Après bien des mois de campagne, Lafleur et ses sbires s'étaient fait un beau pécule et avaient les moyens de voir un peu plus grand.
Ainsi vit le jour l'idée de "La Joyeuse bedaine" une taverne mobile toujours à la limite des premières lignes où des sentinelles patibulaires (d'anciens bagnards de Toulon) veillaient à ce que les gosiers secs et ventres vides de la Grande Armée (rien de neuf) et ceux des Tsaristes (et oui tant qu'on paie !) puissent trouver de quoi étancher leur soif et remplir dignement leur panses.
L'Adjudant Gilbert Duvalin dit "Coupe-Jarret" fut bombardé Patron de la "Joyeuse bedaine" avec mission d'en faire un lieu de plaisir renommé sur la ligne de front et d'en tirer bons revenus pour les "oeuvres" des Toulonnais.
Comme toujours on y mit les moyens : la roulante de la Joyeuse bedaine permettait de monter un cabanon confortable pour une cinquantaine de convives ! dotée de la chaine de ravitaillement bien huilée du XIIIème on pouvait y trouver de tout presque comme à Paris ou à Moscou !
Parmi les troupes d'élites : 6 cuistots, dix marmitons, un sommelier, un tonnelier, cinq serveurs pour le bar, 12 cantinières bien avenantes et une trentaines de..."gardiens de la paix" triés sur le volet du bagne.
Voilà donc le grand jour de l'ouverture porté par le bouche à oreille du soldat ! plus rapide que les meilleurs coursiers des deux armées.
Pour l'occasion tout "Le Gratin" des Toulonnais est présent : Coupe-Jarret et Lafleur évidemment mais aussi La Vérole, Le Renifleux et Tire-Laine. Une quinzaine de caisse de champagne de la réserve personnelle de Lafleur ont été ouvertes pour l'occasion.
Lafleur
Messieurs ! je lève mon verre à la Joyeuse bedaine du sire Coupe-Jarret et à sa bonne fortune !
Qu'on mange, qu'on boive, qu'on ribaude, qu'on vive céant foutredieu!
Coupe-Jarret
Et gare à celui qui s'égare ! qu'on l'étripaille !
La Vérole
[url]Les gars vous me direz des nouvelles des cantinières ! de vraies perles toutes neuves ou presque ! cinq françaises arrivées hier ! trois russes de Smolensk !, deux Prussiennes au fouet facile !, deux polonaises qui savent danser sans faillir !
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Tire-laine (le trésorier du bataillon)
Comme de coutume se cachait derrière sa barbe fournie et sa pipe en maïs pour se borner à dire
hé hé - humph.
Bientôt le chant du bagne (hymne de campagne des Toulonnais) fut entonné et les gars de Coupe-Jarret entamèrent le service ! soupe au lard, cochonnaille pour les hommes. Repas cinq services pour les officiers...une quinzaine de musiciens russes et français se mettant à faire orchestre pour rappeler les airs de pays !
Bienvenue à la Joyeuse Bedaine !