Annonces de sa Majesté l'Empereur Napoléon 1er

[Napoléon (Mat. 310)]

L’hiver avait été catastrophique pour la Grande Armée, la marche en avant avait été stoppée depuis plusieurs semaines. Pour la première fois l’Empereur était tenu en échec par l’armée d’Alexandre.
La Grande Armée devait souffler sous peine de subir une défaite inéluctable. Fort heureusement elle disposait encore de ressources considérables. Vivres et renforts grouillaient de partout, la conscription dans tout l'Empire atteignait son paroxysme. Un constat s’imposait cependant : la Grande Armée n’avait plus cette force manœuvrière qu’elle avait en 1805 et même encore en 1809. Beaucoup de nouvelles recrues, des troupes alliées auparavant battues, la barrière de la langue, des officiers tués… En d’autres termes tout amenait à une désorganisation de plus en plus préoccupante de la Grande Armée. La voie au succès rapide et incontesté n'était plus possible.

L’Empereur avait alors pris la décision de réorganiser son Armée avant de poursuivre sa marche sur Moscou.

Sortant de son QG, il prit la parole devant un parterre de gradés, invités pour la circonstance.


« Soldats, Officiers, il nous faut marquer un temps d’arrêt. Je veux faire de cette campagne une campagne méthodique ou rien ne sera laissé au hasard. Des erreurs tactiques et un manque de rigueur certain nous ont empêché d’atteindre les objectifs fixés. Avant de poursuivre la marche sur Moscou j’entends revenir aux fondamentaux qui ont fait la force de notre Grande Armée durant toutes ces années.
L’officier Guillaume de Sarthe a été désigné Général en Chef de la Grande Armée. Il aura pour mission de réorganiser notre armée, de décupler à la fois sa capacité manœuvrière et son potentiel offensif. Pour cela il sera suppléé par deux autres Généraux dont je vous communiquerai les noms prochainement


L’Empereur entendait par là retrouver la Grande Armée de 1805, celle sortie tout droit du camp de Boulogne, celle qui lui avait permis les actions les plus audacieuses et les plus glorieuses.

Il reprit :


« Chaque chef de corps, de régiment doit fonctionner en étroite collaboration avec Guillaume de Sarthe. Les querelles intestines seront punies, la Justice militaire fera son devoir, je n'ai pas à rappeler les quelques procès qui ont eu lieu au début de cette campagne. "


Un grand silence accompagnait les mots de l'Empereur, chacun se souvenait en effet de ces procès et des exécutions qui ont suivi.


"Au travail maintenant ! "

[Guillaume de Sarthe (Mat. 17252)]

L'Empereur avait finit son discours en regardant Guillaume de Sarthe dans les yeux. Ému, il y avait de quoi, Guillaume de Sarthe était jeune et ne réalisait pas encore ce qu'il se passait. Il avait fait 1809, était à Wagram, il est passé ensuite dans l'armée d'Espagne, avant d'être appelé pour franchir le Niemen. Mais au fond ce n'est qu'un illustre inconnu, peut être son seul atout, puisqu'il a pu ainsi échapper à tous les conflits internes de la Grande Armée. Certains ont reconnu en lui quelques talents tactiques, des chefs de corps et de régiments ont parlé de lui à l'Empereur et voila comment tout commença.

Son instruction lui avait permis d'étudier toutes les campagnes de Napoloén, du général Bonaparte d'Italie à l'Empereur de Friedland. Sa chance est d'avoir eu une audition exceptionnelle avec l'Empereur et de lui avoir exposé de son point de vu d'officier tout ce qui ne fonctionnait pas correctement dans la Grande Armée, et les remèdes qu'il préconisait. L'Empereur séduit et conforté par les opinions des chefs de corps et de régiment, l'avait nommé Général en Chef de la Grande Armée, Berthier étant malade depuis plusieurs mois et rentré à Paris depuis.


Beaucoup plus à l'aise dans ses missives qu'en public, il prit la parole une fois l'Empereur parti. Tous les officiers étaient restés à le guetter.


"Messieurs, je remercie l'Empereur et vous tous pour la confiance que vous m'avez porté. J'espère être digne de la mission qui m'a été confié. Je ferai tout pour refaire de la Grande Armée une machine de guerre invincible. Il nous faudra du temps, sacrifier des objectifs le temps de la réorganisation, de la reformation de nos cadres , de nos recrues, mais j'entends appliquer à la lettre les principes militaires dictés par l'Empereur et qui ont porté la France au sommet de la gloire. "


Il s'arrêta, attendant la réaction des officiers...
Lui jubilait, totalement inconscient de la tâche énorme qui s'annonçait, il savait pourtant qu'il n'avait pas le droit à l'erreur.


Il se remémorait toutes les étapes de sa campagne, le franchissement du Niémen avec le 18ème de ligne, la mort de son chef de régiment Charles Morand a qui il succéda, la mission d'Arcole de former un nouveau régiment qui avait été un choc terrible, l'aide précieuse du comte de Ségur pour sauver ensemble le 18ème régiment de ligne et le remettre à flot. Enfin il pensa à tous les soldats du 18ème qu'il dirigeait ainsi que tous ses amis des autres régiments a qui il devait son nouveau poste

[Chabert (Mat. 1442)]

Chabert attendu a son campement avait fait un détour pour écouter le premier discourt officiel du nouveau Général en Chef .
Il salua ce discourt d'investiture avec respect ; soldat avant tout , il pensa qu'il était effectivement temps que la grande Armée remporte une victoire décisive sur le terrain.
Il enfourcha son cheval et prit la route du campement du III Corps d 'armée.

