Etats d'esprit d'un officier sur le front russe

Racontez vos histoires autour d'un verre sous la tente...

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Etats d'esprit d'un officier sur le front russe

Message par vétéran Alexandre Majoit » Sam Mai 26, 2012 12:41 pm

Hum... hum... hum...

Le jeune officier n'en finissait plus de regarder les cartes, partout des cartes, encore des cartes. Il connaissait cette région par cœur, il dormait et rêvait des cartes, des bouts de terre à conquérir et tenir, malgré les pertes, malgré les blessés hurlants, malgré les membres arrachés par les obus des canons, malgré les balles fusants au-dessus des têtes des soldats, malgré les baïonnettes imprégnées de sang. Cette guerre, il fallait la gagner. L'Empereur l'avait ordonné. Empereur... Empereur...

Alexandre vida un peu plus son verre. Ses nouvelles fonctions lui avaient permis d’accueillir un aide de camp, un certain Romain quelque chose. Peu importe, il n'était jamais réellement proche de ces hommes. La situation française s'était améliorée. Lui non. Certains n'avaient pas bougé le petit doigt pour l'aider, d'autres avaient tout tenté. Il LE haïssait. Oui, un sentiment profond de haine, mélangé à une incompréhension forte, naissante et croissante. Rien, il n'avait rien fait! Ni lettre, ni entrevue, ni même un entretien! RIEN!

Une estafette entra, tirant le Général en Second de sa rêverie. Des nouvelles du front. Il parcourut la lettre, vit qu'elle ne nécessitait aucune réponse, renvoya le soldat. Il bougea un pion sur la carte. Les forces françaises avaient gagné du terrain depuis quelques temps. Charleville avait uni les soldats, les chefs, même les plus râleurs. Des tensions subsistaient, des choix étaient longuement discutés mais au final, l'armée s'en sortait mieux. Vilpinov avait-il perdu de sa superbe? Ses choix étaient-ils enfin mauvais? La perte de certains grands officiers avait peut-être entamé le moral des troupes ennemies. Parfait.

Marc Servant entra en trombe sur ces réflexions.


"Je l'ai! Tiens Alex, je l'ai!" dit son officier de cavalerie, tendant un pli portant un cachet inconnu.
"Parfait! Tu as réussi, parfait! Parlons faiblement mon ami, sinon nos têtes pourraient tomber rapidement. Va t'assurer que les gardes de faction sont bien à leurs postes, suffisamment loin donc."
"J'y vais!"

Alexandre décacheta la lettre et la parcourut. L'écriture était hésitante. La signature concordait, comme le sceau final. Alexandre sourit. Il allait peut-être finalement lui rendre la pareille. Il n'avait rien fait pour lui, lui ferra quelque chose contre lui. Il se versa un verre et attendit le retour de Marc qui sera ravi de lire ces quelques lignes...
Dernière édition par vétéran Alexandre Majoit le Sam Mai 26, 2012 2:27 pm, édité 1 fois.
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Message par vétéran Alexandre Majoit » Sam Mai 26, 2012 2:27 pm

Alexandre était plongé dans la contemplation des flammes de son feu de camp, l'air pensif, réfléchissant à toutes les opportunités, toutes les possibilités. La tente s'ouvrit brusquement, sortant l'officier de sa rêverie, il se retourna précipitamment. Rien à craindre, c'était Marc. Il sortit le pli et le donna à son fidèle adjudant. Il but une gorgée durant ce laps de temps. Marc avait plus de difficultés qu'Alexandre pour lire, mais ce dernier ne voulait pas parler pour rien, ne pas prendre de risque pour rien. Cette opération était risquée, très risquée. Il ne fallait pas se faire prendre, pas se faire avoir, ne rien laisser au hasard. Sinon... la pendaison... le peloton d'exécution... Avec un peu de chance, il réussira à se tuer avant sa capture. Cela évitera un long procès.
Marc releva la tête, tout sourire.


"Alors, c'est bon?"
"Alors ça peut se faire. Cela peut se régler, du calme mon ami, du calme... Qu'as-tu fait des sentinelles?"
"Elles boivent à ma santé, convaincue que je te protégerai."
"Parfait. Tu es allé avec des cavaliers le chercher ce pli?"
"Oui, trois, j'ai prétexté une mission de reconnaissance et nous les faisons toujours par quatre. Je ne pouvais pas y aller seul, cela aurait paru étrange."
"Tu as bien, ne t'en fais pas. Tue les! Il ne doit pas y avoir de témoins."
"Mais ils n'ont rien vu, je les ai semé durant notre parcours. De nuit, c'était trop facile."
"Peu m'importe, tue les."
"Comme tu veux..."


