Foka Pokotylo

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Foka Pokotylo

Message par Pokotylo » Ven Oct 02, 2009 4:09 pm

Hiver 1858 - Village de Tomakivka à 20 km de Mala Khortytsja sur le Dniepr.

Les cheminées des petites habitations fumaient péniblement dans le vent froid du nord-est. Le soir était tombé depuis 3 bonnes heures.

Un cavalier emmitouflé dans son long manteau de laine s’était avancé vers la maison centrale de la petite agglomération.

Il alla attacher son cheval sous un auvent construit à cet effet, à l’abris du vent, puis alla frapper à la porte en bois.
Une vieille femme vint lui ouvrir et lui dit :
« Qui que, tu sois, homme de la steppe, tu es le bienvenu. »
Le cavalier entra, s’ébroua, et remercia :« Femme, je te remercie. J’ai un message important pour le maître des lieux. »
La vieille femme lui répondit :« Alors je te conduis auprès de mon maître et époux. Suis-moi. »

La femme claudiqua devant le robuste cosaque. Il la suivit vers la partie arrière de l’habitation. On entendait le vent siffler dans le toit de chaume. L’homme était content de se retrouver à l’abris du froid.

Ils passèrent derrière une tenture et une bouffée de chaleur accueillit l’homme.
Il s’agissait de la plus grande pièce de la maison. Un feu ronflait dans une cheminée large. Cette cheminée était le seul élément en pierre de l’habitation.
Les murs passés au torchis étaient couverts d’armes anciennes. On pouvait y voir des sabres de cuirassiers, des bonnets à poils, un fusil rouillé, des baïonnettes.

Une table était couverte d’un riche drap agrémenté de dentelle anglaise. Des plats remplis de fruits secs étaient posés en désordre. Des assiettes contenant les reliefs d’un repas montraient qu’on venant de terminer le repas du soir.
Près du feu, un fauteuil couvert de vieilles soieries était entouré de chaises en paille et de tabouret. Deux femmes d’un certain âge étaient occupées à filer de la laine. Des enfants jouaient avec un cheval en paille et des simulacres de khandjars en bois.


Un vieil homme, le regard fatigué, était assis dans le vieux fauteuil. Son regard était rivé sur les flammes crépitantes du foyer. Une longue pipe achevait de se consumer entre les doigts de sa main droite. Son bras gauche était replié sous sa large chemises de laine épaisse.

La femme s’approcha du vieillard. Elle lui toucha l’épaule. Il sembla sortir d’un rêve.

« Que me veux-tu, femme ! »
« Tu as un visiteur, Sotnik. »
Le cavalier s’approcha et, ôtant son chapeau, se présenta :
« Salut à toi, Foka Pokotylo, Sotnik de Tomakivka.
Je suis Potemkine, fils de Vitali Pokotylo, petit fils de Barabach Pokotylo, ton cousin. »
Le vieux sotnik apostropha son épouse : « Femme, cet homme est de mon sang. Fait mettre sa monture à l’abris et préparer nourriture et couche molle. »
Puis s’adressant à l’homme : « Potemkine… Potemkine, alors comme ça mes petits cousins cèdent également à cette fichue mode russe ? Je leur avais dit ! N’épousez pas des moskovites ! Prenez des femmes solides de chez nous, et pour la bagatelle, servez-vous chez l’ennemi, comme moi ! » dit-il en désignant les deux femmes qui travaillaient la laine.
Celles-ci devaient avoir une soixantaine de printemps et le jeune cosaque comprit que son arrière-grand –oncle devait les avoir ramené des guerres et combats menés à l’ouest, il y a plus de 40 ans.

Le jeune cosaque ne réagit pas à l’invective, par politesse pour son vénérable aîné.


La vieille femme était partie dans une autre pièce. Etant donné sont âge, elle ne faisait plus elle-même les tâches que lui commandait son époux, mais les commandait à ses petites-filles. Celles-ci, âgées de 18 et 21 ans servaient leur grand-père pendant que leurs maris guerroyaient au sud, en Crimée.
« Natacha, Natalia, occupez-vous de la monture de notre hôte. Natacha, tu apporteras une grande écuelle de bortch, et tâche qu’il y ait plus de viande que de navets !
Natalia , tu prépareras des couvertures. »

Puis la vieille revint vers la pièce centrale. Elle vit que son époux avait la tête tombante et que des larmes coulaient sur ses joues fripées et hirsutes. Le jeune cosaque était assis sur un tabouret, l’air désolé.
Les enfants avaient cessé de jouer et regardaient le vieillard, inquiets.


