L’hiver avait été catastrophique pour la Grande Armée, la marche en avant avait été stoppée depuis plusieurs semaines. Pour la première fois l’Empereur était tenu en échec par l’armée d’Alexandre.
La Grande Armée devait souffler sous peine de subir une défaite inéluctable. Fort heureusement elle disposait encore de ressources considérables. Vivres et renforts grouillaient de partout, la conscription dans tout l'Empire atteignait son paroxysme. Un constat s’imposait cependant : la Grande Armée n’avait plus cette force manœuvrière qu’elle avait en 1805 et même encore en 1809. Beaucoup de nouvelles recrues, des troupes alliées auparavant battues, la barrière de la langue, des officiers tués… En d’autres termes tout amenait à une désorganisation de plus en plus préoccupante de la Grande Armée. La voie au succès rapide et incontesté n'était plus possible.
L’Empereur avait alors pris la décision de réorganiser son Armée avant de poursuivre sa marche sur Moscou.
Sortant de son QG, il prit la parole devant un parterre de gradés, invités pour la circonstance.
« Soldats, Officiers, il nous faut marquer un temps d’arrêt. Je veux faire de cette campagne une campagne méthodique ou rien ne sera laissé au hasard. Des erreurs tactiques et un manque de rigueur certain nous ont empêché d’atteindre les objectifs fixés. Avant de poursuivre la marche sur Moscou j’entends revenir aux fondamentaux qui ont fait la force de notre Grande Armée durant toutes ces années.
L’officier Guillaume de Sarthe a été désigné Général en Chef de la Grande Armée. Il aura pour mission de réorganiser notre armée, de décupler à la fois sa capacité manœuvrière et son potentiel offensif. Pour cela il sera suppléé par deux autres Généraux dont je vous communiquerai les noms prochainement
L’Empereur entendait par là retrouver la Grande Armée de 1805, celle sortie tout droit du camp de Boulogne, celle qui lui avait permis les actions les plus audacieuses et les plus glorieuses.
Il reprit :
« Chaque chef de corps, de régiment doit fonctionner en étroite collaboration avec Guillaume de Sarthe. Les querelles intestines seront punies, la Justice militaire fera son devoir, je n'ai pas à rappeler les quelques procès qui ont eu lieu au début de cette campagne. "
Un grand silence accompagnait les mots de l'Empereur, chacun se souvenait en effet de ces procès et des exécutions qui ont suivi.
"Au travail maintenant ! "