par Pokotylo » Lun Oct 20, 2008 4:25 pm
Dans le coin de l'établissement répondant au doux nom de "taverne", Maüserkelin et Pokotylo débattaient de la sorte:
"Et moi, j'te dis que cette bouteille est à moitié pleine!" , disait Maüserkelin.
"Du tout, elle est à moitié vide, qu'j'te dis!" rétorquait Pokotylo."Regarde dedans, y manque la moitié!"
"T'es qu'un pe-hic-pessimiste, Poko!"
"Non, ch'zsuis ralei..rialé...oOOOoo zut! ... je Suiss réaliste! Elle est à moitié pas assez remplie, donc, à moitié vide..."
"Nein! Ich bin rëalist!" commença à crier le digne autrichien, plus très digne!
Un gaillard du génie, qui cuvait à la table d'à côté, crut bon de se mêler de la conversation:"Messieurs, je vais vous mettre d'accord!"
Intéressés, Poko et Maüser tournèrent leurs regards torves vers l'importun russe.
"Chez nous au génie, les inégenieurs disent que la bouteille n'est ni à moitié vide, ni à moitié pleine. Elle est juste deux fois trop grande! AhAaaaa! hic!"
Le gars du génie, riant tout seul de sa propre blague, ne vit pas arriver le soufflet de Mäuserkelin et le coup de poing de Pokotylo!
Schlac!
Begn!
Il tomba à la reverse dans une flaque d'eau.
("qui qu'à encore mis de l'eau ici! dit Habramovitch en entendant le bruit peu sympathique?)
Pokotylo signala alors à l'importun:"Sachez, monsieur le mathématicieux, que chez les cosaques, y'a jamais, mais alors, jamais, de bouteille trop grande! Elel sont jamais assez grande!!!"
Puis il se rassit, son regard se porta sur Maüser qui semblait triste:
"Ben qu'est-c'qui a, mon cher Kaïzerlich? pourquoi t'es triste?"
"Y'a qu'on a lâché la bouteille pour corriger ce trouffion russe! et qu'elle est tombée par terre, et qu'elle est cassée,..."
Pokotylo, partageant alors sa tristesse, hurla vers l'aubergiste:
"Patron, sers-nous donc dans un récipient digne de ce nom: y'en a marre des bouteilles à moitié vide; "
"... à moitié pleines", rétorqua Maüserkelin.
"à moitié VIDES, donc...
Sers-nous donc une barique pleine!"
Pendant que le tenancier allait chercher ce qu'il fallait dans sa réserve, Poko et Maüser écoutaient une conversation entre un Opoltchène et un Cosaque:
"Mwa je dis que les béliers, y pas mieux!" disait l'opoltchène.
"Oui, on sait, on les les premiers à les avoir utilisé, y à un an!"répondi le cosaque.
"Ben alors?"
"Alors? alors, y a des fois ou c'est mieux les damiers..."
Maüser demanda alors à Pokotylo:"Et toi, Foka, t'en penses quoi, béliers ou damier?"
"Mwa? les béliers, c'est pour les brebis de mon troupeau, dans les steppes. Et puis chuis né en avril, donc...
quant au damier... je joues aussi avec les dames, où elles jouent avec moi,héhé!"
Maüser:"Dumkopff de moujik, je parle de damier, comme le jeu de dames, sur plateau , avec le pion qui fait du saute mouton sur les pions d'en face!!"
Pokotylo, l'esprit embrumé par les vapeurs d'alcool, commençait à confondre..."Bélier, mouton, sauter??? oui, non, efin, je joues avec les dames, ... où elles veulent et comme ça se présente... hic, sur un plateau, une crête, une colline, dans une rivière ou dans les bois... du moment qu'on me dérange pas...."
L'autrichien, désespéré:"J'abaondonne!"
"Alors, aubergiste, ça vient cette barrique?"
L'homme s'approcha lentement, portant une petite parrique sur son épaule.
Il le posa sur la table et partit en catimini.
"Bizarre, cet homme, enchaîna Maüserkelin."
"Buvons!"
Ils s'aprêtèrent à remplir chacun leur verre au robinet du tonnellet, quand ils se rendirent compte qu'il manquait la moitié du tonneau!
"Der Teufel!!"Hurla l'autrichien.
"Je comprend pas ce que tu dis, mais, je dis ... pareil!
Aubergiste! Ce tonneau est à moitié vide!"
"A moitié plein" tonna l'autrichien.
"vide"
"plein"
"On s'en fout! Aubergiste, alors???"
Le pauvre homme, qui n'en menait pas large, vint se justifier:
"Je suis désolé, soldats, mais mes réserves ne se sont pas assez remplies ces dernières semaines. J'attendais un arrivage du front de la Stog, mais il a été retardé!"
"Ah bon, et pourquoi?"
"Ben y parrait que les soldats qui s'y battaient n'étaient pas d'accord sur la formation: bélier, ou damier..."
Devenant tout rouge, Pokotylo et Maüserkelin se dirigèrent vers la table où l'opoltchène et le cosaque débattaient tactique:
"Toi!" beugla Pokotylo en s'adressant à l'opoltchène.
"Tu tiens pour le bélier?"
"Oui" répondit l'Opoltchène, sans méfiance.
"Mauvaise réponse!" rétorqua Maüserkelin en le souffletant.
L'opoltchène, se massant la joue, se leva et pris la bouteille qui tronait sur la table, l'air menaçant! "Et peut-on savoir pourquoi cette tactique n'est pas la bonne?"
"On s'en fout de savoir si c'est la bonne! Mais toute tactique qui retarde l'arrivage d'alcool est mauvaise. si c'est le damier qui ralentit tout, c'est le damier qu'est pas bon. Si c'est le bélier qui ralentit tout, c'est le bélier qu'est pas bon. Donc, à cause de ton bélier, ma barrique est à moitié vide!"
"Pleine!" rétorqua l'opoltchène!
"COMMENT????" hurla Pokotylo!
"Barrique à moitié pleine!" répondit l'audacieux opoltchène.
"Oulalaaaa...je sens que ça va faire mal..." dit Maüserkelin, et retournant s'asseoir vers sa table pendant que Pokotylo passait du rouge tomate au violet aubergine...
"PAR LES COUILLES DU GRAND MUFTI, VOUS AVEZ DECIDE DE VOUS PAYER MA TÊTE???!!!!" hurla Pokotylo, attrappant une chaise et la lançant droit devant lui...