Commission de discipline du 25ème RI

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Commission de discipline du 25ème RI

Message par vétéran fourchette » Ven Oct 29, 2010 1:25 pm

Le Colonel Fourchette allait aujourd'hui faire ce qui, au 25ème de ligne, n'avait jamais eu lieu: il allait convoquer un conseil de discipline qui aurait à juger le CdB Hautpoul. Celui qui commandait la première compagnie du bataillon Fourchette avait été mis aux arrêts au petit matin.

La ferme Sud-Est était tombée cette nuit et il fallait savoir quelles étaient les responsabilités de chacun. Le CdB Hautpoul ayant reçu pour mission de défendre la-dite ferme il était dans l'oeil du cyclone mais rien n'assurait que d'autres têtes ne tomberaient pas...

C'était la première fois qu'une telle commission se réunissait au 25ème de ligne et cette convocation avait fait tellement de bruit que même les scribouillards de la gazette étaient présents...
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Message par vétéran fourchette » Ven Oct 29, 2010 1:46 pm

"Lensa, Rudy, à partir de demain nous recevrons les témoignages des officiers du 25 et de tout ceux qui peuvent nous permettre d'y voir plus clair. Cette commission a pour but premier de statuer sur la responsabilité du CdB Hautpoul dans la chute de la ferme Sud-Est. S'il advenait qu'il n'avait aucune responsabilité il nous faudrait alors enquêter pour trouver le responsable de ce gâchis. Une telle erreur ne doit pas se reproduire et cette commission est là pour ça!"

"Colonel, n'est-ce pas du ressort de la justice? Ne sortons-nous pas de nos prérogatives? s'inquiéta le Major Rudy en tant que Commissaire régimentaire.

"Non, je ne crois pas Rudy. C'est pour l'instant un problème intra-régimentaire et il se peut que ça le reste. Ménageons nos juges qui ont d'autres chats à fouetter. De plus j'aimerais autant que cette faute, si faute il y a, reste au niveau du 25ème de ligne"

"Avec la présence de la presse c'est perdu d'avance. En plus d'outrepasser nos droits nous risquons de nous mettre la justice à dos. Je pense que Rudy a raison" ajouta Lensa.

"Le 25ème de ligne est un bon régiment et il est de notre devoir de le protéger. Nous tenterons de préserver son honneur en rendant la justice nous même. Ce sera dur mais c'est un combat tout aussi important que de prendre une ferme. On n'a pas le choix!"

...

"Sarradin, fais entrer les premiers témoins"
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Message par vétéran Hidao » Ven Oct 29, 2010 4:02 pm

La nouvelle de la tenue d'une commission de discipline au sein du 25e RI faisait grand bruit dans la partie Sud-Est du front. Surtout que cela venait suite à la perte de contrôle d'une ferme, chose déjà amer à digérer. Un appel à témoin avait été lancé, relayé par le colonel Pontmercy aux éléments du IIIe CA présents du coté de la fameuse mine au moment de la perte de celle-ci. Ainsi, le Capitaine Adjudant-Major Hidao fut alerté. En effet, sa compagnie de lanciers, dirigée par le jeune adjudant Maremmano, se déployait vers la mine Sud-Est peu avant les faits.

Dès la réception de l'ordre de son supérieur, l'adjudant Maremmano laissa ses directives à sa compagnie, enfourcha son cheval et suivit l'estafette vers le campement du 25e RI. En arrivant au campement, il était aisé de trouver le lieu où se tenait la commission : il suffisait de suivre le brouhaha émis par la foule amassée pour l'occasion. Il fut conduit au caporal Sarradin. Il le salua, puis salua l'estafette qui partait vaquer à une autre tâche. Sarradin expliqua le fonctionnement de la commission et finit par donner l'ordre de passage des témoins. Maremmano était en tête de liste.

"C'est une chance" estima l'adjudant, pressé de retrouver ses hommes.

