par vétéran Nicolaïe III » Ven Mars 14, 2008 12:17 am
13 Mars 1813
Finalement nous n'avons pu combattre dans la montagne : le front a été réorganisé en urgence pour des raisons qui nous restent obscures. Mais ce n'est pas à nous autres de discuter des ordres, nous les executons!
La route a été reprise immédiatement après notre arrivée, heureusement elle ne fût pas longue. Je n'ai pu reprendre la suite de ce journal auparavant car j'étais harrassé de fatigue le soir au campement. Et pour cause, mon cheval est mort au pied de la montagne pour des raisons que j'ignore (sans doute une maladie), j'ai donc marché avec les hommes plus de 12 heures par jour durant cette semaine. Ne vous trompez pas! Ce ne sont pas là les plaintes d'un petit bourgeois moscovite et à toute chose malheur est bon...
Les soldats et moi-même avons souffert ensemble dans cette marche vers l'enfer et voir leur chef ainsi à leur côté m'a fait gagner, je crois, une petite part de respect auprès d'eux. Certes cela fût dur physiquement, mais j'en sort grandi. Maintenant il me fallait montrer mon hardeur au combat et mes capacités de commandement et nous en avons eu l'occasion aujourd'hui.
Deux jours durant les troupes de notre régiment, l'Armée du Tsar, ont manoueuvrées pour se positionner. Nous étions en face du régiment de la Gendarmerie, un des plus célèbres de nos ennemis. Ce matin ils ont fait feu sur une compagnie d'artillerie de nos frères, étant juste derrière eux j'ai décidé de faire barrage avec mes hommes afin de protéger les survivants. Vers 18 heures, alors qu'un vent glacial se levait sur la steppe, j'observais les gendarmes à la longue vue. Je me posais mille questions en regardant mes soldats : si je leur donnais l'ordre d'attaquer ne seriont nous pas déchiquetés par une riposte cinglante, devais-je attendre des ordres plus précis... La compagnie était fatiguée, que faire?
Tout à coup, un cri rageur sembla monter dans notre dos! Sans crier gare, une compagnie de gardes nationnaux portants l'étendard du capitaine Molokov Popovitch surgit de nulle part et en un effroyable déluge de feu, elle prit d'assaut les gendarmes en face de nous! Mon sang ne fit qu'un tour et toutes mes interrogations fûrent balayées par cette masse de russes en furie.
Sous le coups de nos frères s'abattant comme la tempête, les gendarmes ne pouvaient même pas bouger. Seulement se baisser en éspèrant éviter les projectiles qui leurs sifflaient aux oreilles. Dès leur assaut fini ils se replièrent, ne pouvant résister à une contre-attaque furieuse! Je ne leur en laisserai pas l'occasion. Le sabre de mon père fièrement brandi je lançai :
Compagnie en avant....
Aut bout de quelques pas nous sommes à portée
Premier rang un genout à terre
FEU!
Encore hébétés par l'attaque précedente, les gendarmes essuient à nouveau une terrible semonce. De là ou nous sommes on peut lire la terreur dans leurs yeux. Après que nous ayons repris notre position, nous nous attendions à une sévère riposte mais rien ne vint... Quels poltrons finalement ces français! Ils ne méritent pas leur réputation. Tandis qu'ils ramassent leurs morts et que les blessés sont évacués, ils peuvent entendre au loin nos rires. Un cri fort sort des rangs :
Et... Vous avez quand même blessés un homme : je me suis égratigné la joue en tuant un gendarme! La compagnie éclate de rire!
Ce soir, sous ma tente, je suis bien conscient que les jours à venir ne ressembleront pas tous à celui là et que nous devrons nous aussi déplorer de nombreux morts, la guerre est ainsi faite! Mais nous avons tout de même le droit de savourer... Non?
A mort les Français! Vive le tsar! Vive la Russie!
Nicolaïe III
Chef de bataillon de l'armée du Tsar