par Lepine » Sam Jan 24, 2009 1:41 pm
L'empereur était là, en haut de la colline en face, avec une cinquantaine d'officiers à cheval. Il était assis dans un fauteuil, derrière lui un garde tenait son cheval blanc par les rênes, avec sa légendaire redingote grise recouvrant un simple habit vert de colonel des chasseurs de la garde, l’œil vissé sur sa lunette, il observait la bataille.
Depuis deux jours le régiment Pavloffs occupent une position Stratégique,les compagnies du Bataillon Lepine, les 4202e de grenadiers et les voltigeurs du 4204e sont épaulés par le 13823e escadron de chasseurs. Les forces sont disposées au sein d'une forêt dense de sapins. Tout autour de nombreux bataillons russes de différentes formations sont positionnés. Les officiers, les sapeurs, les tambours à l'intérieur, les canons dans l'intervalle, et les caissons derrière le dernier rang.
Tous bien en rang, le fusil chargé, le drapeau sur le front de bataille. La situation n'était pas brillante, mais ils répondaient coup pour coup, mais c'était difficile de tenir. Les voltigeurs de Smirnoff, malgré le froid vif qui glaçaient membres jusqu'au os, campaient sans feu près des bruyères et de haies vives. Silencieux et invisibles dans les fossés ils avait attaqué les premières lignes françaises, multipliant les attaques aussi rapides que brèves, chaque fois les hommes de la 2573e française commandé par le Major Tortellini au milieu des forces françaises étaient surprise et encaissait un tir meurtrier. Le lendemain au petit matin vers cinq heures avant que le jour ne les dévoile, les voltigeurs s'approchaient, Georges Smirnoff avec ses hommes qui étaient déployé en tirailleur, avançaient doucement un peu plus loin, de l'autre côté, ils aperçurent quelque chose remuer et l'on peut se figurer s'ils ouvraient les yeux. De temps en temps, s'ils regardaient un peu de côté l'autre carré qui campait sur la même ligne, ils pouvaient voir le campement du Major Tortellini, un peu plus loin devant eux.
La fusillade s'engageait en plusieurs endroits et les hommes du 4204e voltigeurs et les grenadiers arrivés en seconde ligne lâchaient de nouveaux une grêle de balles meurtrières au sein de la même compagnie commandée par l'Adjudant Gnocchi laissant les hommes démoralisés.
Quelques heures plus tard les français qui avaient des renforts importants ; lançaient à leur tour des attaques. Des escadrons du bataillon Delem attaquaient en une charge le bataillon, leur charge fut facilement stoppée par les grenadiers bien abrités à la lisière de forêt le premier rang fut reçu à coup de sabres et de baïonnettes les chevaux stoppés dans leur élan.
Dans la vallée, on pouvait entendre les cris de "Vive l'Empereur" qui montaient et que l'on pouvait percevoir dans l'intervalle des tirs. Comme une inondation qui monte. Mais, au moment où les français approchaient des bois ont tiraient de toutes les côtés. Dans les broussailles, il y ,avait une foule de russes. Débouchant des allées transversales, arrivant furieux sur eux, des russes en criant et donnant des coups de baïonnettes, on s'entendait, mais on ne se voyait plus les coups de pistolets, les coups de crosses sont échangés, les sabres et les baïonnettes s'entrechoquent. Dans cette masse multicolore c'est un brouhaha; de cris, de métal qui sonne ; enfin c'était terrible ...L'escadron de lanciers reparti laissant derrière lui autant de tués et de blessés qu'il en avait fait dans les rangs de la compagnie Lepine. La fumée s'étant dissipée, ils pouvaient voir cette grande masse de cavaliers qui remontaient de l'autre côté du ravin.
Jusqu'à ce qu’une voix terrible crie le Cessez le feu. !!
Sans obéir sur-le-champ, des soldats appuient sur la détente, quelques coups partent encore.
Aussitôt un nouvel ordre tonne, du côté français les carrés sont déployés et on forme les colonnes pour marcher.
