Les Tribulations d'un jeune flamand: Thomas Proot

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Les Tribulations d'un jeune flamand: Thomas Proot

Message par vétéran Proot » Mar Mai 21, 2013 10:30 am

Le 18 octobre 1797 était signé le honteux traité de Campo-Formio, arraché aux Autrichiens par les baïonnettes françaises.
Ce jour marqua la fin des institutions traditionnelles belges et la main-mise francophone sur nos Flandres adorées.
Moi, Thomas Proot, fils de nobles courtraisiens (Kortrijk) ne put supporter l'impérialisme français qui s'imposa sous couvert de Liberté pour pressurer les Flamands. L'arrogance des Wallons et autres francophones, leur volonté d'abaisser les Vlaams mensch et de voler leurs richesses m'étaient devenu insupportables.
En outre, mes attirances charnelles pour une princesse russe de passage à l'Institut des Dentellières précipitèrent mon choix: Je me devais de lutter contre l'expansion française.
Pour plaire à ma belle et confirmer mes déclarations enflammées, je quittais le domaine paternel et m'enfonçais vers l'Est à l'hiver 1811.
Arrivé en février 1812 à Saint Pétersbourg, le maigre pécule que j'avais amassé s'était grandement amoindri et je dus m'engager à servir le Tsar pour subvenir aux besoins primordiaux.
Après plusieurs mois passés à s'entrainer, mon éducation me permit d'accéder à l'Ecole Militaire Russe des Officiers où je me trouvais encore lorsqu'éclata la guerre entre Russes et français.

En ce jour du 21 mai 1812, mes compagnies approchent du front. Mon anxiété ne fait que croitre à mesure que la canonnade et les feux de mousquets retentissent...
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Message par vétéran Proot » Dim Juin 02, 2013 9:59 am

Depuis le 21 mai, les jours se suivent et se ressemblent:
Marches, marches, marches et... marches !
Malgré le bruit continuel des fusillades et canonnades, mes deux compagnies marchent, près de 12 à 14 heures par jour. Le nombre de traînards augmentent chaque jour et l'effectif se réduit au fur et à mesure de notre progression.

La fatigue a eu raison de la peur de la bataille. Maintenant, chaque homme ne brûle que d'en découdre avec l'ennemi, tant il sait que le combat marquera la fin de la transhumance.

La méfiance des hommes à mon égard s'est peu à peu atténuée. Ma mauvaise maîtrise de la langue russe ne favorise pas le rapprochement et les regards inquiets des soldats trahissent le peu de confiance qu'ils m'accordent.

Finalement, heureusement qu'il y a ces longues marches, car j'ai autant souffert qu'eux, sans traitement de faveur, laisant mon cheval pour le transport de nourriture, et je vois que ça leur a plu.

Pourvu que je tienne ma place lorsque les premiers boulets faucheront les premières têtes...
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Message par vétéran Proot » Dim Juin 02, 2013 10:32 am

Enfin, on y était !!!!
J'étais soulagé, car à ce rythme, on allait se retrouver une poignée !!!
Enfin, nous vîmes dans la brûme matinale apparaitre notre Divine Jérusalem !!!!
La troupe s'arrêta et certains mirent un genou à terre et prièrent. Nous nous sentions comme les Croisés devant la Très Sainte et Eternelle Jerusalem en 1099, avec des larmes aux yeux.

Après ces moments forts émotionnellements, le campement fut vite établi et déjà les hommes fourbissaient leurs armes.

J'effectuais rapidement une reconnaissance de l'objectif et je revenais doucement sur terre: il ne s'agissait que d'une bourgade russe misérable, composée de huttes de terre sèche et de branchages agglomérées à une espèce de batiment plus haut. Ce dernier ressemblait de loin, et même de très loin, à une église orthodoxe avec une coupole déformée. Un drapeau tricolore troué flottait au sommet et quelques shakos sans plumet étaient visibles aux entrées du hameau.

Les premières consignes venaient d'arriver. Sans surprise, il s'agissait de chasser l'ennemi de la"ville". Le billet était accompagné d'un paragraphe patriote sur l'importance de la ville et de la population dans la libération en cours des territoires occupés. Franchement, ce hameau était si pouilleux, avec une population si absente, qu'on pouvait bien y laisser les Franskis, ils finiraient par partir d'eux mêmes, démoralisés par la tristesse de leur conquête...

J'observais un ballet de messagers à cheval entrant et sortant des tentes des officiers supérieurs.
L'excitation montait et je voyais quelques sourires sur le visages des plus anciens. Leurs yeux brillaient d'impatience...
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Message par vétéran Proot » Dim Juin 09, 2013 9:08 pm

- "Branle bas de combat ! Debout ! On part !"

