Automne 181...
Plusieurs papiers étaient posés sur une table, non loin d'une maison à la sortie de la ville, réquisitionée par des hommes de troupe.
Un homme, de forte carrure et à la barbe fleurie s'empara de l'un d'entre eux pour y lire les inscriptions:
Assaut du moulin de Viatchesla par les troupes cosaques et les miliciens, relatée par Josef von Hormayr, compagnon d'Andreas Hofer:
Plusieurs centaines de franskis tenaient la position avant que nos troupes ne lancent l'assaut.
Les français semblaient tétanisés devant nous, et s'enfuiaient de tous côtés. En quelques jours, le moulin est devenu notre.
A coups de sabre, de lance et de pistolet, nous en sommes venu à bout.
Les rescapés se sont égaillés vers l'Ouest, ils vont probablement chercher à rallier Vidnoye.
Nous partons à leur poursuite, en espérant les pousser à la déroute.
Cordialement.
A la lecture de ce texte, Andreas (car c'était bien lui) ne put s'empêcher de sourire et de marmonner:-Sacré Josef, il a toujours le don de tourner ses phrases de manière très spéciale...
Puis il attrapa une autre feuille et la lu:Andreas,
Nous sommes enore loin de la rivière, nous ne pourrons pas participer à la prise de Vidnoye.
Mais nous espérons pouvoir nous rattraper pour la suite.
Avec toutes mes bénédictions,
Père Joachim Haspinger.
-Bon, et bien ce n'était pas la peine de l'attendre aussi longtemps...
Un homme s'approcha d'Andreas et lui annonça:-Chef, un message de Speckbaker.
-Ah! Et bien, il se sont tous donnés le mot aujourd'hui! Bon, montres-moi voir ce qu'il m'annonce.
Le soldat lui tendit la missive, Andreas l'ouvrit et la parcouru. Elle stipulait ceci:Andreas,
Nous avons intercepté un fort groupe de franskis en retraite au sud du moulin de Viatchesla, nous ne pourrons pas être présent en ville tout de suite.
Pour les français, pas d'inquiétudes, ils ne passerons pas.
Josef Speckbaker
A la fin de la lecture, Andreas reposa la lettre sur la table et observa les alentours. La ville semblait calme, les quelques fumeroles dépassant des toits et débris jonchants les rues témoignaient des récents combats qui s'y étaient déroulés. Quelques coups de feu venaient rappeler la dure réalité de la guerre de temps à autres, mais la ville avait été débarassé des troupes à la solde de Bonaparte.
Levant les yeux vers le ciel, Andreas murmura pour lui-même:
-Et bien, c'est presque parfait tout cela, il ne manque plus...
-...Chef! Chef! On nous annonce la présence de troupes franskis au Nord-Ouest de Vidnoye!
Andreas, tourna son regard vers le soldat qui venait de l'interrompre dans sa méditation. Il leva de nouveau les yeux vers le ciel, d'un regard remplit de gratitude.
Puis attrapant son sabre et ses pistolets, il ordonna:
-Bon, tout le monde en route, nous allons rendre visite à ces hommes! Mettez bien en lieu sur notre butin avant de partir.
Les environs de Vidnoye avaient vu la défaite cuisante des troupes bonapartistes mais il en restait encore ici et là, cherchant un chemin leur permettant d'échapper à la vigilance des troupes cosaques présentes dans le secteur. Mais leur seule chance de salut allait résider dans la fuite éperdue.
Déjà les cosaques se dirigeaient vers de nouveaux lieux de pillage.
[Extrait du carnet de campagne de l'Aide de Camp d'Andreas Hofer]