Marc sortit de la tente, déposant le pli sur la table des cartes. Alexandre le prit, le relut et sourit à nouveau. Une nouvelle gorgée. Il y aurait forcément des morts, dommage que les premiers fassent partie de ses propres troupes. De toute façon, rien n'est sûr qu'il les commande à nouveau. Dommage, il aimait beaucoup certains hommes. François Testu et Stéphane Gurdilon, ses adjudants et commandants des voltigeurs et des fusiliers, n'étaient pas au courant de ce projet. Non. Trop de valeurs. Trop d'honnêteté. Ils n'auraient pas été d'accord. Ils auraient tout fait pour stopper cette folie. Ils auraient été prévenu les Gendarmes, la Garde Impériale. Oui, ils n'étaient que deux dans cette aventure. Deux pour la mort ou la réussite, deux pour la mort ou l'acclamation.

Il prit son fusil personnel, copié sur le modèle des voltigeurs et sortit de la tente, prenant le chemin d'entrainement. Il fallait qu'il se perfectionne. Il ne pourrait pas rater son coup, il n'en aurait qu'un. Pas deux.
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Message par vétéran Alexandre Majoit » Dim Mai 27, 2012 9:50 am

PAN Il recula de 7 pas, rechargea, visa.
PAN Il recula de 7 pas, rechargea, visa.
PAN Il rechargea, il venait de rater la cible. Décidément, il était un piètre tireur. La cible était à 250 mètres à peine. Alors qu'il insérait la balle dans le canon, Marc arriva. Alexandre posa son fusil et le regarda, l'air inquiet.

"Le problème est réglé, une nouvelle mission de reconnaissance. Encore heureux que je suis meilleur tireur que toi"
"Parfait, parfait.
Il visa, appuya sur la gâchette, le coup partit et vint percuter la cible. Il toisa Marc, les deux hommes sourirent.
"Retournons à la tente."

Tout en marchant, Alexandre sortit le pli et le relut. Une fenêtre s'ouvrirait sûrement d'ici peu de temps. Il faudra aller vite, très vite. La fuite était déjà prête elle aussi, le chemin à parcourir serait sûrement dur et les Français n'hésiteront pas à tirer à vue après ce qu'ils auront fait. Il faudra brûler cette lettre dès qu'il rentre dans la tente. Quelques soldats se mettaient au garde-à-vous à son passage. Il répondit d'un signe de tête. Arrivé à sa tente, il ordonna à son aide de camp d'aller chercher une bouteille de vin, cela l'aidait à réfléchir. Comme le Corse bizarrement. Il raviva le feu, Marc salua et sortit: il avait trois nouveaux lanciers à trouver pour compléter sa compagnie. Alexandre relut la lettre une dernière fois. Il jeta le cachet de cire dans le feu, attendit qu'il avait bien brulé et relancé la vigueur du feu, puis lança la lettre également. Tandis qu'elle se consumait, il pouvait encore lire les derniers mots:

"A l'Officier Karl Hi..."
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Message par vétéran Alexandre Majoit » Dim Mai 27, 2012 2:44 pm

A même le sol, les cartes s'enjambaient et se chevauchaient. Sur la table centrale, une immense carte était disposée, surplombée de figurines symbolisant les armées françaises et les armées russes. La Bérézina se dessinait, bloquant parfois les mouvements des armées, protection bien utile. Les systèmes de renseignement français étaient bons, les régiments russes étaient identifiés, leurs forces et leurs faiblesses également. Les estafettes venaient et repartaient dans sa tente, son quartier général depuis quelques temps. Il n'était plus monté au front avec ses Grenadiers. Ses hommes valeureux lui manqueraient. Certains devraient répondre de cet acte fou. La Justice viendrait interroger quelques hommes, les officiers subalternes. Peut-être que certains seront fusillés, Alexandre n'en avait cure.
Le Général en Second de la Grande Armée observait Alma. Il apprenait les rues, les quartiers, les ponts, l'église. Il faisait et refaisait le parcours. Il devait tout connaître par cœur. Ne rien laisser au hasard. Ils ne devraient pas perdre de temps à sortir une carte. Marc devait gérer la fuite, Majoit la première partie. Le soucis serait de franchir les barrages, de montrer "patte blanche". Son nouveau poste lui faciliterait la tâche. Malheureusement, cela impliquait également que beaucoup sauraient qu'il allait LE rencontrer ailleurs... Ailleurs où il ne pourra pas agir comme il le souhaitait. Il fallait anticiper, prendre de vitesse tout le monde. S'il réussissait, la guerre serait peut-être finie. Il pourrait finalement rentrer, comme beaucoup, et retrouver sa famille...