[vétéran Bouchu (Mat. 1037)]

j'acquiesçais intérieurement... et j'espérais que tout le monde fasse son devoir.... [/i]

[vétéran Arghentur (Mat. 13306)]

Arghentur en tant que Lieutenant Général de la Jeune GArde se devait d'être présent auprès de l'Empereur tout comme les officiers de la Garde Impériale, le dernier régiment de réserve qui n'était lancé dans la batailel qu'en dernier recours ou pour achever l'armée ennemi or depuis peu la Garde était employé non plus pour achever mais pour sauver un front. Non point que les régiments français faillissent à leurs taches mais tout simplement parce que les Ruses s'étaient montrés plus audacieux et plus entreprenants. Les leçons de cette campagne désastreuse devait être tiré et l'Empereur avait choisi le Major De Sarthe pour remettre la Grande Armée debout.
La Garde fera son devoir de cela le nouveau Général en Chef pouvait s'en assurer.

[Jean Bailly (Mat. 1169)]

Ils n'étaient plus aussi nombreux.
Tous pouvaient les voir, habillés de leur uniforme orange et bleu, le regard morne, les traits tirés par les rigueurs du climat Russe et des maladies à répétition. Ils avaient tous perdu des amis, bien trop de soldats sous leur commandement et pourtant ils étaient encore là.

Les officiers Gendarmes étaient rassemblés, droits et fiers sur le côté de la masse venue écouter l'Empereur. Celui-ci n'avait guère participé aux décisions de l'Etat Major ces derniers mois et lorsqu'il apparaissait à tous, de plus en plus bref dans ses mots, la Grande Armée écoutait cet homme qui représentait tant à leurs yeux.

Révolutionnaires, impérialistes, tous regardaient, mettant de côté leurs différents et se ralliant aux paroles de ce dirigeant qui avait été victime d'une tentative d'assassinat par ses propres troupes, victime d'un oubli de ses officiers, victime d'un gâchis monumental de pitreries égocentriques pour avoir toujours plus... toujours plus... Jean pensait cela et il avait maintes exécré sa position qui faisait de lui un homme pompeux et mielleux comme l'aimait à le désigner le Grand Prévôt Lassalle.

Jean sourit, Lassalle l'aurait maudit d'avoir laissé la Grande Armée s'auto-détruire ainsi...

Mais l'Empereur était là et il ordonnait.
Son plan, sa réforme consistait à désigner un Genéral en Chef, autonome et flanqué de soutiens bien différents des soldats et officiers d'antan.
L'Empereur finit son discours et la main droite de Jean se mit à trembler subtilement. Il ferma le poing et cacha sa main derrière son dos comme il avait l'habitude de le faire. Ô mon Père, pourquoi n'ai-je été emporté par la guerre ? Pourquoi suis-je encore l'esclave de cet enfer sans fin ?

Les officiers applaudissaient et le Général en Chef, soldat du jeune 18e d'autrefois, était au plus haut de sa gloire.

Jean regardait et écoutait une fois de plus, puis vint son tour de prendre la parole. Levant la main gauche pour s'essuyer sa tempe avec sa paume largement ouverte, il la porta aussitôt derrière son dos pour tenir sa main droite tremblante et lui rappelant ce manque incessant et inébranlable...

Rien qu'une goutte... tu n'en as pas eu depuis maintenant quatre ans, cela ne te fera rien...

Général Guillaume de Sarthe,

L'Empereur a parlé et la Gendarmerie Impériale continuera son devoir de maintenir l'ordre, la discipline et de faire respecter la Loi et les Codes qui sont ceux de la Grande Armée.

Je vous félicite, vous avez fait un long chemin avant d'en arriver à ce jour et je ne puis que saluer le choix de l'Empereur que de mettre à la tête de la Grande Armée un homme de taille, aux épaules assez larges pour remanier et supporter les affres de cette campagne.

Rien qu'une goutte... Douce et savoureuse, chaude au fond de la gorge et rafraichissante en bouche. Le bien-être ne t'est pas défendu, Jean. Souviens toi de ce que Basset dit au Maréchal Lannes... "j'ai besoin de toi..."

Nul doute que le chemin qui reste à parcourir est et sera semé de Cosaques, de pitres et de maladifs de l'insatisfaction, mais sachez que la Gendarmerie Impériale n'acceptera pas les habitudes malheureuses des rangs de la Grande Armée et fera en sorte que les officiers et soldats vous respectent.

La Gendarmerie Impériale répond à l'Empereur. Nous défendrons les intérêts de l'Empereur et de l'Empire.

Gloire à la Grande Armée !

Jean, tu n'es qu'un Jean-foutre ! Pourquoi ne vas-tu pas boire une bouteille ?! Parce qu'il n'est pas encore l'heure...