[Rp]Si loin du pays natal.. Si loin, à l'Est.

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[Rp]Si loin du pays natal.. Si loin, à l'Est.

Message par Penthièvre » Jeu Fév 10, 2011 10:41 pm

-Monsieur, les Russes...

Au loin, la cannonade tonne. Mais à ces mots pourtant funestes, aucune réponse ne vint s'adjoindre.

-Mon Lieutenant...

Le ton de l'estaffette se fait plus insistant, plus pressant. Presque suppliant. La peur transpire de ces syllabes. Et cet aristocrate qui ne réagit toujours pas. Misère ! Damné bretons, que le diable les emporte tous !

-Lieutenant !

Un sursaut. Chez le plancton d'abord, surpris du ton impératif, presque autoritaire qu'il a employé à l'adresse de l'officier dirigeant son Bataillon de Ligne. Et chez l'officier en question, penché sur une série de cartes du terrain qui lui faisait face, et tout à sa lecture. Tant et si bien qu'il était resté sourd aux paroles de son subordonné. Jusqu'à présent...

-Qu'y a t-il pour votre service, Caporal?

Il s'était redressé de la table branlante à laquelle il était accoudé, dévoilant un uniforme parfaitement brossé -de ceux qui n'ont encore jamais servi-, et une tenue impeccable. Rasé de frais, et prêt pour le service.
Le jeune officier avait abandonné la mine soucieuse et contrite qu'il arborait quelques instants auparavant, à la lecture des cartes d'Etat-Major qu'on lui avait fait parvenir. Désormais, du haut de son mètre quatre-vingt, il toisait sévèrement le trouffion qui lui faisait face et qui, à son tour, était tout contrit et confus de honte, et bien soucieux de son avenir au sein de la troupe. C'est que malgré son jeune âge, il n'avait pas une réputation de tendre, le Lieutenant...
Cependant, le messager parvint tant bien que mal à trouver le courage de lui décocher une réponse. D'une voix aussi désolée qu'inquiète...


-Mon Lieutenant, les lignes russes sont en vue. Ils avancent droit sur nous.

Sans mot dire, le Sous-Lieutenant en question ramassa sur sa table une longue vue qui gisait là, parmi les cartes.
Courbant un rien l'échine, il s'extirpa de sa tente dont la mince toile était battue par un vent soufflant rageusement de l'Est, pour découvrir tout autour un spectacle désormais bien connu de tous ceux de la Grande Armée: misère, désolation, et gigantisme...

Devant lui, les troupes francaìses. Son Bataillon, modeste pour l'heure, était en seconde ligne du dispositif de son Régiment.
Les Russes, au loin, n'étaient encore qu'ombres et silhouettes, progressants en bonnes lignes et au coude à coude, tels un seul homme marchant dans la Steppe.
Entre eux et sa troupe de novices, fraichement levée de la France lointaine, se dressait une immensité hostile, battue par la pluie glaciale et par l'artillerie. Quelques kilomètres à peine. Un véritable enfer...
Et par delà ce no man's land encore inviolé, les troupes de choc de la Grande Armée. Des grenadiers et des chasseurs que ses hommes, ainsi que lui-même, regardaient avec envie et respect. Ces vétérans en avaient bavé, ils en avaient vu... Et leurs regards perdus dans le lointain, impassibles face à l'ennemi, en témoignaient mieux que quiconque.
Ils feraient un excellent rempart.


-A toutes les compagnies: En ligne, serrez les rangs. Du cran et de la prestance.

Ces quelques ordres, lancés à son estafette qui piétinait d'impatience et d'appréhension à quelques pas de lui, brisèrent un long silence. Quelques secondes, tout au plus, durant lesquelles il avait observé la progression de l'ennemi. Une éternité durant laquelle la troupe russe s'était rapprochée à vue d'oeil...

-Et, Caporal... Nous réglerons cela en temps voulu. Perdre vos galons vous aidera certes à vous rappeler à l'avenir de la préséance des grades, et du respect dû à vos supérieurs.

L'étreinte de ses doigts massifs mais encore vierges d'éraflures ou de durillons se déserra du bras frêle de son jeune commis.
Il laissa l'estafette s'éloigner ventre à terre, pour reporter son attention sur cette marée noire de soldats qui avancait inexorablement vers lui.
L'oeil rivé sur sa longue vue, le visage fermé et le regard impassible, il était mûre pour sa rencontre d'avec le destin. Il pouvait lancer toutes ses forces dans la bataille. Enfin...


