EDITORIAL
Plusieurs article dans ce nouveau numéro de la Gazette.
Le premier d'une série d'articles intitulés "La Cavalcade", récit d'un combat, un article anonyme véhément visant le chef de la Garde Impériale du Tsar, un autre célébrant la naissance d'un nouveau journal français, "L'Etendart", et un petit article sur les nouvelles tentes mises à la dispositions des troupes.
Vous retrouverez de même la Météo, la propagande de régiment (le Génie Impérial à l'honneur), et la liste des derniers tombés au combat.
Bonne lecture !
La rédaction
la cavalcade, Partie I
Voici la première partie d'une chronique de combat. Elle paraîtra régulièrement dans les prochaines gazettes. Bonne lecture !
Un matin d’avril, froid et sec. L’air glacé fouettait le visage de centaines d’hommes, gelant nez et oreilles. Un ciel sans nuages offrait une lumière claire sur les steppes de la Russie enneigée. La neige fraîchement tombée la vieille rendait tout mouvement difficile, et pour cause. A chaque pas, la jambe s’enfonçait d’une dizaine de centimètres. Aucun bruit ne se faisait entendre dans les rangs, hormis celui de la bannière qui claquait dans le vent léger. Tenue bien à l’horizontale par son porteur, elle était richement ornée, et le nom de nombreuses batailles figuraient en lettres d’or en son milieu. L’officier commandant parcourait patiemment les rangs, impassible, rompu à une routine de guerre qu’il connaissait plus que bien. Ces mouvements étaient dictés par des années d’apprentissage. Une tapette sur l’épaule d’un soldat, quelques mots à un sergent, un conseil pour les nouvelles recrues fraîchement arrivées. Tout en faisant son devoir de chef, il se rapprochait petit à petit de la première ligne de soldats, et se plaça à côté du tambourin ainsi que du porte-étendart.
Le regard droit, les hommes fixaient l’horizon, en attente de leur sort, arme à l’épaule. Deux cent baïonnettes pointaient vers le ciel. Soudain, un bruissement infime rompa le silence pesant de la steppe. Sortant du couvert relatif qu’offre une colline, une compagnie de lanciers apparut aux yeux des soldats. Elle se rapprochait lentement, au petit trot. Ils n’étaient pas préssés d’aller au contact. Quelques cinq cent mètres séparaient les deux antagonistes. Trop loin pour un tir efficace. Trop loin pour lancer la charge. Les chevaux seraient essouflés avant d’atteindre le premier rang ennemi. Et cette fatigue, si moindre soit elle, peut rapidement se montrer fatale. L’officier commandant guettait les mouvements des cavaliers ennemis, à l’affut de toute tentative de contournement. Au loin, ceux ci continuaient d’approcher, lance levée. La bannière Russe flottait au dessus de leur tête, majestueuse dans ses teints beige et vert. On entendait de plus en plus distinctement le léger clapotement des sabots sur la neige, et soudain un ordre traversa l’air. La compagnie adopta une formation en flèche, et commença à prendre de la vitesse. Le Russe à la pointe était le plus gros qu’on ait jamais vu. On avait d’ailleur du mal à imaginer qu’il puisse tenir sur un cheval. Lui seul portait une cuirasse et il tenait dans son énorme main une lance de plus de trois mètres de long, de quoi transpercer plusieurs corps à la suite. Un sabre cosaque était attaché de chaque côté de son ceinturon, eux aussi d’une taille impropable. Le spectacle était impressionnant.
Du côté Français, les rangs frémirent. Une bataille se joue avant tout dans la tête, et les Russes avaient tout misés sur l’impact psychologique d’une telle scène. La première chose que l’on enseigne aux officiers quand il s’agit de corps à corps et qu’il ne faut jamais laisser se submerger par le doute ou la peur. L’hésitation, dans des combats aussi violents que rapides, n’est pas une option si l’on veut s’en sortir vivant. « A la guerre, on vit ou on meure, on perds ou on gagne. Tout se joue à une fraction de seconde et beaucoup de chance. » L’officier Français le savait. Et la réplique ne se fit pas attendre. D'un ordre bref, la compagnie de fantassins adopta une formation serrée. Le premier rang mis genou à terre, baïonnette pointée vers l’ennemi, tandis que le second rang vint les épauler. L’officier pris place au centre de la ligne, avec ses hommes, comme tout bon chef se doit de le faire. L’atmosphère était tendue. La peur se faisait ressentir, mais le seul fait qu’un officier de haut rang prenne les même risques qu’un soldat de troupe ravivait les esprits et redonnait du courage à des hommes qui allaient sans doute mourir dès les premières secondes de combat...
La suite au prochain numéro.
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