par vétéran Antoine de Froiss » Sam Juin 09, 2007 8:04 pm
Et voilà comment une soirée, censée porter haut le prestige des hommes qui accompagnaient le Général français, devenait une chevauchée en direction du campement russe.
L'Officier de Dare aida ainsi la jeune femme à monter sur sa monture et s'installa derrière elle, le mieux qu'il pût. L'étrangeté de la situation la rendait somme toute, très particulière, tant et si bien que les adjudants du membre de l'Etat-Major restaient pantois devant un tel comportement. Clément était un homme plein de surprises, et eux qui pensaient le connaître se trompaient lourdement.
Les bêtes prirent donc la direction du campement russe, la jeune femme et l'officier en tête du cortège. Cependant, ne désirant point risquer de se faire attraper par quelques couards du camp d'en face, le Général jugea plus prudent de laisser la jeune femme poursuivre seule en direction de son bivouac, à quelques lieues à peine de celui-ci. Mettant pied à terre et laissant les brides de sa monture à la jeune russe, il déclara au clair du lune, d'une voix engeôleuse:
" J'ai été ravi de vous rencontrer jeune dame et j'espère ne plus vous revoir dans cet état à l'avenir, ni même sur le front, il serait vraiment dommage d'abimer un si beau visage. "
Alors qu'Antoine et Anthelme s'éloignaient d'eux, Clément poursuivit, repensant au mouchoir qu'il avait offert à la jeune femme:
" Ha, considérez comme gage de ma part le mouchoir que je vous ai offert, peut-être aurez-vous l'occasion de me le remettre un jour, lorsque vous serez dans de meilleures dispositions. "
Sans attendre une réponse de la jeune femme, il fit demi-tour et se pressa de rejoindre ses compagnons, qui s'étaient mis à deux sur la jument de l'Adjudant-Major, laissant ainsi l'étalon à leur supérieur. Une fois qu'ils furent assurés que la jeune femme était loin, il se permirent un commentaire.
" Vous ne comptiez tout de même pas la ramener dans votre couche, Général... Elle est russe, et les russes sont nos ennemis. "
Clément, se posant sur la selle moletonnée semblait satisfait de sa prestation.
" Je soigne mon image auprès de ces rustres, voilà tout. Croyez-vous donc vraiment que j'ai un quelque intérêt à venir prendre ici une russe qui ne tient pas l'alcool alors que j'ai tout ce que je veux en France ? Cet officier, dont je n'ai pas même eu le nom saura faire entendre à qui veut l'entendre que l'Empereur compte dans son armée des gens qui respectent leur ennemi et offriront ainsi un contre-exemple à ces braves Partisans du Lys qui nous considèrent comme des monstres. "