"Alexandre!" hurla Marc en pénétrant dans la tente. Ce dernier se retourna et fit face au cavalier, il lui fit signe de parler. "Tes nouveaux chevaux viennent d'arriver. Ils n'ont rien de coureurs, rien de chevaux endurants. Nous ne réussirons pas si tu le gardes."
"Tu ne pourrais pas prendre un cheval disponible dans tes écuries? Un bon parmi ceux de tes hommes? Le tien est le meilleur?"
"le mien est le meilleur. Le tien a été repris par les officiers d'intendance. Il était endurant, pas un grand coursier. Prendre celui d'un de mes hommes pourrait être suspect. De plus, tu vas devoir te déplacer avec ce genre de cheval maintenant..."
"SKIT! Il ne doit PAS y avoir d'imprévu, tu m'entends! AUCUN! Nous n'avons pas le droit à l'erreur! Convoque moi cet incapable! Je vais reprendre mon cheval aussi vite qu'ils me l'ont retiré! Je trouverai les arguments pour. Ils n'oseront pas me dire non. Au pire, ils me trouveront bizarre et capricieux. VA!"



Marc sortit, n'osant répondre à son ami. Alexandre était en rage. Un cheval. Un simple cheval. Et voilà qui allait compromettre son plan. Il avait hurlé une injure dans sa langue natale. Un oubli, une omission. Cela pourrait lui être reproché. Il fallait faire plus attention, encore et toujours. Il décida de rentrer tout de suite dans son rôle d'officier capricieux, appela son officier aide de camp Romain, fracassa la bouteille de vin à ses pieds en hurlant aussi fort qu'il le pouvait, prétextant que ce vin était à peine bon pour déshydrater une putain de Paris, qu'il ne correspondait pas au rang d'un Général en Second de l'Armée française, qu'il avait intérêt à trouver quelque chose de mieux sinon...
Il laissa sa phrase sans fin, l'homme sortit presque en courant. Un jeunot. Lui aussi serait bien embêté par la Gendarmerie... Alexandre sourit, bien content de ce que ce nul pourrait subir.
Il retourna au sol, à genou, contemplant les rues d'Alma, les sorties et les entrées de la ville, les mit en concordance avec le plan de protection mis en place par la Garde Impériale. Les vieilles connaissances étaient finalement utiles, son rôle également. Tout semblait bien se présager.
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Message par vétéran Alexandre Majoit » Ven Mai 10, 2013 12:46 pm

C'était un dimanche. Un dimanche comme Alexandre les appréciait. Calme. Chaud. Il buvait son café, tranquillement assis sur son rockincher, le regard posé. Marc ne cessait de gigoter à ses côtés, la jambe tremblante, l'air anxieux. Le jeune cavalier se leva et commença à faire les cent pas. Alexandre le toisa, d'un regard autoritaire; Marc se rassit, l'air maussade. Le général en second avait fait bouger son bivouac jusqu'aux abords d'Alma. Ceci permettra de devoir passer par la ville lorsqu'IL serait là. Alexandre devait normalement LE retrouver plus au nord, au front, près d'une batterie d'artillerie, afin de lui expliquer la situation au front, les forces et faiblesses de chaque régiment, l'état moral des troupes. Ce déplacement de bivouac justifierait auprès de la Gendarmerie et de la Garde Impériale son passage par Alma. Il prétexterait un retard de sa part. Ses anciens compagnons d'armes ne diront rien. Au pire, il mettrait en avant son grade de Général en Second. Il avait presque tout prévu: l'entrée dans Alma, son poste de tir, deux fusils pour pouvoir tirer à deux reprises au cas où, la sortie d'Alma, la fuite à travers les lignes françaises pour rejoindre celles des Russes.
Presque tout...
Sauf le résultat de sa cartouche. Etait-il capable de tirer et de toucher à cette distance? Il savait que certains voltigeurs avaient cette compétence, lui ne s'était que trop peu entrainé pour parvenir à un bon résultat. Mais si la balle le blessait mortellement, si le médecin ne parvenait pas à le ramener à la vie, alors l'Histoire serait changée à jamais.
Alexandre sera un Héros pour les Russes, un transfuge et un traitre pour les Français.
Mais cela lui importait peu. Ce qui lui importait, c'était que le Tsar allait libérer sa famille, détenue par Bernadotte en Suède. Voilà toute la raison de cette machination, voilà toute la teneur de l'acte.
Marc n'en pouvait plus et se leva.