Puis la commission débuta. L'introduction passée, le colonel Fourchette lança :
"Sarradin, fais entrer les premiers témoins"

Maremmano s'avança, arriva à la barre et salua le jury.

Nom, grade, matricule, régiment d'attribution", fit le colonel Fourchette.

Adjudant Maremmano, matricule 40797, du 112e Lancier du IIIe Corps d'Armée, répondit promptement le jeune adjudant, telle une leçon apprise par cœur à l'école militaire.

Adjudant, narrez nous ce que vous avez fait, vu ou appris avant et après la perte de la mine Sud-Est, entrainant comme vous le savez tous, la perte de contrôle de la ferme Sud-Est."

"Mon Colonel, j'ai reçu l'ordre de mon supérieur, le Capitaine Adjudant-major Hidao, de me mettre en route vers la mine Sud-Est car ce secteur avait besoin de renfort. En chemin, j'ai rencontré une compagnie de cuirassiers russes. Au vu du drapeau et autres insignes, j'ai établi qu'il s'agissait de la compagnie de cuirassiers du colonel Dokhturov. N'ayant aucun soutien d'infanterie, je n'ai pas chargé leur position. Vu la suite des événements, peut-être aurais-je dû...

"Nous ne sommes pas ici pour écouter vos états d'âmes, venez en aux faits s'il vous plaît. Que saviez-vous au sujet du chef de bataillon Hautpoul?"
, s'écria le major Rudy en haussant la voix.

"Oui... bien, Major. Au IIIe CA, l'adjudant Charles Gallifet était à proximité de la mine avec sa compagnie d'infanterie, toutes nos infos transitaient par lui. J'ai appris que le Chef de bataillon Hautpoul gardait la mine malgré une compagnie affaiblie. J'ai appris plus tard que sa compagnie avait été mise en déroute par une succession d'attaques des cuirassiers russes que je cherchais à retrouver. Voilà ce que je sais."
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Message par vétéran fourchette » Sam Oct 30, 2010 10:16 am

"Merci mon Adjudant, peut-être pouvez-vous être plus précis quand à la valeur de la compagnie d'Hautpoul. Vous nous dites qu'elle était affaiblie. Sa faiblesse était-elle d'ordre numérique? Ou était-ce autre chose? questionna le Colonel Lensa.

"Je me permets d'intervenir Lensa" coupa le Colonel Fourchette, "si mes souvenirs sont exacts j'ai ordonné au CdB Hautpoul de reprendre la route avec 120 hommes formés et 80 nouvelles recrues. Il me paraissait évident que ces hommes s'aguerriraient rapidement...

"Effectivement" intervint l'adjudant Maremmano "ils étaient 120 hommes valides et 80 jeunes recrues mais je crois pouvoir affirmer qu'ils n'étaient pas aguerris du tout. Si les vieilles moustaches faisaient bonne figure les Marie-Louise semblaient terrorisées.

"Bien, merci mon Adjudant. Nous notons que d'après vous la compagnie d'Hautpoul ne faisait pas le poids. Vous pouvez disposer."

L'Adjudant Maremmano salua avec rigueur et après un demi-tour réglementaire il quitta le pseudo-tribunal.

"Sarradin, fais entrer le témoin suivant!"
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Message par vétéran Georges Pontmercy » Sam Oct 30, 2010 7:06 pm

Pontmercy arriva, en retard, et d'une humeur massacrante. Il n'était pas présent sur les lieux au moment des faits, et tenait à savoir ce qu'il s'était passé pour deux raisons.

La première, c'est qu'il était un des commandants de l'aile gauche de la Grande Armée qui venait d'essuyer un cinglant revers pour la première fois depuis plusieurs mois. Alors que les braves de l'Armée du Rhin, du 25ème Régiment de Ligne et du IIIème Corps d'Armée avaient géré une situation d'urgence au prix des vies de nombre d'entre eux et au péril de celles de beaucoup d'autres, ils avaient été contraints d'évacuer la ferme devenue peu sûre. Des bataillons entiers s'étaient écharpés dans une ville et dans des champs, la victoire avait été arrachée de peu, et quand tout semblait maîtrisé ils perdaient une bête mine, pourtant loin sur leurs arrières et sensée être gardée.

