Sainte-Croix: un aristocrate au service de l'Empire

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Sainte-Croix: un aristocrate au service de l'Empire

Message par vétéran Sainte-Croix » Ven Jan 04, 2008 6:11 pm

Extraits du journal du Sous-Lieutenant de Sainte-Croix:

23 juin 1797, Paris

Après plus de six ans d'exil, je rentre enfin en France avec mes parents... Mon père, royaliste mais aimant son pays, est très heureux de revoir le pays. Ma mère, par contre, a entendu parler des horreurs commises par les jacobins pendant la Révolution et ce retour en France ne lui plaît guère. Mais la Terreur est terminée, mon père nous l'a assuré.
Le pays a bien changé depuis notre départ en 1791, je n'avais alors que neuf ans mais je me souviens encore dans quel état déplorable je quittais la France, les larmes aux yeux. Nous nous étions installés dans le Duché de Bade, relativement prés de la frontière française.

Aujourd'hui, l'année de mes quinze ans, tout a changé, les relations de mon père nous ont enfin permis de rentrer en France. Il vient même d'être nommé par le Directoire Ambassadeur à Constantinople, son ami Talleyrand doit y être pour quelque chose...

Mes parents m'ont avoué avant hier qu'il souhaité que je poursuive une carrière diplomatique, Talleyrand m'offrant d'ores et déjà un poste de fonctionnaire au ministère des Relations Extérieures. Ce poste ne me plaît guère mais personne ne m'a vraiment donné le choix.

Mais l'important pour moi est d'être enfin rentré en France.
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Message par vétéran Sainte-Croix » Ven Jan 04, 2008 7:17 pm

9 novembre 1799, Paris

Je viens d'apprendre le coup d'Etat de Bonaparte... Très peu de personnes à Paris en connaissent les détails mais beaucoup semblent favorable à ce jeune général s'étant particulièrement distingué en Italie et en Egypte.
Mon père pense que Bonaparte ne restera pas plus d'un an au pouvoir... Je dois avouer que je serais sans doute du même avis que lui si je n'avais pas rencontré le Général il y a quelques jours, alors qu'il était en conversation avec Monsieur de Talleyrand au ministère. Je n'ai vu et entendu le Général que quelques secondes, mais l'homme, sans que je puisse véritablement l'expliquer, m'a inspiré une opinion très favorable.

A présent, j'en suis persuadé, la France en a fini avec la Révolution.

On raconte que Bonaparte a adressé des offres de paix à l'Autriche, à l'Angleterre et à la Russie. Beaucoup pensaient que ces offres n'avaient aucune chance d'aboutir mais il semble que le tsar Pierre Ier soit disposé à se tenir à l'écart du conflit.

Que Dieu offre la paix tant méritée à la France, ce serait sans doute le plus beau cadeau dont les français puissent rêver.
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Message par vétéran Sainte-Croix » Ven Jan 04, 2008 7:43 pm

14 mars 1801, Paris

Une terrible dépêche vient d'arriver aujourd'hui au ministère, le tsar de Russie Paul Ier vient d'être lâchement assassiné, dans la nuit du 11 au 12 mars, par des aristocrates russes anglophiles, financés par le gouvernement britannique, et appuyés par le jeune fils du tsar, Alexandre.

Quel désastre pour la France, Bonaparte et Paul Ier étaient sur le point de signer une alliance entre la France et la Russie, alliance qui aurait enfin permit la paix en Europe.
N'importe quel fonctionnaire du ministère sait qu'une alliance entre les deux grandes puissances aurait empêché l'Autriche et la Prusse d'entrer en guerre contre l'une ou l'autre sans devoir se battre sur deux fronts.

Cet attentat montre a quel point le gouvernement britannique n'a aucun honneur, pas plus que le nouveau tsar Alexandre qui a soutenu l'assassinat de son propre père.

A présent, la paix est impossible, tout le monde sait ici que Alexandre est très jaloux et déteste Bonaparte. Cet homme ne mérite aucun respect de notre part, et tout français ne devrait jamais oublier l'insulte que l'Angleterre et le jeune tsar Alexandre ont osés faire à la France en cette nuit du 11 mars 1801.
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Message par vétéran Sainte-Croix » Sam Jan 05, 2008 12:08 pm

25 mars 1802, Amiens

Il semble que les hommes se lassent de tout, y compris de la haine.