"On y va?"
"Je finis mon café, va vérifier les deux chevaux, prépare mes fusils. Mets ton uniforme de parade. Je vais faire de même."
"A tes ordres."


Marc était de ces hommes qui ne savaient pas tenir en place, qu'il fallait occuper sans arrêt pour diminuer la pression. Alexandre finit sa tasse et claqua des doigts. L'aide de camp apparut et reprit la tasse, fixant des yeux le GeS pour savoir s'il en désirait une autre. Un "non" de la tête répondit à sa question muette. Alexandre pénétra dans sa tente et commença à s'habiller. L'Empereur serait là dans quelques heures. Il fallait être en place avant son arrivée dans la ville. Il dégrafa son uniforme de campagne. Il enfila les bas blancs et ses bottes noires. Il boucla l'ensemble. Il mit la chemise blanche, enroula le ruban rouge autour, plaça sa veste par-dessus. Il regarda les grades qui bordaient la veste. Il prit son chapeau et se toisa dans le miroir. Romain, son aide de camp, revint sur ses entre-faits. Il observa le général et hocha la tête, comme pour approuver le travail effectué par son supérieur. Majoit sourit et lui proposa de trinquer. Il prit lui-même deux verres et versa du vin blanc. Il saupoudra celui de son aide de camp d'une légère couche de poudre blanche et mélangea le tout. Il tendit le verre qui fut automatiquement saisi par Romain. Ce dernier n'était que trop heureux de voir enfin son travail récompensé par un geste de son supérieur. Il leva son verre et cria à la santé de l'Empereur, Majoit ne put que répondre. Ils vidèrent leurs verres d'une traite, l'un s'effondrant peu après, l'autre déposant son verre sur la carte trainant sur la table. Il prit le verre de Romain et l'enfouit dans un coffre de vêtement. Le temps que le cadavre soit découvert, Alexandre et Marc seraient très loin, sûrement déjà parmi les Russes. Le GeS prit sa pochette, remplie à ras-bord de documents concernant la Grande Armée. Les officiers russes seraient ravis d'avoir toutes ces informations. Il plia la dernière carte montrant les déplacements des troupes françaises, puis il sortit de la tente et regarda Marc arrivé avec les deux chevaux. Il prit le sien par les rênes et l'enjamba. Marc ne parlait pas, Alexandra donna le rythme: ils partirent au trot. Ils avaient du temps devant eux, rien ne justifiait un passage au galop. Il vérifia la présence des deux fusils, rangea sa pochette dans les poches latérales présentes sur la selle. Son cheval noir était nerveux, peu habitué encore à son cavalier. Cependant, il répondait parfaitement aux ordres que lui donnait l'officier.
Alexandra sourit, l'air apaisé. Tout semblait bien se présager...
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Re: Etats d'esprit d'un officier sur le front russe

Message par vétéran Nikita Gorokov » Sam Avr 26, 2014 12:24 am

Onze mois...
Réveil difficile...

Dix mois...
Nuits courtes, nourriture manquante...

Neuf mois...
Cauchemar... Mental en berne...

Huit mois...
Sept mois...
Six...
Cinq...
Quatre...
Trois...
Deux...
Un...
Le temps n'existe plus... Stoppé...arrêté...reprise difficile...