La seconde raison, c'est que malgré une assiduité fort discutable, il restait journaliste et il avait l'occasion de passer sa frustration via un article salé sur le ou les coupables. Alors qu'ils se targuaient d'être les seuls régiments français à obtenir des résultats, ils se faisaient ridiculiser, dans leurs bases, par quelques centaines de cosaques débraillés et puants ! Cela devait se payer.

Georges se fraya un chemin dans la foule des spectateurs, écartant d'un coup d'épaule ou d'un regard mauvais ceux qui tentaient de résister, salua de brefs mouvements de tête les officiers qu'il connaissait, puis trouva fortuitement une des rares places assises disponibles en dégageant sans ménagement son occupant qui ne protesta qu'un peu, pour la forme.

Il sortit des feuillets et un crayon graphite dont il avait récupéré une petite cargaison en Prusse, chez un certain Caspar Faber près de Nuremberg, puis commença à écrire en marmonnant, jurant et pestant bruyamment, raturant régulièrement son brouillon.
"pontmercy ne cherche que le pouvoir. ce personnage n'a aucune limite dans son ambition aucune moralité. je prevois des jours tres sombre a la CDR si il continu a sevir. Avec L*** je les vois bien avoir conclue un pacte pour prendre le pouvoir a CDR"
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Message par vétéran Bouchu » Sam Oct 30, 2010 9:18 pm

Le colonel Bouchu était présent... il pleuvait des cordes et le froid arrivait.

Bien, je vois qu'on cherche à faire utiliser la terreur alors qu'on a besoin d'exemple positif...

Où étaient les officiers français qui avaient fait trembler l'Europe ?
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Message par Lupus » Sam Oct 30, 2010 9:35 pm

Le Sous-lieutenant Lupus était présent pour assister à la commission disciplinaire organisée par le chef du 25ème Régiment.

S'il était là, c'était avant tout par curiosité. Étant intégré à l'Armée du Rhin, il faisait partie des officiers concernés assez directement par la perte de la ferme Sud-Est: aussi, le géant vêtu de noir s'était-il mêlé à la foule, pour voir comment le Colonel Fourchette allait statuer. Assit sur une chaise en bois sur l'un des côtés de la salle, il dévisageait les intervenants les uns après les autres.

Par ailleurs, il avait entendu dire que cette commission était exceptionnelle: quel que soit le jugement rendu, il allait s'agir d'un véritable acte de jurisprudence, qui allait influer sur la conduite des officiers français du Sud. Si le chef de bataillon Hautpoul était condamné, les officiers et leurs subalternes directs deviendraient seuls responsables des échecs dans leurs secteurs; s'il était acquitté, alors la faute serait soit attribuée aux cadres des régiments, soit ne serait imputée à personne, purement et simplement.
Bref, en cas de condamnation, les régiments seraient déchargez des erreurs locales, alors qu'en cas d'acquittement, les régiments entiers deviendraient responsables, avec une personnification dans les cadres, ou bien nul ne serait plus chargé d'aucune responsabilité dans les défaites de la Grande Armée.


"Bref, une véritable question politique...cela risque de déterminer l'investissement des officiers dans les combats et les reproches pouvant être attribués aux régiments...ce Fourchette prend un grand risque, avec cette commission disciplinaire..."

Lupus lui-même n'aurait su dire s'il avait bien pensée cette réflexion, où s'il l'avait prononcée à voix basse.
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Message par vétéran fourchette » Sam Oct 30, 2010 9:58 pm

La salle se remplissait.