Quelle heure pouvait il bien être ? Une attaque surprise ?

Non hélas, on quittait les abords de la ville pour repartir dans la nuit noire.
Encore de la marche, encore....
Plusieurs jours passèrent en interminables marches, pesant fortement sur le moral de la troupe...
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Message par vétéran Proot » Lun Juin 10, 2013 2:28 pm

Le 09 juin 1812, alors que la lassitude et l'ennui gagnaient tous les soldats, un changement dans l'air se fit sentir...

Une luminosité particulière illuminait l'horizon, une clarté nouvelle rejaillissait sur la végétation. Les hommes relevèrent la tête. La BEREZINA !!!!

Tous les regards s'animèrent, chacun rêvant de s'y baigner, de s'y décrasser !
La troupe se posa près de la rive. Chacun jeta son barda au sol, les armes en faisceaux. Qui serait le premier à plonger dans l'eau pure, sous le soleil de juin ?

D'un coup, un grondement lointain se fit entendre. Ce roulement de tonnerre se rapprochait.....
Les plus anciens avaient compris, ils se ruèrent vers leurs armes tandis que les plus jeunes les regardaient, stupéfaits.
Le sous-lieutenant Proot compris.... Un escadron de cuirassiers franskys prenait le galop ! 50 fiers combattants, juchés sur leurs étriers, pointant leur latte, lançaient la charge et fondaient sur les malheureux éparpillés. La surprise était quasi-totale et la cavalerie traversa la première compagnie puis se retira, dans la minute qui suivit l'engagement.

15 hommes, jeunes et robustes, ne se relevèrent pas et 15 autres gisaient, hurlant de douleur. Cependant, deux cadavres de cuirassiers étaient découverts au milieu des blessés. Ils appartenaient au bataillon du Colonel LUPUS.
L'apprentissage de la guerre se faisait au prix fort ! Pas un coup de feu tiré depuis le départ de l'Ecole Militaire Russe et déjà 30 hommes au tapis !
Le premier moment de surprise et d'abattement passé, Proot entrepris de remettre les deux compagnies en ordre de combat. Il fallait faire quelque chose, tous les soldats le regardaient.
Proot respira un bon coup. Il fallait prendre les choses simplement: On était attaqué, alors il fallait riposter !!
Ces cuirassiers n'avaient pas dû aller loin, les lourdes cuirasses fatiguent énormément les montures et des traces de sang au sol montraient que près de 7 autres cuirassiers avaient été blessés.

Proot ordonna le mouvement et les deux compagnies s'ébranlèrent vers l'ennemi, quittant les troupes alliées.
Derrière la première butte rencontrée, les cuirassiers étaient là, pansant leurs blessés et soignant les chevaux.
Proot se remémora les leçons dispensées à l'Ecole Militaire Russe:"Attention, ne vous fiez pas à votre première impression, lorsqu'on combat des officiers très expérimentés, leur positionnement doit vous révéler leur réelle motivation".
Proot observa attentivement le placement des cuirassiers. Ceux-ci étaient étalés près de la rive de la Bérézina et cachait une compagnie de fusiliers franskys mal en point. L'escadron protégeait l'infanterie.
Proot commanda alors, pour ses deux compagnies, un feu de peloton puis un feu à volonté sur les fantassins franskys.
Puis, pour montrer sa détermination, Proot laissa ses troupes face aux cuirassiers et aux fantassins malmenés du Colonel GALLIFET, à portée de tir.
Au crépuscule, le colonel Gallifet ordonna à ses troupes de repasser la rivière et de se protéger derrière elle.
Le départ des franskys fut saluer par des hourras russes !!
Le sous-lieutenant Proot était satisfait, il avait su réagir et montrer une certaine présence d'esprit.
Des tirs franskys retentirent dans la nuit, sans causer de pertes particulières. Les ordres tombèrent au petit matin, douchant l'enthousiasme naïf de Proot:"Décrochez immédiatement de la première ligne ! Vous êtes inconscient ou quoi ! Retournez en seconde ligne, on ne veut pas vous perdre trop vite, vous servirez de chair à canon tantôt !!"
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Message par vétéran Proot » Mer Juin 12, 2013 3:27 pm

Les deux compagnies russes levèrent le camp avant l'aube et rejoignirent un emplacement au milieu des unités amies.
Le bataillon Proot s'installa dans une quiétude relative...
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Message par vétéran Proot » Jeu Juin 13, 2013 10:14 am

