femme, et le p'tit prince
Sont venus chez moi, pour me serrer la pince.
Mais comme j'étais parti,

Voooodkaaaaaaaa Tovarich !

Ah oui, ... donc .... euh... Mardi matin, nous entrons dans le village plus si désert que çà.
2 compagnies de la BI se sont déjà jetées dans le village quelques heures avant, le reste du bataillon arrive à marches forcées, le reste est à moins de 24 heures derrière.
Malheureusement depuis la veille les russes en déroute se replient sur le village et des renforts arrivent. Ils semblent vouloir tenir le village.
Les compagnies d'élite de Nicaise et Bara ouvrent la route, les quelques troupes russes en couverture sont soit évitées soit écrasées afin d'atteindre au plus vite l'objectif (118/122), l'église, tenue par une compagnie russe.
Bref et sanglant, l'assaut fut rapide et efficace.
0705 ce mardi le dernier cheval est rentré dans l'église ... ce fut pas simple, ils voulaient pas rentrer les chevaux, mais nous avions une arme secrète .... les réserves d'avoine russe !

Très vite les russes réagissent, mais nous résistons ! Les pertes sont lourdes, il est midi.
Nous tenons toujours l'église. Des renforts russes sont en vue, les français aussi.
L'après midi est calme, seule une attaque sous le lourd soleil, mais l'orage gronde à l'horizon. Le moral est au beau fixe malgré les pertes qui augmentent.

Les ordres sont de tenir jusqu'à la relève. Le 30e doit traverser la rivière et nous rejoindre. De l'autre côté la BI et le 10e sont en vue du village, seules quelques unités russes en déroute leur bloquent la route.

La nuit tombe sur M'rod et ses reflets ... on m'avait dit "bleu comme l'enfer", mais en Russie l'enfer est vert .....
Une dernière nuit, 10 heures, avant que la relève n'arrive ... au petit matin.


Plus tard : le lendemain matin à l'aube, les (derniers) hussards tenaient toujours M'Rod, enfin de compte ils auront attendu les renforts 25 heures avant de céder. Le village changera plusieurs fois de côtés et il sera roi de ses propres mains , mais ceci et une autre histoire

[vétéran Percy (Mat. 18958)]

Soldats, Adjudant, Officiers, Chefs de section de la BI,

Vous avez en quinze jours remporté la 2ème bataille de M'Rod, pris de nombreux drapeaux, détruits des pièces de canon et tué ou blessé une multitude de russes.

Vous vous étiez déjà battus ici, sans trop de succès.
Lors de cette offensive victorieuse, dénués de tout vous avez supplée à tout. Vous avez passé des rivières sans pont, fait des marches forcées sans souliers, bivouaqué sans eau-de-vie et souvent sans pain.

Les Hommes de la BI en cohésion avec les soldats du 30 ème régiment d'infanterie et du Xe corps d'Armée étaient seuls capables de souffrir ce que vous avez souffert.

Mais soldats, vous n'avez rien fait, puisqu'il vous reste encore à faire. Ni Moscou, ni Saint Petersbourg ne sont à vous. La patrie a droit d'attendre de vous de grandes choses: justifierez vous son attente ?
Vous avez encore des combats à livrer, des villes à prendre, des rivières à passer.
Tous brûlent de porter au loin la gloire de la Grande Armée; tous veulent dicter une paix glorieuse, tous veulent, en rentrant dans leurs villages, pouvoir dire avec fierté: «J'étais de la Campagne de Russie!».