Si une telle commission semblait gêner certains des officiers présents cela n'affecta pas la détermination du Colonel Fourchette de faire le grand jour sur cette erreur. C'était un républicain de la première heure et il lui semblait naturel d'avoir à rendre des comptes à ceux, la base, qui chaque jour risquaient leur vie...et sans cette commission il ne s'en sentait pas capable.

Le prochain officier à entrer pour témoigner fût le Capitaine Comeau. Il commandait la seconde compagnie du bataillon Fourchette et s'il n'avait pas "vécu" la chute de la ferme son témoignage en tant que camarade de promotion du CdB Hautpoul pouvait être révélateur.

"Entrez Capitaine et présentez-vous à la Commission" dit Sarradin.

"Capitaine Comeau, matricule 17060, 25ème de ligne, à vos ordres mon Colonel" énonça distinctement,dans un garde à vous rigoureux, le capitaine.

"Repos Capitaine. Nous vous écoutons, ce que vous pourrez nous apprendre sur le CdB Hautpoul nous sera d'une grande aide."

"Mon Colonel, si je suis ici c'est parce qu'avec Dominique, enfin le CdB Hautpoul, nous sommes de la même promotion. Nous avons effectué nos classes ensemble, nous avons fait le voyage jusqu'ici dans la même carriole et nous avons intégré le 25ème de ligne le même jour. On est donc un peu jumeaux et je le connais comme mon frère."

"Bien, éclaircissez-nous alors. Il semblerait que le CdB Hautpoul ait quelques problèmes avec sa compagnie, êtes-vous au courant?"

"Oui mon Colonel, enfin non..."

"Décidez-vous!"

"J'ai effectivement entendu parlé de quelques déboires qu'aurait eu d'Hautpoul avec un sous-officier de sa compagnie mais pour ce que j'en sais c'était juste un problème entre ces deux personnes et ça n'a altéré en rien les capacités du CdB qui est le premier de notre tranche d'âge à être passé CdB."

"J'ai son livret matricule sous les yeux Capitaine! Parlez-moi plutôt de cette altercation avec ce sous-officier. Pensez-vous que cela ait pu remettre en cause son autorité au sein de la compagnie? Y a-t-il eu, à votre connaissance, fronde ou pire, rebellion?"

"Je ne sais pas mon Colonel mais il est vrai que depuis quelques jours d'Hautpoul semble ailleurs. Il est difficile d'avoir une conversation avec lui et il boit plus qu'à l'accoutumée. Je sais qu'il a défendu vaillamment avec le CdB Libéciu une ville contre des russes largement supérieurs en nombre et qu'il a dû se retirer après des combats qui ont vu la mort de nombre de ses hommes. Peut-être que son changement vient de là..."

"Il est sûr que nous en saurons plus quand Hautpoul viendra ici témoigner mais je veux avoir les bonnes questions à lui poser et des témoignages comme le vôtre me permettront de cibler nos interrogations. Avez-vous d'autres choses à nous apprendre Capitaine?"

"Oui mon Colonel. Je ne sais pas si ça sera utile à la Commission mais Hautpoul a reçu récemment un courrier de sa famille. D'habitude il m'en parle mais là, pas un mot. Comme son changement d'attitude correspond sensiblement à la réception de cette lettre j'ai pensé que ça pourrait vous interesser."

"Oui, merci Capitaine. Vous pouvez disposer."

"Sarradin, fais entrer le témoin suivant!"
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Message par vétéran vavaaa » Sam Oct 30, 2010 11:09 pm

l'officier vavaaa arriva dans la salle discrètement, il ne se battait pas au sud, pourtant il se sentait concerné par cette nouvelle, il avait combattu dans cette mine lors du changement de côté, il s'était battu au sud au milieux des troupes française. Même si il se trouvait près de Polotosck lors de la prise de la mine, il se devait d'être là, ne serai-ce que pour y assister silencieusement. Il dirait peut-être un mot si la situation évolue.
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Message par vétéran TTrox » Dim Oct 31, 2010 4:09 pm