Ce jour est un jour historique non seulement pour la France mais aussi pour l'ensemble du continent européen. J'ai moi même eu la chance d'assister au moment ou le représentant de l'Angleterre, lord Cornwallis, et Joseph Bonaparte, frère du Premier Consul, ont signés le traité de paix, entre le peuple anglais et le peuple français, à Amiens.

Ce fut dans ce moment solennel que les plénipotentiaires, après avoir signé le traité, s'embrassèrent et se donnèrent les signes les plus touchants de la satisfaction la mieux sentie. La plupart des spectateurs étaient même émus jusqu'aux larmes; ils étaient trop heureux pour que leur joie puisse éclater d'une manière bruyante.

Nous assistions à des transports d'allégresses se manifestant dans les places, les carrefours, les spectacles et particulièrement dans les faubourgs ouvriers.

On peut dire sans la moindre exagération que la France jouit aujourd'hui d'une puissance, d'une gloire, d'une influence telle que l'esprit le plus ambitieux ne peut rien désirer au-delà pour sa patrie. En moins de deux ans et demi, la France est passé de l'avilissement ou le Directoire l'avait plongée au premier rang de l'Europe.

Pour la première fois depuis mon retour en France, il y a cinq ans, j'ai pleinement confiance en l'avenir de ma patrie.
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Message par vétéran Sainte-Croix » Sam Jan 05, 2008 1:21 pm

16 mai 1803, Paris

Des mois de négociations, de travail détruits, des milliers de vies enlevées, la paix violée... Les anglais n'ont donc aucun honneur ! La Grande-Bretagne vient officiellement de déclarer la guerre à la France.

Avant la Révolution, les anglais nous considéraient comme de pitoyables esclaves d'un roi despote. Lorsque dans un puissant élan, les français ont rejeté leurs chaînes et ont instauré une monarchie limitée, l'hostilité générale à leur égard s'est encore renforcée. Les gouvernements se sont succédés mais pas un seul d'entre eux n'a eu l'heur de plaire aux anglais. Leur hostilité envers nous s'est maintenue. J'aimerais savoir pourquoi... J'aimerais comprendre comment dix millions de britanniques peuvent prétendre faire le bonheur de quarante millions de français contre leur volonté.

Il y a seulement quelques années, l'Autriche, la Prusse et la Russie se sont regroupées pour démembrer le royaume polonais, heureux sous le pouvoir d'un souverain aimé. Quelle fut la réaction de la Grande-Bretagne et ou put on discerner la noblesse d'esprit des anglais quand se déroula ce partage ? La Pologne fut abandonnée à son sort. Aujourd'hui, seul Bonaparte semble vouloir leur venir en aide. Pourquoi alors l'Angleterre se préoccupe t'elle donc tant du destin de la Suisse et de l'Italie du Nord, sous contrôle français à la demande même des suisses et des italiens qui criaient à Milan "Vive Bonaparte" d'une seule voix.

Autant de questions sans réponses.

On parle déjà en France d'un éventuel débarquement en Angleterre. Il est plus que certain qu'une descente et un séjour de deux mois de l'armée française à Londres assurerait à la France une paix de cent ans.

Je pense de plus en plus à me porter volontaire pour intégrer l'armée...
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Message par vétéran Sainte-Croix » Sam Jan 05, 2008 3:34 pm

3 août 1805, Paris

Je viens d'apprendre que la Russie et l'Autriche nous déclaraient la guerre. Le Premier Ministre anglais William Pitt a payé les deux puissances pour marcher sur Paris.

Ainsi les anglais font la guerre à la France en sacrifiant les enfants d'Autriche et de Russie.

Les coalisés peuvent réunir prés de 500.000 hommes, la France pas plus de 200.000...

Tous les français sont pourtant persuadés de la victoire.

Jamais la France n'a eu d'aussi belles troupes, ni de plus aguerries; jamais elles n'avaient été animées d'un meilleur esprit, et il est facile en les voyant de prévoir l'issue de cette campagne.

J'ai été en Autriche il y a quelques semaines, lorsque les renseignements nous avaient avertis des préparatifs anormaux de l'armée autrichienne.
Les soldats autrichiens, pas plus que les officiers, ne veulent de cette guerre... Ces hommes sont les mêmes que ceux qui ont été vaincu à Rivoli, à Arcole et à Marengo et ils ne connaissent que trop bien la valeur du soldat français.