Mais ne renonçant pas les lanciers chargèrent une seconde fois, la encore ce fut un fiasco bien rodé la compagnie riposta énergiquement et la cavalerie française laissa sur le terrain un grand nombre de tués et de blessés, ainsi que de nombreuses montures affolées que les grenadiers chassèrent à renforts de grands cris de victoire.
Mais à peine reformés en défense une nouvelle charge du 10103e escadron de Lanciers enfonça les rangs de grenadiers là encore la riposte fut énergique malgré les pertes peu importante les sous officiers avaient du mal à maintenir la compagnie en bon ordre.
Presque aussitôt un éclair brilla juste en face de la compagnie de fusiliers du Major Crapouniette venaient de tirer : dans les rangs, à gauche, se trouvait un vide. Alexandre Poutinovicht était au second rang, derrière Nicolas Lepine sur le devant du front.
- Nos braves sont sous les ordres.
Il allait communiquer ses renseignement mais sa voix fut couverte par le bruit des armes qui s'entrechoquaient mêlés aux cris des hommes des deux camps.
Tout autour des deux officiers les hommes s'écroulaient comme des fétus de paille une trentaine d'hommes jonchaient le sol gelé, les hommes de Lepine surpris par une attaque soudaine leurs riposte fut aléatoire.
- Serrez les rangs.
Le Major donnait ses ordres En même temps les capitaines de compagnies répétaient.
-Serrez les rangs.
Cela s'était fait si vite que les hommes n'avaient pas le temps de réfléchir. Mais cinquante pas plus loin il y eut encore un éclair et un bruit pareil dans les rangs, comme un grand bourdonnement, qui passe, l'essaim de plomb meurtrier faucha les hommes du second rang et cela fis encore un trou, à droite cette fois.
Et, après chaque salves que lâchait les fantassins des 569e et de la 13306e ; chaque fois il y avait un vide, chez les russes le major disait toujours :
Serrez les rangs !
Et il fallait bien tenir, malgré tout.
Les français dévalaient la pente vers les bois au pas de charge
-Halte !
Ils arrivaient en masse, en ligne courbés en avant, cachés par le brouillard et les chevaux, qui les avaient précédés le sabre à la main. Comme à l'exercice les officiers donnaient leurs ordres tranquillement :
- Premier rang, genou terre... croisez la baïonnette ! Apprêtez armes !
-Attention au commandement de feu.
Joue... Feu !
L'action se passe tout entière autour du petits bois occupé par Lepine et quelques compagnies amies. Ces petits bosquets de sapins noirs chargés sont pris et repris avec rage. Le vieux Smirnoff montre une intrépidité remarquable, mais les soldats de Napoléon porteront le coup décisif au centre avec les attaques répétées des compagnies, 20730e Mandrin ; 25938e de Garibaldi.
Les quatre carrés avaient tiré, ensemble ; à peine la fumée était-elle un peu montée, que les Russes repartaient ventre à terre ; mais les canons français tonnaient et les balles sifflaient rattrapaient les fuyards. Balayant dans un fracas assourdissant de branches cassées et de cris de douleurs cette masse.
Chargez !
Criaient les officiers encouragés par leur première victoire.
Les tambours battaient la charge, les canons des mousquets et des fusils tonnaient. Et de tous les côtés on entendait crier :
"Vive l'empereur !"
Les carrés s'étaient remis en marche, mais à deux ou trois cents pas du ravin, il se fit une grande rumeur, et pour la
seconde fois le général cria.
-Halte !... Genou à ...terre !... Croisez la ...baïonnette.
Les Russes arrivaient tous ensemble ils sortaient d'un creux de terrain pour tomber sur les français. la terre en tremblait. Cela couvrait les commandements ; les soldats français ne les entendaient plus, mais leur bon sens naturel les avertissait qu'il fallait tirer dans le tas, ils les voyaient se dresser dans la fumée puis, aussitôt après, on ne voyait plus rien. Ils ne faisaient plus que charger et tirer.
De son côté l'escadron de chasseurs d'Alexeï gêné par les troncs et les branches basses avait mis pieds à terre, il subissait de lourdes attaques des 12631e, 12630e Chargefort et Bubuldozer, avant de riposter mollement face à la 19523e compagnie Bullit qui fini par l'anéantir.