Devant la tournure que prenaient les évènements, le remord et la culpabilité rongeaient Militrox, le Commandant de la milice du Colonel Ttrox.
N'avait-il pas, après tout, lui aussi, une part de responsabilité dans ce qui était arrivé à la mine ?
C'était décidé, il allait témoigner, il le fallait. Il ne pensait pas que la réputation du 25ème puisse être remise en cause pour ce qu'il estimait n'être qu'un très malheureux et imprévisible concours de circonstances.
Le lendemain, devant la commission réunie au complet, Militrox prit la parole :

Depuis plus de 10 jours avant la perte de la ferme Sud Est, j'étais affecté à la défense de la mine, avec l'effectif de ma milice au complet.
Je suis longtemps resté seul, régulièrement harcelé, de surcroît, par une unité de voltigeurs russes.
La présence de russes arrivant dans ce secteur, toutefois encore assez loin de la mine, me fut signalée en même temps que les officiers Gallifet et Haupoul arrivaient sur place.
Après un jour d'attente, Gallifet étant à mon contact, je pris l'initiative d'une sortie avec l'idée d'effectuer une reconnaissance d'un bosquet au Nord immédiat de la mine.
Après une marche pénible au travers du marais, j'arrivais enfin à la lisière du bosquet ; je repèrais immédiatement la présence d'une unité de voltigeurs ennemis, sans doute ceux-là même qui me harcelaient depuis des jours. Mon sang ne fit qu'un tour, je vis l'opportunité personnelle de régler mes comptes avec ces russes en même temps que celle de nous débarrasser d'une unité qui représentait un risque pour nous tous dans la défense de la mine.
Le combat ne s'annonçait pas facile. L'ennemi prit rapidement une bonne position de défense, protégé derrière une épaisse végétation. Il ne fallut pas moins de 4 charges à la mélée de mes vaillants miliciens pour venir à bout de ces russes déchainés. L'unité russe fut certes anéantie mais ma milice se retrouvait alors exsangue, épuisée et incapable du moindre mouvement. Elle devait d'ailleurs elle-même se faire anéantir dès le lendemain suite à une double charge de lanciers russes sortis de nulle part.

Connaissant maintenant la fin de l'histoire, la perte de la mine aurait sans doute été évitée si ma troupe était restée passive et retranchée dans la mine.
Mais personne ne connait jamais la fin d'une histoire avant qu'elle ne commence.
Aucune troupe russe n'était en visu au moment de mon mouvement, pas plus d'ailleurs qu'une fois au contact des voltigeurs russes.
Fidèle à une certaine tradition au sein du 25ème, j'ai choisi l'initiative réfléchie à la passivité, comme cela nous a si souvent été favorable.

Ce dont je voulais témoigner ici, c'est de l'aspect proprement imprévisible de ce qui s'est passé, mélange du plus malheureux des hasards et de la plus extrordinaire réussite d'une seule unité russe à un moment donné.
Plutôt que d'essayer d'établir la responsabilité d'un Seul, je pense que la charge de la responsabilité diluée de chacun des acteurs de cette tragédie devrait constituer une peine suffisante concernant cette triste affaire. D'autant que la leçon à en tirer nous rendra assurément plus méfiant, plus réfléchi encore et au bilan plus performant à l'avenir dans la conduite de nos opérations.
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Message par vétéran Comte de St Germain » Lun Nov 01, 2010 4:05 am

L'Officier Hendrix écoutait attentivement chaque interlocuteur et prenait connaissance des faits. Il y avait du monde au campement, venu assister à cette affaire et cela pouvait être interprété comme de l'intérêt collectif ou des actes de charognards... l'avenir nous le dirait... Cette histoire était obscure et il se demanda à plusieurs reprises si ce n'était pas un complot visant à écarter l'officier Hautpoul, peut-être gênant, car promu au rang de Chef de Bataillon le plus jeune de la Grande-Armée, une distinction honorifique indiscutable et indicatrice de ses qualités. Mais à la vu de la situation générale et de son manque d'informations, il s'abstint de ses hypothèses et resta concentré sur les débats.