Quant aux russes, il est plutôt facile de s'imaginer leurs désespoirs... Leur tsar, qui a assassiné leur souverain légitime il y a quatre ans, n'a aucune raison de déclarer la guerre à la France si ce n'est l'or anglais. Cette guerre ne peut être bénéfique pour la Russie, elle n a rien a gagner, elle a tout à perdre... L'armée russe va devoir traverser l'Europe, des milliers de kilomètres, se sacrifiant pour la bourgeoisie anglaise.

Personne ne pourra me convaincre que le soldat russe tombera au combat en criant "Vive le tsar", pas plus que le soldat autrichien criera "Vive l'Empereur François".

L'Autriche et la Russie demandent pour la guerre "de l'argent, de l'argent, de l'argent", la France demande "de l'audace, encore de l'audace et toujours de l'audace."
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Message par vétéran Sainte-Croix » Sam Jan 05, 2008 5:42 pm

20 octobre 1805, Ulm

J'ai assisté aujourd'hui à la capitulation des troupes autrichiennes encerclées à Ulm. En tant que fonctionnaire du ministère de M. de Talleyrand, je faisais parti de la suite de l'Empereur en cette journée mémorable.

Un pareil spectacle ne peut se rendre, et la sensation en est encore présente à mon souvenir. De quelle ivresse nos soldats n'étaient ils pas transportés ! Quel prix pour un mois de travaux ! Quel ardeur, quelle confiance n'inspire pas à une armée, il n'y avait rien qu'ils ne pouvaient entreprendre, rien qu'ils ne puissent réussir.

Un officier autrichien, pret de moi, me dit "La honte qui nous écrase, la boue qui nous couvre sont ineffaçables".

Jamais victoires ne furent plus complète et ne coûtèrent moins.

A Ulm, la Grande Armée a fait 36.000 prisonniers dont 8 généraux, a prit 60 pièces de canon avec leur approvisionnement, et 50 drapeaux.
Ceci porte à 60.000 le nombre de prisonniers autrichiens depuis le début de la campagne, 200 pièces de canon ont été prit à l'ennemi et 90 drapeaux.

Rien ne fait un contraste plus frappant que l'esprit de l'armée française et celui de l'armée autrichienne. Dans l'armée française, l'héroïsme est porté au dernier point, dans l'armée autrichienne le découragement est à son comble. Le soldat est payé avec des cartes, il ne peut rien envoyer chez lui, et il est très maltraité. Les français ne songent qu'à la victoire. On pourrait citer un millier de traits comme le suivant:
Brard, soldat du 76e, allait avoir la cuisse amputée, il avait la mort dans l'âme. Au moment ou le chirurgien se préparer à faire l'opération, il l'arrête: "Je sais que je n'y survivrais pas, mais n'importe: un homme de moins n'empêchera pas le 76e de marcher, la baïonnette en avant et sur trois rangs, à l'ennemi."

Lors de son entretien avec le général Autrichien M.Mack, fait prisonnier, l'Empereur lui aurait demandé: "Pourquoi l'Autriche fait elle la guerre à la France ?". M.Mack a répondu que l'Empereur d'Allemagne, François II, n'aurait pas voulu la guerre, mais qu'il y a été forcé par la Russie. "En ce cas, à répondu Napoléon, vous n'êtes donc plus une puissance."


Aujourd'hui, l'armée autrichienne n'existe plus...

L'armée russe a commencée une retraite sans combattre, la Grande Armée va bientôt défilée à Vienne sous les acclamations de la population !
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Message par vétéran Sainte-Croix » Dim Jan 06, 2008 1:39 pm

3 décembre 1805, Munich

La nouvelle vient d'arriver à Munich il y a quelques heures, les troupes austro-russes ont été anéantis à Austerlitz, leur défaite est totale, notre victoire complète.

Ici, en Bavière, alliée de la France, les population crient et chantent depuis l'annonce de la victoire.

Selon les premiers chiffres annoncés, 40 drapeaux, les étendards de la Grade impériale de Russie, 120 pièces de canon, 20 généraux, plus de 10.000 prisonniers, sont le résultat de cette journée du 2 décembre 1805 à jamais célèbre.
Les armées coalisés auraient perdu 30.000 hommes, la Grande Armée 2.000 morts et 5.000 blessés.

Nos ennemis ont compris qu'il était plus facile de nous braver et de nous menacer que de nous vaincre.

