Après nous être arrêtés 46 heures dans le camp derrière le cordon de bois de plusieurs centaines de pas de largeur, entrecoupé de fossés et de ruisseaux, situé en face Polotsk, nous en partîmes en début novembre et suivîmes notre cavalerie sur la grande route. Nous faisions des marches qui étaient d'autant plus supportables, que la chaleur et la poussière n’étaient pas excessives, et que nous étions encouragés par d'autres troupes qui, marchant par colonnes à côté les unes des autres, tendaient toutes au même but. Ce fut ainsi que, le 7 novembre, nous arrivâmes en fin dans la matinée sur la rive de la Dwina. Nous la traversâmes et après une halte de quelques heures pour bivouaquer, nous continuâmes notre marche sur la grande route dans la direction ordonnée par le Colonel Latanier. La foule toujours croissante des compagnies de la Brigade Infernale, qui seules pouvaient suivre ces marches rapides, était pressée d’affronter l’ennemie.
Le 9 nous ne vîmes plus la ville, que nous cachait des chaînes de hauteur aux flancs escarpés qui traverse la plaine. Ce ne fut que le 11, quand nous eûmes contournés ces montagnes, pour nous rapprocher de notre objectif. Nous n'avancions sur cette étendue qu'avec précaution, nous attendant à chaque instant à rencontrer l'avant-garde russe ou quelque embuscade.
Les Russes avaient garni la plaine d'une infanterie formidable; ils n’y avaient braqué aucun canon, dont le feu aurait pu balayer la vallée. Je fis sur-le-champ avancer les Compagnies Lefine et Relmyer, en colonne; ma compagnie reçut ordre de se déployer en ligne sur leur droite; puis on marcha à l'attaque de la position des Russes. Ceux-ci, débusqués de leur position par les voltigeurs de Glûntz, en prirent une autre pour s’opposer aux progrès de nos troupes.
L’adjudant Lefine raconte : «
Notre vaillante infanterie se met à courir en avant. On ne voit plus rien, on n’entend plus rien ; on passe au travers des lignes de moujiks ; ceux qui tombent on n’y fait pas attention ; bientôt on joint l’ennemi ; nos baïonnettes trouent les habits verts, qui commencent à reculer en désordre. »
Polotsk n’était plus qu’une autre histoire…..