[Toute intervention rp est la bienvenue, sachant qu'en dehors de son bataillon le petit Sous-Lieutenant est un illustre inconnu ;)]
Sous-Lieutenant Hugues de Penthièvre
Aristocrate breton
Homme de l'Empereur
"Semence de sang fait récolte de gloire"
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Message par Penthièvre » Jeu Fév 10, 2011 10:56 pm

Le temps semblait s'écouler au ralenti, dans cette vaste et morne plaine, bien plus inhospitalière que poétique.
Le Sous-Lieutenant de Penthièvre contemplait toujours le lointain à travers sa longue vue, alors qu'autour de lui s'affairaient ses hommes.
Il fallait se mettre en formation de combat, et vite. Exécuter les ordres, pour la gloire de l'Empire et des Drapeaux. Et attendre, de longues minutes qui paraitraient des heures. Avant d'enfin être confrontés à ce premier combat, si loin de la Bretagne qui avait vu naître cette unité de volontaires plus ou moins contraints, de conscrits plus ou moins volontaires...
Telle était la guerre à l'Est. Telle était la guerre, partout en Europe...

Déjà, les russes étaient à portée de canons. Et l'artillerie dont les boulets martellaient naguère la plaine, creusait désormais de profonds sillons dans les lignes ennemies.
Au lieu de terre et de boue, c'était désormais chair et sang qui s'élevaient au ciel à chaque fois que s'écrasait au sol un projectile de la prodigieuse artillerie impériale. Spectale de foire, de feu d'artifice et de jour de fête qui en aurait été presque comique, s'il n'était pas si terrifiant. Ce n'étaient pas de plaindre ceux d'en face que les hommes tremblaient, c'était de redouter le moment où, eux aussi, ils auraient à subir pareil tir de barrage. Mais c'est une autre histoire que celle des états d'âme de la troupe.
Car le Lieutenant, lui, demeurait impassible, froid, insondable. Quelque observateur avisé aurait même pu remarquer sur son visage que ses traits encore juvéniles se faisaient songeurs, presques rêveurs. Mais il n'était personne, sur ce champ de bataille, qui le connaissait assez pour interpreter ce que les traits durs de ce jeune aristocrate racé pouvaient bien traduire. A quoi pouvait-il rêver ce tout jeune officier, au millieu de cet enfer que d'aucun auraient voulu quitter pour ne jamais y revenir?


-Hugues ! Hugues !

Ce n'était pas la voix rauque de l'un de ses hommes, ni celle autoritaire et quelque peu hautaine de supérieurs empressés. C'était celle de sa jeune soeur, Valentine, qui de ses 11ans tout frais, l'interpellait et l'appelait d'un regard rieur.

-Hugues de Penthièvre, viens danser avec moi ! Ne boudes pas ainsi, on croirait père !

Un éclat de rire emporta au loin sa cadette, dans une farandole extraordinaire. Une détonation retentit.
Ce n'était pas le coup de départ d'un obusier, cette fois. C'étaient les feux d'artifice qui éclataient dans le ciel sans nuages de Brest.
La Bretagne fêtait la série de victoires éclairs du jeune Empereur des Français sur les Prussiens et sur les Polonais, qui avait fini par déboucher sur un traité franco/russe partageant l'Europe entre les deux grandes puissances. Et dans une fest noz formidable, toute la région laissait éclater sa joie de voir la France retrouver gloire et prestige, après les années noires de la révolution.

Mais lui ne se laissait pas aller à la fête. Il ne se laissait pas submerger par cette joie immense qui envahissait toute la France.
Du haut de ses 13ans, il avait vu dans ces nouvelles le présage de campagnes, de guerres et de changements immenses qui allaient bouleverser l'Europe.
Et il voulait en être. En bon patriote. En bon aristocrate. En bon Penthièvre.


-Valentine !

Il avait attrapé au vol la jeune et insouciante terreur, au hasard des mouvements de la farandole.
Elle le contemplait maintenant du haut de son jeune âge, quelque peu décontenancée, mais toujours rieuse, folle de joie.
Elle portait sur lui ce regard bienveillant qui était pourtant l'apage des aînés, mais qu'elle lui avait porté depuis leur plus jeune âge.
Cette petite fille de deux ans sa cadette, il l'aimait profondément. Plus que toute autre personne, lui semblait-il à l'époque.
C'est donc naturellement à elle et non à son patriarche qu'il voulait, en premier, annoncer sa décision.
Il la tenait délicatement, tout contre lui, enserrant avec douceur ses maigres poignets dans ses propres mains d'enfant.
Et comme son regard restait sombre et décidé, aussi pensif et songeur qu'il l'avait été tout au long de la soirée, le regard de sa petite soeur se durcit lui aussi.


