par vétéran Kreminskaia » Mar Avr 27, 2010 2:15 pm
L'attaque avait commencée et les escarmouches donnaient à fond. Les salves se succédaient les unes aux autres.
Le rouleau compresseur Franszouski, mené par le major Percy, se mettait en action et les troupes russes lui faisant face étaient laminées, rigoureusement et sans états d'âme.
Les unités du bataillon Kreminskaia se retrouvaient en première ligne, la peur au ventre mais avec la joie de remplir leurs espérances des semaines passées. Enfin, ils pourraient montrer ce qu'ils avaient dans les tripes et finies ces marches interminables !!!
La position russe était forte, appuyée sur la ville, habilement défendue par le Major Koutouliov. De ce côté-là, pas de soucis, cela tiendrait avec honneur.
Aux côtés du capitaine Kreminskaia, les troupes voyaient sur leur flanc gauche l'expérimenté Major Orloff, dont les prouesses au sein du régiment des Jaggers étaient devenues légendaires. Les nouvelles solidarités créées au sein de la Division Romanov rassuraient les soldats et les adjudants. Ils savaient pouvoir compter les uns sur les autres. Les échanges de missives étaient réguliers et fréquents, en particulier avec le jeune souslieutenant Vladimir Nikolaiev qui faisait bonne figure.
Cependant, les troupes Franszouskies se renforçaient et poussaient de plus en plus, encadrées par les grenadiers Tresorum, Jermanowski et Taum. Les autres bataillons russes de la ligne se repliaient sous leurs coups de butoir.
La férocité et l'acharnement mis par les Franszoukis provoquaient l'apparition d'une ombre dans le regard des nouveaux soldats, recrutés à la va-vite, les miliciens de Novgorod. Ceux-ci, après avoir déblatéré sur leurs officiers durant la longue marche, rechignaient de plus en plus à reformer les rangs après chaque attaque. L'encadrement était impuissant à endiguer la peur qui apparaissait au sein des rangs. Le risque d'une contamination des autres troupes était grand.
A ce moment-là, la compagnie des voltigeurs de Narishkin harcelaient les troupes peu aguerries du sous Lieutenant Franszouski Fontenoy. Trop avancés dans la plaine, ils ne virent pas s'avancer les fusiliers de Croco, le bien nommé. Celui ci arrivait derrière les voltigeurs embusqués et n'allait en faire qu'une bouchée. Voyant l'imminence de la catastrophe, Kreminskaia se tourna vers ses troupes et celles de son adjoint. Mais elles étaient éreintées par les combats précédents, incapables de se porter en avant au secours de Nariskin. Wintzingerode regardait ses bottes et certains soldats pleuraient, de fatigue et de frustration. D'autres détournaient le regard et se bouchaient les oreilles pour ne pas entendre les cris de détresse et de surprise de leurs camarades. Kreminskaia n'osait pas porter son regard sur la milice, médiocres soldats en qui il n'avait plus confiance.
Pourtant, des cliquetis d'armes, un tambour battant la charge se fit entendre, comme une réponse à un appel désespéré, comme un phare perçant la brume. Le pas lourd d'une troupe se fit entendre derrière Kreminskaia. Une estafette vint lui apporter une missive:
« De l'adjudant ZASS, officier responsable de la milice de Novgorod,
Mon Capitaine, nous savons la défiance des troupes régulières à notre égard et le peu de considération que l'on nous porte. Cela me blesse profondément ainsi que mes hommes. Mais le destin nous donne une chance de nous racheter. Vive Novgorod !! Vive la Division Romanov !! »
La milice, formée en colonne d'assaut, en rangs serrés, baionnettes au clair, marchait sous le roulement des tambours. Le pas rapide leur permis d'arriver sur la compagnie de Croco prise en plein flagrant délit de changement de formation. La rage mise dans le corps à corps par des soldats non professionnels fut impressionnante. Les Franszouksis, complètement surpris et rapidement déboussolés, tentèrent de faire face, mais l'Erinye Déroute planait sur eux.
Ce fut la débandade et une course effrénée pour rejoindre leurs lignes, poursuivis par les Hurras des miliciens. Ils avaient dégagé et sauvé la compagnie de voltigeurs, promise à une mort certaine. Ceux ci purent se replier en ordre et rejoindre le bataillon.
L'élan des miliciens, leur exitation désorganisaient l'unité, malgré les ordres hurlés par l'adjudant Zass. La milice se retrouvait seule, toute proche des lignes Franszoukies. Les officiers Franszouksis avaient également dû voir le combat. Leur riposte ne devait pas tarder. Déjà, une tension dans l'air ambiant, annonciatrice de troupes en approche, se faisait sentir.