Mais sa plus grande inquiétude était de voir triompher l'égoïsme au détriment des valeurs collectives qui avaient fait la renommée et la notoriété de la Grande-Armée. L'officier Hendrix avait participé aux rudes combats au sud de Polotsk et vers Agathe, au sein de l'Armée du Rhin et les valeurs de la Grande-Armée n'avaient point fait défaut, sur aucun point, bien au contraire. L'exemplarité y était en figure de proue. Mais les effectifs Russes avaient fait la différence.

Depuis quelques temps, l'officier Hendrix avait remarqué quelques dis-fonctionnements, des gradés obstruant les voies de communication, aucune réponse à quelques missives, peut-être dû aux estafettes capturées par quelques troupes Russes infiltrées derrière nos lignes et à la fatigue des marches harassantes sur le front ?? Le front était instable et de nombreuses questions étaient sans réponses, mais des troubles étaient bien présents.

L'officier Hendrix espérait vivement que l'officier Hautpoul ne voit pas sa carrière brisée, alors qu'il serait sûrement, une des valeurs sûres de l'avenir de la Grande-Armée. Malgré son intérêt vivace pour la discipline, il ne fallait pas non plus en abuser, mais savoir énoncer les choses et être entendu, sans que l'on s'offusque à la première réflexion constructive, sans oublier que les troupes Russes mobilisées pour cette action ne se sont pas retrouvées ailleurs... savoir lâcher du leste peut-être une force et l'on peut reculer pour prendre de l'élan. Mais ce ne sont là que phrases et hypothèses, car l'officier Hendrix n'avait nullement connaissances des rapports logistiques en main, ni les prises faites par l'ennemi en ravitaillement et encore moins l'état du moral de la Grande-Armée. Un frisson lui parcouru l'échine, l'hiver était presque là et il reboutonna sa vielle redingote usée et en remonta le col. Dehors, le vent envoyait ses bourrasques et de lourd et épais nuages s'amoncelaient. Une affaire bien délicate que celle-ci, à n'en pas douter.
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Message par vétéran fourchette » Lun Nov 01, 2010 4:09 pm

"Bien, fort de toutes ces indications supplémentaires la Commission va prononcer une suspension de séance de 3 jours pour laisser la passion retomber."

L'annonce faite par le Colonel Fourchette fit son petit effet. Le brouhaha gagna, chacun discutant avec son voisin des raisons d'une telle suspension.

Les membres de la Commission s'étaient levés et allaient quitté la salle quand le Colonel Fourchette se retourna et prit la parole.

"Je tiens à annoncer à tous qui êtes ici présents que je ne fais rien de plus que ce qui est fait chaque jour dans vos régiments pour punir qui le brigadier qui n'a pas salué son supérieur, qui le sous-officier qui a déserté et qui s'est fait reprendre par la patrouille. Chacun des coupables a le droit à un jugement au cours duquel il est défendu par son représentant de catégorie.
Ce qui change ici c'est que cette Commission de Discipline a lieu, non pas à huis clos comme habituellement, mais en public. Nous avons pensé que le sujet était suffisamment grave pour que les délibérations qui accompagneront la "sentence" soient connues de tous.
Ne vous y trompez pas, le CdB Hautpoul est coupable d'avoir perdu la mine!
... Est-il responsable?
Voilà la question à laquelle la Commission est chargée de trouver une réponse. Car de cette réponse dépend la sanction du CdB Hautpoul et une éventuelle enquête pour trouver le ou les responsables.
La séance reprendra donc vendredi midi, nous entendrons les derniers témoignages et le CdB Hautpoul viendra lui aussi s'exprimer."
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Message par vétéran fourchette » Ven Nov 05, 2010 8:39 pm

Voilà, l'intermède était passé et les spectateurs étaient de nouveau tous là.