Ce matin-là, l'arrivée d'une estafette porteur de plis fait grand bruit.
Un attroupement de soldats s'est formé autour de lui et les hommes semblent joyeux.
Un sous-officier, chef de section, explique à Thomas Proot qu'il s'agit d'un nouveau service, créé par le Tsar lui-même, le service des lettres et courriers.
Afin de soutenir le moral des troupes mis à mal par l'offensive ennemie, le Tsar a décidé d'améliorer l'ordinaire des soldats: rotation plus importante des troupes, réorganisation du ravitaillement, meilleure qualité de la nourriture et, comme soutien affectif, des envois de courriers de l'arrière aux soldats.
Une campagne intense a eu lieu dans les villes russes afin d'écrire des lettres aux soldats du front et pour les sans-familles, des "marraines" ont été instituées. Ces "marraines"écrivent à ces soldats orphelins pour leur remonter le moral et un service des transports de colis serait à l'étude. Que des bonnes intentions !!!
Et enfin, aujourd'hui, la traduction concrète de ces belles idées, la venue d'une estafette, porteur de l'uniforme d'infanterie russe mais dont les parements de manches supportent le symbole d'une enveloppe, ainsi qu'au niveau des pattes d'épaule.
Cette estafette distribue à la volée des lettres qu'il envoit à celui qui lève le bras à l'appel de son nom.

Proot s'amuse de l'empressement enfantin des soldats. On dirait des gosses !!!
Le lot des lettres se tarissant, les hommes regagnent, sourire aux lèvres, leurs tentes.
L'estafette s'approche alors de Proot.
Arrivée à hauteur du sous-lieutenant, elle sortit de sa sacoche une grosse liasse de lettres et la tendit à Proot:
-"Tenez mon Lieutenant, c'est pour vous, elles viennent de loin" dit-il.

Proot, tout étonné, prit le paquet et congédia brutalement le soldat : Son regard fut d'abord attiré par des tampons des Postes belges. Son père et sa mère lui avaient écrit !! Et des lettres portaient une écriture féminine inconnue !!!!!
Qui cela pouvait il bien être ???? Comment ses lettres étaient-elles parvenues jusqu'ici ??????
Incrédule et submergé d'émotion, Proot s'assit à l'écart sur une roche et entreprit l'ouverture des courriers...
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Message par vétéran Proot » Lun Juil 01, 2013 11:58 am

Proot ouvrit les lettres provenant de sa famille. Il avait reconnu l'écriture en pattes de mouche de son père.
Les premières dataient de son entrée à l'Ecole Militaire Russe. Son père y racontait l'écoulement de la vie familiale, entre brimades wallones et espoir de renverser la tyrannie buonapartesque. La santé de la famille était au beau fixe et il s'enflammait en écrivant que son cas avait fait des émules : plusieurs jeunes de Kortrijk avaient suivi son exemple et étaient partis en clandestinité vers les steppes de l'Est. Il y avait notamment le plus jeune garçon de ferme de la propriété familial, Vanacker, un travailleur particulièrement dégourdi. Le père de Proot recommandait de prendre bien soit de lui, au vu de ses fonctions importantes au sein de l'Etat Major russe (quelles fonctions importantes ??!! :humm: Proot n'était qu'un loqueteux d'officier russe parmi des dizaines d'autres, sans expérience et ayant du mal à bien suivre les ordres.... Ce que son instructrice, la mystérieuse Darya, ne manquait pas de rappeler à l'occasion!)

Le père expliquait qu'il avait été contacté par des agents russes, afin d'envoyer plusieurs courriers de soutien. Il s'agissait de suivre le plan du Tsar de remotivation des troupes russes via le service des Lettres et Courriers russes et des marraines, mais aussi de lancer une grande campagne de propagande dans les pays alliés et occupés par les Franskys.
L'épopée de Proot avait été grandement répandue dans les Flandres où des feuilles clandestines vantaient son courage à lutter contre l'envahisseur fransky les armes à la main. Proot était devenu une légende et un modèle à suivre pour les jeunes flamands...
Evidemment, son parcours avait été romancé, idéalisé et mis à l'aune du patriotisme flamand et russe. Personne n'avait mentionné l'état d'indigence de Proot en Russie et de son obligation « alimentaire » de s'engager dans les forces russes...Encore moins de sa motivation première. Il n'avait jamais revu la charmante princesse de l'Institut des Dentellières....
Cet endoctrinement des populations par les médias avait encore de beaux jours devant lui...

Néanmoins, cela faisait chaud au cœur d'avoir des nouvelles de ses proches. Et c'est l'oeil humide que Proot s'intéressa ensuite aux dernières lettres recouvertes d'une fine écriture féminine...
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Message par vétéran Proot » Mer Juil 24, 2013 1:56 pm

Proot prit les cinq dernières lettres attachées avec une ficelle.
Il ouvrit la plus ancienne datée d'un an auparavant.

