Styrgard - Du Nord au Sud

[vétéran Kreminskaia (Mat. 34621)]

Dieux que les routes sont longues !!!
Depuis le début de l'année, le bataillon du Capitaine Kreminskaia ne faisait que marcher, marcher, encore marcher et, combattre un peu. Les paires de chaussures de réserve s'épuisaient.
La frustration montait dans les rangs. Ces hommes qui avaient été entrainés dûrement, avaient participé à toutes les mission périlleuses demandées par le Commandant des Grognards du Tsar. A chaque appel de volontaires, ils avaient répondu présent. Leur confiance dans leurs officiers étaient sans bornes. Les rumeurs qui leur parvenaient sur le Commandant du Régiment étaient toutes élogieuses.
Puis, ils furent fondu dans un nouveau Régiment, la Division Romanov. Une nouvelle histoire allait s'écrire....
L'envie de combattre était toujours très forte et les marches et contremarches leur pesaient fort. La poussière soulevée et les fatigues accumulées avaient provoqué un état d'esprit particulier...
A quand le combat héroique ???
Même si la prise de la ferme Nord Ouest avait quelque peu calmé la rancoeur des soldats à l'égard des officiers, celle ci revenait régulièrement avec de plus en plus d'intensité.
Certes, la prise de la ferme Nord Ouest avait été un bon moment, la victoire partagée avec d'autres régiments enfin soudés vers un objectif commun avait été appréciée.
Néanmoins, ces soldats, entrainés aux féroces combats, habitués à apprécier l'appreté des corps à corps, la glorieuse incertitude du face à face et le goût du sang, en avaient été pour leurs frais.

En effet, l'immense vague russe avait submergé les Franszoukis dont l'absence de combativité avait surpris tout le monde. Le massacre autour de la ferme d'unités regroupées comme des moutons n'avait pas suffit à effacer cette frustration, au contraire.
Certes, l'expérience et les trophés d'unités Franszouskies anéanties s'étaient accumulés, mais un goût amer restait en bouche.
Puis il fallu faire face à la riposte organisée et bien préparée des Franszoukis. Une mission de protection d'une mine était confiée au Capitaine Kreminskaia, entouré de bons compagnons d'armes de leur nouveau régiment, la Division Romanov.
Après avoir repoussé les avant-gardes Franszouskis, le corps d'armée Franszouski se présentait face à la section russe. Le déséquilibre des forces était trop important pour résister plus avant. Aucune unité russe ne recula et l'honneur guida chaque officier du groupe de combat que dirigeait le Capitaine Kreminskaia.

Les soldats avaient peu apprécié cette mission de défense désespérée. Le retour au bivouac avait permis de ressasser la défaite et le ressentiment des hommes n'en était que plus fort. Tout était de la faute de ces officiers, trop prompts à accepter n'importe quelle mission. L'idée s'était faite jour qu'on ne proposait plus à leur bataillon que les missions vouées à l'échec, que tout le monde refusait.
Encore une fois, il fallait repartir, boucher les trous et se sacrifier pour d'autres: L'ordre était tombé de protéger et tenir la ville de Styrgrad.
Le bataillon du Capitaine Kreminskaia s'était agrandi d'une milice locale, impropre aux opérations de grande envergure et peu aguerrie. Ces hommes, trop tôt partis de leurs foyers, commençaient à flancher. Leur démotivation et leurs peurs se communiquaient aux autres compagnies du bataillon.
Les adjudants de Kreminskaia lui avaient rendu compte de l'état d'esprit médiocre des troupes. Mais que faire ?
Les ordres étaient de rejoindre au plus vite les positions assignées autour de Styrgrad et la marche s'annonçait encore une fois longue et pénible.