L'armée autrichienne n'existe plus, Napoléon est prêt à signer la paix avec l'Empereur François...

Par contre, tout porte à croire que le tsar Alexandre veuille continuer le combat, il a d'ores et déjà demandé aux prussiens de déclarer la guerre à la France.

Je ressent le sang guerrier de mes pères bouillonnaient dans toutes mes veines...
J'ai de plus en plus l'envie de me porter volontaire dans l'armée pour défendre ma patrie que toute l'Europe semble avoir juré de violer.
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Message par vétéran Sainte-Croix » Dim Jan 06, 2008 3:51 pm

27 octobre 1806, Mayence

Je viens de me porter volontaire pour intégrer une nouvelle formation, les Gendarmes d’ordonnance, crée par l'Empereur en personne, afin de réunir dans une même unité la vieille noblesse française vivant dans l’ombre.

Ce régiment à cheval est formé des représentants des meilleurs familles nobles de la Vieille France. On ne peut y entrer qu'à une seule condition: celle d'acheter à son compte l'uniforme, l'équipement et le cheval.

Il est évident que peu de personnes peuvent s'offrir ce luxe.

D'autre part, s'enrôler à la guerre comme simple soldat, et de plus à son propre compte ne s'inscrit pas du tout dans la tradition de la bourgeoisie, mais bien dans celle de l'ancienne noblesse française.

Plusieurs de mes connaissances se sont portées volontaires avec moi pour intégrer cette unité, parmi lesquelles Hippolyte d'Espinchal et La Bédoyère.

Mayence a été désigné pour la formation des gendarmes d'ordonnance. Nous sommes sous les ordres du major Berret, que le maréchal Kellermann a détaché du 9e régiment de cuirassiers, afin de nous faire connaître la vie militaire. L'entraînement est difficile mais nécessaire.

La 1ere compagnie, dont je fais partie, vient d'être présentée à l'Impératrice Joséphine, alors à Mayence pour être plus proche des grands événements qui se jouent en ce moment même en Prusse où la Grande Armée mène, une fois de plus, une campagne victorieuse.

J'ai hâte que l'on nous envoi au combat... Enfin, je pourrais véritablement servir l'Empereur et ma patrie.
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Message par vétéran Sainte-Croix » Dim Jan 06, 2008 4:37 pm

4 décembre 1806, Mayence

Ma compagnie va enfin quitter Mayence.
Notre moral est excellent et nous avons tous hâtes d'être au combat pour prouver notre valeur à l'Empereur.

L'armée prussienne a été écrasée à Iéna et à Auerstaedt. Mais ces idiots de russes refusent toujours la paix, nous espérons tous ici participer à la grande bataille qui opposera la Grande Armée à l'armée de ces esclaves russes.



3 février 1807, Berlin

Les deux compagnies de gendarmes d'ordonnance se sont réunis à Berlin avec les fusiliers de la Garde.

Avec ces derniers, nous nous sommes engagés dans la lutte contre les partisans de Schill... Ces hommes ne sont que des brigands qu'ils nous faut exterminer jusqu'au dernier. Les combats sont difficiles et la température proche de zéro, mais notre amour pour l'Empereur nous réchauffe le coeur.

Les soldats de la Garde ne nous aiment pas beaucoup... Les Gendarmes d’ordonnance sont déjà surnommés "Freluquets dorés" ou même "Freluquets d’argent" par référence aux boutons d’argents de nos uniformes.



20 mars 1807, Finkenstein

Après être rentrés, le 11 février, à Stettin, nous avons participé à la prise de Neugarten et de Trptow.

Le 8 mars, nous nous trouvions à Colberg ou nous avons prit part à quelques escarmouches, le capitaine Carrion-Nizas et le lieutenant d’Albuquerque ont d'ailleurs été blessés durant ces combats.

Aujourd'hui, nous venons d'arriver à Finkenstein pour assurer la garde personnelle de l'Empereur.

J'ai apprit que la Grande Armée avait remporter une nouvelle victoire à Eylau, face aux russes. Mais des soldats ayant participé à la bataille m'ont dit que cette victoire avait le goût d'une défaite tant les pertes étaient lourdes dans les deux camps.

