Partis de Cottbus vers une heure du matin, les français passent devant le poste du goulet, commandés par le colonel Jean-Charles et poursuivent leur route. Après avoir dépassé les forêts marécageuses (quelques km à l'ouest de Dissen), ils arrivent dans la mine vers deux heures du matin, après avoir parcouru en marche forcée les vingt-quatre kilomètres qui la séparent de sa garnison de départ et massacré les cosaques sur leur chemin. Les français voient alors la neige tomber.
C'est alors qu'ils repèrent les renforts cosaques. Le colonel Jean-Charles décide de s'arc-bouter sur la mine. À peine sont-ils arrivés sur les lieux qu'un coup de feu claque, blessant un fusilier. La colonne dépasse alors les sommets enneigés. C'est à ce moment que les cavaliers de l'hetman Viatchesla chargent la troupe qui est contrainte de former le carré. La première salve brise la charge et met en fuite les cosaques.
Après avoir brisé une seconde charge de cavalerie, le colonel Jean-Charles et ses hommes se réfugient encore plus haut dans les montagnes, espérant retarder au maximum la tentative de reprise de la mine. Malheureusement, au cours du repli, les deux mules de Tuco qui transportent les vivres et les munitions, effrayées par le bruit, échappent à son contrôle et s'enfuient.
Une fois regroupés autour de la mine, les français s'empressent de barricader l'enceinte du mieux qu'ils le peuvent. Les cosaques les encerclent et interdisent, dès lors, l'accès aux renforts. Le colonel Tuco est sur le toit du bâtiment principal pour observer les mouvements de l'ennemi.
Il est déjà dix heures du matin et les hommes du colonel Jean-Charles, qui n'ont rien mangé depuis la veille commencent à souffrir de la soif et du froid. Un officier cosaque, l'hetman Shana somme les Français de se rendre, ce à quoi le colonel Jean-Charles fait répondre : « Nous avons des cartouches et ne nous rendrons pas ! ». Il fait alors jurer à ses hommes de lutter jusqu’au bout.
Les cosaques font feu mais n'osent pas donner l’assaut de manière frontale. Certains, depuis les sommets alentours tentent de faire fuir les français. Le colonel Jean-Charles est frappé d'une balle en plein cœur à la mi-journée et c’est au major Garripipoque que revient le commandement. Les cosaques sont alors les seuls maîtres des alentours.
Vers 14 h, c’est au tour du major Garripipoque de tomber, frappé en plein front. Le major Briscard prend alors le commandement.
À 17 h, autour du major Briscard, il ne reste plus que quelques hommes en état de combattre. C'est à ce moment-là que Vitali Viatchesla rassemble ses hommes et leur dit de quelle honte ils vont se couvrir s’ils n’arrivent pas à abattre cette poignée de braves.
Neuf heures durant, les français auront affronté les troupes cosaques sans manger et sans boire (la seule réserve de vodka avait même disparu littéralement sous les yeux de saint Germain), accablés par un froid sibérien, étouffés par la fumée des incendies. En fin d'après-midi, il ne reste en état de combattre que Bastien Lepage, du 30ème, le garde national Pierre André Berlier, les GR Évariste, J.M. Lamarque, Briscard, Roublard et Blondin. Au signal de l’officier, ils déchargent leurs fusils et chargent à la baïonnette. Blondin meurt, criblé de balles en protégeant Briscard de son corps ; celui-ci est lui-même blessé à deux reprises. L'hetman Cagilov, un officier cosaque d'origine française, somme alors les survivants de se rendre. Briscard répond : « Nous nous rendrons si vous nous faites la promesse la plus formelle de relever et de soigner tous nos camarades atteints de blessures ; si vous nous promettez de nous laisser notre fourniment et nos armes. Enfin, nous nous rendrons, si vous vous engagez à dire à qui voudra l'entendre que, jusqu'au bout, nous avons fait notre devoir. » « On ne refuse rien à des hommes comme vous », répond alors l'officier cosaque. Il ajoute ensuite : « Mais parlez-moi en français. Mes hommes pourraient croire que vous êtes des russes, et ils vous massacreraient. »
Les rescapés sont présentés à l'hetman Viatchesla, qui, surpris par leur très faible nombre, s'écrie : « Але це не люди, вони демони. » (en français : « Mais ce ne sont pas des hommes, ce sont des démons »).
Voilà la conclusion à laquelle nous aurions eu droit si les cosaques n'étaient pas de viles hyènes et connaissaient le sens du mot honneur. Mais non, il aura fallu qu'ils soient tous exterminés jusqu'au dernier...
Ils furent ici une poignée
Opposés à toute une armée.
Sa masse les écrasa.
La vie plutôt que le courage
Abandonna ces soldats Français
À Dissen, le 2 décembre 1813