[vétéran Kreminskaia (Mat. 34621)]

La défense de la ville avait été organisée par les pontes de la Division Romanov. Chaque unité avait sa place et les positions de combat de combat dévolues au bataillon Kreminskaia étaient le Sud Est de Styrgard, en plaine. Une Section de combat par site avec échelonnement et passages de consignes réguliers, telles étaient les instructions.
Le bataillon Kreminskaia arriva après les autres en ordre de marche, à savoir, la compagnie des voltigeurs à gauche, les deux compagnies de fusiliers devant et en arrière garde les miliciens.

Ces derniers avaient été laissés en arrière car leur mauvais esprit risquait de contaminer toutes les troupes. Mieux valait les éloigner...

Les combats faisaient déjà rage autour de Styrgrad, la pression Franszouskie s'accentuait et le front se redessinait. Une partie du terrain dévolu au bataillon avait subi divers affrontements, mais les combats s'étaient un peu éloignés.

Ainsi, les zones du futur combat avaient été nettoyées et remises en forme par les pionniers du bataillon Kreminskaia. En effet, le sol était encore jonché d'armes brisées, de baionnettes tordues, qui illustraient la férocité des combats précédents. De multiples taches de sang parsemaient les positions et montraient l'acharnement des corps à corps.

Peu de temps après, les Franszouskis se présentaient...
La Division Romanov avait en face d'elle la Brigade Infernale, des indépendants, l'Ecole Militaire Française, quelques troupes du 18 ème RI et autres... La partie s'annonçait serrée et les nouvelles venant de la ville inquiétaient les soldats.

L'organisation Franszouskie était impeccable, formidablement agencée par le major Percy qui virevoltait de troupes en troupes. Les uniformes bleus, les pantalons blancs et les divers couleurs de Shakos impressionnaient les miliciens de Novgorod, confrontés pour la première fois à une vraie bataille. Le nombre des troupes en présence, l'impression de gigantisme augmentaient l'appréhension des soldats. Le capitaine Kreminskaia s'en rendait compte et devait réconforter les siens.

Une proclamation du Capitaine Kreminskaia fut lue sur le front des troupes appelant chacun à faire son devoir et portait haut l'honneur des troupes originaires de Novgorod la Belle:

« Soldats de Novgorod !!
Ici se joue l'honneur de votre régiment !
L'avenir de l'armée russe !!
La sécurité de vos foyers !!
Et, accessoirement, vos pauvres vies !!
Pour sauver tout ce pour quoi nous croyons et vivons, il faut tenir et vaincre ici !!!
La survie de l'armée russe tient sur vos épaules et je sais qu'elles sont solides !!
Le feu sacré qui vous anime, la férocité que je lis dans vos yeux seront les meilleurs remèdes aux rêves de conquête Franszouskie !!!
Rabaissons le caquet aux parleurs Franszouskis dont les discours de liberté masquent leur volonté d'asservir les Russes, de trousser vos femmes et réduire vos enfants à l'esclavage !!!
Il importe de bouter l'ennemi des terres sacrées de la Sainte Russie !
Je sais pouvoir compter sur vous, toute Novgorod la Belle vous regarde et prie pour ses enfants, soyons en dignes !!
Souvenons nous de nos anciens qui anéantirent jadis les hordes teutoniques sous les ordres du Prince Alexandre Nevski !!
Vive le Tsar !!!
Vive l'armée russe !!
Vive la Division Romanov !!! »

Ouf !! La proclamation produisit l'effet escompté et les rangs russes bougeaient, les soldats s'avançaient, invectivaient les Franszouskis au loin et faisaient montre d'une agressivité de bon aloi pour l'engagement.

Les troupes se rapprochèrent.

[vétéran Kreminskaia (Mat. 34621)]

L'attaque avait commencée et les escarmouches donnaient à fond. Les salves se succédaient les unes aux autres.
Le rouleau compresseur Franszouski, mené par le major Percy, se mettait en action et les troupes russes lui faisant face étaient laminées, rigoureusement et sans états d'âme.
Les unités du bataillon Kreminskaia se retrouvaient en première ligne, la peur au ventre mais avec la joie de remplir leurs espérances des semaines passées. Enfin, ils pourraient montrer ce qu'ils avaient dans les tripes et finies ces marches interminables !!!