- En avant ! en avant !... Vive l'empereur !
Les Français passaient par-dessus des tas de chevaux à terre et de Russes morts où blessés qui remuaient encore, le combat était gagnée.
Nicolas, Georges et quelques une trentaine de jeunes recrues se retrouvaient dans un même groupe, il était bien midi, le soleil brillait au zénith, la journée ne faisait que commencer. Dans le ciel s'échappaient de grosses colonnes de fumée, les cimes des sapins brûlaient, malgré le froid vif ils avaient la figure rouge, les yeux piquaient.
Nicolas, la mâchoire serrée par la jugulaire, dit :
- Tenez bons les gars, on les aura !
Son sabre était cassée et son uniforme rougi témoignaient de son acharnement à se défendre dans la mêlée. Le sergent lâcha un juron à faire pâlir les bourgeoises bien pensantes de Moscou et de St Petersbourg réunis :
Il n'en finissait pas de crier sur les jeunes dernièrement arrivés au bataillon:
- Hardi mes enfants, hardi.
Mais la situation ne faisait qu'empirer, ils étaient à côté d'un carré qui tenait encore, la moitié des hommes était à terre quand l'ordre de se retirer fut enfin donné. Pour le sergent Smirnoff et ses hommes de la 4204e compagnie et quelques uns du bataillon, la situation ne faisait
qu'empirer, ils étaient à côté d'un carré qui tenait encore, la moitié des hommes était à terre quand l'ordre de se retirer fut enfin donné.
Georges et ses compagnons observaient la scène.
La bataille faisait rage depuis plus de cinq heures, les soldats épuisés arrivaient de tous les côtés, des colonnes de soldats du 25ème Rgt d'Infanterie, qui avait suivi l'empereur arrivaient au son du clairon et des tambours ; en même temps, le combat se prolongeait sur leur gauche, malgré la fumée qui tourbillonnait, ils pouvaient apercevoir les uniformes se mélanger. La terrible musique de la mitraille sifflait, les tirs fusaient de partout, un arbre fut dégarni de ses fines branches en un instant. Partout ce n'était que cris, russes, français, et explosions.
Avant qu'ils n'aient le temps de recharger leurs fusils, un feu par file nourri atteignit la compagnie de Nicolas ; la neige qui pendait sur les branches épineuses les troncs derrière eux était criblé, laissant passer des rayons de lumières, dans la voûte de branches les surplombant, Lepine s'adressant à ses hommes leur dit :
- Je crois que je suis salement touché.
Autour d'eux, une dizaine de gars avait la face contre terre, ils ne bougeaient plus, un caporal adossé à un arbre sans branches tentait de se redresser, une dernière fois il jurait entre ces dents, atteint de plusieurs projectiles, un fin filet de sang s'échappa de ses lèvres, le sang coula, puis il fini par s'écrouler sur le sol maculé et rougi. Alexeï voulu lui redresser son chapeau sur la tête, à ce moment tendant son bras, il vit ce qui lui donnait cette sensation de chaleur sur son bras. Le sang coulait, il était touché lui aussi, à l'épaule, son sang se répandait sur son torse. Son uniforme blanc se teintât d'un coup. Ce fut la dernière chose qu’il vit.
Les bataillons du 25ème Rgt d'infanterie français s'installe en avant des bois et sur le flanc des troupes russes. Attaquées sur les flancs, les bataillons russes se replient. Napoléon ordonne une attaque générale pour poursuivre les russes, mais la nuit vient mettre un terme à la manœuvre. Les pertes étaient sévèrement la moitié du bataillon était au tapis, celles des Français était conséquentes aussi.
Quand Lepine se réveilla, dans les bras de Georges ce fut la nuit, il avait froid, il repensa à sa bien aimée, à sa malle contenant les lettres Perdues, à ses parents ; en essayant de se relever, sa blessure se rouvrit et le sang coula de nouveau, comme de l'eau chaude. Puis il s'évanouit de nouveau.