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Il s'en était passé du temps depuis la tentative d'attentat manquée sur l'Empereur. La Comtesse Kraskova et son complice avaient été arrêté. Pour ce que j'en savais elle avait été soumise à la "question" mais j'avais du mal à imaginer les sbires de Schulmeister se prêter à ce jeu. Peut-être quelques russes ralliés?...
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"Ma mie,
cette lettre vous trouvera j'en suis sûr en bonne forme. L'air du grand large est bon pour votre santé. Emmenez-vous notre fils sur mer? C'est là qu'est le salut car depuis que je parcoure les terres désolées de Russie je puis vous assurer que sur terre rien n'est bon. Encouragez-le à naviguer, la mer est bonne école.
Depuis ma dernière lettre j'ai été promu au commandement du régiment.
Quelle charge! Je pensais que le travail de Chef de Corps était de tout repos mais je me trompais...
Avec le régiment nous avons lancé une grande offensive au printemps dernier, elle s'est soldée par une victoire éclatante mais l'arrivée d'une deuxième armée russe sur nos arrières nous a obligé à faire volte-face. Et depuis je cours après mes troupes...
...mais je ne vais pas plus vous importuner avec mes batailles, je sais qu'il vous est difficile d'en parler. Je veux cependant vous assurer que depuis l'hiver dernier où je croyais ma dernière heure venue je suis sûr que je ne mourrai pas sur cette terre infâme. J'en ai la certitude, soyez rassurée.
Il est possible qu'à l'automne prochain le régiment soit redéployé en Sarre. si c'était le cas je pense pouvoir venir dans notre chère Bretagne au printemps suivant. Je me languis de ce moment, vous me manquez ma mie.
Embrassez notre fils, lui aussi me manque.
tendrement,
f."
C'était la 263ème lettre que j'écrivais à mon épouse. Si j'en croyais la rumeur seule 1 sur 20 arrivait, elle avait donc dû en recevoir au moins 15. Et en tout et pour tout la lettre que j'avais reçu hier était la deuxième en provenance de Bretagne. Il faut dire que les lignes de communication étaient en permanence harcelée par les cossacks...
"Maj... pardon Colonel?"
"Oui Sarradin, entres. Qu'y a-t-il?"
"Un civil veut vous voir Colonel, une vieille connaissance..."
"Bien, fais entrer."