La position russe était forte, appuyée sur la ville, habilement défendue par le Major Koutouliov. De ce côté-là, pas de soucis, cela tiendrait avec honneur.
Aux côtés du capitaine Kreminskaia, les troupes voyaient sur leur flanc gauche l'expérimenté Major Orloff, dont les prouesses au sein du régiment des Jaggers étaient devenues légendaires. Les nouvelles solidarités créées au sein de la Division Romanov rassuraient les soldats et les adjudants. Ils savaient pouvoir compter les uns sur les autres. Les échanges de missives étaient réguliers et fréquents, en particulier avec le jeune souslieutenant Vladimir Nikolaiev qui faisait bonne figure.

Cependant, les troupes Franszouskies se renforçaient et poussaient de plus en plus, encadrées par les grenadiers Tresorum, Jermanowski et Taum. Les autres bataillons russes de la ligne se repliaient sous leurs coups de butoir.

La férocité et l'acharnement mis par les Franszoukis provoquaient l'apparition d'une ombre dans le regard des nouveaux soldats, recrutés à la va-vite, les miliciens de Novgorod. Ceux-ci, après avoir déblatéré sur leurs officiers durant la longue marche, rechignaient de plus en plus à reformer les rangs après chaque attaque. L'encadrement était impuissant à endiguer la peur qui apparaissait au sein des rangs. Le risque d'une contamination des autres troupes était grand.

A ce moment-là, la compagnie des voltigeurs de Narishkin harcelaient les troupes peu aguerries du sous Lieutenant Franszouski Fontenoy. Trop avancés dans la plaine, ils ne virent pas s'avancer les fusiliers de Croco, le bien nommé. Celui ci arrivait derrière les voltigeurs embusqués et n'allait en faire qu'une bouchée. Voyant l'imminence de la catastrophe, Kreminskaia se tourna vers ses troupes et celles de son adjoint. Mais elles étaient éreintées par les combats précédents, incapables de se porter en avant au secours de Nariskin. Wintzingerode regardait ses bottes et certains soldats pleuraient, de fatigue et de frustration. D'autres détournaient le regard et se bouchaient les oreilles pour ne pas entendre les cris de détresse et de surprise de leurs camarades. Kreminskaia n'osait pas porter son regard sur la milice, médiocres soldats en qui il n'avait plus confiance.

Pourtant, des cliquetis d'armes, un tambour battant la charge se fit entendre, comme une réponse à un appel désespéré, comme un phare perçant la brume. Le pas lourd d'une troupe se fit entendre derrière Kreminskaia. Une estafette vint lui apporter une missive:
« De l'adjudant ZASS, officier responsable de la milice de Novgorod,
Mon Capitaine, nous savons la défiance des troupes régulières à notre égard et le peu de considération que l'on nous porte. Cela me blesse profondément ainsi que mes hommes. Mais le destin nous donne une chance de nous racheter. Vive Novgorod !! Vive la Division Romanov !! »
La milice, formée en colonne d'assaut, en rangs serrés, baionnettes au clair, marchait sous le roulement des tambours. Le pas rapide leur permis d'arriver sur la compagnie de Croco prise en plein flagrant délit de changement de formation. La rage mise dans le corps à corps par des soldats non professionnels fut impressionnante. Les Franszouksis, complètement surpris et rapidement déboussolés, tentèrent de faire face, mais l'Erinye Déroute planait sur eux.
Ce fut la débandade et une course effrénée pour rejoindre leurs lignes, poursuivis par les Hurras des miliciens. Ils avaient dégagé et sauvé la compagnie de voltigeurs, promise à une mort certaine. Ceux ci purent se replier en ordre et rejoindre le bataillon.
L'élan des miliciens, leur exitation désorganisaient l'unité, malgré les ordres hurlés par l'adjudant Zass. La milice se retrouvait seule, toute proche des lignes Franszoukies. Les officiers Franszouksis avaient également dû voir le combat. Leur riposte ne devait pas tarder. Déjà, une tension dans l'air ambiant, annonciatrice de troupes en approche, se faisait sentir.