C'était Cunégonde VanDentons, une cousine éloignée venue séjourner à la maison familiale pour étudier le latin et les lettres classiques. Sa mère, élevée avec mon père, avait rencontré son âme soeur en Flandres françaises près de Rijsel (Lille pour les incultes), un patelin nommé Wahagnies (si, si, ça existe !).

Elle s'excusait d'occuper ma chambre et semblait pleine d'attentes à mon égard. Je l'avais déjà remarquée lorsque j'étais minot, mais à 9 ans, on n'est pas trop penché sur la chose. Bien que depuis le début de mon incorporation, on côtoyait sur le champ de bataille certains russes tellement portés sur la chose, qu'ils devaient déjà y penser dans le ventre maternel. Penser à quoi d'ailleurs, quand on entend parler certains passer des demandes sur des "ovins très recherchés et très demandés".....

A la deuxième lettre, elle attendait mon retour, elle tartinait sur "ma" légende et me rabâchait que j'étais un modèle pour elle et toute la jeunesse flamande.

On pense souvent à l'adage "les absents ont toujours tort". Hé bien, dans mon cas, on avait l'exception !!!!

Dans la dernière lettre, elle était transie d'amour et chérissait chacune de mes affaires. Je n'ose imaginer ce qu'elle devait faire avec....

Mon Dieu, quelle foldingue je vais retrouver à mon retour ! Si retour il y avait d'ailleurs.
L'appel aux armes sonna alors à toute volée....
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Message par vétéran Proot » Mar Oct 15, 2013 11:08 am

Ca y était !!
Les troupes franskyes reculaient et retraitaient, incapables de lutter contre le Général Hiver. La baisse exceptionnelle des températures et la succession des tempêtes de neige avaient démantibuler et désintégrer les régiments franskys.
Une cohorte de soldats loqueteux suivait un semblant d'organisation derrière la Garde Impériale. Celle-ci, suivant l'exemple de l'Egalité prônée par les franskys, pillait les maigres ressources trouvées sur leur chemin, ne laissant quasiment rien au reste de la Grande Armée.

Il ne se passait pas une journée sans que les soldats du sous Lieutenant Proot ne rencontrent une grappe de franskys, liés par le froid, les yeux ouverts et transformés en statue de glace. Leurs figures tristes et leur état lamentable épouvantaient les plus jeunes russes, croyant voir des morts vivants.

Aussitôt, les corps étaient dépouillés de leurs richesses, chaque vêtement était passé au peigne fin et souvent, les russes retrouvaient des pièces d'or et des pierres précieuses tantôt cousues dans les doublures, tantôt cachées dans les ceinturons.
Les cadavres, ainsi déshabillés, étaient ensuite entassés pêle-mêle, sans sépulture, laissés à l'appétit des vermines et des rongeurs.

Néanmoins, après plusieurs semaines de ce spectacle de désolation et de tristesse, et après quelques cas avérés de cannibalisme, la vue de cette misère pesait sur les soldats russes. Une habitude fut prise, celle de recouvrir les corps des soldats franskys, puis de les enterrer décemment.


Seuls arrivaient à survivre les officiers supérieurs. Ils parvinrent enfin en Allemagne où de nouvelles troupes fraîches les attendaient.
La Grande Armée put se reconstruire. Elle présentait peu après un visage agressif aux environs de Leipzig.

Sur la route, une estafette aborda le sous-lieutenant Proot et lui remit les nouveaux ordres: Toutes les troupes devaient converger sur Leipzig !! Après avoir ruiné la Pologne et lui avoir fait regretter ses espoirs de liberté et d'indépendance, les troupes russes reprirent leur marche.

Proot cheminait avec ses soldats le sourire aux lèvres. On se rapprochait de sa terre natale, les Flandres !!!!
Encore une bataille et il serait de retour chez lui !! Il y reviendrait en libérateur des Flandres, brisant le joug oppresseur des franskys !!
Proot avait hâte des premiers engagements.

En chemin, il avait rencontré son compatriote, son "pays", le nommé Vanacker, recommandé par son père. Sa loyauté et son ingéniosité l'avaient rapidement porté au rang de chef de section. Proot le promu Chef de Compagnie, à la tête de la 49 835ème unité.
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Message par vétéran Proot » Mer Nov 13, 2013 8:29 pm

Le 05 novembre, le Lieutenant Proot pris sa plume et écrivit:

"Enfin du repos ! Depuis notre arrivée sur le théâtre d'opérations, nous n'avons connu aucun moment de répit, aucune pause.

Après des mois de marche pour traverser une bonne partie de l'Europe, nous voilà à Leipzig. Ce n'est pas demain que nous fanfaronnerons sur les Champs Elysées au bras des p'tites françaises !

