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Sobrakov a écrit :Je n'ai pas dit qu'il ne fallait pas commémorer le 11 novembre 1918 mais tous les combattants de toutes les guerres.
Aubert du Bayet a écrit :Sobrakov, le 11 novembre ce n'est pas une célébration, mais une commémoration, c'est différent.
1 700 000 français sont morts pendant la première guerre mondiale, c'est tout de même autre chose qu'Austerlitz, non? Ca mérite bien une petite journée de "souvenir" dans l'année.
D'accord avec toi, Philius, le devoir de mémoire ce n'est ni de la politique, ni la glorification de la guerre, ni un truc de vieux.
Le but est simplement d'éviter aux générations futurs de faire les même bêtises que leurs ancêtres.
Comme disait Goete (ou Karl Marx, ou Gandhi, ou même Churchill...): "Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre."
Commémorer : Célébrer par une cérémonie le souvenir d'un événement important. Exemple : Commémorer l'armistice de 1918.
Armistice : Convention par laquelle les belligérants suspendent les hostilités. (L'armistice est conclu non par des plénipotentiaires civils, mais par les chefs militaires suprêmes, et n'a donc pas de conséquences sur l'état de guerre : seules cessent les hostilités, d'où l'utilisation accrue du terme « cessez-le-feu » pour désigner cet accord.)
Lupus a écrit :Aucun de mes ancêtres n'est mort durant la Première Guerre Mondiale sur le front occidental. Seul un de mes arrière-arrière-grand-pères est mort du fait de ce conflit, et ce fut sous uniforme allemand sur le front russe (il était mosellan, donc légalement allemand à cette époque).
Pour moi, les commémorations du 11 Novembre, du moins en France, ne se posent pas en termes de célébrations, mais de mémoire.
Nous ne célébrons pas la Victoire (elle est relative, mon cas en est d'ailleurs un bon exemple: les mosellans et alsaciens revenus dans le giron français en 1918 étaient-ils vraiment victorieux, alors que nombre des leurs ont combattu sous uniforme allemand ?), qui d'ailleurs est relative, n'est pas de notre fait, et n'a plus de réelle signification (notamment diplomatique ou géostratégique, car c'est là que ce genre de chose pèse véritablement) à notre époque.
Nous ne célébrons pas non plus le courage de ces soldats, quels qu'ils soient: contrairement aux images d’Épinal (tiens, toujours ma région), peu d'entre eux (surtout des citadins, pour tout dire) sont partis la fleur au fusil, même en 1914; peu d'entre eux se sont satisfaits de ce qu'ils ont fait; beaucoup d'entre eux ont refusé les ordres à certaines périodes (rappelons que pour la France, il y a eut selon les chiffres officiels environ 2400 condamnés à mort dont 600 l'ont été, mais des dizaines de milliers d'hommes au moins ont mis "crosse en l'air" à un moment ou un autre). Leur courage n'est évidemment pas non plus à dénigrer, car il est impossible à beaucoup d'entre nous (moi le premier) d'imaginer supporter leur univers quotidien pendant cinq ans.
Non, ce que nous devons nous remémorer, c'est l'inutilité de cette guerre (elle vient juste, à l'Ouest du moins, contrebalancer les acquis allemands de 1870-1871; et elle sera suivie de la Seconde Guerre Mondiale, qui en est une conséquence directe), la souffrance de tous ses acteurs (y compris indirects: même en France, d'innombrables gens "de l'arrière", notamment des femmes dans les usines d'armement, sont décédés des conséquences de cette guerre; je ne parle pas des allemands morts de faim, et encore moins des orphelins, veuves, mutilés...), le bilan bêtement sanglant qui doit en être tiré.
Et donc, s'interroger, réfléchir : en cas de guerre ou de situation pouvant y mener, que faire, comment agir ? Doit-on s'engager au nom d'alliances ou de valeurs (quelles qu'elles soient) ?
Un autre sujet le montre : je fais la promotion du Bleuet de France.
Et aujourd'hui, je me suis rendu à la cérémonie de la ville où j'habite : durant la cérémonie -heureusement, durant l'un des passages les moins significatifs à mes yeux, à savoir le discours d'un officiel, et non lors d'une sonnerie aux morts ou d'une minute de silence, comme il m'a été donné de le voir-, un homme est passé et a crié que nous étions tous fous -entre autres politesses. Bien que je sois militaire, je ne considère pas le 11 Novembre comme une célébration guerrière, mais comme un moment de recueillement et de réflexion: aussi, si je désapprouve son attitude, et même si je sais que 90 % des gens sont là pour le spectacle des uniformes (notamment les enfants accompagnés de leurs parents) sans connaître le significatif du cérémonial (même s'il faut bien reconnaître qu'il n'est guère expliqué, comme lorsque la musique joue le "cessez-le-feu" du 11/11/1918 à 11h, sans ordre ni indication pour les spectateurs !), je m'interroge : si on à mon sens il n'a pas compris notre -mon- geste, n'a-t-il pas raison quant à la mémoire telle qu'elle est actuellement portée par les officiels français ? Je m'interroge et ne sais vraiment trancher...
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