[vétéran Kreminskaia (Mat. 34621)]

Puis, plus rien. Plus un bruit, comme si chaque soldat s'était tenu immobile. Un changement s'était produit, changement étranger aux hommes.
Un vent fort se leva. Alors qu'un soleil d'hiver brillait au firmament peu auparavant, une masse nuageuse sombre apparue du côté ennemi et recouvrit l'horizon. On se crût en pleine nuit alors qu'il était une heure post meridiem. Un halo de lumière palote permettait juste de voir le terrain.

Soudain, une bourrasque, une tempête survint d'abord sur les troupes Franszoukies, se dirigeant sur nous. Des débris de toutes sortes, effets vestimentaires, shakos, toiles, étaient emportées par le vent. On voyait les rangs ennemis ployer sous le souffle. Les unités se désorganisaient, on voyait des lignes entières de soldats se recroqueviller pour réduire leur prise au vent.

D'un coup le tonnerre se déclencha et des éclairs zébraient le ciel noir. Une pluie violente et drue se mit à tomber, fouettant les visages des hommes, mettant à terre les étendards, faisant tomber les moins solides des soldats.
L'Apocalypse semblait sur le point de se déchainer.

Cette bourrasque arriva sur nos troupes postées à Styrgrad et dans la plaine. Instinctivement les soldats se serrèrent. Ils pointaient leurs baïonnettes vers le ciel, comme s'ils attendaient l'assaut de démons venus du ciel.
Les volets des maisons de Styrgrad encore debouts furent arrachés et les portes sautèrent de leurs gonds. La puissance du vent obligea tous ces hommes à se coucher au sol. Aucun endroit ne semblait suffisamment sûr pour éviter la colère des éléments. En un instant, le sol était recouvert de flaques d'eau immenses, la peur se voyait dans les yeux des plus jeunes. Des prières scandées montaient des rangs.
La Nature semblait avoir pris sa revanche sur l'illusoire toute puissance des hommes.

[vétéran Kreminskaia (Mat. 34621)]

Dans cette tempête, il n'y avait plus ennemi ni ami, chacun cherchait un abri, voulant sauver sa peau.
Un air de fin du monde s'abattit sur Styrgrad et ses environs.
Kreminskaia se souvint d'un événement similaire, une tempête s'était acharnée sur Pskov, ville voisine de sa Novgorod natale, alors qu'il avait 8 ans.
Après son passage, la ville avait été dévastée, plus un dôme d'église ne tenait debout, toutes les maisons et tous les palais avaient été endommagés et Pskov avait mis des années à s'en remettre.
Les anciens comparaient cette catastrophe avec les ravages causés à la ville par les Chevaliers Teutoniques écrasés par le Prince de Novgorod Alexandre Nevski le 5 avril 1242 près du lac de Peïpous.

[vétéran Kreminskaia (Mat. 34621)]

Cela dura ainsi un temps infini...

Puis la pluie cessa et le vent tomba. Les officiers relevèrent la tête de leur capote, se redressèrent. Les trompettes et clairons battirent le rappel des troupes. Les russes se réunirent sur Styrgrad, point de ralliement naturel. Les appels et le ramassage des égarés prit beaucoup de temps. Certains avaient perdu leurs fusils, les chevaux s'étaient enfuis, la désorganisation régnait.
Les Franszouskis de leur côté avaient battu en retraite et étaient montés vers le Nord panser leurs plaies. Installés en plaine devant la ville, ils avaient plus souffert encore que nous.