Toute l'armée française nous fait face, et elle est drôlement pugnace !!
Mon bataillon est balloté d'un coin à l'autre du champ de bataille, en fonction des ordres du Haut Commandement et des injonctions des chefaillons locaux. Je ne cherche même plus à savoir le pourquoi du comment. Les autres officiers m'entourant semblent être dans le même état, hébétés par les marches, les contre-marches et les sur-marches...
Nous avons combattu et nous marchons encore. Après Leipzig, nous sommes partis vers Muskau où s'est retranché le 25ème Régiment d'Infanterie.

La réputation du 25ème RI n'est plus à faire, il a maintes fois démontré sa pugnacité et son sens tactique, avec de belles réussites en Russie.
L'appréhension se lit sur le visage des officiers russes qui se rendent vers la ville. Pour une fois, les ordres sont simples "Anéantissez la vermine franskye de Muskau !".

Les rangs se forment alors rapidement. Je me trouve environné de troupes des Jaegers Egersky et de Cosaques. Je peux enfin admirer à loisir la tenue de ces fameux cosaques, considérés comme les meilleurs guerriers, avec en plus, la cruauté asiatique chevillée au corps... Malheur à celui qui tombe entre leurs pattes...Qu'il soit russe ou fransky, comme dit la légende...

J'approche de la ville et une estafette arrive alors au galop, me demande et me remet un pli:
"Avec la cavalerie légère du Capitaine Saint Maixent des Jaegers Egerskys, prenez l'île placée à l'ouest de Muskau. Des restes d'unités franskyes au repos sont signalés. Nettoyez toute la zone et harcelez l'ennemi situé sur l'autre rive !".

Aussitôt, mes deux compagnies quittent la ligne des fiers soldats Egersky et cosaques. Nous sommes rejoints par la troupe du Capitaine Saint Maixent. Il n'a pas peu fier allure avec ses 50 cavaliers, filant dans la plaine.
Je tente de prendre contact avec lui, pour se caler sur notre mission, sur son rôle d'éclaireur et de s'entendre sur les cibles communes à abattre.

Eh bien ! Ce n'est pas pour rien qu'on l'appelle le taiseux !! Sans un mot, il pique des deux et traverse la rivière. Il engage de suite une unité de fusiliers franskys amoindrie.
Le voyant faire, je ne laisse pas ma part aux chiens ! Le bataillon Proot s'ébranle, traverse la rivière et assaille sans désemparer la compagnie franskye. Celle-ci est instantanément anéantie.
Je vois alors sur l'île, qu'un hôpital de campagne avait été monté et nombre de blessés franskys s'y faisaient soigner.

Notre arrivée brutale et l'écrasement de la plus forte unité constituée sur le secteur provoqua une panique certaine chez les soldats franskys, fuyant alors à toutes jambes pour retraverser au nord le fleuve. Les pertes ennemies se comptaient alors par centaines...

Aprés avoir anéanti deux compagnies de voltigeurs qui tentaient de couvrir la fuite des blessés, l'île était totalement libérée !!!
Je rédigeais alors une missive savoureuse à mon Chef de Régiment afin de lui rendre compte de la réussite éclatante de ma mission, bien aidé en cela par le discret Saint Maixent.

A ce moment, j'observais de Muskau un fort mouvement rétrograde des unités franskyes. Mouvement qui se transformait en débandade !

Alors que j'attendais un combat de rue acharné, je vis une suite d'unités franskyes réduites à peu d'hommes, filées vers leur camp.

Qu'était il arrivé au fier 25ème RI pour fuir dans une telle précipitation ?
Peut-être était-ce la vue des Cosaques, ou leur odeur ?... ou leur façon si chaleureuse, proche du corps, de s'occuper de leurs prisonniers ?

Seul se distinguait de cette file, un bataillon au complet, 5 compagnies, portant haut leurs couleurs et vêtus de leurs habits de parade.
Les vieilles moustaches qui le composaient semblaient bien à même de stopper ce mouvement de recul et de sauver un reste d'honneur face à la meute de chiens russes assoiffés de sang lancée à la poursuite.

Mais quelle stupéfaction supplémentaire de voir que les compagnies mal en point du 25ème RI se sacrifiaient jusqu'au dernier pour protéger la fuite de ce bataillon !!!!

Parmi les prisonniers capturés, l'un d'eux s'écria :
"Eh ben, v'la le Général Fredo !! Y z'ont d'la veine de cocus, ses soldats !"
"Regardez, les troupes des vétérans Chabert, Fourchette, Groug, Vautre se saignent pour couvrir leur chef !"