La vieille demanda alors au jeune Potemkine : « Quel malheur as-tu donc fait entrer dans cette demeure, cousin ? »
Potemkine, confus : « Je demande mille fois votre pardon, vieille femme. Je savais que je vous ferais de la peine, mais je devais en informer votre sotnik.
Je devais vous dire que le compagnon d’arme du sotnik, le général Biroulya Madskyi, vient de décéder, suite à une maladie des poumons. Une mneumonyie, je crois. »
« Une pneumonie, inculte fils de russe ! » rétorqua le vieux cosaque.

Potemkine rougit et poursuivit :
« Il était à la tête de son clan, avec une troupe en guerre au-delà d’Irkoutsk. Il est tombé dans le lac Baïkal , a pris froid et , bien que toute la réserve de vodkà de son voïsko y soit passée, il n’a pas survécu. »

Foka Pokotylo intervint : « Quelle idée aussi d’aller aider le Tzar dans ses conquêtes de l’Est ! Nos ancêtres sont parti des terres lointaines, c’était pas pour y retourner ! Par les cornes des cocus de Paris ! »

A ce moment, quatre hommes entrèrent dans la pièce. Un adolescent, et trois ayant la cinquantaine.
Le plus jeune dit :
« Nous avons vu qu’un visiteur se présentait chez toi, sotnik. Nous venions aux nouvelles. »
Le vieillard passa alors sa vieille main sur ses yeux rougis, épongeant de nouvelles larmes.
« Votre grand-père vient d’apprendre la mort d’un vieux compagnon d’arme. » informa la vieille.
« Un vieux compagnon d’arme ? De quelle campagne, vénéré sotnik ? »

« Je crois que c’était de la campagne contre ce diable de Corse, ce fils de la putain de Satan ! Ce mécréant de Napoleone Buonaparte ! Que la peste étouffe ses entrailles pourries. Et celle de ses enfants et petits-enfants jusqu’ à la trentième génération ! »
Il essuya une nouvelle larme.

Un des enfants s’était approché du vieillard et lui caressa l’épaule. « Petit Père, sotnik Pokotylo, raconte-nous comment vous avez battu les franskys. Raconte-nous les exploits de tes cavaliers. »

Les hommes et femmes présents dans la pièce, intéressés par la remarque de l’enfant, intervinrent : « Laissez notre sotnik en paix. Vous voyez bien que cette nouvelle lui fait de la peine. »

Mais le vieillard, après un grand soupir, répondit : « Laissez, laissez. Je ne peux pas accompagner mes vieux compagnons vers leurs dernières demeures. Alors si je peux leur rendre un honneur, c’est celui de raconter ce que j’ai vécu parmi eux. »

Les hommes vinrent s’asseoir près du feu. Les femmes continuèrent de filer la laine, l’oreille éveillée. Les jeunes Natacha et Natalya, ayant apporté de la nourriture pour Potemkine, allèrent chercher des cruches de boisson.

« Tout a commencé il y a bien longtemps, en 1812. » commença le vieux Pokotylo.


Il semblait chercher ses mots.
La vieille femme lui mit alors sur les bras une vieille balalaïka. Son regard se posa sur l’instrument et sembla s’ouvrir sur de vieilles images. Il leva les yeux, rencontra le visage de sa femme, lui dit :
« Comme toujours, tu sais ce qu’il me faut. Merci femme. Viens t’asseoir à côté de moi. »
La vieille pris place près de Pokotylo.

« C’était il y a bien des hivers, donc. » recommença le sotnik.
L’assistance écoutait le vieil homme.


« J’avais 34 ans quand nous j’ai rencontré les émissaires de la Rada… »
"Attrap' ta balalaïka
Et cours donc boire ta vodkà!"
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Pokotylo (Mat. 7147)
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