Les russes semblent être nos adversaires les plus redoutables, mais je ne doute pas de notre victoire finale.
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Message par vétéran Sainte-Croix » Dim Jan 06, 2008 7:19 pm

28 avril 1807, Finkenstein

Depuis un mois, j'ai le privilège de faire partie de l'escorte personnelle de l'Empereur... Quatre officiers, un trompette et 22 soldats forment continuellement cette escorte.

Hier, l’ambassadeur de Perse, Rizey bey, un envoyé du Shah de Perse, pour forger une alliance avec la France, est arrivé au quartier général de Napoléon, ici, à Finkenstein.

L’Empereur avait organisé une revue, pour impressionner l’envoyé du Shah. Durant cette revue, le comte de Montmorency-Laval, notre capitaine, devait présenter, devant Napoléon et le Khan, les compagnies de Gendarmes d’Ordonnance dont j'ai la chance de faire partie.

Hélas, Montmorency-Laval n’a pas vraiment les qualités militaires et la prestance nécessaires à ce genre de parade. Sa voix, en particulier, est tremblotante et inarticulée.

L'envoyé perse sembla pourtant tout à fait impressionné... Je ne sais pas encore si la Perse à finalement signé cette alliance avec la France. Elle nous permettrait de mettre en danger, non seulement la Russie, mais aussi les possessions anglaises en Inde.

Je ne pense pas que nous resterons longtemps ici...

A Eylau, nous ne sommes pas parvenu à détruire totalement l'armée russe et cette dernière reste une menace. Lorsque la belle saison apparaîtra, je ne doute pas que les opérations reprennent.
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Message par vétéran Sainte-Croix » Lun Jan 07, 2008 1:37 pm

18 mai 1807, Finkenstein

Un gouffre profond sépare la jeunesse dorée, les Gendarmes d'ordonnance, des vétérans de la Garde.

Nous nous trouvons maintenant dans une position tout à fait exceptionnelle, qui exige de notre part beaucoup de réserve, car nous ne pouvons dissimuler la jalousie dont nous sommes l'objet de la part de la Garde Impériale qui voit en nous un corps privilégié, surtout par le genre de service auquel nous sommes appelés.

Heureusement, notre bravoure dans les combats calme un peu les esprits échauffés.

Je me rappelle encore lorsque nous arrivâmes à Finkenstein, avec la coquetterie des gens qui avaient gagné leurs éperons. Dans nos quatre compagnies, il ne manquait pas d'uniformes troués, de manteaux déchirés et de shakos déplumés. Ceux qui vinrent au devant de nous, artilleurs, dragons et chasseurs de la Garde, vieux connaisseurs à qui il nous importait de plaire, jugèrent en nous voyant que nous avions été à la peine mais que nous nous étions bien battus.

Non pas que la Garde ne nous aime pas personnellement, mais ils détestent ce que notre unité représente, une formation regroupant des aristocrates de l'Ancien Régime.

J'espère que la situation va s'arranger, car on dit que l'Empereur est très préoccupé par la mauvaise réputation de ses Gendarmes d'ordonnance.
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Message par vétéran Sainte-Croix » Lun Jan 07, 2008 5:28 pm

16 juin 1807, Konigsberg

La Grande Armée a remporté une nouvelle grande victoire il y a deux jours !
Friedland vaut Austerlitz, Iéna et Marengo, dont nous fêtions alors l'anniversaire.
La bataille de Friedland a décidé de tout. L'ennemi est confondu, battu, extrêmement affaibli. L'armée russe n'existe plus !
Les pertes russes sont énormes... 20.000 à 25.000 tués, blessés ou disparus. La Grande Armée a tout de même perdu 7.000 hommes, tués, blessés ou disparus.
Mon unité n'a malheureusement pas participée au combat, n'étant que spectatrice de la bataille.
Aujourd'hui, Konigsberg, ou je me trouve actuellement, est tombé entre nos mains.
La paix est à présent certaine, jamais Alexandre ne sera assez fou pour continuer le combat.
Une rencontre entre l'Empereur et le tsar est déjà prévue près du Niemen.
On parle meme d'une alliance entre la France et la Russie, l'idée est plaisante mais je ne fais nullement confiance au tsar Alexandre.
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Message par vétéran Sainte-Croix » Lun Jan 07, 2008 7:50 pm

25 juin 1807, au bord du Niemen

La paix est faite !!!

Aujourd'hui, les deux empereurs se sont rencontrés pour la première fois sur un bateau au milieu du Niémen.