Ainsi donc, c'était le bataillon du Général de Brigade Fredo, fameux tueur de russes, qui quittait intact le kessel de Muskau ! Laissant ses fidèles mourir, sans espoir de secours.....
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Message par vétéran Proot » Mar Nov 19, 2013 7:27 pm

Après ce triste spectacle, la poursuite s'engage derrière les restes du 25ème Régiment d'Infanterie.

Le sol est jonché de débris d'arbres, de fusils, de sabres, de tenues, de chariot, d'affuts de canon... tout cela abandonné dans la fuite ou détruit lors des combats.

Des cadavres apparaissent ça et là. Ils sont nus, dépouillés de leurs effets par les troupes qui me précèdent et présentant déjà cette pâleur verdâtre, signe que la putréfaction commence son oeuvre...

Et voilà ! Encore un ordre ! Proot décachète le pli:

"Foncez vers le Nord ! Nach Dissen !"

Même pas une once de formule de politesse ! Ca commence à devenir insupportable, ces ordres crachés à la face !
Vu le nombre d'étrangers engagés dans cette armée russe, ça ne peut être qu'un prussien pour écrire les ordres ! Espérons que ces ordres valent mieux que ceux ayant conduit l'armée prussienne aux râclées de Iéna et Auerstedt...
Ou peut être est-ce un coup du facétieux K. Wonderof ? Des histoires circulaient sur son compte à l'Ecole Militaire Russe, entre bébés officiers... Mais je ne l'ai jamais vu...

"Allez ! Changement de cap ! Direction Plein Nord !!"

Proot avise un Ancien, pourtant jeune d'apparence, l'uniforme bardé de médailles. C'est le plus jeune Général de Brigade, Styr, de notre beau régiment !
Proot se porte à sa hauteur et, après les amabilités d'usage, l'interroge sur les ordres et les contre-ordres.
Le Général toise Proot et lui dit :

"Mon petit, taches de ne pas discuter les ordres. Tu obéis, c'est tout !
Si tu reçois beaucoup d'ordres, c'est qu'on t'en demande beaucoup et qu'on pense que tu peux faire beaucoup. Voilà !"

Se rapprochant de Proot, Styr lui glisse:
"Et si tu n'y arrives pas, c'est que tu es mort !"

Styr se redresse alors et part au galop en lâchant un rire sardonique...

- Eh bien, c'est ma veine ! Je vais faire route avec ce fou furieux ! Dans quoi vais-je encore me fourrer ??????"
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Message par vétéran Proot » Lun Déc 02, 2013 12:34 pm

Le bataillon de Proot s'engage dans le défilé montagneux. La neige tombe à gros flocons et la marche est retardée. Les goulets d'étranglement provoquent une cohue monstre et des bagarres éclatent entre les Cosaques, les Jaegers Egersky et les soldats de la Garde Préobrajensky.

Une nouvelle, douche le peu d'enthousiasme qui nous restait: La mine Dissen est tombée, les Grenadiers Réunis ont massacré les Cosaques qui montaient la garde. Ils les ont exterminés jusqu'au dernier et ont fortifié le nid d'aigle de Dissen. Des rumeurs disent qu'il est imprenable et qu'il sera le tombeau de l'armée russe.

C'est vrai que la masse de neige qui s'abat, les bourrasques qui masquent l'horizon, n'engagent pas à un optimisme forcené. Tous les soldats courbent l'échine et se dirigent vers le Nord.

Proot réfléchit. Comme tout le monde, il a entendu parler des Grenadiers Réunis. C'est le régiment d'élite de l'armée franskye. Jamais défait, il triomphe là où il passe. Il n'a aucun concurrent chez les Russes et certains évoquent des pouvoirs surnaturels. La crédulité des Russes dépasse parfois l'entendement mais quelques uns racontent que les Grenadiers Réunis utilisent de nouveaux stratagèmes, parfois occultes, qui les font apparaitre dans le dos de leurs ennemis...

"Avec cette purée de pois qui nous entoure, pas étonnant qu'on ait les chocottes ! Vaut mieux que je me rapproche du Général Styr."

Un matin, le ciel se fit plus clair, un froid plus vif fit son apparition et le soleil éblouissait les cavaliers. Des troupes ennemies apparurent.
Les compagnies russes se mirent en ligne et les tambours battirent immédiatement la charge. Au pas de course, baionnettes pointées, les fantassins s'élancèrent. Jusqu'au moment du contact, la tension était palpable chez les Russes, beaucoup d'appréhension, c'était les Grenadiers Réunis en face !

Au premier choc, les franskys ne bougèrent pas et chaque soldat russe tua le sien. Le peu de répondant ennemi faisait craindre quelque ruse, mais au final, la première ligne franskye disparut et les bélligérants se séparèrent.
Les tentes du bivouac furent montées en soirée. Les Russes n'avaient eu que très peu de pertes et les unités franskyes anéanties étaient nombreuses. Les soldats se couchèrent avec un sourire aux lèvres, à la hauteur du stress ressenti. Finalement, les rumeurs sur les Grenadiers Réunis n'étaient que des légendes !