Tout avait été de travers. Rien ne s'était déroulé comme prévu. Absolument rien.
IL s'était présenté face à lui, IL lui avait tiré l'oreille, le félicitant de son devoir accompli, lui remettant une distinction honorifique. IL avait ensuite paradé devant les troupes. Puis son escorte personnelle le guidait à travers les champs pour aller voir le front. Cet incapable voulait y aller. Cet imbécile ne voulait pas suivre le protocole. Cet idiot venait de se sauver la vie...
Karl [NB: vrai nom d'Alexandre Majoit] avait alors tenté le tout pour le tout. Durant cette remontée vers le front, Marc et lui se toisèrent du regard. Ils se comprirent. Il fallait essayer. Maintenant.
C'est Karl qui sortit son fusil, épaula et tira. La balle se perdit dans l'air. Mais pas le bruit. L'escorte chercha du regard le tireur, mit quelques secondes à comprendre l'improbable, commença à se détourner et à sortir les sabres et les pistolets. Karl avait déjà épaulé le second, il visa et tira à nouveau. C'est un capitaine de l'escorte qui encaissa la cartouche. Touché, il tomba à la renverse, trainé par son cheval, le pied bloqué dans l'étrier. IL était toujours vivant, IL le regardait, IL le haïssait soudainement. Karl sortit son sabre, Marc avait déjà le sien en main. Ils chargèrent. L'escorte arriva au galop. Onze contre deux. De la folie. Mais il fallait réussir. Le premier membre de la garde rapprochée tomba sous les coups de Marc, lui-même pris en tenaille par deux autres hommes. Karl repoussait douloureusement les assauts de trois cavaliers. Un tir claqua, atteignant le cheval de Karl. Il se cabra et chuta, emmenant son cavalier avec lui. Marc venait te terrasser son deuxième adversaire et de faire chuter le troisième. Il se retourna et vint aussi vite que possible au secours du Suédois. Ce dernier s'était relevé, attendant la mort.
Elle venait, mise en œuvre par deux soldats de l'Empereur. Marc, accroupi sur son cheval, se jeta sur eux. Karl n'eut qu'un réflexe: remonter à cheval. Voyant le combat perdu d'avance, il mit le canasson au triple galop et s'enfuit, laissant Marc pour mort. L'escorte le prit en chasse quelques secondes plus tard. La course folle les emmena à travers champs puis dans une forêt. Trois cavaliers le suivaient de près, tous attendaient une erreur de l'adversaire. Personne n'en commit, sinon les Français en tombant sur les Russes qui attendaient Karl.
Ce fut un tir au pigeon. Un abattoir. Cinquante voltigeurs étaient venus recueillir Karl. Les Français ne résistèrent pas longtemps, tombant les uns après les autres. Les Russes observèrent le GeS... Karl attendait, ne sachant quoi faire, vers qui se tourner. Il prit un violent coup sur la nuque, le dernier souvenir qu'il avait de cette journée, c'était le cheval de Marc à travers lequel il voyait son fidèle compagnon, mort pour la cause d'un Suédois égoïste...
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Re: Etats d'esprit d'un officier sur le front russe

Message par vétéran Nikita Gorokov » Dim Juil 20, 2014 11:38 pm

"Nom, prénom, grade?"
"Karl H.."
Le coup partit, faisant chuter l'officier suédois.
"As-tu tenté d'assassiner l'Empereur des Français?"
"Oui"
Encore un coup, moins fort pourtant.
"Quel est le lieu de la prochaine attaque française?"
"Je l'ignore, ils vont changer les plans, il y a des mois que je suis ici empriso..."
Encore un, il perdit connaissance...

Retour à la Réalité:
tous les jours ils l'emmenaient, lui posaient les mêmes questions, le tabassaient, lui jetaient un seau d'eau sur la tête à chaque évanouissement. Il ignorait le moment de la journée. Il venait, parfois quelques minutes après l'avoir jeter dans son cachot humide où aucune lumière naturelle ne lui parvenait, où ses pieds et sa tête touchaient les extrémités de sa cellule, où même les rats ne venaient pas le voir, parfois plusieurs jours plus tard, semblait-il, il était dur pour l'officier de repérer le temps. Il n'avait que pour seule compagnie les deux geôliers, chargés de lui tirer toutes les informations possibles pour assurer la victoire russe. Sa cellule n'était jamais nettoyée, elle empestait l'urine. Il avait perdu du poids, c'était la seule certitude, ses côtes apparaissaient nettement. Son uniforme français était maculé de sang, il puait la mort.
Karl espérait la mort, il y pensait à chaque instant. Celle de Marc. La sienne, sûrement très proche. Il avait échoué, il mourrait déjà de remords. Il avait tenté, une fois, de provoquer ses gardes, de prendre le pistolet qui trônait sur la table afin d'en tuer un, de forcer l'autre à dégainer son sabre et à le tuer. Cela n'avait pas fonctionné, ils l'avaient juste battu un peu plus...


"Dehors, puanteur!"
Karl obtempéra, peinant à se mettre sur ses jambes. Il prit machinalement à gauche mais fut vivement repris par une main ferme.
"Pas cette fois, puanteur. Tu vas prendre un bain, te faire présentable. Le Tsar veut te rencontrer!"
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Re: Etats d'esprit d'un officier sur le front russe

Message par Ombre de Noblecourt » Lun Août 18, 2014 1:22 pm

si je puis me permettre tirer et toucher à 250 mètres à l'époque faut être un super tireur avec une carabine rayée. Donc pas si mauvais le gars. Bien sur commentaire a faire supprimer uen fois l'info digérée. Continuez ça me plait bien.
et pendant ce temps la, c'est pas pour cafter, mais les féroces soldats y font rien qu'à mugir dans nos campagnes
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