Il était difficile de savoir ce qui motivait chacun des présents. Était-ce la quête de la vérité ou plus simplement la curiosité? Nul n'aurait su le dire et certainement pas le Colonel Fourchette tant les motivations de chacun des quidams présents ne l'intéressaient pas. Il savait qu'il devait mener à bien cette Commission et il le ferait...

"Sarradin, dès que le silence sera revenu dans la salle fais entrer le prochain témoin"

Chacun s'attendait à entendre le CdB Hautpoul et l'annonce faite par le Colonel Fourchette laissait sous-entendre que le CdB ne serait pas le suivant à témoigner. Lentement mais sûrement le brouhaha envahit la salle.

"Silence je vous prie!"

"...Allez Sarradin, fais entrer le prochain témoin."
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Message par vétéran fourchette » Sam Nov 06, 2010 2:19 pm

Plus personne ne l'attendait et pourtant ce fût le CdB Hautpoul qui franchît la porte. Il allât se placer à la barre et déclinât:

"Chef de bataillon Hautpoul, matricule 17059, 25ème de ligne, à vos ordres mon Colonel." Sa voix était assurée et lui-même, dans son uniforme impeccable, avait fière allure.

Il régnait à cet instant un silence terrifiant, de ceux qui précèdent une embuscade. C'est l'effet qu'il dû faire à nombre de vieilles moustache présentes dans la pièce car beaucoup d'officiers se regardèrent en s'interrogeant du regard.

Pour augmenter la solennité du moment le Colonel Fourchette attendit 2 secondes de plus avant d'annoncer:

"Repos Commandant. Vous savez pourquoi vous êtes là? La Commission veut connaitre votre part de responsabilité dans la perte de la mine Sud-Est avant de statuer sur votre sort. Les réponses que vous nous donnerez devraient nous permettre de vous juger le plus justement possible et pourraient éviter qu'une telle erreur ne se reproduise. La Commission vous invite donc à être le plus précis possible et à ne donner que des détails en rapport avec l'affaire qui nous réunit ici. Avez-vous compris? Êtes-vous disposé à nous aider?"

"Oui mon Colonel, j'ai compris et je suis disposé à aider cette Commission. Je ne dirai cependant rien tant que le Capitaine Comeau sera dans cette salle."
Et son visage se ferma...

"Pourquoi donc mon Commandant? Expliquez-vous!"

...mais le CdB Hautpoul restait de marbre. Le Capitaine Comeau, présent dans la pièce, était devenu blême. Les regards de la moitié de la salle s'étaient tournés vers lui et il était évident qu'il ne savait que faire.

Les chuchotements avaient repris. Le Major Pontmercy, qui s'énervait à nouveau sur ses crayons depuis la reprise de la séance, était subitement devenu immobile.
La totalité de ses sens semblait en alerte, ses yeux allaient de droite à gauche comme s'ils avaient eu peur de rater telle ou telle expression sur un des visages, ses oreilles semblaient vouloir percevoir le moindre soupir, ses mains tenaient fermement le crayon qui maintenant glissait lestement sur une feuille qu'il ne regardait même pas, son odorat lui-même humait l'air pour sentir la moindre phéromone. Seul le goût paraissait au repos mais il était évident qu'au moins intérieurement il se léchait les babines en pensant à l'article qu'il allait pouvoir écrire...
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Message par vétéran fourchette » Dim Nov 07, 2010 4:25 pm

Le Colonel Fourchette fit signe au Colonel Lensa et au Major Rudy pour qu'ils se rapprochent et leur chuchota à l'oreille ce que personne d'autre qu'eux ne put entendre. Après 5 minutes de discussion le Colonel Lensa et le Major Rudy allèrent se rasseoir et le colonel Fourchette prit la parole.

"Bien Commandant, nous allons accéder à votre demande."
"Sarradin, raccompagne le Capitaine Comeau où il le désirera et rejoins-nous."