Le lendemain, la progression repris son cours. Les unités franskyes esquivaient l'engagement. Elles remontaient vers le Nord ou s'agglutinaient autour du nid d'aigle.

Une fois les vallées libérées, les Cosaques se rassemblèrent et mirent un point d'honneur à venger leurs camarades, leurs frères, en gravissant les pentes enneigées pour conquérir la forteresse Dissen.
Mais en plein hiver !! Avec des milliers de franskys en embuscade, bien retranchés, sans risques de pertes, quelle folie !!!

Le courage, l'abnégation et l'esprit de sacrifice des Cosaques furent salués par toute l'Armée Russe. Une gloire immortelle recouvrira le corps des malheureux tombés.
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Message par vétéran Proot » Jeu Déc 05, 2013 5:46 pm

Aujourd'hui est un grand jour pour le bataillon Proot !!

La compagnie de voltigeurs conduits par Vanacker, le Courtraisien, vient enfin de rejoindre les deux compagnies de fusiliers !! C'est la fête ce soir au bivouac de Proot !!

Qu'il est fier de parader au milieu de ses nouveaux soldats, porteurs du plumet jaune, symbole des éclaireurs. Proot grandit enfin !! Son jeune bataillon commence à s'étoffer. Il va falloir utiliser au mieux les qualités guerrières de ces nouveaux hommes, en complémentarité avec l'infanterie de ligne.

Après une nuit mouvementée, et surtout arrosée, nombreux sont les soldats qui se lèvent avec la gueule de bois. Proot n'est pas en reste et il a l'impression que les cloches du Kremlin sonnent à toute volée dans sa tête.

Une estafette du Colonel Vilpinov arrive alors, hrlant son nom:

-"Lieutenant Proot ! Je cherche le lieutenant Proot ! Où est-il ? Trouvez-moi le lieutenant Proot ! Ordres urgents de Vilpinov !!"

Proot sort de sa tente la démarche mal assurée et agrippe le mors du cheval de l''estafette lorsqu'elle passe à son niveau. Grimaçant, il dit d'une voix sourde:

-"Tais-toi donc ! C'est moi, Proot ! Mais surtout, surtout, tais-toi ! Ta cavalcade et tes cris de truie mal troussée résonnent dans mon crâne et ça me fout en rogne !"

L'estafette se tint coi, remit le pli, sans plus prononcer un mot.

Les ordres: "Lieutenant Proot, redescendez vers le sud, on vous y attend depuis hier ! J'ai entendu dire que vous veniez de toucher des voltigeurs. Eh bien, mettez les à disposition du cosaque Igor Kaban. Il en fera bon usage !"


AAAAARRRRGGGGHHHH!!!!!

Il faut s'en avaler des couleuvres dans le camp russe !!!! On peut passer sur le contre-ordre. D'abord au nord, puis à l'ouest, puis au nord, enfin demi-tour vers le sud... C'est agaçant mais au final, on en a tristement l'habitude. Et pour une fois, quitter ses hautes montagnes hostiles qui délivrent une ambiance oppressante et mortifère, ce n'est pas une si mauvaise nouvelle que ça, au contraire.

Mais nous séparer de Vanacker, alors qu'on vient juste de se retrouver, et les envoyer à une mort certaine ! Quel sort cruel, quelle ironie du destin! Pourtant, il faut obéir...

Les adieux sont déchirants et pathétiques. Nous serrons dans nos bras et embrassons à la russe nos amis qui vont courageusement affronter la grande faucheuse. Peut être ne nous reverrons nous plus...

Les deux compagnies de ligne partirent vers le sud, laissant les voltigeurs de Vanacker s'éloigner dans le lointain. Ils rejoignent Igor Kaban dit "le Magnifique" et escaladent les premiers contreforts de la montagne en direction de Dissen.

En reprenant sa marche vers le sud, Proot ne peut s'empêcher, malgré sa tristesse et sa rancoeur, d'admirer les qualités du Chef Vilpinov:

"Quoi de mieux pour vous pousser à avancer et à braver la mort que de vous mettre les cosaques aux fesses..."
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Message par vétéran Proot » Mer Déc 11, 2013 4:24 pm

Les deux compagnies de ligne du lieutenant Proot continuaient leur descente pour protéger la mine Cootbus. Les soldats avaient l'âme serrée et le cœur lourd.

Encore de nouveaux combats !! Monter, descendre d'un plateau, charger des unités éparses du 25ème Régiment d'Infanterie fransky....Un quotidien fait d'obscures affrontements afin de protéger une mine dont personnellement, chacun n'en avait rien à talquer...

