Les loups en hiver

[vétéran Astore Cavallini (Mat. 1475)]

"_ Radimir...! Sacha...!"


La femme, perchée sur le seuil d'entrée de la ferme, un bébé dans les bras, s'époumonait à appeler ses enfants. Ce début du mois d'octobre, le jour déclinait vite, et le froid se faisait plus mordant. Kharitina frémit. Instinctivement, elle frôla le bout du nez de son bébé. Il était froid. De lourds nuages noirs dans le ciel annonçaient une nuit pluvieuse. Son époux n'était pas encore rentré de la chasse. Le vieux achevait de réparer le toit de la grange. Les coups de maillets l'indiquaient. Kharitina appela encore...


"_ Radimir...! Sacha...! Mais où sont-ils encore passés...!


La femme rentra. L'intérieur était pauvrement meublé. A une table, une vieille femme portant une vieille pelisse élimée sur le dos, et un foulard blanc crasseux sur la tête, épluchait des racines. Derrière elle, bouillait une marmite. Kharitina s dirigea vers un coffre, au pied du lit conjugal. Elle en sortit une couverture épaisse, que sa mère lui avait tricoté peu avant sa mort, pour la naissance de son premier, Radimir. Vite fait, elle emmaillota son bébé qui dormait, avant de le coucher dans son berceau... simple caisse de bois habillée d'une toile fourrée de paille.


"_ Tu devrais aller chercher quelques légumes dans la grange... fit la vieille à sa bru. Mais point trop, car l'hiver risque d'être rigoureux cette année.

_ Oui la mère, acquiessa Kharitina, qui n'aimait guère être seule avec son beau-père.

_ Et ramène aussi du bois pour le feu. Cette fichue pluie réveille mes douleurs.

_ Oui..."

[vétéran Astore Cavallini (Mat. 1475)]

Kharitina passa son paletot sur les épaules, et franchit le seuil de la maison, en direction de la grange. La cours était boueuse des des dernières pluies. Cela faisait le bonheur des deux cochons qui sous les chênes un peu plus haut, fouiller le sol à la recherche de glands. Les quelques volailles becquetaient le sol meuble prêt de la grange.

Kharitina s'arrêta devant les double-portes en bois de la bâtisse. Les coups de marteau à l'intérieur avaient cessé, et le vieux n'était toujours pas sorti. Kharitina était inquiète. Le jour déclinait, son époux n'était toujours pas rentré, et ses enfants étaient fourrés dieu seul sait où. Et maintenant, elle devait affronter seule son beau-père.


"_ Radimir...! Sacha...! Il est temps de rentrer!" , hurla t-elle.


Elle attendit une réponse qui ne vint pas. Le vieux n'était toujours pas sorti. Résignée, elle finit par rentrer. Il lui fallut quelque secondes pour que ses yeux s'acclimatent à la pénombre. La vache était dans son étable, avec son veau né l'été dernier. Au moins aurait-ils du bon lait cet hiver. La jeune femme éprouvait de la crainte de ne pas voir le vieux. Soudain une main sur son épaule la fit sursauter. Elle se retourna précipitamment en reculant de quelques pas. Le vieux était devant elle, le cheveu rare, le visage marqué, le ventre rebondit. Il tenait une bouteille de vodka à la main, qu'il porta à ses lèvres pour en boire deux ou trois gorgées. Le père de son époux buvait du matin jusqu'au coucher, de sorte qu'en fin de journée, il était déjà ivre.


"_ Salut mignonne! Tu viens me porter quelque réconfort?

_ Non! répondit sèchement Kharitina. Je viens chercher quelques courgettes et tubercules pour le repas.

_ C'est bien ma mignonne! Regarde, le toit est réparé. Tu va bien me récompenser maintenant.

_ Le repas sera prêt tout à l'heure! tenta d'esquiver Kharitina.

_ Je connais bien d'autre façon de contenter un homme! Allez, vient dans mes bras! fit le vieux en lâchant sa bouteille, et en agrippant sa belle-fille.

_ Lâchez-moi! cria Kharitina. Je suis la femme de votre fils!

_ Qui vit sous MON toit! Ce qui est à lui est à moi, garde ça à l'esprit! Allez laisse-toi faire! Tu es bien faite! Des Seins que l'on aime peloter, des hanches que l'on aime agripper, et des cuisses jolies entre lesquelles l'on aime se fourrer!


Joignant le geste à la parole, le vieux cosaque ivre, mais encore gaillard, arracha le paletot de Kharitrina, et la jeta à terre. Aussitôt, il s'allongea sur elle, entreprenant de retrousser ses jupons. Kharitrina se débattit comme elle put.


"_ Allez, ma belle! Rappelle-toi du bon vieux temps! Tu es resté belle malgré tes trois enfançons! Tu avais eu du plaisir la dernière fois! Ne le nie pas...

_ Lâchez-moi vieux porc! cracha Kharitina dont les mains étaient immobilisées par la poigne de fer du vieil homme. Ou je dirais tout à mon maris!

_ Tu ne lui diras rien du tout, chienne! Ou je vous mets à la porte, avec tes enfants! Et avec l'hiver qui approche... HaHaHa... Allez! C'est pas que ça me déplaise, mais ne rends pas les choses plus compliquées! Ecarte les cuisses et tout ira bien..."


Kharitina une énième fois, tenta de se libérer, mais en vain. les larmes roulaient sur ses joues. L'homme pesait lourdement sur elle. Il sentait l'alcool, la pisse et la crasse. Son haleine la prenait à la gorge. Ne voyant aucune issue, elle cessa de se débattre... quant le grincement familier de la porte de la grange se fit entendre! Un petit garçon entra...


"_ Maman! C'est Radimir... Tu nous a appelé?"