Après plus de 24 heures de confusion, les bataillons et régiments se reformaient, mais les pertes en matériels étaient énormes. Certains drapeaux étaient toujours portés manquants !!
Aucune liaison n'avait pu être établie avec l'Etat Major du Tsar. Les seules missives échangées l'étaient avec les unités toutes proches, en visuel.
Le Colonel Bienfoski, Chef de la Division Romanov, Phare dans la tempête, donna l'ordre aux unités déjà prêtes de se porter à la poursuite des Franszouskis.
Dés réception de la missive, à la suite du valeureux Major Koutouliov, le Capitaine Kreminskaia rassembla ses adjudants et organisa l'échelonnement des compagnies : Narishkin et ses voltigeurs en éclaireurs, Wintzingerode en ligne juste derrière pour un appui feu, Kreminskaia en troupes de choc et Zass en serre-file.
Les troupes se mirent en route.
Les premiers combats furent faciles, les unités débandées de trainards Franszouskis ne présentaient pas de danger réel, les pertes étaient minimes. Il s'agissait plus de recueillir des prisonniers que de combattre. L'avancée de nos troupes était rapide.
Des nouvelles confuses parvenaient enfin de l'Etat Major russe, la tempête aurait chamboulé les campements, les bases de repli, les lieux de stockage de nourriture...
A croire qu'un basculement entre l'ennemi et nous s'était produit. Incroyable !!!
Plus aucune directive claire ne nous parvenait, des bruits selon lesquels des troupes ennemies se baladaient dans nos lignes étaient rapportés, sans doute exagérés.

[vétéran Kreminskaia (Mat. 34621)]

Devant l'interrogation qui se faisait jour chez ses soldats et ses adjudants, Kreminskaia fit presser le pas et monter toutes les compagnies en première ligne. Ordre fut donné de n'attaquer l'ennemi qu'au corps à corps !! Ainsi, les esprits de chacun seraient occupés à combattre et non plus à se lancer en vaines réflexions.
Néanmoins, Kreminskaia était inquiet, il n'avait devant lui que des débris de régiments Franszouskis. L'enthousiasme des officiers russes de l'Armée du Maréchal qui combattaient à ses côtés n'arrivait pas à le rassurer. Où se trouvaient les autres Franszouskis ??

Kreminskaia se souvenait de l'élan de la Brigade Infernale et de son chef, le Colonel Percy. Où était il ? Connaissant son orgueil et son esprit combattif, il ne pouvait s'être replié aussi rapidement que vaincu par la Nature. Il allait certainement revenir donner l'assaut sur Styrgrad.

[vétéran Kreminskaia (Mat. 34621)]

Des missives étaient échangées sur ce sujet avec les autres officiers de la Division Romanov. Il était décidé qu'une partie du Régiment resterait sur Styrgrad et que d'autres, dont Kreminskaia, continueraient à refouler les Franszouskis. D'ailleurs un message de demande d'aide rédigé par les Préobrajenskys nous était parvenu et il était commandé d'accélérer le pas.

Les anéantissements d'unités Franszouskis se poursuivaient à un bon rythme. Décidément, cette tempête avait du bon, de troupes aguerries de la Brigade Infernale, on passait à des restes d'unités du 3ème Régiment d'Infanterie de Ligne, sans coordination et fuyant sans réellement combattre.
Les soldats du bataillon Kreminskaia commençaient à adopter un comportement déplaisant. Malgré les ordres donnés, ils dépouillaient systématiquement les prisonniers et cadavres Franszouskis, s'affublaient de tenues volées à des civils russes par l'ennemi en se moquant de celui-ci. Cette attitude agaçait Kreminskaia et le rendait soucieux: Un tel manque de respect, même à l'égard d'envahisseurs de la Sainte Patrie, se retournerait immanquablement contre ses auteurs...