Une fois cette vague tricolore repoussée, un nouvel ordre retentit : Encore descendre vers le sud, reprendre la ville de Muskau des mains d'une coalition de régiments franskys. Cette fois, les franskys avaient mis le paquet, pas moins de 4 régiments attaquaient de concert : les Autunnois, le Génie Impérial, le 25ème RI et la Brigade Infernale.

Avec le Général de Brigade Styr, une opération commando visant à reprendre rapidement l'église de la ville est montée. Elle a pour but de démoraliser l'ennemi et de le châtier.
Proot n'est pas peu fier de la mission qui lui est donnée, il est impatient d'enfin combattre en ville, une première !

Les hommes se préparent : Toute couleur claire est proscrite. Chacun vérifie et huile soigneusement son armement. Les couteaux sont distribués et doivent être portés au niveau de la taille, pour une meilleure célérité de prise. Du charbon est frotté sur les visages et les mains, des chiffons enveloppent les sabots des chevaux. Dés la nuit tombée, les hommes prennent leurs positions de départ.

A minuit précise, les unités entament la traversée de la rivière gelée. Les consignes de faire silence sont respectées. Chacun est tendu vers l'objectif et attentif au moindre bruit qu'il pourrait provoquer. Heureusement, la neige dense étouffe le piétinement des troupes.

Chaque zone d'approche a été minutieusement repérée. A Proot, le Nord Ouest de la ville, à Styr la prise de l'église.

Les soldats de Proot contournent les premiers postes ennemis en passant par les marais, mal surveillés. A l'approche de la ville, les visages sont fermés. Les soldats de Proot pénètrent dans la cité par une palissade non gardée et dont les planches avaient été décloutées puis recollées pour donner une apparence de solidité. Juste une apparence.

Les deux compagnies de fusiliers investissent plusieurs maisons abandonnées, vidées lors de la dernière prise de la ville. Les soldats se placent alors face aux cibles préalablement désignées.

A 00H30, à l'heure convenue, on entend un déchaînement de violences, de coups de feu, de cris d'alarme, de rage, d'épouvante et de carnage.

Les premiers à y passer sont les artilleurs de Guillaume de Sarthe. Ils sont passés par le fil du poignard, les canons encloués sur place. Puis, c'est au tour des voltigeurs de Jean de Dieu Soult. Le bruit les a réveillés et ils opposent une farouche résistance. Hélas, le nombre n'est pas pour eux et leur désorganisation initiale entraîne leur anéantissement. Les cloches d'alarme de la ville sonnent à toute volée, électrisant l'atmosphère, aiguisant les sens des soldats.

La seconde compagnie de Proot fonce quant à elle, sur le campement des sapeurs de Groug, dont il ne reste plus de survivants après leur passage. Agressés dans leur sommeil, les pauvres soldats s'étaient endormis après de durs travaux de fortification. Dans leur lancée, les guerriers russes anéantissent les voltigeurs de l'officier Fourchette, ceux-ci se remettaient à peine des féroces combats des jours précédents.
Une fois l'excitation retombée, il fallut ordonner de reconstituer les rangs, de réinvestir les bâtiments de départ et de s'y barricader, en attendant la contre-offensive franskye. Connaissant les liens forts qui peuvent unir ces fiers guerriers, le retour de bâton serait sévère : Trois régiments et 4 officiers franskys avaient été atteints dans leur chair.

Après ces attaques, le regard de Proot se tourna vers le secteur de la ville où Styr se battait encore. On entendait une de ces furias de ce côté-là !!
La tâche de Styr était immense, il devait se frayer un chemin à travers des quartiers tenus par des compagnies complètes de fusiliers franskys aux aguets. Puis atteindre l'église et y déloger par la force l'unité forte qui la gardait. L'effet de surprise ne jouant plus dés les premières minutes de l'assaut, la mission était impossible à réaliser ! Et pourtant....

Le combat faisait rage, le vacarme se rapprochait, marquant l'avancée des troupes russes. Puis, d'un coup, une immense clameur retentit : « HHHUUURRRRAAAAA !!! HHHUUURRRRRRAAAA !!! HHHUUURRRRRRAAA !!! »

Et Proot, des frissons parcourant sa peau, vit se déployer dans la nuit éclairée par les incendies, au sommet de l'église, le drapeau de la Garde Préobrajensky.

Quel héros, ce Styr ! Il réussit même là où tout homme aurait échoué....

Hors des murs de la ville, au loin, le Colonel Vilpinov ébaucha l'ombre d'un sourire. Voilà un aperçu de ce qui attendait les franskys les jours prochains !
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