L'honneur des braves

[vétéran Astore Cavallini (Mat. 1475)]

Les cosaques n'avaient pas ménagé leur peine depuis le début de cette campagne au sud de Polotsk. Après avoir débordé l'ennemi par le sud, ils avaient systématiquement éliminé toutes les unités ennemies égarées, ou les petits groupes qui s'apprêtaient à rejoindre leurs camarades du "3ème" du "30ème" et du "18ème".

Mais la pression devenait forte, sans compter les charognards qui dans le sillage des cosaques, abattaient les trainards et les blessés du voïsko. Ainsi le "Kazak Voïsko" changea de cap, et investit la forêt pour prendre l'ennemi à revers. Ce fut d'abord la surprise, mais les "culs-blancs" tentaient de résister, alors que l'"Armée du Maréchal" et les renforts cosaques depuis Polotsk, marchaient victorieusement vers l'est.

Le soir au bivouac, Cagilov poussiéreux et dont la bourka et son charovary portaient encore les stigmates de récents combats, descendit de son bel étalon noir. Un cosaque saisit les rênes de son cheval pour le faire boire, tandis qu'un autre, lui tendit une bouteille de vodka. Il se dirigea vers le centre du campement, naviguant entre les tentes blanches montées sous de vénérables chênes et chataigners.

Prêt de la Bountchouk, Cagilov avisa les Chefs de Guerre de la Rada lancés dans une discussion arrosée...


"_ Ôôôôô... Hetman! Que soit encensée ta grandeur dâme, ton ardeur au combat! que soit béni ton saint-foutre...

_ Ho ça va Cagilov...! La ferme! Cesse de fréquenter ce vaurien de Morlocks! Tout aussi poète qu'il est, c'est aussi un cosaque du Kouban... Et tu sais ce qu'on dit sur ces gens là... Ils méritent leur réputation...

_ Assieds-toi avec nous, Cagi... fit Plitschikoff. Alors les nouvelles! Combien de "franzkis" as-tu occis aujourd'hui? Et combien de prisonnières as-tu troussé?

_ Les nouvelles sont bonnes! Nos cosaques sont solidement enracinés dans la forêt. Et nos renforts sont à quelques miles à peine de nos positions et sont déjà au contact de l'ennemi. Il nous sera facile de le briser entre l'enclume et le marteau! Mais...

_ Oui..? fit Viatchesla qui se figea une outre de vodka sur l'épaule.

_ Les renforts bonapartistes arrivent par l'est et harcèlent notre flanc droit, et parmi ceux-là...

_ Oui, bon... accouche, Cagilov! s'impatienta Pokotylo! Si tu es aussi vif au combat qu'en paroles, la chienlit franzki n'a pas grand chose à craindre!"


Les Chefs de Guerre rirent grassement, profitant de la courte pause pour s'abreuver et manger de ces derniers jambons pris dans les ruines fumantes d'un campement bonapartiste brûlé le matin même. Enfin, tous les regards des Chefs de guerre se posèrent sur Cagilov qui préparait son coup ne boudant pas son plaisir que de faire attendre ses frères d'arme...


"_ Saint-Amaury!

_ Quoi... Saint-Amaury! éructa Mickaïl-le-Fou dit "Mikeyouf"

_ Saint-Amaury est encore là, à nous coller le zipoune, le nez dans le crottin de nos montures, défouraillant nos cosaques qui espèrent quérir un peu de repos, n'hésitant pas à passer nos 1ères lignes pour achever nos blessés en base arrières...!


Une lueur étincella dans le regard d'Igor Plitschikoff. Il se souvenait en effet d'une nuit autour d'un feu. Ses cosaques féroces qui l'instant d'une parenthèse, avaient trinqué aves ces soldats à l'uniforme impeccable du "3ème de Ligne"...

[Nicolaïkov (Mat. 14144)]

Dans le calme discret de la nuit, une cariolle discrète mais couinante et peu défendue arriva non loin d'un feu de braise peu visible.



Un vieil homme s'annonça en venue du Palais de Polotsk de la part des plus hautes autorités et détela sans mot dire l'étrange machine et dans l'obscurité fit signe aux patrouilles de ramener les cruchons ! Le ravitaillement de brousses Kosaques venaient de débuter.