Journal du major Youri :
Il est minuit. Le sang palpite dans mes veines, alors que je lis et relis les derniers rapports, qui me parviennent régulièrement. Le défenseur de la mine Cedrickov est attaqué, peu à peu, alors qu'il venait de se soigner.
Il y a quelques heures, la batterie Gribeauval a encore tonné, par deux fois, mais de nouveaux chevaux attendaient Bretzel à 20 lieues de là. Rien de très grave.
Si j'avais été plus près, les boulets me seraient tombés dessus...
Les rebonds des boulets ont éliminé la moitié des chevaux de Cavalofski !
Pourquoi, au fait, est-ce moi qui suis chargé de cette mission ?
La vengeance franzky sera terrible, je le sais.
Déjà, je vais y perdre mes galons. Après, 3 semaines de marche m'attendent !
Mais ce qui m'inquiète le plus : vais-je être à la hauteur de ma tâche ? Vais-je accomplir ma mission ?
Une chose est sûre, elle est d'une utilité primordiale dans la réussite de la bataille du nord-est. Il paraîtrait que, si je suis dans cette foutue mine à 3 heures du matin, on pourra faire assez de munitions pour approvisionner la ferme de la Garde Préobajensky pendant deux jours encore...
Cette bataille est encore loin d'être finie, puisqu'il reste des cartes à jouer dans chaque camp.
Une énorme armée arrive de Styrgrad, précédés de l'avant-garde AM et cosaque.
De l'autre côté, je m'inquiète de ce que la Garde Impériale n'ait pas encore donné lors de cette bataille. Je sais trop à quel point tous les éliminer est long et fastidieux !
Bien malin, celui qui peut dire aujourd'hui qui gagnera cette fois-ci !
L'heure approche, une missive arrive, encore.
Je vais me coucher quelque temps, il me faut du repos avant ce combat.
Pour mes hommes, c'est une orgie de vodka, comme d'habitude.
Par contre, je leur ai promis les vivandières françaises qui sont dans la mine. Et ça, ils n'en ont pas l'habitude...
02h15, je me réveille doucement. Vite, il me faut un verre, il faut que je me réchauffe. Il s'est mis à pleuvoir...
02h30, la Garde préo commence à attaquer. Je vois au loin les fusiliers de Rachmaninov s'approcher par l'est, se placer à côté des lignes franzkys, et tirer... Quelques instants plus tard, je comprends quelle a été la cible : une explosion assourdissante me parvient aux oreilles. La batterie vient d'être enlevée !
En même temps, Styr, à la tête de ses cuirassiers, attaque la mine. Des cris, des tirs, puis le silence assourdissant qui s'abat à nouveau.
Je pourrais rentrer dès maintenant, je le sais. Attendons encore un peu...
02h45, la mine est russe ! Le major Styr vient de rentrer dedans !
Concertons nous : ne vaut-il pas mieux que ce soit mes grenadiers, à l'espérance de vie un peu plus longue ? D'accord, à 2h50...
Je lance mes fidèles grenadiers vers l'avant. Une forêt ? Ils savent comment les traverser sans perdre de temps...
On passe à côté des cadavres des cuirassiers de MattMatt, et des hommes du tout nouveau colonel Kortouzov, en train de faire le ménage.
Styr est sorti: je peux continuer à y aller... Quel ennui, il n'y a personne à tuer !
Arrivés aux portes de la mine, mes grenadiers refusent d'y rentrer. Je demande des explications, c'est mon cousin Yadislav, habituellement avec mes miliciens, qui prend la parole :
-Major, vous nous aviez promis la gloire par une entrée en bain de sang dans cette mine. Et des femmes par dizaines !
Regarde, dis-moi ce que tu vois : une mine russe, vide !
Encore une fois, c'est le colonel Styr, cet "enfant prodige" de la Garde préo, soi-disant plus jeune colonel de Russie, qui récolte tous les lauriers !
Et le pire, c'est que je crois que cet arriviste est parti avec toutes les femmes...
Non, nous ne rentrerons pas ! Surtout si c'est pour mourir demain !
(HRP :non, Styr, je ne t'en veux pas, et ne pense pas ça de toi ! C'est du RP...)
Je connaît bien mes hommes, inutile de discuter avec eux quand ils sont ivres :
- Vous avez raison. Venez, on s'en va.
Puis, me rapprochant d'un bosquet, je tire en l'air :
-Là, des franzkys ! Ils nous tirent dessus !
A l'assaut !
Dans cet état, leur cerveau ne pouvait obéir qu'à ce seul ordre. Un corps-à-corps sanglant s'engage dans la forêt. Les fusiliers de Paul Jules, réveillés dans leur sommeil, succombent face à la puissance et à la confiance de mes hommes. 33 morts et 15 blessés plus tard, nous nous replions, fatigués mais contents de nous. Aux cris de "Où on va, où on va avec tous ces blessés?", j'ai pu guider mes hommes dans la mine. A contre-coeur mais soulagés de n'avoir pas servi à rien, les grenadiers rentrent dans la mine Cedrickov.
Avant le sommeil bien mérité, la mine est barricadée.
Dehors, les combats continuent. Kortouzov a "nettoyé" Paul Jules et est désormais à mes côtés.
Je suis bien décidé à ne pas sortir d'ici lâcher de si tôt.