Les premiers pas du bleu

[Karl (Mat. 40517)]

Cela faisait plusieurs heures maintenant qu'ils pouvaient entendre le bruit des fusils faisant leur lot de mort quotidien. Piotr Vladiwosky frappa trois fois les flans de son cheval et remonta la colonne des hommes serpentant sous les arbres d'une forêt qui ne semblait pas avoir connu la guerre.

"Mon sous lieutenant !"

Son cri raisonna dans toute la forêt, les hommes ne parlaient pas. Depuis qu'on entendait les coups de feu leur angoisse semblait avoir alourdi de deux fois leur paquetage. Le sous lieutenant Karl se déporta sur le côté pour ne pas gêner la marche de ses soldats puis il attendit de voir arriver à sa hauteur son adjudant.

"Qu'y a t'il ?"

Karl était jeune, propre sur lui et n'avait pas dans les yeux, en tout cas il ne l'avait pas encore, cette tache terne qui recouvrait les pupilles de ceux qui ont vu les morts. Son adjudant à l'inverse entrait dans l'âge mûr, il avait l'expérience des combats, toutefois, l'adjudant était bien loin de maîtriser encore toutes les convenances attribuées généralement à sa fonction.

"Mon sous lieutenant, il faut dès maintenant faire arrêter les hommes et décider de quelque chose. Nous approchons de la plaine et les coups de feux discontinus indique que nous n'aurons pas à faire à une bataille rangée. Nous ne devons risquer d'être vulnérable si nous sommes accroché par une unité isolée.

- Bien, prenez le commandement du second bataillon, laissez nous partir devant et couvrez notre flan est."

Piotr Vladiwosky s'exécuta tandis que Karl sortait de son veston l'affectation qu'on lui avait attribué à son sortir de l'académie militaire.

Le Tsar, au travers de l'académie militaire de Moscou, vous félicite, Karl Zametov Petrovitch, pour l'obtention de votre diplôme de sous lieutenant du Tsar de Russie.
Vous serez détaché, avec votre unité préalablement attribuée, à la garde Preobrajensky sur le front nord demandez le major Vilpinov.

"Le major Vilpinov ..."

[Karl (Mat. 40517)]

"Le major Vilpinov ? Il est dans les environs effectivement. Il était un peu au sud de notre position avant qu'on se fasse accrocher par un des bataillon du cinquième. Vous arrivez d'où ?"

Une fois la forêt traversée, les deux bataillons de Karl s'étaient engagés dans la plaine. A l'autre bout de celle-ci une seconde forêt. Les deux bataillons étaient restés groupés mais n'avaient aucune difficulté à se frayer un chemin parmi les troupes russes un peu éparpillé sur le front.

"De Moscou.

- Ils voulaient sûrement vous envoyer sur un front calme pour votre baptême du feu, c'est raté, les français ont décidé que c'était ici qu'il allait falloir faire le bain de sang. Les premiers bataillons du cinquième sont arrivé hier, ils ont prit appui dans la forêt là bas. Pour l'instant c'est encore l'heure des petits accrochages isolés mais dans les jours à venir ça va cracher du sang."

Lorsque Karl rappela ses troupes pour continuer la recherche, un grondement se fit entendre dans le ciel. A ce bruit, les vétérans se baissèrent tandis que Karl et ses hommes fixaient le ciel. Le grondement était différent de celui qu'ils avaient entendu en arrivant, il était moins sourd, plus fort. Karl fit appeler Piotr.

"C'est l'orage ? Les nuages sont bien sombre mais je n'ai pas vu l'éclair.

- Non mon lieutenant, c'est la guerre."

Karl tendit alors l'oreille avec plus d'attention. Le grondement raisonnait jusque dans le ciel mais les coups les plus distincts provenaient du sud.

"Piotr, prend le commandement de ta compagnie et suit nous à une lieue de distance, je veux te voir surgir quand je te ferais demander.
Compagnie ! Il est temps d'honorer notre mère patrie la Russie d'avoir engendré la terre qui abrite nos culture, la pierre qui tient nos toits et les femmes qui portent nos fils ! En avant, marche !"