-Je pars, Valentine. Je veux aller à la guerre. J'ai presque quatorze ans.Je suis en âge d'entrer à l'école des officiers, maintenant. Et père...

-Mais...

-Ma soeur, c'est le devoir d'un noble de Bretagne. C'est le devoir d'un citoyen français...


Son souvenir s'assombrit, se fit plus flou avant de s'évaporer.
Ses songes se firent plus précis, alors que son esprit vagabondait dans sa mémoire.
Il avait posé sa longue vue, porté la main à la garde de son sabre.
Les russes avancaient toujours. Ils approchaient toujours.

Cinq années avaient passé. 5ans durant lesquelles il avait tout vu. De l'école des cadets de Brienne où il avait fait sa formation d'officier d'infanterie, aux salons parisiens qui l'avaient éduqué à la politique, à ses us et coutumes. Et à ses moeurs... Puis, le retour en Bretagne, la levée des troupes pour cette Campagne de Russie aux ordres de l'Empereur en personne et au sein de la Grande Armée. Et enfin, le départ...

Cela le ramenait à son présent.
Pas républicain pour un sou, il avait donc rechigné à servir sous le drapeau tricolore. Jusqu'à ce que les hauts faits de Napoléon lui viennent aux oreilles.
Et alors que le Général gravissait les échelons pour devenir l'Empereur, puis que l'Empereur entamait sa conquête du monde, lui suivait ses traces à l'école des officiers, et en sortait premier de promotion. Il rejoignait alors Paris, sans affectation. Bon marin, il avait eu à éprouver son amour de la mer dans la flotte marchande de son père. Pourtant il allait dédaigner la Marine de la République, lui préférant la brutalité franche des batailles à terre. A Paris, il avait attendu que tombe l'ordre de rejoindre l'armée, en "bon" républicain. Car bien qu'aristocrate et noble, son nom n'avait jamais eu à souffrir d'être mêlé à quelque révolte royaliste, ni aux agitations qui avaient secouées la Vendée durant la révolution. Pas par conviction, mais par calcul de ses âinées, son père et son oncle en tête. Il était donc vierge de soupçons et apparaissait comme bon pour le service de la République. Et encore meilleur pour celui de l'Empire !
Du haut de ses 18ans, le torse bombé, le sabre au clair et le regard fier, il était désormais à la tête d'un petit bataillon breton, d'à peine 400hommes.
Tous novices. Lui y compris. On lui avait promis que dans les mois, les semaines à venir, il serait renforcé par quelque compagnie de soutien, puis d'artillerie, puis enfin de cavalerie. Toutes issues de sa Bretagne natale.
Mais il ne fallait pas lui en conter et il ne se faisait guère d'illusions. Il n'aurait pas ce prodigieux renfort avant un long moment. Les batailles et les escarmouches se succéderaient, d'ici là. Et il lui faudrait faire avec ces deux petites compagnies de ligne de grenadiers bretons, pas peu fiers d'être français, pas peu fiers d'être des hommes de l'Empereur.
Il serait désormais comptable du sang de ces 400 soldats. Tous des enfants, comme lui. Tous vierges de la guerre, certains même encore des choses de l'amour.
Et s'il ne leur promettait pas l'impossible, à savoir de les ramener tous vivants au pays, il se promettait d'emmener son bataillon jusqu'au bout de cette campagne de Russie. Jusqu'à Moscou, et au-delà... Sans cesse, entre ses dents serrées, il répètait cette maxime si chère aux hommes de sa famillle.
"Semence de sang fait récolte de gloire. Semence de sang fait récolte de gloire..."

Les quelques mèches blondes qui dépassaient de son couvre-chef battaient au vent, rebelles. Il surveillait l'avance de la masse russe, sans rougir. Bientôt, il pourrait tutoyer l'ennemi et regarder celui-ci dans le blanc des yeux. Bientôt, il pourrait porter le nom déchu de Penthièvre au panthéon de cette Grande Armée. Bientôt, il pourrait exister dans la gloire et l'honneur, à nouveau. Il était prêt...
Sous-Lieutenant Hugues de Penthièvre
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