Un traité entre les deux puissances devra être signé durant le mois de juillet... On sait d'ores et déjà que la Russie devra adhérer au blocus continental destiné à ruiner l'économie britannique. On parle aussi d'un partage entre la Russie, l'Autriche et la France de l'Empire Ottoman.

Jamais l'Empereur n'a atteint un tel degrés de puissance qu'aujourd'hui.

Après la signature de la paix, une grande revue de la Garde fut organisée, Napoléon présenta au tsar les Gendarmes d’Ordonnance comme ses "Chevaliers Gardes".

Durant le banquet qui s’en suit, nous nous sommes retrouvés en compagnie des Chevalier-Gardes russes.

Il s'y passa d'ailleurs un fait dont j'ai encore honte... Lors du repas, un officier russe se leva et proposa, dans un français excellent, de boire à la santé de la Maison de Bourbon ! Quelle fut ma stupéfaction que de voir la moitié de ma compagnie se lever et crier "à la santé de la Maison de Bourbon" !

J'espère que cette affaire n'arrivera pas aux oreilles de l'Empereur.

Mais à part cette bévue le banquet s'est plutôt bien passé...

Depuis Friedland, j'ai bien observé le soldat russe. L'infanterie est, en général, composée d'hommes grands, robustes et beaux; ils sont bien disciplinés et d'une obéissance aveugle vis-à-vis de leurs supérieurs. Ils se dévouent à l'exécution de leurs ordres, quelquefois en vrais fanatiques. Les soldats russes, quoique supportant le feu de l'ennemi avec intrépidité, ne savent nullement se diriger eux-mêmes; ils ne s'excitent pas mutuellement au courage; ce sont des machines qui ne se meuvent qu'à l'ordre de leurs officiers. Les officiers russes sont braves pour la plupart. Les artilleurs tirent assez vite, mais leur feu est mal dirigé et les pièces mal pointées. Les cavaliers russes sont robustes, d'un bel aspect, mais sans agilité; ils sont, comme tous les russes, aveuglément obéissant. Les cosaques, pour finir, sont intelligents, fins et rusés. Ils montent des chevaux tatars avec beaucoup de vitesse.

Bien entendu, un soldat russe n'arrive pas à la cheville d'un soldat français, mais il reste un adversaire redoutable. Bien plus redoutable que les prussiens ou les autrichiens.

J'ai apprit il y a quelques minutes de mon capitaine que l'Empereur m'avait publiquement complimenté... Je lui rappelle Desaix parait il.

C'est là le plus grand honneur auquel un homme puisse prétendre.
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Message par vétéran Sainte-Croix » Mar Jan 08, 2008 2:29 pm

12 juillet 1807, Königsberg

Le mois de juillet commença pourtant si bien !

Dés le 1er juillet, en effet, les trois premières compagnies des Gendarmes D'ordonnance se sont mit en route pour Königsberg, ou la quatrième compagnie, qui a absorbé la cinquième à Berlin, nous y a rejoint quelques jours après.

Le voyage se passa très bien, tout le monde était très heureux de la paix signée par les empereurs Napoléon et Alexandre à Tilsit, le 7 juillet.

Cependant, tôt dans la matinée d'aujourd'hui, le Maréchal Bessières fit monter à cheval l'ensemble des compagnies et nous annonça, qu'au nom de sa Majesté l'Empereur, nous étions licenciés.

La formation des Gendarmes d'ordonnance était dissoute ! L'unité n'était pas assez aimée des soldats de la Garde, et il semble que Napoléon ait été mit au courant de la bévue lors du banquet avec les Chevalier-Gardes russes.

La dissolution définitive est prévue pour le 23 octobre de cette année.

Dans les trois premières compagnies, ayant été engagés dans les combats, 118 gendarmes sont promus sous-lieutenant de la cavalerie de ligne, les 153 restant sont partagés dans les différentes unités de la Garde. Les officiers de ces mêmes compagnies furent également promus, et envoyés dans les régiments de ligne. Les hommes des 4e et 5e compagnies, ayant encore l'inexpérience du combat, se voit donner l’opportunité de servir un an dans les vélites de la Garde à cheval, en espérant prétendre à un poste d’officier dans quelques temps.

Cependant, le Maréchal Bessières vint me voir et me dit que j'étais affecté à l'escorte personnelle de l'Empereur, et ce, à la demande même de sa majesté.

J'en ignore encore les raisons...
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