[vétéran Kreminskaia (Mat. 34621)]

Mais un jour, alors que la jonction s'était opérée avec les Préos, un cavalier hors d'haleine parvint au campement de Kreminskaia.
« Capitaine Kreminskaia !! Capitaine Kreminskaia !!! »
Wintzingerode intercepta le soldat et le tança vertement : « Tais-toi !! Kreminskaia n'est plus Capitaine depuis plusieurs jours, notre poursuite des Franszouskis et les centaines de prisonniers ramenées ont enfin ouvert les yeux au Tsar et à sa clique. Le certificat est arrivé, il est passé Chef de Bataillon. Appelle-le Monseigneur maintenant ! ». Puis, devant la mine déconfite du messager, il éclata de rire !
« Allez, bois un coup de notre vodka pour te désaltérer !! Ici, les convenances de la bonne société ne sont pas de mises. La mort nous guette, notre sursis est court alors les règles tatillonnes de bienséance du code militaire, on les garde pour la caserne. Kremin, on l'appelle Chef et c'est tout !! »
Kreminskaia se retenait pour garder son sérieux. Il reçut le messager en se mordant les lèvres et pensa: « Il est toujours piquant ce Wintzingerode, son éducation autrichienne a quasiment disparue. Faudrait quand même pas qu'il vire au Cosaque... »

[vétéran Kreminskaia (Mat. 34621)]

Kreminskaia reconnut les insignes de la Rose blanche portés par le messager. « J'espère qu'il n'est pas arrivé malheur à un de nos amis de la Rose Blanche. Parle ! »
Le messager indiqua qu'il appartenait au Bataillon du Major Nicolaïkov, attaché à la défense de Styrgrad. La ville était de nouveau attaquée par des troupes ennemies quatre à cinq fois plus nombreuses. Il était demandé instamment à toutes les unités de la Division Romanov de revenir renforcer Styrgrad. Voilà le Colonel Percy qui revenait !!

Sans attendre, Kreminskaia donna les ordres du départ. Il dépêcha le Baron Meller-Zakomelski, commandant les Hussards, pour le renseigner au plus vite sur la disposition des troupes tricolores autour de Styrgrad et d'engager au plus vite l'ennemi. Il signalerait ainsi l'arrivée prochaine du bataillon Kreminskaia en déposant des trophées Franszouskis aux pieds des défenseurs de Styrgrad !!
Une missive était également envoyée à destination des Préos et de l'Armée du Maréchal pour les informer du départ de Kreminskaia.

Une longue marche commençait...

[vétéran Kreminskaia (Mat. 34621)]

Le Baron Meller-Zakomelski, dés réception des ordres, se mit en route. Il rejoignit la route menant à Styrgrad et arriva par l'Est de la ville. Une reconnaissance lui permit de voir que les troupes ennemies commençaient l'encerclement de la ville et qu'elles étaient bien supérieures en nombre (de l'ordre d'un russe pour 6 franszouskis). La partie allait être serrée.
Un hussard vint prévenir que l'aile droite ennemie était tenue par des gardes nationaux.
« Quelle occasion en or de titiller la grenouille !! Ces va-nu-pieds sans culottes de Paris vont apprendre à se méfier des vrais soldats !! Escadrons, en formation de combat !! Echelonnement par la droite !! Au trot puis à mon commandement, CHAAARGEZ !!!! »
La troupe s'ébranla, prit le galop et, sabre au clair, se précipita sur les Franszouskis.
L'engagement fut bref et meurtrier, à l'habitude des Hussards.
La surprise fut complète car les Franszouskis s'attendaient à voir des troupes sortir de la ville et non des cavaliers leur tomber sur le flanc.
Leur officier parvint à grand peine à maintenir la cohésion de l'ensemble.
Cette attaque efficace, menée quasiment face à la ville, sous le regard de toutes les unités russes retranchées, comblait d'aise le Baron Meller-Zakomelski. Son arrivée avait été remarquée, le Chef sera content !!!