Le Capitaine Comeau accompagna le brigadier Sarradin et la séance put reprendre.

"Allez Capitaine, nous vous écoutons. Qu'avez-vous à nous apprendre qui pourrait nous éclairer sur le comment de la perte de la mine?"

"Il y a une taupe au 25ème de ligne, et ce n'est pas moi!"


Il avait crié cette phrase comme si sa vie en dépendait. Lui qui jusqu'alors semblait calme et serein paraissait maintenant paniqué. Les deux brigadiers qui l'entouraient furent obligés de le saisir fermement aux épaules pour qu'il ne courre pas partout. Il semblait être devenu fou.
Et sa folie était visiblement contagieuse. Un vent de panique avait rattrapé l'assistance et tous cherchaient désormais à quitter la salle comme s'ils avaient eu peur que le doigt accusateur du commandant Hautpoul ne les pointe.

"Silence dans la salle! Sergent de garde, mettez-moi un peu d'ordre dans cette pièce!"

Il fallut près de 10 minutes au sergent et à son piquet pour faire régner l'ordre. La salle, qui était bondée il y avait à peine 10 minutes paraissait vide. Seuls 5 ou 6 officiers étaient restés.
Le commandant Hautpoul était de nouveau calme, apaisé. On aurait pu croire qu'il avait manigancé cette mascarade pour éloigner les badauds...

"Reprenons Commandant. Ce que vous annoncez est grave. Avez-vous des preuves?"

Avant de répondre le Commandant Hautpoul jaugea l'assistance, comme pour être sûr qu'il pouvait parler sans craintes.

"J'en cherchais justement mon Colonel quand vous m'avez confié la mission de défendre la mine. J'ai reçu il y a une quinzaine de jours un courrier en provenance de ma famille. Mes parents étaient attristés car ils venaient de recevoir un courrier officiel leur annonçant la mort du Capitaine Comeau. Je dois donc vous dire que Comeau et moi-même avons été élevé par mes parents quand les siens sont morts alors que nous étions élèves à Autun.En plus de recevoir ce courrier officiel ils ont reçu des lettres destinées à Comeau qui n'ont pas été distribuées car Comeau était sensé être mort. Comme certaines étaient écrites en russe mes parents me les ont transférées."
"Au fait, venez-en au fait Commandant!"
"J'y arrive mon Colonel. J'ai donc fait traduire ces lettres, que j'ai toujours en ma possession, et ce que j'y ai lu m'a laissé imaginé que Comeau trahissait. Je n'ai pas voulu croire à ça et avant de vous rendre-compte j'ai voulu enquêter. Je n'en ai pas eu le temps, vous m'avez assigné à cette mission. Cependant j'ai parlé de la mission à Comeau et si vous, de votre côté n'en avez parlé à personne, comment expliquer que ma compagnie ait été harcelé dès qu'elle a quitté le cantonnement? Comeau connaissait mon itinéraire, les heures de passage de ma compagnie aux différents points... et les russes aussi."

"Bien, je prononce une suspension de séance de 4 heures le temps pour vous Commandant d'aller chercher les lettres. Je demande d'autre part aux officiers ici présents de garder pour eux ce qu'ils viennent d'entendre. La lumière doit être faite sur cette affaire et toutes fuites pourraient être préjudiciables..."


Le Colonel Fourchette finissait juste sa phrase que Sarradin rentrait essouflé.

"Le Capitaine Comeau m'a assommé et s'est enfui!"

"Sergent, informez les officiers du 25ème que le Capitaine Comeau doit être recherché et amené devant cette Commission. Cette mission est prioritaire sur toutes autres. Sarradin, accompagne le commandant Hautpoul jusqu'à sa cellule, ses quartiers si nécessaire et ramene-le ici dans 4 heures avec les lettres. Qu'il reste sous ta surveillance/protection durant tout ce temps. Rompez!"
vétéran fourchette (Mat. 17059)
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